Essence, fromage régional et Révolution

novembre 29, 2008 on 12:14 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes | 2 Comments

Entre autres moyens de réduire le coût de fonctionnement d’un Etat français hypertrophié, Nicolas Sarkozy envisage la suppression de certaines collectivités territoriales. Cela pourrait être, suivant la recommandation de la commission Attali pour libérer la croissance, l’élimination pure et simple de l’échelon départemental, avec ses préfets et ses conseils généraux. Cela pourrait aussi, comme il l’a évoqué cette semaine, le regroupement de plusieurs collectivités pour en constituer de plus grandes, dotées de capacités elles aussi accrues, plus à même de répondre aux besoins locaux.

Face à ces perspectives, les socialistes sont vent debout, opposés à tout, même à en examiner l’opportunité éventuelle. Leur argument principal est que le Président chercherait à se débarrasser du niveau où l’opposition (lire: eux-mêmes) le gêne le plus.

Les évènements en cours en Guyane en donnent à JusMurmurandi une autre lecture. Lecture qui commence par rappeler la très forte augmentation d’impôts régionaux qui a immédiatement suivi le passage à gauche de toutes les régions sauf une aux élections de 2004. Augmentation qui n’a pu être justifiée « qu’à titre préventif », c’est tout dire.

Mais ce qu’a fait la région Guyane, présidée par Antoine Karam (socialiste) dépasse tout ce que ses collègues ont pu mettre en oeuvre; et on en voit aujourd’hui les conséquences. La région Guyane prélève une taxe de 70 centimes sur chaque litre de carburant. 70 centimes, quand le prix du carburant, déjà très fortement taxé par l’Etat atteint aujourd’hui aux alentours de 1€10 en métropole. Comment s’étonner donc que le litre de gas-oil coûte 1€70 en Guyane? Ce qui provoque la colère de la population, qui bloque toutes les voies de transport pour exiger une baisse immédiate de 50 centimes.

JusMurmurandi avance que l’opposition des socialistes à toute optimisation des communautés territoriales est avant tout celle d’élus locaux qui ont comme priorité de défendre leur fromage, notamment fiscal, fromage qui est, comme il se doit en France, composé d’un fort pourcentage de matière grasse.

A ces nantis, JusMurmurandi voudrait rappeler les années qui ont précédé la Révolution, où les fermiers généraux qui levaient l’impôt cristallisaient une bonne part de la détestation populaire. Sauf qu’en ce temps-là, c’était l’équivalent de la droite (l’aristocratie et le clergé) qui votait l’impôt payé par la gauche (le tiers-état). Aujourd’hui, c’est la gauche, dont l’électorat populaire ne paye par exemple pas d’impôt sur le revenu, puisque 50% des foyers français en sont exemptés, qui vote l’impôt que paye la droite.

Mais cette inversion ne doit pas cacher l’aversion de ceux qui payent l’impôt pour ceux qui le votent sans le payer. La leçon de la Révolution aurait-elle été oubliée?

Les armes des faibles

novembre 28, 2008 on 7:40 | In France | Commentaires fermés

Des pirates en Somalie, des élèves aux Etats-Unis, des terroristes en Inde. Quels sont leurs points communs? Des armes, et notamment l’omniprésente Kalashnikov, originale ou de contrefaçon, et la célébrité sur les media du monde entier.

Andy Warhol avait prédit que nous aurions tous nos 30 secondes de notoriété. Il n’avait pas prévu que la Kalashnikov était le moyen le plus rapide pour y parvenir, même quand on est un raté total. Ainsi l’assassin le plus célèbre du XXe siècle, Lee Harvey Oswald, a-t-il pu, en dépit de sa médiocrité, et à l’aide d’une carabine achetée par correspondance, tuer le président américain le plus charismatique.

Cette omniprésence des armes, la facilité avec laquelle se les procurer (il y a plus d’armes à feu aux Etats-Unis que de citoyens), le fait que les media soient assoiffés d’évènements tragiques, la disponibilité d’images sur tout et partout grâce aux caméras numériques et autres téléphones portables forment un cocktail explosif, qui fait qu’il est de plus en plus difficile de trouver un pays de vacances qui n’ait connu aucun acte terroriste, qu’une université de Virginie, une séance de conseil municipal à Nanterre, une traversée maritime au marge de l’Afrique orientale, une chambre d’un hôtel de luxe à Mumbay ne sont plus sûrs. Sans parler du métro de Londres, des trains de Madrid ou des tours du World Trade Centre.

Alors que faire, à part verser des larmes aussi inutiles qu’amères?

Excommunier tous les croyants dans une religion au motif que de nombreux fous meurtriers commettent des attentats en son nom? Ce serait oublier que toutes les religions ont eu, peu ou prou des fous meurtriers qui se sont réclamées d’elles, et que cette folie ne fait pas de tous leurs coreligionnaires des coupables.

Supprimer leur accès aux armes? Ce serait un début, et beaucoup souhaitent que le Président Obama marque sur ce plan-là sa différence d’avec George Bush. Mais quand on connaît la facilité de production et le prix dérisoires d’une copie de Kalashnikov « made in Afghanistan », et les possiblités de transport offertes par le monde moderne, il serait illusoire d’attendre un vrai progrès à partir d’un tarissement de l’offre.

A peu près aussi illusoire que d’espérer vaincre le fléau de la drogue en comptant mettre un terme à la culture de la coca en Colombie et en Bolivie, et du pavot à opium en Afghanistan. Mais, si la drogue est elle aussi une tueuse, il y a une différence majeure avec les armes.

Les utilisateurs de drogue ne recherchent pas la notoriété. C’est pourquoi JusMurmurandi se demande ce qui se passerait si le public cessait de consommer avec frénésie des images d’attentats. Y aurait-il autant de candidats au suicide si ils et elles savaient qu’ils et elles disparaîtraient comme une pierre dans un lac?

