Quand le PS est Vert de rage!

août 30, 2009 on 5:11 | In France | Commentaires fermés

Nicolas Sarkozy est bien l’Affreux que tous, à gauche craignaient. Il ose annoncer un nouvel impôt à finalité écologique, la déjà célèbre « taxe carbone ». Le nouvel impôt, il devrait pourtant savoir que c’est un concept dont les socialistes ont le monopole, et que la finalité écologique est une chasse gardée des Verts. Vraiment, cet homme ne respecte rien, et la République est en danger!

Le résultat d’une manœuvre aussi déloyale ne se fait pas attendre, Martine Aubry, pour une (rare) fois en accord avec Ségolène Royal, dénonce la taxe carbone. Le problème, c’est que cette union contre le projet scélérat du Président leur coûte leur union avec les Verts. Car Daniel Cohn-Bendit, lui, trouve excellent le projet de taxe carbone. Et donc critique, avec la verve qu’on lui connaît, la critique des socialistes. Il les traite de « néo-libéraux »! Voilà un épithète que le PS ne n’est pas vu attribuer souvent…

Il faudrait quand même se souvenir qu’avant de traiter de l’urgentissime problème des primaires, il va y avoir en 2010 des élections régionales, où il semble que les options des socialistes soient de choisir entre le reflux (ils sont sortants dans 20 régions sur 22, donc ne peuvent que faire moins bien) et le désastre si les électeurs reproduisent leur choix des dernières européennes.

Pour cela, il faudra s’allier avec les Verts, et d’autres (Parti de Gauche, PC, etc…), avant de savoir s’ils peuvent faire quelque chose avec le MoDem. Or les déclaration sur la taxe carbone, et le vote qui s’ensuivra ne peuvent que servir de chiffon rouge aux yeux des Verts.

Bref, Martine Aubry, malgré son succès aux universités d’été du PS a toutes les raisons de broyer du noir. Du noir de carbone, bien sûr…

les néolibérales du PS

L’Amérique qui rit, l’Amérique qui pleure

août 29, 2009 on 4:25 | In Economie, France, Incongruités, International | 1 Comment

Quelques résultats industriels ou commerciaux ont intéressé JusMurmurandi ces dernières semaines.

Tout d’abord la poursuite de la saga du Boeing 787.

S’il s’agit du plus grand succès commercial dans le domaine aéronautique, c’est la plus grande débâcle industrielle.

Un dernier communiqué annonce cette semaine les livraisons pour le dernier trimestre 2010.

Entretemps, la rigidité du caisson central doit être revue, et sur le plan industriel, Boeing a déjà racheté l’un de ses fournisseurs critiques pour « reprendre les choses en main ».

Bref, les choix technologiques simultanément à un nouvelle logistique industrielle semblent avoir été un trop gros morceau à avaler d’un seul coup.

Sont ils encore crédibles pour la date de fin 2010 ? Il faut rappeler qu’originalement les livraisons devaient débuter en mai 2008….

Mais cette Amérique qui pleure est aussi une Amérique qui rit…

Souvenez vous, lorsque que le 787 est annoncé, Airbus annonce l’A350.

Boycotté par certains gros clients potentiels (Américains entre autre, comme par hasard – ne jamais oublier le temps mis par les autorités américaines pour autoriser le Concorde à atterrir à New York lorsqu’ils parlent de leur attachement au libre échange….) comme n’étant qu’un A330 remotorisé, et pas assez innovant, Airbus revoit totalement sa copie. Au passage allonge la facture du coût de développement et surtout le calendrier de disponibilité sur le marché.

Imaginez qu’Airbus ait aujourd’hui disponible au catalogue un A330 remotorisé disponible, moins cher tant à l’achat qu’en exploitation même si moins sophistiqué que ce 787 qui n’en finit pas d’arriver…

Deuxième sujet qui nous a intéressé, l’iPhone qui taille des croupières à tous ses concurrents bien qu’étant arrivé tellement plus tard qu’eux sur le marché, en 2007.

Car il faut resituer ce produit génial dans l’histoire d’Apple.

En 1984, lorsqu’il lance le tout aussi génial MacIntosh, Steve Jobs fait le choix opposé d’IBM avec un produit « fermé » à cause de son système d’exploitation exclusif qui le rend de facto plus cher que son concurrent.

L’iPhone lui détourne le sujet de façon brillante.

Car s’il donne l’exclusivité théorique pour la partie téléphonie à un fournisseur (exemple Orange jusqu’à ces derniers mois en France, le temps qu’ils en vendent plus d’un million…), Apple ouvre un tout nouveau secteur au travers des applications avec le génial Appstore. Certaines applications sont déjà tellement populaires que leurs créateurs sont devenus millionnaires !! Les unités de compte pour les applications sont les dizaines de milliers, pour les téléchargements gratuits ou payants (eh oui, n’en déplaise aux pourfendeurs d’Hadopi…)  les milliards. Élégant, subtil.

