Wall Street et le Bûcher des Vanités

janvier 31, 2009 on 7:12 | In Best of, C'est ça, Paris?, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Nous connaissons tous la publicité d’Adidas « impossible is nothing », amusante inversion de l’évident « nothing is impossible ». En Français, cela donne « l’impossible n’est rien ». Malheureusement, cela ne s’applique pas toujours aussi facilement, puisque voici un exemple de quelque chose qui n’est pas impossible, bien que nous l’eussions cru (notez l’usage de l’irréel du passé, car, en vérité, cela paraît en effet irréel), et ce quelque chose n’est certes pas rien.

Ce à quoi pense JusMurmurandi, c’est aux quelques 18 milliards de dollars de bonus que ce sont attribués les banquiers de Wall Street au titre de 2008. Compte tenu que cette année restera dans les livres d’histoire comme la pire depuis 80 ans, il était évident que ce serait zéro. Un zéro pointé, même, pour l’élève WS, qui rendit une copie tellement affreuse que les grandes banques ne durent leur salut qu’à l’absorption par une banque plus robuste ou par le sauvetage par les milliards de dollars des contribuables.

Oui mais voilà, pour certains, ce n’est pas une raison suffisante pour qu’il n’y ait pas de bonus. Il est à noter que 18 milliards sont un montant inférieur de 44% à celui distribué en 2007. C’est certes une baisse significative, mais c’est ce qu’on attendrait d’une année médiocre, pas d’une catastrophe planétaire.

Comment cela est-il possible?

Faut-il imaginer que les banquiers de Wall Street sont à tel point déconnectés du monde extérieur qu’ils ne réalisent pas que les chiffres de leurs résultats différent de ceux d’une console de jeu vidéo en ce que, sur une console de jeu, il suffit d’appuyer sur le bouton « reset » pour avoir une nouvelle « vie » et recommencer à zéro ? Ne réalisent-ils pas la réalité de la misère de ceux à qui des prêts irresponsables ont fait perdre la maison de leurs rêves, ou dont la plongée de la bourse à laminé les économies et l’épargne d’une vie, les ouvriers de l’automobile ou de la sidérurgie licenciés et sans espoir de retrouver un emploi, les migrants chinois renvoyés chez eux où ne les attend qu’un bol de riz, la foi de tous ceux qui croyaient qu’en travaillant dur ils auraient droit pour eux et leurs enfants à un avenir meilleur?

Faut-il se dire que, même si l’année a été catastrophique, les établissements de Wall Street ont peur de perdre leurs meilleurs éléments au profit de la concurrence, et les gardent donc « au chaud » par des bonus même aussi manifestement non mérités?

Faut-il en conclure que l’absence de bonus aurait conduit ces golden boys au désastre financier, y compris la perte de leurs somptueuses résidences dans les Hamptons, leurs villas dans le comté de Westchester, leurs penthouses à Manhattan, et que leur voter des bonus, c’est participer à la relance au lieu d’aggraver la crise de l’immobilier haut de gamme?

Bref, c’est grotesque, indécent, plus obscène qu’un film de cul. Il est intéressant de voir qu’en France, où les excès ont été bien moindres et bien moins catastrophiques, quelques banques exceptées (Dexia, Natixis, Caisses d’Epargne, notamment), il a fallu que le Président tape du poing sur la table pour obtenir qu’il n’y ait pas de bonus, mais enfin il l’a obtenu.

Non, la question que cela pose pour JusMurmurandi est la suivante. La crise actuelle montre à quel point le monde a besoin de ses banques, puisque, clairement, sans banques qui fonctionnent et prêtent de l’argent, plus de monde tel que nous le connaissons, et l’apprécions depuis qu’il est menacé.

Mais avons-nous besoin des banquiers, ces jeunes arrogants, ces Maîtres du Monde, issus des meilleures universités et payés mille fois plus que de simples prix Nobel? Pour ceux qui en voudraient une description saisissante de réalisme et qui n’a pas vieilli en 20 ans, JusMurmurandi recommande la lecture de « Bucher des Vanités » de Tom Wolfe.

Ce bûcher des vanités tire son nom de ce qui s’est passé le jour de Mardi Gras 1497 quand le moine Savonarole fit brûler par les Florentins toutes sortes d’objets d’art, livres, tableaux et autres chefs d’oeuvre de la Renaissance, mais jugés trop splendides, athées, licencieux, obscènes, sataniques par l’intransigeant moins dominicain.

Or Mardi Gras est le jour où l’on festoie avant de se plonger dans l’abstinence du Carême.

Toute ressemblance avec le bûcher où les banquiers de Wall Street sont conviés à brûler leurs bonus pour avoir plongé le monde dans une phase longue et dure d’abstinence n’est pas fortuite.

Et il est à souhaiter qu’il n’y ait pas de moine illuminé et prophétique qui prenne le pouvoir, porté par le désespoir des gens ordinaires.

Je te tiens, tu me tiens…

janvier 30, 2009 on 8:15 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Insolite | Commentaires fermés

Par la barbichette…

Il faut beau, nous n’allons pas commencer à pousser la chansonnette alors que la météo prévue pour le week end est clémente !!

Revenons en plutôt au thème de notre article, au travers de ce que nous avons vu hier.

Grande journée de mobilisation entre un et deux millions de personnes dans les rues, les syndicats peuvent bomber le torse.

Il faisait beau déjà hier, pour ceux qui ont la possibilité de défiler sans se défiler, pourquoi pas prendre un bol d’air, au frais du contribuable en plus si possible comme certaines lignes RER de la RATP/SNCF  ?

Mais au fond était ce si tendu, si réussi que cela?

Il faisait beau, les petits oiseaux chantaient, et après ?

Car premièrement, une manifestation n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle en est à sa première itération. Manifester dans la durée, c’est difficile. Et l’on ne sait pas quelle suite sera donnée à ce coup d’éclat qui risque de n’être qu’un feu de paille.

Et en plus, pour ou contre quoi les défilés ont ils eu lieu ? Le gouvernement avait pris soin de retirer le projet de modification du lycée pour qu’il n’y ait pas de texte majeur de ce type qui aurait servi de fédérateur, et bien lui en a pris.

Donc, déjà, les syndicats ont peut être fait le plein dans la fonction publique, et chez les retraités (de la fonction publique aussi, entre autres) mais il n’y avait pas d’étudiants en nombre significatif.

Deuxièmement, si les taux de grève étaient élevés, ceux de service aux clients (N.D.L.R. JusMurmurandi a exclus de son vocabulaire le mot usager depuis longue date, ne reconnaissant que les clients) l’étaient pour une bonne part aux heures de pointe.

De plus, certains ayant pris leurs précautions, et puisqu’il ne s’agissait que d’une journée, la circulation fut dans l’ensemble fluide, jusqu’à être meilleure qu’en jour « normal ».

Enfin, le service minimum a visiblement marché.

Car les syndicats savent qu’ils ne peuvent aller trop loin. Derrière le non respect de la loi républicaine (eh oui, appelons les choses par leur nom) se profile l’ouverture à la concurrence sur ces segments de marché où ils sont encore en monopole : Poste, transports, contrôle aérien.

S’ils s’aliènent le gouvernement, ce dernier ne se fatiguera pas autant pour défendre les intérêts des entreprises concernées, car les intérêts des syndicats seront moindres que ceux des Français qui profiteront de cette ouverture à des fournisseurs étrangers.