Déjà l’anonymat rendrait impossible la diffusion de la terreur, car, la terreur, c’est répandre la peur au delà du cercle des victimes, vers la multitude des victimes potentielles. Or, pour terroriser, il faut que l’information se diffuse. Nous sommes donc, en consommant cette information, les acteurs de notre propre terreur, ce que nous pourrions cesser d’être en décidant d’exclure toute publicité aux terroristes, assassins et autres meurtriers.

Mais pour cela, il faudrait que nous cessions notre intérêt pour tout ce qui est spectacle, y compris celui de la mort et de la désolation. Mais nous en sommes incapables, car nous sommes faibles.

Les armes des faibles, ce sont bien sûr les armes entre les mains des enfants, des ados des gangs, des jeunes endoctrinés par des pouvoirs ou des chefs sans scrupules ni vergogne. Mais c’est aussi notre propre curiosité malsaine.

Excusez-moi, il faut que je termine ce post, ça va être l’heure du journal télévisé, et il faut absolument que je regarde les images de Bombay…. faibles, je vous dis….

Les Bronzés montent au Ciel

novembre 27, 2008 on 7:40 | In France | Commentaires fermés

150 millions. Par les temps qui courent, quand apparaissent pour mieux disparaître et valsent, valsent, valsent, les centaines de milliards, ce n’est plus grand chose, 150 millions.

Oui, mais voilà, il ne s’agit pas d’euros, mais d’heureux. Car les 150 millions, ce sont les entrées réalisées en France par les films produits par Christian Fechner, décédé cette semaine. Si on ajoute les entrées à l’étranger, cela fait 500 millions. Rien qu’avec les entrées françaises, le total est 7 fois plus important que le maintenant mythique « Bienvenue chez les Chtis ».

Bien sûr, il est de bon ton dans les cercles intellectuels de n’avoir que condescendance et mépris pour une filmographie où brillent les 3 épisodes des Bronzés. A ceux-là, JusMurmurandi réplique que faire rire les gens n’est pas si facile, ni si trivial. Et que le grandissime Groucho Marx lui-même constatait que ses films n’avaient jamais eu la moindre critique favorable, alors qu’ils sont aujourd’hui considérés comme cultissimes. Comme peut l’être un « Papy fait de la Résistance », autre film produit par Christian Fechner.

Lequel n’a d’ailleurs pas uniquement donné dans le genre comique à succès quasi-garanti, puisque c’est aussi lui qui a eu le « privilège » de produire l’un des plus ambitieux et coûteux bides du cinéma français: « les amants du pont neuf », de Leos Carax. Un de ceux dont les intellectuels aux lèvres pincées disent « qu’il n’a jamais trouvé son public ». Et Patrice Leconte, réalisateur des Bronzés, a amplement montré depuis qu’il est un des réalisateurs français les plus talentueux.

En ces temps où la crise nous ôte toute envie -mais pas tout besoin- de rire, Christian Fechner va nous manquer. Silvio Berlusconi, premier ministre italien dont le comique troupier n’eût pas détonné dans les productions de CF, vient d’ailleurs de traiter le président-élu américain Barack Obama de « Bronzé », ce qui permettait d’envisager encore un épisode de la saga: « Les Bronzés à Washington ».

Christian Fechner, comme tous ceux par qui le comique arrive, procurant joie et détente à des millions de Français, comme celles de De Funès, de Bourvil, de Fernandel, de Le Luron ou de Coluche, votre décès ne fait pas rire du tout JusMurmurandi.

Trouvez ici notre hommage, nous qui préférons de loin vos francs éclats de rire aux moues pincées des culs-serrés intellectuels sans public s’auto-proclamant artistes.

Papy fait de la Résistence

L’argent de l’espoir, ou du désespoir?

novembre 26, 2008 on 9:20 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Mais d’où vient tout cet argent? Le plan Paulson de sauvetage des banques américaines? 700 milliards de dollars. Le plan Obama de relance de l’économie américaine: 800 milliards de dollars. Le plan chinois de relance: au moins 450 milliards de dollars. Le plan anglais: 2,5 points de baisse de TVA. Même l’Etat français, pourtant réputé « en faillite » sort 22 milliards d’euros, plus l’argent du sauvetage de Dexia, plus le fonds souverain de 20 milliards, plus le plan de relance qui sera annoncé incessamment…

Sans compter les garanties données au banques et au crédit interbancaire: des milliers de milliards de dollars. Rien que ce week-end, pour la seule Citigroup, l’Etat américain a accepté de garantir 306 milliards de dollars.

Sans compter l’aide industrielle qui se profile à l’horizon. Les 3 fabricants d’automobiles américains, à l’agonie, veulent de 25 à 50 milliards de dollars de plus que les 25 milliards de prêts consentis par l’Etat. L’Europe s’apprête de même à aider ses propres fabricants. Ainsi, Jaguar, pourtant tout récemment racheté à Ford par l’Indien Tata, n’hésite-t-il pas à demander au gouvernement britannique un prêt d’un milliard de livres. Déjà le public de contribuables rechigne à voir ses impôts soulager des banques dont les dirigeants et autres stars de la finance ont été payés des montants pharaoniques tout en les menant au bord du gouffre. S’il faut maintenant subventionner la production de voitures de grand luxe…

Alors, d’où vient le fric, le grisbi, la fraîche?

Justement, de fraîche il n’y a guère, vu que tous les Etats en question, sauf la Chine et l’Allemagne, avaient dès avant la crise des finances publiques largement déficitaires. Ainsi la Grande-Bretagne, pourtant dirigée par un Gordon Brown à la longue carrière de Chancelier de l’échiquier prudent, va-t-elle atteindre un déficit budgétaire de 10% du PNB, chiffre astronomique même en ces temps de folle surenchère de chiffres tellement énormes qu’ils en perdent toute signification.