Sur le plan industriel, Apple ne vend qu’un seul et unique produit, là où les traditionnels comme Nokia se battent avec les coulissants, les téléphones à clapet etc. Les seules variantes sont les tailles  mémoire et la couleur du dos. On en est presque revenu à la géniale simplicité d’Henry Ford et de son Modèle T.

Depuis son lancement, c’est devenu un produit ludique, Nintendo déclarant qu’un de ses principaux concurrents pour sa fameuse console DS (pour double screen, maintenant DSi), c’est justement l’iPhone. En marchant sur les plates bandes de Nokia qui a échoué avec sa tentative Ngage.

Enfin, il vient chatouiller efficacement Blackberry et ses téléphones à clavier omniprésents en environnement professionnel. Peut être un clin d’oeil historique au Mac qui n’a jamais vraiment réussi à pénétrer le marché de l’entreprise, hormis certains secteurs bien particuliers comme la communication.

Donc un produit grand public qui veut entrer dans l’entreprise avec une offre ludique.

Cette Amérique qui rit est aussi une Amérique qui pleure avec le formidable Blackberry, produit professionnel par excellence,qui veut copier l’Appstore pour en faire un produit grand public…

Car RIM, le fabricant du Blackberry est canadien;  quelle fessée pour les Américains, alors que la version Windows mobile (qui n’est qu’une solution logicielle, là où Blackberry et iPhone sont un « tout en un ») piétine. Rappelez vous l’article sur le Président Obama qui a exigé de pouvoir garder le sien après sa prise de fonction…

Toutefois, iPhone et Blackberry ont un point commun, la fabrication chinoise……

A quoi sert la finance mondiale?

août 28, 2009 on 11:24 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International | 5 Comments

Le débat sur les bonus des traders prend un tour qui surprend de plus en plus JusMurmurandi, notamment dans la notion, quasi universelle, qu’ils « font prendre des risques aux banques ».

Encore faudrait-il savoir si « la banque est d’accord » ou pas, avec ce risque. Car cela recouvrirait deux réalités bien différentes selon que la réponse est « oui » ou « non ».

Si la banque est d’accord avec ce risque, le trader agit dans le cadre de sa mission, et les éventuelles pertes issues de ses transactions sont à passer au débit de la banque, qui doit en assumer la responsabilité et les conséquences.

Si la banque n’est pas d’accord, le trader a violé les limites qui lui ont été assignées, et il s’agit de faute professionnelle, voire plus.

C’est tout le débat de l’affaire Kerviel. La Société Générale e-t-elle été (1) compétente mais trahie, ou (2) incompétente et Kerviel en a profité à l’insu de la banque, ou (3) peu ou prou consentante ?

Mais l’idée que les traders font prendre des risques aux banques supposerait, pour être vraie, que les banques ne puissent pas encadrer, limiter, plafonner ces risques. Et que donc on en soit réduit à ce que cette prise de risque incontrôlable soit dépourvue d’intérêt pour les traders parce qu’il n’y aurait plus de bonus attaché. Là, franchement, il n’y a plus qu’à hocher la tête, perdu entre ahurissement et incrédulité.

La réalité est toute autre. Les banquiers ont inventé des produits nouveaux et compliqués, dont les caractéristiques de risque étaient « exotiques ». Les dirigeants des banques, peu familiers de ces rivages de la finance pour mathématiciens de haut vol, avaient un choix simple. Ne pas se lancer dans cette nouvelle activité, et passer à côté d’une gigantesque source de profits, ce qui les amènerait à être moins rentables que leurs concurrents avec toutes les conséquences négatives qu’on imagine en termes d’emploi, de rémunération et d’indépendance de leur banque. Soit ils se lançaient, faisaient gagner à leur banque et à eux-mêmes énormément d’argent, et finissaient pas faire face au crash que l’on sait.

Ce ne sont donc pas les traders, sauf peut-être Kerviel, qui ont fait prendre aux banques les risques qui ont eu les conséquences que l’on sait, mais les dirigeants des banques, qui en sont les seuls responsables.

Le débat sur les bonus des traders est donc un faux débat de type chasse aux sorcières démagogique, et qui évite de remettre en cause toute une élite.

Le summum semble avoir été atteint par Lord Turner, président de l’autorité bancaire britannique après avoir été notamment patron des patrons. Il ne craint pas de dire que la City de Londres, c’est à dire le secteur financier, a cru au-delà du raisonnable par rapport à son utilité pour la société. Bref, c’est devenu une sorte de Monopoly. Olivier Besancenot n’aurait pas dit mieux…

Il faudrait quand même rappeler au très brillant Lord Turner que la finance, c’est l’oxygène de l’économie, et que la bulle dont tous déplorent l’éclatement en 2007-2008 a été le moyen de la prospérité mondiale des dix années précédentes au moins. Ne crachons donc quand même pas trop dans la soupe!

Bonus bancaires, caméras de télévision et déconnection Internet

août 26, 2009 on 6:22 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Quel rapport, me direz-vous, entre ces trois sujets? Il est simple.

