Garde à vue!

août 3, 2010 on 8:30 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Ainsi le Conseil Constitutionnel vient-il de trancher: la garde à vue telle que la France l’a connue depuis des décennies a vécu, et il faut mettre en place une nouvelle pratique.
La garde à vue est pourtant emblématique de la phase policière de la procédure pénale en France. Les menottes, la fouille, la restitution des lacets, ceinture et autres items potentiellement dangereux. L’isolement en cellule ou en cage. Les questions posées mille fois, les cris, la pression. La nuit à la dure sur un bat-flanc. La tentation d’avouer pour mettre fin à cet sorte d’enfer.

La question qu’on peut se poser, c’est comment cette garde à vue peut avoir été légale pendant tant d’années, et aujourd’hui être dite illégale -et pas seulement illégale, anticonstitutionnelle-!

Le jargon du Conseil Constitutionnel fait allusion aux circonstances actuelles, ce qui veut dire clairement qu’à l’avis des sages, les choses ont changé, notamment en matière de droits des personnes arrêtées.

JusMurmurandi, bien évidemment, ne peut que se réjouir de tout progrès dans ce domaine. Mais, en même temps, il faut déplorer la dégradation des droits qu’on ne peut que constater tous les jours.

Auparavant, même si les prévenus avaient droit à la cage qui les isolait du monde, y compris de tout avocat pendant un temps, pendant ce temps là leurs affaires étaient, elles aussi isolées. Aujourd’hui cet isolement va prendre fin, et il n’est que temps tant leurs affaires sont sur la place publique bien avant la fin de leur garde à vue.

Que ce soient les affaires Bettencourt-Woerth ou Ribéry-Zahia, les interrogatoires de police donnent l’impression de se dérouler purement et simplement comme des conférences de presse tant leur contenu se retrouve rapidement dans les média. La même chose est vraie des auditions judiciaires, pour lesquelles le secret de l’instruction n’est plus qu’un lointain souvenir qu’on ne fait même plus mine de respecter.

On ne peut que s’interroger sur le moyen de ces « fuites » vers des journalistes si bien informés. Car un scoop policiero-judiciaire, c’est aujourd’hui beaucoup d’argent en jeu, mais on ne peut supposer que cela jour le moindre rôle auprès de nos forces de police ou de justice. On ne peut en revanche ignorer l’intérêt de faire pencher de son côté l’opinion publique par une fuite savamment orchestrée…

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