De cette avalanche d’argent public « subitement » disponible, JusMurmurandi tire deux observations

L’une est que dès qu’apparaît la manne, dès que se respire la couleur de l’argent, dès qu’on entend le bruit des billets qu’on froisse, apparaissent les quémandeurs et lobbyistes avec toute la retenue, la grâce et l’élégance de cochons affamés se ruant vers leur auge pleine. Est-ce vraiment une coïncidence si General Motors se déclare au bord de l’anéantissement dès que l’argent public apparaît tel l’enfant Jésus?

L’autre est que, quand il le faut « vraiment », des masses d’argent « apparaissent » comme Jésus a multiplié les pains et les poissons, pour nourrir la multitude.

Mais, avant que ces 2 métaphores chrétiennes ne donnent à penser que la crise financière est avant tout le produit d’un amour immodéré de son prochain, il convient de se rappeler une chose: ce que font les gouvernements et les Etats pour injecter à la fois calme sur les marchés et fonds propres dans les banques, c’est avant tout emprunter par le biais d’un déficit budgétaire colossal, et garantir par leur (aujourd’hui excellente) signature les engagements et crédits « douteux » des banques et compagnies d’assurance pour rehausser la qualité de ces actifs.

C’est-à-dire exactement ce dont l’abus par le système financier a conduit là où nous sommes.

Il n’y a pas de petites économies !!

novembre 25, 2008 on 4:43 | In Best of, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Proverbe bien connu, lorsque les temps sont durs, il faut faire des efforts.

Tous, sans exception. Et a fortiori lorsque l’on est au sommet, il faut montrer l’exemple.

Car réunir des têtes pensantes pour atténuer les effets de la crise, c’est bien.

Créer des plans de relance pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être [avec l'argent des contribuables], c’est louable.

Mais que dire alors d’une contribution personnelle, que les fonctionnaires mettent aussi la main à la poche pour contribuer de leurs propres deniers et subissent sur leurs revenus des effets de la crise comparables à leurs homologues du privé ?

Impensable, incroyable, inimaginable, démagogue ?

Et pourtant si, c’est possible !!

Les fonctionnaires vont recevoir cette année une partie variable de leur rémunération en baisse de moitié par rapport à 2007, et 19% de moins en 2009 qu’en 2008.

Personne n’est dans la rue. Tout le monde comprend, accepte, et se réjouit que même les fonctionnaires se serrent la ceinture.

Exemplaire non ? On imagine déjà la tête de Bernard Thibaut, en état de décomposition avancée, Chérèque faisant la gueule ou encore Besancenot prêt à dégainer (mais pas son Taser….),  pour ne citer qu’eux.

Non, ce n’est pas possible. JusMurmurandi rêve, a bu, fumé la moquette, ou une combinaison des trois….

On vous avait bien prévenu qu’il ne faut pas croire tout ce que l’on lit sur Internet.

Et on n’est même pas le 1er avril !!!

Et pourtant c’est vrai;  nous avions juste oublié de dire où cette exemplarité à lieu….

A Singapour.

Voici le communiqué de presse.

http://app.psd.gov.sg/data/Press%20Release%20-%20CIVIL%20SERVANTS%20ANNUAL%20PAY%20TO%20FALL.pdf

PS: passer du rose au bleu ?

novembre 24, 2008 on 3:25 | In France, Insolite | Commentaires fermés

JusMurmurandi n’a pas l’intention, la prétention de faire changer l’emblème du parti socialiste, même s’il est convaincu que les changements devront se faire en profondeur, qui que soit le nouveau Premier Secrétaire, nouveau scrutin ou pas.

Car la bataille de tranchées qui se déroule en ce moment est assurément le pire schéma imaginable pour le Parti. Avec seulement quelques dizaines de voix qui séparent Martine Aubry de Ségolène Royal, la foire d’empoigne est aussi effroyable qu’elle doit miner le moral des militants.

Alors JusMurmurandi est allé chercher une possible solution là où l’on n’imaginerait pas que le PS et ses dirigeants aillent la chercher.

Car les experts médicaux sont en train d’arriver à de nouvelles conclusions concernant le Viagra.

Il ne s’agit pas de rouvrir le pénible dossier concernant Dominique Strauss Kahn, qualifié à la télévision de Chimpanzé en rut par Thierry Ardisson (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=46125); ou encore de tenter de recoller les pots cassés entre François Hollande et Ségolène Royal. La rupture personnelle est consommée, a fortiori lorsqu’à titre « professionnel » Hollande n’a pas défendu, soutenu la motion de sa motion.

Car le Viagra permet dans le cadre d’exercices physiques d’augmenter les performances et l’endurance, en permettant à certains vaisseaux sanguins de se « détendre » et de s’ouvrir.

N’est ce pas exactement ce dont les membres dirigeants du PS ont besoin aujourd’hui, justement pour améliorer leur performance ? Car comme le disait JusMurmurandi il y a deux jours, 58% de participation est la meilleure preuve que le PS peut effectivement l’améliorer ce score.

Est il donc temps que le PS, qui ne voit plus la vie en rose depuis un bon moment, passe à la petite pilule bleue ?

Obarkozy et Sarbama?

novembre 23, 2008 on 8:01 | In France | Commentaires fermés

Il est toujours tentant de comparer la France et les USA. Ainsi Nicolas Sarkozy est-il traité de « Sarko l’Américain » pour son supposé atlantisme à tous crins, alors même que c’est son prédécesseur Jacques Chirac, réputé peu américanophile, dans la grande tradition gaullienne, qui a travaillé aux USA et qui parle mieux l’anglais que son successeur.

Cette fois-ci, regardons les USA et comparons-les à la France. Ainsi, le Président-élu Barack Obama va-t-il offrir au républicain Robert Gates, secrétaire à la Défense, de garder son poste. Un républicain dans une administration démocrate, en France, cela s’appelle l’ouverture.