Ils savent aussi qu’à chatouiller le gouvernement sur le non respect de l’esprit de la loi sur le service minimum peut être instauré la réquisition qui rend incarcérables ceux qui refuseraient d’obtempérer. Mesure ultime, mais bel et bien existante. Sans parler de revisiter la loi purement et simplement et supprimer les « niches » grèvistes comme on supprime les niches fiscales.

Si l’on peut légitimement avoir de la compréhension pour les salariés de l’automobile et plus généralement du secteur concurrentiel pour leur angoisse face à la crise, cette même compréhension est au niveau zéro chez JusMurmurandi pour des salariés du public qui ont la garantie de l’emploi et par conséquent plus facilement accès au crédit, et bénéficiaient d’une retraite améliorée jusqu’à la réforme engagée par le gouvernement d’aligner tout le monde au moins sur la durée de cotisation. Égalité, quand tu nous tiens….

Non, vraiment les seuls qui n’avaient rien à perdre, rien à troquer, c’étaient ces braves socialistes qui n’ont pas voulu appliquer la loi républicaine en instaurant l’accueil pour les enfants dans les écoles, comme Bertrand Delanoë à Paris, qui préfère dépenser l’argent des Parisiens pour faire la fête que pour les soutenir dans des conflit où ils sont pris en otages.

Car le seul mode de communication des socialistes depuis 2007, c’est soit l’outrance, soit la négation.

Et hier, par la négation, on a effectivement parlé d’eux, en montrant que certaines mairies ont préféré défendre leur archaïsmes contre l’intérêt collectif, s’arc bouter sur un combat d’arrière garde, plutôt que de faire preuve de pragmatisme au risque de passer pour des « collabos », comme Bockel, Kouchner, Besson, Jouyet, et tant d’autres…

Sauf que pour ces maires aussi qui ne respectent pas la loi républicaine, l’avenir risque de se compliquer si, comme JusMurmurandi l’espère et le souhaite, les Préfets, bras séculiers du gouvernement, décident de les poursuivre devant la justice.

Dura lex, sed lex.

Les heures supplémentaires sont-elles bêtes ou méchantes?

janvier 29, 2009 on 7:48 | In France | 3 Comments

La loi TEPA, ou « paquet fiscal », vous connaissez? C’est cet ensemble de mesures votées par la droite peu après son arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy et censée illustrer son leitmotiv « travailler plus pour gagner plus ».

La gauche n’a eu de cesse de dénoncer TEPA comme aux cadeau fait aux riches. Il y a quelques jours, le « contre-plan de relance » du PS de Martine Aubry se proposait d’annuler TEPA.

Or les chiffres viennent de sortir, et ils sont clairs. 5,5 millions de Français ont fait des heures supplémentaires en 2008. Ils ont touché en moyenne 150 euros par mois, ce qui a représenté pour eux 10% de salaire en plus. C’est un volume en augmentation de l’ordre de 20% sur 2007.

Ceci représente un montant de 4,4 milliards d’euros, soit 0,15 points de PIB, soit encore, en une seule mesure, la moitié de l’impact de TEPA.

Compte tenu que JusMurmurandi postule que les socialistes ne sont ni bêtes ni méchants, voici ce que leur intention, s’ils reviennent au pouvoir, de supprimer TEPA veut dire:

- soit les ouvriers et employés qui bénéficient d’un volume supplémentaire d’heures payées plus que la norme sont une armée de 5,5 millions de privilégiés qu’il importe de ramener au droit commun, en vertu notamment de l’abolition des privilèges par la Révolution française. Il importe, au surplus, de les punir de l’élection de Nicolas Sarkozy pour qui beaucoup d’entre eux ont voté, oubliant qu’ils sont voués par l’Histoire à être les gros bataillons de la Gauche, et trahissant leurs frères de classe. Non, vous avez raison, j’ai écrit « ni bêtes ni méchants », il doit donc y avoir une autre raison que celle-la.

- soit les socialistes pensent que toutes ces heures supplémentaires auraient été effectuées de toute façon, c’est-à-dire sans bonus fiscal, et que donc tous ceux qui sont concernés ont bénéficié de ce qu’on appelle un « effet d’aubaine », qui leur a apporté la détaxation comme un bonus inespéré. Mais alors, si l’incitation fiscale est sans effet autre que d’aubaine, pourquoi ont-ils fondé tout leur contre-plan de relance sur cette incitation-là? Par exemple, ce plan prévoit d’envoyer un chèque de 500 euros aux foyers modestes. Ne craignent-ils pas que ce montant aille grossir l’épargne de gens inquiets (c’est-à-dire tout le monde en ce moment) au lieu d’être consommé et de servir à l’activité économique? Il est vrai qu’avec M. Strauss-Kahn et Besson le PS a perdu deux de ses meilleurs économistes, mais, même comme cela, il leur reste assez d’énarques pour se rendre compte qu’il n’y a pas de bon effet d’aubaine (socialiste) et de mauvais effet d’aubaine (sarkozyste). Sinon, ils seraient bêtes, or j’ai postulés qu’ils ne l’étaient pas. Il doit donc y avoir une autre raison que celle-là.

- soit les socialistes sont tout simplement fatigués. Vu le train d’enfer mené par ce dernier depuis son arrivée à l’Elysée, on comprend alors que le PS se sente concerné par le problème des heures supplémentaires, et qu’il tente de limiter celles-ci au maximum (c’est-à-dire en fait au minimum), compte tenu de la quantité qu’il est contraint de faire rien que pour suivre la trace de l’omniprésident. Comme ils déploient une énergie considérable pour se battre entre eux, il faudrait en conclure que leurs bagarres internes sont plus importantes pour eux que d’affronter et de confronter la droite. Ce qui serait aussi bête que méchant, il doit donc y avoir une autre raison que celle-la.

- soit les socialistes veulent tout simplement à tout prix s’opposer à tout ce que décide Nicolas Sarkozy et l’annuler à leur retour au pouvoir. Mais alors, il va falloir aussi annuler entre autres le soutien aux banques, la prime à la casse, le RSA, l’investissement dans la recherche universitaire, le traité de Lisbonne, le Grenelle de l’environnement, remettre de la publicité sur les chaînes publiques de télévision, déplafonner les niches fiscales.

Il faut donc s’attendre, dans cette éventualité, à ce qu’ils soient contraints de faire encore plus d’heures supplémentaires!. Non, vraiment, elle n’est pas drôle la vie d’élu socialiste. Alors, plein d’indulgence, JusMurmurandi leur donne un conseil. Il y a un moyen aussi rapide qu’efficace d’éviter tout cela.

Ce serait d’admettre que, pour ce qui est des heures supplémentaires, la loi TEPA est bonne et que Sarkozy avait raison.

Pour le coup, c’est JusMurmurandi qui devient bête d’imaginer que les socialistes en soient capables, et méchant d’imaginer qu’ils ne le soient pas!

Ségolène Royal est elle Raymond Devos?

janvier 28, 2009 on 8:13 | In France | 1 Comment

JusMurmurandi n’a jamais caché son immense admiration pour cet orfèvre de la langue française, multipliant les adaptations subtiles pour faire sourire son public.

Qui se souvient de ce magnifique sketche lorsqu’il parle d’aller choisir une bicyclette et demande la différence entre celle-ci et celle-là?

Avec la selle de celle-ci qui est comme ceci et la selle de celle-là qui est comme cela, et la sonnerie de celle-ci qui fait si, et la sonnerie de celle-là qui fait la etc. etc.