Si Obama continue comme cela à piller le parti républicain, l’exemple français indique que, dans un an, ce parti républicain sera dans un sale état, avec Condoleeza Rice en train de crêper le chignon de Sarah Palin.

De même, il semble pratiquer le pardon des offenses, en permettant au sénateur démocrate Joe Lieberman, en rupture de parti pour cause d’anti-Obamisme, de conserver sa présidence de commission au sénat, et va apparemment proposer le poste de Condoleeza Rice, à la tête de la diplomatie américaine, à son ancienne rivale Hillary Clinton. Là, il faut dire que Nicolas Sarkozy n’est pas le modèle qu’il suit, qui n’a pas exactement proposé à Dominique de Villepin et à ses troupes de les reprendre dans son équipe.

Autre critère intéressant, sur la base des premières nominations attendues, JusMurmurandi note une quasi-exclusivité de premiers de promotion des prestigieuses universités de Harvard et de Yale. Cela ne rappelle-t-il pas une certaine école qui a eu, jusqu’à Sarkozy, le quasi-monopole des postes de notre Ve République? Y compris dans l’opposition, puisque les 2 crêpeuses chignon du PS en sont issues, de même que celui qu’elles ambitionnent tant de remplacer (Hollande) et celui que celui-là remplaça lui-même en son temps (Jospin)? Sauf que là, les États-Unis seraient plutôt à contretemps des Français, qui sortent quelque peu de leur passion énarchique, au moins en ce qui concerne la majorité actuelle.

Autre sujet, Barack Obama succède à un Président, et donc à une équipe réputée ultra-libérale. Mais le Président démocrate souhaite nommer secrétaire au Trésor Timothy Geithner, un haut fonctionnaire, aujourd’hui Président de la banque de réserve fédérale de New-York. Il remplacera Henry « Hank » Paulson, anciennement co-président de Goldman Sachs, la plus grosse banque d’affaires au monde. Un haut fonctionnaire remplaçant un banquier privé, cela illustre le retour massif de l’Etat pour soutenir un capitalisme financier déconsidéré et largement failli. Lequel retour de l’Etat est largement perceptible en France aussi, où Sarkozy a été élu sur un programme que l’opposition a traité d’ultra-libéral, mais qui se concentre aujourd’hui sur un retour en force de la régulation, de la coopération internationale, du fonds souverain à la française, du plan de relance étatique pour sortir de la crise économique.

En tout cas, une chose est sûre. Quel que soit le développement des présidences de Nicolas Sarkozy et Barack Obama, tous deux embarqués dans un renouvellement et métissage de leurs vies politiques respectives, ainsi d’ailleurs dans la folle crise économique, boursière et financière, leurs prédécesseurs, eux ne se ressemblent pas. Quand Jacques Chirac parle de « dialogue des cultures », avec George Bush, ça a plutôt été le « choc des cultures ».

Portrait du Canard enchaîné en Pinocchio impénitent

novembre 23, 2008 on 5:45 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

JusMurmurandi aimerait faire part d’un amusement récurrent qui l’envahit chaque mercredi, lorsqu’il passe devant les quelques kiosques à journaux encore existants : le jour nommé, chaque semaine, paraît un journal au titre prétendument provocant, Le Canard enchaîné, dont il est chaque jour plus évident que le titre ne peut se comprendre que par son « enchaînement » à l’idéologie dominante et au ressentiment des mesquins. Organe de presse qui se dit indépendant – c’est-à-dire de Gauche – et financièrement affranchi de la publicité, ce journal semble conçu pour flatter la bassesse d’un lectorat avide de mesquinerie, bassesse grâce à laquelle ce dernier se gargarise de côtoyer les phrases off des grands de ce monde ; convaincu de faire preuve d’un esprit critique dont il s’éblouit lui-même, le lecteur de ce journal ne songe pourtant pas la moindre seconde à faire preuve d’esprit critique à l’égard de son journal de référence.

 

Tel est le paradoxe du Canard enchaîné qui, au fond, fait sourire JusMurmurandi : nul ne saurait être plus convaincu que le lecteur du Canard enchaîné de sa propre pénétration des choses, de sa lucidité sur la réalité de la politique, et de la puissance de son sens critique : côtoyant les Puissants par le verbe – c’est la différence avec Gala ou Voici qui se contentent des photos –, le lecteur se délecte de ces petites phrases à l’origine parfaitement invérifiée et, la plupart du temps, fausses, qui lui permettent d’éprouver l’ivresse d’ « en être », et de faire partie de ceux à qui, grâce à la connaissance colossale des dessous de la politique que lui délivre chaque semaine le Canard, on ne la fait pas… Mais derrière ce vertige de se croire introduit dans les petits secrets de la Haute, sur un mode bien entendu critique, se dissimule de la part du lecteur une extraordinaire absence de sens critique, tant l’hypothèse que ces informations, dont le principe est pourtant de taire la source, puissent être entièrement fausses ou mensongères ; pareille hypothèse, pourtant hautement plausible ne serait-ce qu’en vertu de la totale invérifiabilité des sources de l’information, situation unique dans la presse, ne saurait effleurer l’esprit de notre lecteur, néanmoins convaincu de sa propre lucidité. Et là nous pouffons.

 

Pourquoi donc, se demande JusMurmurandi, observe-t-on tant d’aveuglement de la part de ceux qui se croient impertinents et capables de distance alors même qu’ils accordent une confiance précisément aveugle à cet étrange journal ? La réponse, hélas, est toujours la même : Le Canard enchaîné dérange. Comprenez : il n’est pas sarkozyste. Etant situé de facto du bon côté de la ligne, la possibilité même qu’il mente fait de celui qui pose la question ou qui s’interroge un thuriféraire de l’Ignoble – entendez : toujours le même Sarkozy.

 

Mais les faits sont pourtant là : pour quelques scoops, inlassablement répétés car fort peu nombreux – les diamants de Giscard, l’affaire Papon, ou la détestable affaire Gaymard – combien de mensonges, combien d’erreurs, combien de désinformations ! De Gaudin accusé d’avoir tué Yann Piat aux vrais faux appartements de Sarkozy, du silence sur l’affaire de la fille de Mitterrand au Rainbow Warrior, le Canard enchaîné s’est surtout illustré par une succession de mensonges et de lâchetés, exprimés en toute impunité sous le masque usurpé de l’insolence et de l’impertinence. On ne saurait, à cet égard, mieux dire que Michel Houellebecq, résumant la situation en ces termes : « Mais la palme du mensonge, tous medias confondus, revient au Canard enchaîné. Jamais, pas une seule fois, je n’ai lu dans Le Canard enchaîné, me concernant, une information exacte. Et le plus souvent il ne s’agissait même pas d’exagérations, ni d’interprétations tendancieuses, mais d’affabulations pures et simples, de mensonges au sens le plus précis et le plus étroit du terme. C’est stupéfiant si l’on considère que les gens qui lisent le Canard enchaîné pensent y trouver des informations secrètes, dissimulées au plus grand nombre, exhumées au prix d’un patient travail d’enquête. »[1]

 

Toute personne un tant soit peu informée sur les sujets qu’évoque Le Canard enchaîné ne peut que partager le constat de l’auteur des Particules élémentaires : l’essentiel de ce qui y est affirmé sous le sceau du scoop et de la révélation est faux, mensonger ; comble du vice, présentées comme des bruits de couloir, ces « informations » présentent le caractère avantageux d’être absolument infalsifiables et donc non réfutables dans un tribunal… C’est pourquoi JusMurmurandi salue l’enquête jouissive et libératoire qui paraît chez Stock, Le vrai Canard, où se trouvent disséquées pratiques journalistiques douteuses, influences politiques louches (n’est-ce pas M. Emmanuelli) et autres manipulations d’information partisanes. Bref, si le Canard enchaîné avait été Pinocchio, pour filer une métaphore récemment popularisée par le plus illustre des Béarnais de son temps, son bec eût été tel qu’aucun kiosque n’eût été assez vaste pour l’accueillir…


[1] Michel Houellebecq, Bernard-Henri Lévy, Ennemis publics, Flammarion / Grasset, 2008, pp. 227-228

 

Fraterniqué

novembre 23, 2008 on 2:12 | In Elections présidentielles 2007, France, Insolite | Commentaires fermés

Tout le monde se souvient de la christique Ségolène Royal au Zénith, où elle scandait le mot « Fraternité ».

Avec la même ferveur que celle qui était la sienne le soir du deuxième tour des élections présidentielles où elle déclarait aller vers de nouvelles victoires, au crépuscule d’une cinglante défaite, jugée par exemple par Michel Rocard comme le score à minima que pouvait atteindre le PS après douze ans de lamentables mandats chiraquiens.

Entre ces deux évènements, elle a bien entendu revendiqué la confiance que lui avaient consentie 17 millions d’électeurs, pour s’autoproclamer le seule, l’unique porte voix de l’opposition socialiste en France.

Hélas, mille fois hélas pour elle, cette confiance semble avoir fondu comme neige au soleil, avec un parti socialiste dont on ne sait s’il est en train d’imploser ou d’exploser. Tout ce qui est certain, c’est qu’entre Hamon qui se voit pactiser avec l’ultra gauche de Besancenot et Royal avec le centre de Bayrou, la schizophrénie le guette. Verrons nous le dédoublement de personnalité d’ici aux prochaines semaines ? La question mérite d’être posée.

Toujours est il que Ségolène doit, à l’image de sa mise en scène à la fin du débat télévisé contre Nicolas Sarkozy, être « très en colère » ce soir.

JusMurmurandi doute toutefois qu’il s’agisse cette fois encore d’une « saine » colère, alors que Royal semble refuser le message que lui font passer les chiffres des militants.

Mais alors direz vous, pourquoi ce titre au masculin et non au féminin, alors que la page Royal semble se tourner, alors que Ségolène tente un ultime baroud d’honneur en demandant le recomptage des suffrages, tel Al Gore contre George W. Bush en 2000 ?

Car le grand perdant, c’est le PS.

Car quel que soit le résultat qu’entérine le conseil national, et à la grande satisfaction de Nicolas Sarkozy, il y a un chiffre qui ne changera pas, une variable qui est déjà immuablement gravée dans le marbre.

Le chiffre de la participation qui s’élève à 58,8%.

Presque un militant sur deux n’a pas pu, souhaité, voulu s’exprimer.

Quelle critique plus forte, plus violente, que les militants tournant le dos à leur parti, l’abandonnant à ses guerres de personne tandis que le débat d’idées est aux abonnés absents, à ses petites phrases « entre amis » qui monopolisent la scène au détriment de sa mission d’opposition….

La deuxième page de l’ouverture est peut être en train de s’ouvrir…

Rester branché?

novembre 22, 2008 on 11:35 | In France, Insolite, International | Commentaires fermés

Barack Obama est devant un choix cornélien. Non, pas celui du chien qu’il a promis à ses filles. Ni celui de savoir qui sera le prochain titulaire de tel ou tel poste important. Non, ces choix-là sont faciles.

La question qu’il va devoir trancher est de rester ou non utilisateur de son Blackberry, dont il est un inconditionnel. Il s’agit d’un téléphone sophistiqué qui fait parvenir à son utilisateur ses e-mails en temps réel et lui permet d’y répondre là aussi en temps réel. De nombreux utilisateurs en sont, comme Barack Obama, quasiment dépendants.

Le problème se pose différemment pour le Président Obama.