Ou encore pourquoi on rit avec la bouche et non avec les fesses, ou enfin lorsqu’aérien, le magicien Devos, attachant ses bretelles au bas de son pantalon, imite l’alunissage, avec souplesse et douceur.

Beau, émouvant, inoubliable.

Et que dire alors lorsque tombe la nouvelle que la dernière compagne de cet immense artiste est soupçonnée de l’avoir fait prendre plus de calmants que prescrit pour le maintenir sous influence ? Une tristesse tout aussi grande que l’était son talent.

Bref, c’est une histoire drôle qui devient triste.

Lorsque l’on observe les premières citations du livre de Ségolène Royal (que nous ne publierons pas, faute de place), on se met à penser à cette pauvre femme, battue en 2007 aux élections présidentielles, battue pour le poste de premier secrétaire du PS, quittée par son compagnon et père de ses enfants, aujourd’hui privée par son parti de tout moyen alors qu’elle a fait un score qu’elle qualifie d’honorable aux présidentielles, et dont un des plus ardents soutiens est mis en cause pour une sombre affaire de gros sous.

Triste, non ?

Si ce n’est qu’aujourd’hui son livre est un tel tombereau d’injures, de critiques aussi exagérées que nombreuses à l’endroit des membres de son parti comme à celui de ses concurrents, on ne peut que sourire.

Si Devos nous a tellement fait sourire, rire aux éclats, sa fin n’en apparait que plus triste.

Si Ségolène Royal avait un instant inspiré une certaine sympathie, elle rappelle une fois de plus qu’elle est un animal politique et que ses propos sont tellement exagérés, qu’ils en deviennent sinon risibles en tout cas insignifiants comme disait Montesquieu.

Allô, Pierre Bergé ????

Mettre la grève à sa place

janvier 28, 2009 on 2:07 | In France | 4 Comments

La place de Grève appartient à l’Histoire de France, notamment parce que s’y déroulèrent un certains nombre d’exécutions célèbres, y compris l’écartèlement de Ravaillac, l’assassin d’Henry IV. Le reste du temps, c’était la place où se rassemblaient des hommes à la recherche d’un travail, quel qu’il soit.

C’est pourquoi l’emploi de ce mot pour désigner un mouvement de protestation de la part de ceux qui en ont un est un contre-sens historique.

Certains de ces mouvements sont aussi un contre-sens non seulement historique ou économique, mais un véritable appel au suicide.

Ainsi, Alitalia, maintenue sous respiration artificielle par Silvio Berlusconi, fusionnée avec son plus petit concurrent à bas coûts Air One, recapitalisée par des hommes d’affaires italiens et adossée à Air France KLM a-t-elle peut-être une chance d’échapper à la disparition totale. Quelle est la première préoccupation des syndicats? De la mettre en grève quelques jours à peine après son redécollage. Précipitant au passage ses passagers excédés dans les bras de Lufthansa, EasyJet et autres, qui s’offrent à bon compte des pans entiers du marché aérien italien.

Ainsi les cheminots de la SNCF qui se mettent en grève de protestation dès que l’un des leurs se fait agresser. Pour lamentables qu’elles soient, ces agressions ne sont pas l’apanage exclusif de cette profession. Des professeurs le sont aussi, sans parler des policiers, des convoyeurs de fonds ou des petits commerçants. D’autres professions ont une mortalité beaucoup plus élevée, tels les routiers. Quel rapport entre l’agression et la grève, sinon que c’est le prétexte à de solides revendications catégorielles d’une profession en position (temporaire) de monopole?

A la Guadeloupe, une grève générale tente de s’opposer à « la vie chère ». C’est intéressant sur plusieurs plans. Parce que, bien sûr, les guadeloupéens en grève « oublient » quand cela les arrange de se comparer aux îles voisines, qui n’ont ni SMIC, ni systèmes sociaux, ni subventions de la métropole. Mais, alors que les employés des monopoles (la Poste, la SNCF, EDF, GDF) ne veulent à aucun prix d’une concurrence qui risquerait d’entamer leur rente de situation, à la Guadeloupe, c’est la même chose, mais à l’envers. Les stations service Total (50% du parc de la Guadeloupe) sont en grève pour empêcher l’ouverture d’autres stations service sur l’île, c’est-à-dire pour éviter d’augmenter la concurrence. Et les guadeloupéens sont en grève contre la grève des stations service…

Et tous les mécontents vont pouvoir exprimer leur catalogue de revendications le jeudi 29 janvier, date d’une grève « générale ». Pendant ce temps-là, rien que depuis le début de la semaine, on en est à 100.000 pertes d’emploi annoncées par de grandes entreprises internationales.

En fait, il y a deux façons de regarder ces grèves. Soit en les trouvant en complet décalage, presque obscènes, face à une conjoncture qui prive de travail ceux qui veulent pourtant bosser. Notamment quand des agents d’un service prétendument public, qui ont une sécurité d’emploi, osent manifester leur avidité alors que la crise réévalue la valeur de cet avantage.

Mais on peut aussi comprendre que, quand les Etats du monde entier trouvent des ressources auparavant inexistantes pour sauver les banques, les compagnies d’assurance, les fabricants automobiles, les producteurs d’avions, tous se disent « au fond, pourquoi pas moi aussi, moi d’abord? » Ce en quoi, le gouvernement a peut-être manqué de pédagogie au moment où les aides étaient concédées. C’est ce que montre le sondage qui indique que la grève du 29 est comprise par une majorité de la population.

La conclusion est simple. Comme depuis des années, cet épisode illustre à quel point la culture économique des Français est limitée, pour ne pas dire absente. Certes, on pourrait penser que, au moins un certaine élite, elle, sait analyser la situation et en mesurer toute la gravité. Mais quand on entend Ségolène Royal déclarer « qu’elle a marre de la crise », comme si c’était quelque chose d’évitable, ou Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, réclamer une prime transport comme si le pétriole était resté colé à 147 dollars le baril au lieu de s’effondrer vers les 40 dollars, ou parler d’entreprises qui « profitent de la crise », on se dit que les Français, finalement, ne sont pas plus ignares que certains de leurs leaders.

Ce n’est donc pas demain qu’on fera grève pour demander du travail.

Marre de la crise ???

janvier 27, 2009 on 8:37 | In Best of, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 4 Comments

L’occasion était trop belle pour la rater.

Invitée au micro de la station RTL ce matin, Ségolène Royal a déclaré, tenez vous bien, qu’elle avait « marre de la crise ».

Voilà qui fait certainement autant avancer le débat que le schmilblick.

Car pendant ce temps là, on apprend avec intérêt que l’un de ses plus ardents soutiens, Julien Dray, est le détenteur d’une carte de crédit [à laquelle les rédacteurs de JusMurmurandi voudraient bien avoir accès mais n'en ont pas les moyens] avec laquelle il aurait dépensé pas moins de 300.000 (trois cent mille) et quelque Euro en trois ans. Et ancien Trotskyste en plus. Pauvre Léon, avec des « pauvres » de ce genre, le trotskisme n’est vraiment plus ce qu’il était.

Et la même Ségolène se sent obligée d’expliquer au micro d’Europe 1 qu’elle peut bénéficier des largesses de Pierre Bergé afin « qu’une association se crée pour créer un lieu de réflexion, de travail »…On aimerait en savoir plus sur ces travaux et réflexions depuis bientôt deux ans qu’elle a perdu les présidentielles, mais on craint de devoir rester sur notre faim.

JusMurmurandi rappelle que la loi dit que la somme maximum que chaque Français peut verser annuellement à un parti politique est plafonné à 7.500 Euro; pendant ce temps Pierre Bergé lui finance les bureaux qu’elle occupe Boulevard Raspail…

Bref, pas à une contradiction près, on comprend que les difficultés financières la touchent, au propre comme au figuré, tout autant que les siens, et pourquoi elle a « marre de la crise ».

Et peut être comprend on aussi mieux pourquoi, après les Français en 2007, les seuls socialistes ont eu à leur tour en 2008, marre de Ségolène Royal….

Les queues blanches

janvier 27, 2009 on 2:34 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Rassurez vous, chère amie lectrice, cher ami lecteur, même si JusMurmurandi a récemment mis un lien vers la rubrique matinale de Laurent Gerra, il ne s’agit ni d’un titre coquin, et encore moins d’un sujet à connotation partiale qui serait en rapport avec la couleur de peau…

Mais pour se pencher sur un sujet qui nous a bien agacés.

Que diriez vous d’une entreprise qui a en portefeuille presque quatre années de commandes, autrement dit dont le chiffre d’affaires est quasiment assuré pour les quatre années à venir (au total 438 milliard de Dollars de commande enregistrées) ?

On peut penser qu’elle se porte à merveille, sans préjuger du secteur et de son niveau de concurrence.

Bref, ses produits remportent un franc succès  et on peut sans aucun doute non seulement féliciter ses équipes pour ses résultats commerciaux car elle n’est pas en position de monopole (comme par exemple Microsoft avec le système d’exploitation Windows qui occupe 90% du terrain) mais aussi se dire que par les temps qui courent voici enfin une entreprise qui n’aura pas besoin de coup de main.

Las ! Malgré ces résultats éblouissants, le gouvernement français a décidé de venir en aide à Airbus, qui affiche pourtant de si bons chiffres, en mettant à disposition une aide de financement à hauteur de 5 milliards d’Euro.

Car les ventes de ses appareils sont dépendants du système bancaire, la quasi totalité des avions étant vendus à crédit, et 40% de ces crédits venant du secteur bancaire.

Et qui dit vente à crédit, dit ralentissement lorsque le secteur bancaire est en crise. Et c’est à ce moment qu’arrivent les « queues blanches », c’est à dire les avions construits mais qui n’ont pas de clients car ces derniers n’ont pas trouvé les fonds pour financer leurs acquisitions. Les appareils sortent donc de la ligne de fabrication sans le logo de la compagnie aérienne sur l’empennage.

D’après le Directeur Commercial d’Airbus, il se peut que 30% du carnet de commandes manque à l’appel. Si l’on rapproche cela des quatre années déjà engrangées, cela laisse encore plusieurs années de répit pour que les banquiers retombent sur leur pied.

Et qui plus est, Airbus est une société multinationale, avec des intérêts majeurs en Allemagne, Espagne ou encore Angleterre, et à nouveau JusMurmurandi ne comprend pas que cette aide vienne de façon unilatérale de l’hexagone.

Bref, si le gouvernement français se met à venir en aide à toutes les entreprises dont la situation est aussi florissante que celle d’Airbus, la CGT, le PC, le PS et tous les autres peuvent mettre bas les armes pour jeudi prochain, car, c’est sûr et certain, il y aura de l’argent pour tout le monde…

Airbus en pleine ascension

Airbus en pleine ascension

Benoît XVI, pape de la laïcité?

janvier 26, 2009 on 5:41 | In Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Benoït XVI a décidé de désexcommunier les fidèles de Saint Pie X, c’est-à-dire le groupe de Chrétiens qui, pour pouvoir continuer à pratiquer « à l’ancienne », avaient choisi de suivre Mgr Lefèbvre, lequel avait été excommunié pour avoir, en tant qu’archevêque, ordonné des évêques sans l’accord de la papauté.

Cette réintégration ne serait pas un sujet pour JusMurmurandi si elle se bornait à cela, c’est-à-dire à un choix théologique impactant une toute petite famille de la chrétienté (500 prêtres, 150.000 fidèles).

Mais il y a plus, car l’excommunicateur des lefèbvristes n’est autre que le défunt et très charismatique pape Jean-Paul II, dont on pensait qu’il avait été en tout le mentor de l’actuel pape Benoit XVI, et dont le fait d’avoir été le plus proche collaborateur du pape polonais fut probablement pour beaucoup dans son élection. Or ce geste a été fait sans que les lefèbvristes en fassent un, comme celui de reconnaître le Concile Vatican II, qu’il détestent en ce qu’il a modernisé et ouvert l’Eglise. Il y aurait donc du Brutus chez Benoït XVI…

Bien sûr il est tentant de se dire que Benoît fait ce qu’il peut pour récupérer des âmes perdues au sein d’une Église en perte de vitesse face à la modernité du monde et en butte à un Islam dont le dynamisme en Europe et dans le monde contraste avec le vide croissant des églises.

Ce serait oublier que Benoit XVI est avant tout un théologien, lequel a dénié aux communautés protestantes le statut d’Eglises, au nom d’un « trop faible contenu théologique », choquant au passage des millions de chrétiens, et rejetant à plus tard, beaucoup plus tard, toute possibilité de réunification des deux plus grandes branches de la chrétienté. L’ouverture à l’aile ultra-conservatrice de Benoît XVI n’est donc pas une tentative d’embrasser plus large pour mieux résister aux défis de l’époque.

Mais là où l’affaire devient passionnante, c’est que, parmi les désexcommuniés, figurent les 4 évêques lefèbvristes, et notamment un certain Mgr Williamson. Lequel a embarrassé toute la catholicité en déclarant cette semaine à une radio suédoise que les preuves historiques vont « massivement à l’encontre de six millions de Juifs gazés délibérément ». Entre autres horreurs négationnistes.

Et là, bien évidemment, l’idée de réintégrer un homme professant de telles idées et, qui plus est, sous couvert de son autorité morale épiscopale, est insupportable à beaucoup, qui condamnent le Vatican dans les termes les plus violents. Et rappellent, histoire de jeter de l’huile sur le feu, l’appartenance qui fut celle du jeune Ratzinger, aujourd’hui Benoît XVI, à la Hitlerjugend, ou jeunesses hitlériennes.

Or il n’y a rien, là, qui choque JusMurmurandi, alors même que nous réprouvons absolument tout ce qui, de près ou de loin, représente la moindre tolérance pour les abominations nazies, qu’elles soit en actes ou en paroles. Pourquoi? Parce qu’il suffit de se souvenir que l’Eglise catholique et romaine n’a jamais excommunié les nazis en tant que tels. Pas plus que d’autres monstres ou dictateurs. Où a-t-on vu que, par exemple, tous les condamnés des assises, les assassins, les violeurs, se verraient excommmuniés? Au contraire, les aumôniers des prisons veulent absolument ramener à la Foi les criminels. Et Jésus Christ dit que, comme le médecin vient pour les malades et non pour les bien portants, il est venu non pour les justes mais pour les pécheurs.

Ainsi, en ne reculant pas devant les déclarations de l’évêque britannique, l’Eglise catholique affirme qu’elle n’est pas comptable des pensées de ses membres, et pas juge de leurs actions. Qu’elle se « contente » des âmes, de leur foi et de leur pratique religieuse, et non des actes terrestres tels que la politique. Qu’elle condamne des pratiques légalement acceptables, dans le domaine sexuel notamment, alors qu’elle accepte des pratiques que la loi condamne, en matière idéologique et politique notamment.