D’abord parce que son temps lui sera très précieusement compté, ce qui ne lui laissera pas forcément le loisir de répondre lui-même à ses e-mails, surtout quand on imagine à quel point le nombre de gens qui auront ou voudront un accès direct au Président va en faire gonfler le volume.

Ensuite parce que tout ce qu’écrit le Président, y compris sur son Blackberry, pourra être utilisé comme preuve dans toute affaire judiciaire qui pourrait survenir, et que la prudence voudra que le Président se borne à des réponses comme « merci », ou des encouragements à son équipe de baseball favorite, les Red Sox de Chicago.

Il y a aura donc pléthore de conseillers pour tenter de lui faire abandonner son gadget favori pour toutes sortes de bonnes raison.

Le problème, s’il s’exécute, c’est qu’il se coupera du monde extérieur pour ne plus faire, voir et entendre que ce que ses conseillers vont lui mitonner. Cet isolement est porteur de graves dangers en termes de perte de contact avec le monde « réel », et d’isolement dans une « bulle » artificielle. Laquelle bulle n’est pas pour rien dans les positions purement idéologiques si fréquemment reprochées à George Bush.

Lequel Président Bush a abandonné, pour les mêmes raisons, son e-mail en 2001.

La décision de Barack Obama sera donc emblématique de sa capacité ou non de tracer une route différente du passé, de la prudence et de la tradition. Si la réponse est « non », l’espoir porté par son élection va commencer à refluer.

Alors que si la réponse est « oui », il se dirigera vers une présidence plus ouverte sur les gens, leurs opinions non filtrées par une armée de conseillers, d’apparachiks et d’analystes. Une présidence plus « participative » en quelque sorte.

La ressemblance avec Nicolas Sarkozy est d’ailleurs réelle, qui est en permanence collé à son téléphone mobile (mais pas un Blackberry, NS téléphone ou envoie des SMS plutôt que des e-mails).

Ah bon, le mot « participative » vous avait donné penser que JusMurmurandi allait parler non pas du Président mais de Ségolène Royal? Oui, mais pour cela, encore eut-il fallu qu’elle soit élue.

Comme ce n’est pas le cas elle pourra, elle, utiliser tout à loisir e-mails, Blackberry et téléphone portable. Heureuse Ségolène!
Barack Obama avec son Blackberry

Le génome du Mammouth

novembre 20, 2008 on 10:34 | In Best of, France | Commentaires fermés

Mais de quoi parle t on ?

Le Génome du Mammouth est il le Génome de GM, ce mastodonte de l’automobile qui est en train de périr, après des années de production de véhicules de moins en moins populaires à l’image de cette Pontiac Aztec aux lignes torturées ?

Ce géant aux pieds d’argile se dirige vers une « saine » faillite que nombreux viennent à souhaiter, car leur semblant plus « efficace » pour repartir sur des bases nouvelles et non d’essayer de le maintenir en vi.

Sauf que le risque existe qu’une fois en faillite il ne puisse redémarrer, comme il est très difficile de faire « réapparaître » des espèces disparues…

Ce génome ci, JusMurmurandi n’en veut pas, c’est un modèle dépassé.

Le Génome du Mammouth est il celui de l’Education Nationale, dont Claude Allègre disait qu’il fallait le « dégraisser », car le nombre de fonctionnaires chargés de l’éducation continuait d’augmenter tandis que le nombre d’élèves suivait une courbe inverse ?

Claude Allègre

Claude Allègre

On voit qu’il se paye encore aujourd’hui le luxe de faire grève, bénéficiant de la garantie de l’emploi, tandis que le monde « réel » qui n’en jouit pas prend la crise de plein fouet.

Et que les mairies socialistes (il y en a encore, mais on ne sait plus vous dire quelle « tendance ») viennent apporter l’eau au moulin des grévistes, en refusant d’appliquer la loi de la République.

Non, ce génome là, JusMurmurandi n’en veut pas non plus. C’est un modèle suranné.

Le Génome du Mammouth est il celui du PS, parti qui ne sait pas où il va et qui depuis ce soir n’a plus de tête, tel le canard qui court après avoir été décapité (les mauvaises langues diront que cela fait bien plus longtemps qu’il n’a pas de tête, qui que ce soit qui ait été son premier secrétaire depuis 11 ans…) ?

Non ce génome là n’est pas sauvable, car il s’auto détruit à chaque tentative de revitalisation.

Il s’agit du génome du Mammouth qui est le cousin de l’éléphant d’Afrique que Henry Nicholls se propose d’utiliser pour faire revivre ce géant.

Car c’est la première fois que l’on arrive à « cartographier » l’ADN d’une espèce disparue.

Et les spécialistes imaginent qu’il ne leur faudra pas plus de 10 à 20 ans pour qu’ils puissent remarcher sur la Terre.

A n’en point douter cela devra rassurer les éléphants du PS, s’ils viennent à disparaître cette nuit.

Dans quelques milliers d’années, on pourra, peut être, les faire revivre, comme Louis de Funès dans Hibernatus.

Si tant est que l’envie en prenne nos descendants, bien sûr…

Une rupture pas très Frèche

novembre 19, 2008 on 7:50 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Ségolène Royal est une femme qui accumule les paradoxes comme à plaisir. Les citer tous ici serait impossible. Voici le dernier.

Maintenant, elle veut incarner la « rupture » alors qu’elle était chargé de mission à l’Elysée il y a 25 ans déjà, et ministre avant Nicolas Sarkozy. Cette carrière déjà bien remplie ne serait pas incompatible avec ce projet si, pour arriver au poste de Premier Secrétaire qu’elle vise, elle ne s’appuyait sur un mammouth de la politique, Georges Frèche, élu député de l’Hérault il y a 35 ans, longtemps maire de Montpellier, dont il préside aujourd’hui encore la communauté urbaine, et président de la région Languedoc-Roussillon, qu’il voulait à toute force rebaptiser « Septimanie ».

Lequel George Frèche finit par être exclu du PS en 2006. On ne sait véritablement si cette exclusion d’un notable du parti, très rare, était due à des dérapages verbaux (traitant la communauté harkie de « sous-hommes », ou s’interrogeant sur le trop grand nombre de noirs en équipe de France de football), par ailleurs largement absous en justice, ou pour ses méthodes ultra-musclées avec tout opposant réel ou supposé tant au sein de la fédération socialiste de l’Hérault que des conseils municipaux ou régionaux qu’il présidait.

Et voilà que Ségolène, pas avare de commentaires assassins sur les méthodes d’un autre âge, selon elle à l’oeuvre au sein du PS pour l’empêcher d’accéder au poste tant convoité, soutient vigoureusement celui qui pourrait indiscutablement tenir son rang face à Jean-Marie Le Pen en termes de mammouthitude…

Ceci, bien sûr, n’a rien à voir avec le fait que la fédération socialiste de l’Hérault a donné, avec un bel enthousiasme et beaucoup de fra-ter-ni-té, un soutien massif à la motion de Ségolène Royal.

Cette alliance contre-nature entre la rock-star du Zénith et le brontosaure éructant fait d’ailleurs les délices des adversaires de Ségolène, c’est-à-dire de Martine Aubry, de ses supporters et de ses ralliés, qui montrent que, quand il le faut, l’intérêt bien compris de la présidente de Charente-Poitou passe avant la cohérence entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. En clair que, pour Ségolène Royal, tous les soutiens sont bons à prendre, fût-ce Aubry d’un reniement.

En fait, JusMururandi soupçonne que, derrière cette attitude quasi-vénale de Ségolène Royal, se cache une approche beaucoup plus subtile. En fricotant avec la brute plus très Frèche, Ségolène donne des verges à des adversaires pour se faire battre. Lesquels ne se font pas prier pour lui infliger un traitement digne de celui que fait subir Obélix aux soldats romains.

Ce qui, à son tour, donne à Ségolène un rôle qui lui plaît visiblement, celui de victime, et de se lamenter sur le sort qu’on lui réserve. Déjà, dans la campagne électorale, elle disait que personne n’avait été attaquée autant qu’elle, et que, à l’époque de Jeanne d’Arc, elle eût été brûlée. Et, si d’aventure elle devait être battue par les suffrages des militants, cela lui permettrait de ne pas se dire « perdante ».

Car, comme on le sait depuis la Présidentielle, Ségolène Royal déteste le mot défaite, et, en fait, ne perd jamais.

Simplement, elle ne gagne pas toujours. Et, en particulier concernant son amitié particulière avec le si particulier George Frèche, elle ne gagne pas en crédibilité et en cohérence.
Ségolène Royal et George Frèche

Poulidor, Maire de la Capitule ?

novembre 18, 2008 on 7:19 | In Best of, C'est ça, Paris?, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Raymond Poulidor, vous vous souvenez? Cet excellent coureur cycliste, dont la longue carrière est jalonnée d’efforts intenses, de luttes épuisantes et héroïques en dépit desquelles il n’a jamais gagné le Tour de France. D’abord par la « faute » de Jacques Anquetil, dit « Maître Jacques », une légende du sport, l’homme aux 5 victoires au Tour de France, puis du « règne » d’Eddy Merckx, dit « le Cannibale », qui, lui aussi, gagne 5 Tours de France.

Mais la façon si noble, si élégante, si sportive, loin des manoeuvres, des combines et des rancunes qu’avait Poulidor d’arriver 2e lui ont ouvert le cœur des Français, qui l’ont élu leur favori. Et il est certain que si la victoire au Tour de France avait été décidée par un vote des militants ou sympathisants du vélo, Raymond Poulidor eût été élu à une large majorité.

Mais la première qualité d’un sportif, c’est de ne jamais capituler. Perdre, peut-être, mais en donnant tout ce qu’on a, jusqu’au bout, même quand la victoire est impossible, même quand les places d’honneur sont hors d’atteinte. Lutter non seulement parce que c’est la clef de la victoire, mais parce que c’est la manière d’être et de vivre des champions. Et le pire, c’est de craquer, de coincer, de baisser les bras, de jeter l’éponge, d’abandonner, de capituler.

Parce que capituler, même une fois, c’est afficher, pour vous, vos concurrents, vos supporters, que, quand ça devient chaud, très chaud, il n’y a plus personne. Et cette faiblesse que vous dévoilez, on ne vous la pardonnera pas. Ni vos supporters qui attendaient de vous que vous portiez fièrement leurs couleurs au lieu de vous laisser couler avec. Ni vos adversaires qui sauront désormais où se trouve votre faille et comment en jouer pour bloquer désormais toute nouvelle tentative.

Les votes des militants socialistes ont porté Bertrand Delanoë à la deuxième place pour le congrès de Reims. Le problème, comme en sport, c’est qu’il n’y a qu’une place de vainqueur. Fort de la détestation que Ségolène Royal provoque chez de nombreux socialistes, le Maire de la capitale pensait pouvoir fédérer contre elle sur son nom, lui, le deuxième. Son évocation de sa différence d’avec sa concurrente, pour un parti de militants et non de supporters, ne manquait d’ailleurs ni de justesse ni de grandeur.

Oui, mais voilà, le ralliement n’a pas eu lieu. Le tour de France des fédérations socialistes ne se joue pas à Paris, et Martine Aubry l’avait compris. Et ce n’est pas une personnalité isolée qui peut gagner face à une équipe regroupant ses partisans, des fabiusiens et des strauss-kahniens.

Faute de ralliement, on eut l’affrontement. Aucun des 3 candidats, Aubry, Delanoë, Hamon, ne voulut céder, et on allait tout droit au vote des militants, laissant derrière un parti déchiré, à l’image en lambeaux.