A l’Etat britannique de condamner, s’il le juge bon, et comme le ferait l’Etat français, les déclarations de Mgr Williamson. Mais pas question de lui refuser le pardon des péchés. Chacun chez soi et les vaches (ici, les fidèles) seront bien gardées, montrons bien la séparation de l’Eglise et de l’Etat

Cette position porte un nom, que Benoît XVI déteste pourtant. Cela s’appelle la laïcité.

Benoît XVI

Presse à vendre ?

janvier 25, 2009 on 7:45 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermés

Paris résonne encore du fracas qu’a causé l’article du projet de loi donnant au pouvoir exécutif le pouvoir de nommer le Président de France Télévision. Que n’a-t-on pas entendu sur la régression à avant mai 68, sur l’évolution vers un régime autoritaire, entre autres cris déchirants. JusMurmurandi s’y serait associé, car la liberté de l’information nous est chère, si nous avions cru au danger.

Plus étrange, en revanche, est le grand silence médiatique qui entoure la décision sarkozyenne de donner 600 millions d’euros pour la presse écrite. Car là, il y a un vrai sujet. Sujet comme sujet d’article. Sujet comme sujétion, ou assujettir. Car qui peut imaginer que 600 millions de subventions ne donne ni droit de regard, ni influence?

Le problème, c’est que personne ne veut payer pour des quotidiens généralistes structurellement déficitaires. Leurs ventes sont modestes, comme les recettes qu’ils en tirent tant en prix de vente qu’en publicité. Ceci les condamne à un cercle vicieux de panne de moyens et de lectorat limité, tandis que leur financement, et le contrôle qui va avec, tourne souvent au feuilleton, comme au Monde ou à Libération.

Ce qui veut dire explicitement qu’il n’y pas assez de clients acceptant de payer assez cher, et partant, pas assez d’annonceurs, pour faire vivre ces entreprises.

S’ajoute à cela une profession journalistique intransigeante sur ses avantages aussi bien que sur le droit d’un propriétaire de financer à fonds perdus sans avoir le droit de rien dire ou faire.

Se surajoute la présence très onéreuse de la CGT du Livre, syndicat disposant (on croit rêver!) du monopole d’embauche, et d’une distribution archaïque effectuée par un autre monopole, les NMPP, elle aussi gangrenée par des pratiques sociales verrouillées par la CGT.

Dernière couche de misère pour les quotidiens déjà mal partis: la distribution de concurrents gratuits, faciles et rapides à lire, qui drainent un lectorat de gens allant au travail en transports en commun.

Sans compter, bien sûr, la concurrence des autres media, radio, télévision, et maintenant la lecture souvent gratuite de la presse sur Internet.

Bref, un spectacle de désolation économique sur fond de menace pour la pluralité de l’information. Un spectacle qui n’a pas de fatalité, car, si certaines industries sont frappées structurellement et donc internationalement, les causes de ce mal là sont bien françaises. Il n’y a qu’à regarder la diversité et les tirages de la presse britannique pour s’en convaincre

C’est là qu’arrive, les bras chargés de fonds, Sarkozy tel le roi mage portant des cadeaux. Sauf que là ce n’est pas à un bébé né dans la pauvreté quoique porteur de l’avenir du monde, mais à un métier anciennement riche et tombé dans la misère de la vieillesse.

Cadeaux qui ne sont pas négligeables, puisque 600 millions d’euros par an, cela fait 4 milliards de francs, ce qui fait qu’en 7 ans, on atteint le montant des pertes abyssales du crédit Lyonnais. On n’en est donc pas au naufrage du Titanic, mais c’est plus que le naufrage d’un concurrent du Vendée Globe…

Et là, contrairement à la nomination du président de France Télévisions, pas un mot contre la manne présidentielle, qui, pourtant, devrait faire débat en termes de liberté et de pluralité de la presse. Pas un commentaire pour demander de quel droit l’argent des contribuables doit servir à financer un produit dont les clients ne veulent plus assez pour le payer à son juste coût. Pas un commentaire pour demander qu’en contrepartie du nouvel avantage, les parties prenantes renoncent aux leurs (convention collective des journalistes, NMPP, CGT du Livre), alors qu’il y a eu un tonnerre pour exiger que les banquiers abandonnent leurs bonus et les actionnaires leurs dividendes.

Non, rien. Le silence. Comme s’il y avait un panneau rouge à l’entrée d’une grande salle à manger, marqué « silence, on mange! ». Un lâche silence pendant qu’on observe ce qui, en fait, revient ni plus moins à la nationalisation de la presse quotidienne. Une situation que n’a pas encore osé (on n’ose dire « réussi ») mettre en pratique la Russie de Medvedev et Poutine.

Liberté de la presse, indépendance des journalistes ne sont plus que des mythes, qu’on pourra enterrer au Panthéon, à coté de celui de la Résistance incarné par Jean Moulin. Sauf que Jean Moulin a souffert la torture et la mort pour ses idéaux.

Alors que la presse quotidienne a simplement vendu les siens au milieu du silence de tous, lâchement heureux d’éviter le désastre même au prix de ce qu’il faut bien appeler une nationalisation massive. Le même silence qu’on a noté quand le fils d’un oligarque russe a racheté France-Soir, exsangue depuis des années, alors que le rachat des Echos, quotidien prospère, par M. Arnault de LVMH qui est quand même beaucoup plus fréquentable à tous points de vue que le riche moscovite, a déclenché grève et levée de boucliers.

Ainsi, Nicolas Sarkozy ne domine pas les consciences comme pouvait le faire De Gaulle. Il ne les inspire pas, comme Pompidou. Il ne leur raconte pas de belles histoires , comme Miterrand. Il ne les anime pas, comme Chirac. Il les achète!

Ne me quitte pas !

janvier 24, 2009 on 12:05 | In France, Insolite, International | Commentaires fermés

Chacun sait que l’un des plus grands dangers lorsque l’on arrive aux plus hautes fonctions, c’est de perdre le contact avec la réalité, avec le sens commun.

En politique, c’est de ne plus pouvoir communiquer avec ses électeurs qu’au travers des filtres de conseillers.

On se souvient par exemple du débat télévisé organisé par Claude Chirac pour son Président de la République de père avec des adolescents et étudiants pour promouvoir l’adoption de la Constitution européenne, en 2005.

Après être arrivé à court d’argument car il était sec par rapport aux aspirations de ces jeunes électeurs, la seule phrase qui lui vint à l’esprit fut  « Je ne vous comprends pas », aveu ô combien fort de son impuissance, de sa perte de contact avec l’électorat et de ses préoccupations.

De la même façon, on se rappellera combien François Mitterrand, déjà bien âgé, avait le souci d’apparaître à l’écoute des jeunes. Dans une de ses interviews, avec des questions ostensiblement convenues à l’avance, à celle où le journaliste lui demande s’il est « branché » [NDLR "à la mode"] il répond « Je suis même câblé » qui était l’ultime version du même mot pour exprimer le fait qu’il était « dans le vent ». JusMurmurandi, soucieux de ne pas polémiquer s’en tiendra pour cette fois à la forme quant à savoir si Mitterrand était un personnage à la mode….

Enfin qui a oublié les SMS présidentiels de Nicolas Sarkozy, qui sont là encore une expression d’un souci comparable de rester en contact mais aussi d’apparaître dans le coup.

Car si l’on est à l’écoute mais que cela ne se voit pas, encore une fois en particulier en politique, ce n’est que partie remise.

C’est pour cette raison que JusMurmurandi trouve symbolique que Barack Obama, fervent utilisateur du Blackberry, a obtenu le droit, la permission de continuer à s’en servir.

D’abord parce qu’il a du ruer dans les brancards et rappeler à ceux qui prétendent le protéger « pour son bien » que lui supprimer son outil de communication préféré relève de son choix personnel et pas du leur, marquant ainsi son territoire, et imprimant clairement sa volonté de changement. Mais aussi, comme expliqué plus haut, pour que l’on puisse toujours avoir accès à lui de façon directe, et non au travers du filtre, du tamis, constitué par sa horde de Secrétaires d’Etat, conseillers, et autres vizirs grands ou petits de toute nature.

Research in Motion, le fabricant, sortira t il un …..Obamaberry ???

Barack H. Obama et son Blackberry

Barack H. Obama et son Blackberry

La faute à qui?

janvier 24, 2009 on 9:16 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

« Il est tombé par terre, c’est la faute à Voltaire; le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau » Ces mots mis dans la bouche de Gavroche par Victor Hugo sonnent juste: notre système financier est par terre, et nous sommes le nez dans le ruisseau. La question qui émerge avec force est: c’est la faute à qui? Et derrière cette formulation se cachent en fait plusieurs questions: qui sont les gagnants, s’il y en a? Qui a fauté? Qui s’est trompé? A partie de quel moment est-on non plus simplement une victime (de la crise, d’un licenciement, de pertes immobilières ou en bourse, d’un refus de crédit), mais une Victime (de Madoff, de Lehman, d’emprunts « toxiques »)?

Alors, bien sûr, la première réponse, sur laquelle tout le monde est d’accord est de déclarer que « c’est la faute aux banquiers ». Parce que c’est là que les symptômes de la crise sont les plus visibles: pertes abyssales, effondrement du crédit interbancaire et vers les clients, besoins gigantesques d’argent public. Ce qui, couplé à des rémunérations pharaoniques, a tout pour créer un cocktail plus toxique que n’importe quel emprunt.

D’où des clameurs pour clouer au pilori les banquiers, leurs rémunérations, et le pouvoir qu’ils détenaient de « planter » ainsi le système financier mondial et de nous plonger dans une crise économique dont JusMurmurandi n’a eu de cesse d’écrire (et jusqu’ici amplement à raison, malheureusement) qu’elle serait pire que tout ce que nous avons connu au moins depuis les années 30. Plus de bonus pour les banquiers! Plus de dividendes pour leurs actionnaires! Nationalisons les! Régulons et encadrons-les! Faisons-les contrôler en permanence par leurs propres administrateurs. Renforçons les audits. Et surtout, blâmons-les pour tout!

Deuxième coupable évident: le système! Sans aller jusqu’à remettre en cause le capitalisme, faute d’avoir quoi que ce soit à proposer comme alternative, hormis, Besancenot et les ultras du genre du groupe de Julien Coupat, c’est la faute au système! Focalisation excessive sur le profit, et en particulier sur le profit à court terme, priorité aux services, et notamment aux services financiers, désintérêt envers l’industrie. A se demander comment nous avons pu exister avec un système perclus de tant de maux si graves.

Troisième catégorie de coupables indéfendables: les experts, agences de notation ou économistes de tout poil. Ils n’ont rien vu venir, rien annoncé, rien mis en place pour éviter ou amoindrir les conséquences de la crise, et ils sont muets pour nous en sortir.

Regardons cela de plus près:

D’abord, les hommes. Certains ont échoué, d’autres ont failli, d’autres encore ont fauté. Mais jeter la pierre aux hommes, c’est ignorer que, pour beaucoup, ce sont les plus brillants de leur génération. On peut être ahuri devant le désastre des constructeurs américains de voitures, aveugles au point de tout risquer sur les profits tirés des seuls gros véhicules sans voir qu’un jour un retour de balancier les précipiterait (et beaucoup d’entre nous avec) dans l’abîme. Mais combien de brillants jeunes diplômés ont choisi, ces 30 dernières années d’aller travailler chez General Motors plutôt que chez Goldman Sachs? Et si la crise actuelle est bien due à des excès financiers, la finance mondiale a créé une abondance sans précédent.

Ensuite le système. Jeter le système aux orties en raison de la crise actuelle, c’est oublier que la prospérité mondiale a cru de manière continue depuis des décennies, et ce pour le bien du plus grand nombre, y compris depuis 10 ans, de centaines de millions de Chinois et d’Indiens. Cela ressemble à condamner l’industrie pharmaceutique toute entière pour tel ou tel gaspillage, abus, échec ou scandale sans voir que l’espérance de vie de la population mondiale croît de façon régulière, et ce, avant tout, en raison de a disponibilité croissante de médicaments toujours plus efficaces.

Enfin, les experts. Les considérer comme de grands coupables serait leur faire trop d’honneur. Il suffit de voir qu’un trader de pointe gagnait en un jour ce que gagnait un « expert » universitaire en un mois ou un an pour se faire une idée de leur importance relative.

Alors, la faute à qui? Qui sont nos Voltaire, nos Rousseau? Bien sûr, on peut encore faire un dernier effort pour blâmer le désormais ex-Président Bush et ses âmes damnés (on a envie d’écrire « ses ânes damnés ») Cheney, Karl Rove et les néo-conservateurs. Ce qui conduit à accueillir Obama comme le Messie, et à en attendre qu’ils nous sauve tous. Mais comme JusMurmurandi n’a pas vu d’étoile filante ni 3 rois mages, il y a de très fortes chances que ceux qui y croient le plus soient les plus déçus.

La réalité, c’est que nous sommes tous les responsables, et que, s’il y a des coupables, c’est nous. Il est facile de dénigrer la mondialisation et la perte d’emplois qu’elle vaut à notre industrie. Mais qui se précipite pour acheter au moins cher, souvent en provenance de Chine? Si les consommateurs que nous sommes ne privilégiaient pas avant tout le prix dans notre choix, les entreprises ne pressureraient pas avant tout les coûts dans les leurs. D’autres choix sont possibles, comme le lieu de fabrication, l’éthique, le développement durable, l’innovation, la performance, la qualité. Mais non, nous, c’est le prix, donc le coût, donc la Chine.

La même chose est vraie avec le système économico-financier. Il est facile de vouer aux gémonies les fonds de pension qui exigent une rentabilité toujours plus forte, mais le feraient-ils si leurs clients, c’est-à-dire ceux qui leur confient l’argent de leurs futures retraites, ne choisissaient pas les gestionnaires sur le critère de la rentabilité, alors que les mêmes choix alternatifs sont possibles. Et ce système a créé une accumulation de richesses proprement incalculable. Car, pour perdre les sommes que l’on a vu fondre en bourse ou dans l’immobilier, il fallait d’abord qu’elles y soient arrivées.

Le plus intéressant peut-être est de constater que, quand nous sommes en période de prospérité, nous n’avons de cesse de trouver que nous n’allons pas si bien que cela, et que l’argent, somme toute ne fait pas le bonheur. Mais, que survienne une crise, et on constate bien vite à quel point la consommation nous est douce. Et que, si l’argent ne fait pas le bonheur, qu’il nous manque quand nous n’en avons plus tout à fait assez!