Sauf que Delanoë n’a pas perdu ce vote, comme il a perdu celui pour les Jeux Olympiques, en arrivant, là aussi, deuxième derrière Londres, parce qu’il a capitulé avant. Non seulement il a jeté l’éponge avant le dernier combat, mais il a annoncé ne pas donner de consigne de vote. Sauf que, 48 heures après, toute honte bue et tout amour-propre jeté à la rivière, il appelle à voter pour Martine Aubry, ayant donc compris comment ce qui était impossible à Reims ne l’était plus à Paris. Et perdant au passage le bénéfice, le dernier qui lui restât, celui d’avoir été le candidat qui avait préféré éviter au parti socialiste encore plus de division et de lutte fratricide et partisane.

Sauf que, comme nul n’aime les capitulards, de nombreuses voix s’élèvent dans son propre fief pour dire leur dégoût de sa consigne de vote et lui préférer le vote Royal.

Une chose est sûre. Non, pas le nom du prochain ou de la prochaine premier secrétaire du PS.

Mais que Raymond Poulidor, lui, n’aurait jamais, ah non jamais! capitulé.

Bertrand Delanoë

Volontaires à l’insu de leur plein gré.

novembre 17, 2008 on 10:29 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

En ces temps de célébration du 90 anniversaire de la fin de la première guerre mondiale, il est de rigueur de souligner le sacrifice des poilus qui se battirent et moururent dans des conditions abominables. Si abominables que le président Sarkozy a quelque peu réhabilité les fusillés « pour l’exemple » parmi ceux qui avaient refusé de monter au front où les attendait une mort quasi-certaine.

L’histoire montre que ces soldats ne refusaient d’ailleurs pas de se battre, mais « seulement » la perspective d’une mort rendue inévitable par un commandement où la démence le disputait parfois à l’incompétence. Car, pour l’essentiel, ces soldats, tous les soldats, étaient volontaires.

Qu’est-ce qu’un volontaire? C’est une personne qui donne son accord pour une action. Ce qui suppose que cette personne soit habilitée à choisir, donc majeure, et que cet accord soit libre et non forcé.

On peut se poser la question de savoir si ce volontariat de la guerre de 14 était bien libre et non forcé. S’agissait-il d’un patriotisme revanchard, ou de la pression « irrésistible » de l’environnement, de la presse, de la propagande, de ceux qui partaient, de leurs familles, qui faisait de toute réticence à partir « bouffer de l’Allemand » un début de trahison, sans parler d’une insondable lâcheté? A l’époque, la question ne se pose même pas, un volontaire est un volontaire, les adultes sont libres de leur consentement.

Autres temps, autres moeurs. Un remake de la guerre de 14 est bien entendu impossible maintenant. Pourtant la question de la validité du volontariat est toujours d’actualité. Le gouvernement a fait passer un certains nombre de textes « sur la base du volontariat ». Notamment, le droit de travailler jusqu’à 70 ans, le droit de piloter un avion jusqu’à 65 ans, le droit de travailler le dimanche, ou le test ADN pour certifier l’identité d’un candidat à l’immigration.

Et à chaque fois, le fait que le texte ait été conçu « sur la base du volontariat » a l’air de laisser ses opposants de marbre. Comme s’il fallait protéger les gens contre leur plein gré. Comme s’il n’existait plus de choix libre et consenti qu’entre des bornes rigides, réglementées, et communes à tous.

En d’autres termes, il ne suffit pas d’être volontaire pour travailler le dimanche, ou volontaire pour compléter ses points de retraite en travaillant plus longtemps, ou volontaire pour…. Pour certains, il faut que la loi encadre ces « volontariats » pour empêcher des débordements qui pourraient, sinon, être gravement préjudiciables.

Heureusement que cette logique-là ne s’applique pas aux volontaires au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste. De toute façon, une chose est sûre, quelle que soit la personne qui finira par occuper le poste (on ne peut décemment écrire « être choisi(e) après le congrès de Reims), il ou elle travaillera le dimanche, et au-delà de 65 ans aussi pour peu qu’on lui en donne la possibilité.

Oui, mais quand on voit ce qui s’est passé à Reims, ne peut-on comprendre que, dans certaines circonstances, il faille restreindre le droit d’être volontaire de son plein gré?

La vie en rose

novembre 16, 2008 on 5:14 | In France, Insolite, International | 2 Comments

On se demandait ce qu’il y avait au delà du système solaire.

Eh bien depuis peu, on sait, photos à l’appui.

On craignait le néant, le trou noir, on vient en fait de voir les premières planètes, après de longues longues années d’efforts.

Et d’après les scientifiques de l’Institut Herzberg d’Astrophysiques de la Colombie britannique, nous n’en sommes qu’au début de nos découvertes, qui ne représentent que le haut de l’iceberg.

Le problème c’est que ces planètes, au nombre de 300 pour l’instant, sont situées à environ 25 années lumière de la Terre.

25 années lumière, c’est à dire la distance que parcourt la lumière en 25 ans en sachant qu’elle parcourt 300.000 kilomètres à la seconde. Une paille.

Et ce nouveau système planétaire s’illustre par des étoiles jeunes et brillantes.

Bref, pour les astronomes, c’est le nirvana, ils voient la vie en rose, comme le champagne qu’ils ont du boire, à la suite de cette découverte.

Cela pourrait inspirer ceux qui rentrent aujourd’hui de la ville des sacres royaux, Reims, où de sacre il n’y eut nenni; juste des luttes entre courtisans.

La crainte du trou noir suivie de longues années d’efforts annonciatrices de découvertes marquées par des jeunes étoiles brillantes, pour l’instant tout cela pourrait paraître prometteur pour nos amis socialistes.

Le seul souci reste bien évidemment la distance qui se mesure en années lumière…

premières photos des planètes extrasolaires

premières photos des planètes extrasolaires

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