Mieux fait de se taire…

janvier 22, 2009 on 7:22 | In Coup de gueule, Incongruités, Insolite | 2 Comments

Florilège des déclarations que leurs auteurs auraient mieux fait, pour leur réputation, de s’abstenir de faire

Frédéric Lefebvre, porte parole de l’UMP, parlant du besoin de réformer les entreprises et leur gouvernance, veut des administrateurs véritablement indépendants, c’est-à-dire non rémunérés par l’entreprise dont ils sont administrateurs, et spécialistes du contrôle. En sommes des contrôleurs indépendants fouillant en permanence pour voir s’il n’y a pas de soucis. Pour ces nouveaux rôles d’administrateurs, il ne devrait y avoir aucun problème de recrutement: la suppression de la fonction de juge d’instruction, magistrat indépendant et enquêteur, devrait libérer de nombreux candidats répondant au souhait de M. Lefèbvre. Faute de quoi les inspecteurs du travail ont aussi un très bon profil, puisqu’aucune compétence en matière d’entreprise n’est apparemment requise.

Ségolène Royal, candidate PS autoproclamée à l’élection présidentielle de 2012, parlant de la vague de moqueries soulevée par ses déclarations disant qu’elle avait inspiré Barack Obama: c’était de l’humour! On se demande ce qui est le plus consternant: qu’elle pense effectivement avoir été copiée, ou qu’elle n’ait pas compris à quel point de telles remarques étaient risibles.

John Roberts, Président de la Cour Suprême des Etats-Unis d’Amérique, s’est emmêlé les crayons au mauvais moment. Celui, infiniment solennel, où il a fait prêter serment au nouveau Président, Barack Obama. Il a tout simplement mal placé le mot « fidèlement », et l’a ressorti au mauvais endroit. On aurait pu penser que le juge aurait répété et se serait mieux préparé. On aurait pu penser aussi que le nouveau Président aurait su le bref texte par cœur. Ce qui appelle deux commentaires. L’un, que ce n’est pas à Nicolas Sarkozy que ce serait arrivé, lui qui aurait déjà « vécu » ce moment mille fois par avance dans sa tête. L’autre, que si c’était arrivé à George Bush, tous les commentateurs se seraient précipité pour en tirer encore une preuve de son crétinisme.

Mais la palme revient à Samir Abu Hamza, qui est le dirigeant du réseau d’information islamique en Australie et Australasie. Cette « autorité religieuse » a déclaré qu’il était légitime qu’un homme recoure à la violence contre sa femme si les autres moyens de la faire obéir ont échoué. Mais seulement la violence légère, assure-t-il. Et de continuer en indiquant qu’une femme n’a pas le droit de refuser tous les désirs sexuels de son mari, ce qui fait qu’il ne comprend pas la définition australienne du viol. Sans commentaire…

Au secours, la gauche de Martine Aubry revient… à ses anciennes méthodes!

janvier 21, 2009 on 2:21 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermés

Martine Aubry n’a pas perdu de temps. A peine élue, elle montre, avec son contre-plan de relance, où en est la pensée de la gauche en 2009. Et la réponse est simple, en 1981, compte tenu de la similitude de la pensée qui sous-tend cet ensemble de mesures avec les propositions du candidat PS.

Elle remonte beaucoup plus loin encore si on se souvient que le programme de 1981 de François Mitterrand n’était que le prolongement de celui de 1974, élaboré avant le premier choc pétrolier, à une époque qu’aujourd’hui on appelle « les trente glorieuses ». Un tout autre monde…

Quelques exemples:
- le PS veut transformer les aides déjà versées aux banques (qu’ils ont d’ailleurs refusé de voter) en prises de participation. C’est illégal parce qu’unilatéral et rétroactif. Qu’importe!
- le PS veut supprimer le paquet fiscal. Les premiers bénéficiaires sont ceux qui font des heures supplémentaires et leurs employeurs, c’est-à-dire des gens aux revenus modestes ou moyens et des entreprises, précisément ceux qu’il faudrait aider. Qu’importe!
- le PS veut augmenter de 3% le SMIC. Voilà comment on peut distribuer de l’argent sans augmenter les impôts ou le déficit. Les entreprises, dont beaucoup sont déjà en difficulté n’auront pas les moyens de payer, et ce sera une incitation supplémentaire à licencier et délocaliser. Qu’importe!
- le PS veut empêcher de licencier toutes les entreprises qui ne sont pas en grande difficulté. C’est le meilleur moyen qu’elles le soient quand on augmente les charges dans un monde ouvert à la concurrence. Qu’importe!
- le PS veut baisser la TVA de 1%, alors qu’on sait très bien que les distributeurs ne répercuteront pas ou pas entièrement cette baisse, et que l’augmentation de la consommation profitera avant tout aux produits importés. Qu’importe!

Bref, on voit le profil: 2 fois plus d’argent dépensé que la droite. Des dépenses à caractère pérenne (hausse du SMIC), des hausses d’impôts (suppression du paquet fiscal) un rôle accru de l’État (prime pour ne rien faire, hausse des allocations), taxation à mort (au sens propre du terme) des entreprises. Tout un programme, visiblement calibré pour cibler les électeurs de Besancenot au lieu de ceux de Bayrou, qui a du s’étrangler à la pensée rétroactive d’avoir failli s’allier avec ce PS-là.

Après la branchitude de Ségolène Royal, on sait maintenant quelle voie a pris le PS.

Celle de l’antiquititude.

S’ils n’étaient dans l’opposition pour encore au moins 3 ans, il y aurait des réels motifs d’inquiétude.

Et en espérant qu’ils restent encore longtemps dans la désuétude.

Martine Aubry

Le rêve de King devient, grace à Obama, réalité. Ou devient-il cauchemar?

janvier 20, 2009 on 3:45 | In France, Incongruités, International | 3 Comments

Martin Luther King avait un rêve, celui d’une Amérique réunie, apaisée, où la couleur de la peau ne serait plus que la conséquence d’une différence de pigmentation, et non la cause d’une différence de traitement.

Son investiture aujourd’hui, on a envie de dire son intronisation ou son couronnement, donne à penser à beaucoup que ce rêve est devenu réalité. JusMurmurandi espère que cela se révèle vrai.

Mais deux obstacles se dressent sur la route d’Obama, en dehors de ceux que le monde jette en travers de tous les Présidents américains, qui ont un emploi qui passe pour le plus difficile du monde.

Le premier réside dans les attentes phénoménales qui sont placées en lui, sans même qu’il y soit pour quelque chose, ni qu’il y puisse nécessairement quoi que ce soit. Plus un politicien arrive au pouvoir nimbé de la confiance de tous, plus il a des chances de réussir, tant la confiance est aujourd’hui un moteur du monde. Mais plus il doit satisfaire des attentes, et plus il a des chances de décevoir rapidement. Un parallèle s’impose avec l’Afrique du Sud. L’ANC de Nelson Mandela est arrivée au pouvoir après des décennies d’un pouvoir blanc compétent, raciste et ségrégationniste. Le bilan n’est pas uniformément rose. Notamment, pour les noirs qui attendaient de leurs frères de couleur qu’ils leur donnent accès à l’égalité économique, à l’emploi, à l’électricité, au logement, le rythme du progrès est trop lent, beaucoup trop lent. Raison pour laquelle ils ont éjecté leur propre Président en place, Thabo M’Beki, compétent et noir, mais pas suffisamment généreux à leur gré, pour le remplacer dans quelques mois par Jacob Zuma, autrement plus large en paroles et en promesses.

C’est la route qu’a suivie le Zimbabwe. Elle démontre qu’être noir après des blancs ne donne pas des droits mais des devoirs, et que le réalisme n’y a pas forcément sa place. Un sacré défi pour Obama, le temps de la lune de miel passé.

L’autre obstacle est que, jusqu’ici, les noirs ont pu faire valoir que leur absence relative de réussite était due à une forme de discrimination. La large élection d’Obama par un électorat en grande majorité blanc montre que ceux-ci ne discriminent as tant que cela, puisqu’ils ont jugé un homme à peau noire capable et digne d’assumer la charge suprême, éblouissant une fois de plus le monde par la formidable énergie démocratique de l’Amérique. Dès lors, une peau noire ne pourra plus, comme avant, servir de prétexte et d’excuse pour tous les échecs. Ainsi par exemple le footballeur vedette O. J. Simpson a-t-il réussi à se faire acquitter d’une accusation de double meurtre en expliquant à un jury largement noir qu’il était la victime d’une machination de policiers largement blancs. Maintenant, expliquer que les blancs rejettent, méprisent et/ou haïssent les noirs ne sera plus aussi simple et binaire.

D’une certaine façon, l’élection d’un noir représente la même forme de disparition d’un barrière jusque-là infranchissable que l’élection d’une femme. Ce qui eût pu arriver aux Etats-Unis, où Obama a eu beaucoup plus de mal à vaincre Hillary Clinton lors de primaires démocrates longues et indécises, que son concurrent républicain, le vieillissant John Mc Cain, ainsi qu’ en France, où Ségolène Royal a longtemps caracolé en tête des sondages devant tous les hommes, et notamment devant Nicolas Sarkozy qui l’a pourtant nettement battue en mai 2007.

D’où l’étonnement (le mot est faible) de JusMurmurandi devant la déclaration de Mme Royal, allée aux Etats-Unis pour assister à la cérémonie d’investiture du nouveau Président, qu’elle a inspiré Obama et que les équipes du gagnant américain ont copié la perdante française. Ainsi elle dit que l’équipe américaine a trouvé dans « Désirs d’avenir » la notion de « gagnant-gagnant », car elle ne sait pas qu’aux Etats-Unis le « win-win » est passé dans les moeurs depuis belle lurette.

A l’humble avis de JusMurmurandi, Ségolène Royal ne mesure pas qu’elle vient ni plus ni moins de s’attribuer la place de Martin Luther King. Il faut dire qu’après Jeanne d’Arc, pourquoi pas?

Barack Obama, Président des Etats-Unis d'Amérique

Vous avez dit…videndes??? Et pourquoi pas des bonus en plus?

janvier 19, 2009 on 10:07 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | 6 Comments

Des dividendes? Et puis quoi encore? JusMurmurandi hoche la tête, perdu entre ahurissement et hallucination. Après une année 2008 sans précédent, où les banques ont dû, de par le monde, être renflouées par les Etats pour éviter d’être emportées comme la maison de paille du petit cochon par le souffle du grand méchant loup et d’être dévorées toutes crues par la crise, elles veulent faire comme si tout allait bien.

Et notamment distribuer des dividendes aux actionnaires et des bonus aux dirigeants. Argent qui, nécessairement sortirait d’un bilan renfloué et garanti par l’Etat, c’est-à-dire par les impôts des contribuables.

Les bonus, ou part variable de rémunération, comment les dirigeants pourraient-ils imaginer en toucher quand la survie même de leur Établissement a été mise en péril par les conséquences de leurs actes de gestion? Ce serait comme un guide de montagne ou un marin professionnel qui demanderaient leur salaire à des touristes qu’ils auraient emmenés au bord de la mort et qui n’auraient dû leur salut qu’à l’intervention de sauveteurs.

BNP-Paribas, qui mérite bien que l’on dise qu’elle a beaucoup mieux fait (ou moins mal, comme on voudra) que l’immense majorité de ses concurrentes, et qui est restée largement bénéficiaire en 2008, eût été la seule à pouvoir prétendre verser dividendes et bonus, vu qu’il y a effectivement des bénéfices à distribuer au lieu de feuilles de licenciement par dizaines de milliers comme ses concurrentes.

C’est, comme par hasard, celle qui a annoncé que ses dirigeants, MM Pébereau et Prot renonçaient à leurs bonus.

L’argument en faveur du versement des dividendes est plus fallacieux encore. Les actionnaires ont beaucoup souffert de la chute des cours des actions des banques en 2008. Ne pas leur verser de dividendes serait, à en entendre les apologues, les pénaliser plus encore.

JusMurmurandi rappelle qu’il y a des produits financiers à revenu garanti, qui s’appellent les obligations. Si les actionnaires avaient voulu, ils n’auraient eu qu’à en acheter à la place des actions. Mais, évidemment, ils n’auraient pas eu les fortes hausses de cours des dernières années. Bref, après avoir eu le meilleur, ils veulent éviter le pire, ou plutôt le refiler à l’Etat, suivant la tradition française de la privatisation des profits et de la nationalisation des pertes.

Et si les Etats ont du intervenir, c’est parce que les actionnaires n’avaient pas souhaité renflouer des banques en lesquelles ils ne croyaient visiblement plus. Et qui avaient donc de fait fait une croix sur tout dividende possible. Cette défection des actionnaires montre bien qu’il n’est pas nécessaire de leur verser un dividende pour éviter qu’ils ne s’abstiennent dans l’avenir, vu qu’ils s’abstiennent déjà massivement. C’est pour cela que les cours des actions des banques se sont effondrés, nettement plus que la moyenne des marchés. Et ces actionnaires devraient déjà être ravis que les Etats soient venus sauver leur capital en sauvant leurs banques, tels Zorro ou le Père Noël. Et en France cela ne diluera même pas ces actionnaires, contrairement aux Etats-Unis ou à la Grande-Bretagne.

Ces mêmes banques, pour certaines d’entre elles, ont conseillé à leurs clients des investissements qui se sont retrouvé dans le gigantesque trou noir creusé par Madoff. Et après avoir vanté la qualité de leur gestion, leur prudence, leur réputation, leur diligence à vérifier les fonds qu’elles recommandaient, la sécurité de actifs sous-jacents dans des prospectus où le nom de Madoff ne figurait pas même en petits caractères, mais leur leur en gros, elles voudraient se laver les mains des conséquences de leur inconséquence. Et ne pas indemniser les victimes.

Il faut dire que, si elles indemnisaient les clients qu’elles ont induit à cet investissement catastrophique, il resterait moins d’argent pour les dividendes et les bonus.

Vous me direz que je fais un raccourci abusif, que ce n’est pas le même argent, et pas toutes les banques, et vous aurez raison.

Mais c’est la même attitude d’irresponsabilité.

Le Japon a une tradition de « seppuku », plus connu pour sa phase finale, le « hara-kiri », ou suicide rituel de celui qui s’est déshonoré.

Pour les uns, c’est manifestement impossible, vu qu’ils n’ont jamais eu d’honneur

Pour les autres, JusMurmurandi tient des sabres à votre disposition. Enfin, disons qu’une démission sans prévis ni indemnités suffira.

Seppuku

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