Nicolas Sarkozy a suffisamment fait pression sur la banquiers français pour que ceux-ci ne donnent des rémunérations variables à leurs traders que sous certaines conditions. Notamment l’introduction de malus en cas de mauvais résultats, un lien avec les résultats de l’entreprise, et un étalement sur plusieurs années. Autant d’excellentes idées, à la condition expresse que les banques des autres pays les appliquent aussi, sinon la France perdra ses traders et son trading au profit de ses voisins et concurrents. Il n’est pas facile d’être un îlot de vertu au sein d’un océan de péché.

Les statistiques françaises indiquent que les villes qui ont installé des caméras de vidéosurveillance enregistrent de meilleurs résultats en matière de délinquance que celles qui ne l’ont pas fait, la montée de la criminalité y étant moitié moindre. Pourtant, la Grande-Bretagne, qui a installé 50 fois plus de caméras que la France, constate que celles-ci n’ont qu’un rôle infime dans la maîtrise et la répression de la même criminalité. Cette apparente contradiction vient de ce qu’en France, où il y a relativement peu de villes vidéosurveillées, les voyous choisissent d’éviter les villes-là pour se reporter dans des coins moins exposés. Alors qu’en Grande-Bretagne, où elles sont partout, il n’y a plus d’effet « îlot de tranquillité dans un océan de délinquance ».

La loi Hadopi est l’une des plus controversées que Nicolas Sarkozy ait fait voter, notamment pour son volet de déconnexion des abonnés Internet qui téléchargent illégalement. Pourtant, c’est maintenant au tour de nos amis britanniques d’envisager cette solution, qui promet d’être si efficace qu’elle met les pirates du Net dans une fureur indescriptible. Car, jusqu’ici, quand un serveur se faisait réduire au silence, comme cela a été le cas du célèbre Napster, puis aujourd’hui du suédois Pirate Bay, il suffisait de se brancher sur un autre serveur.

Alors que demain, avec Hadopi, il faudra utiliser des alias, des fausses adresses IP, des serveurs de proxys anonymes pour ne pas être démasqué par les caméras de surveillance du Net. Impossible, certes non. Impossible pour tous, en nombre et en compétence, manifestement. Donc cela fonctionnera comme les règles sur les bonus, et les caméras de surveillance. Cela n’empêchera pas le délit ou le crime, mais cela le rendra plus difficile, moins payant, et, partant, moins attractif…

La fausse bonne idée des primaires

août 25, 2009 on 3:52 | In Elections présidentielles 2007, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 2 Comments

Le Parti Socialiste français a choisi entre la poule et l’œuf. A savoir s’il leur faut choisir un leader qui soit populaire pour en faire un candidat de qualité à la Présidentielle de 2012, où s’il faut choisir un candidat de qualité et le rendre populaire. La tendance est maintenant claire: le parti va sur la voie des primaires, c’est-à-dire vers le choix d’une personnalité qui saura plaire à l’opinion, ou au moins à une certaine partie de l’opinion, au bon moment.

JusMurmurandi ne peut que saluer ce courage et leur souhaiter bonne chance, dans la crainte, pour le parti, qu’ils n’en aient drôlement besoin.

Comment ceux qui soutiennent cette méthode ne se souviennent-ils pas que, pour toutes les élections présidentielles françaises récentes, celui ou celle que les sondages plaçaient en tête quelques mois avant les élections a fini par perdre?

En 2006, Ségolène Royal apparaissait largement favorite devant Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs cette popularité qui a largement forcé la main à de nombreux socialistes et les a fait nommer Ségolène plutôt que Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn. On sait ce que qu’il en a été de la suite, et comment la candidate de « la France Présidente » a perdu une élection imperdable.

Car, à l’humble avis de JusMurmurandi, la question n’est pas tant de savoir qui sera le ou la candidat(e), mais (1) sur quel programme, (2) avec quels alliés, et (3) avec quel soutien du PS.

Et il faut reconnaître que, sur ces 3 points, le PS est non seulement en vacances, mais carrément aux abonnés absents.

Tel que c’est parti, après avoir perdu les européennes, le PS se dirige vers une véritable fessée aux régionales de 2010, où il se présente en parti sortant pour 20 des 22 régions françaises. Laquelle claque ne va faire qu’exacerber les querelles de personnes.

Ce, alors que la donne de 2012 s’annonce d’ores et déjà plus difficile pour le PS que 2007. Car, en 2007, Sarkozy, outre son équation personnelle peu favorable (petite taille, look moyen, nom à consonance étrangère, réputation d’agité et d’autoritaire), se présentait comme successeur d’un président largement discrédité et combattu à l’intérieur même de son propre parti. Lesquels facteurs négatifs ne se reproduiront sans doute pas en 2012, où il bénéficiera en plus de l’avantage du sortant.

Se souvenant que le mot « primaire », notamment associé à celui d’intelligence, se réfère à des actions instinctives, émotives, voire brutales, JusMurmurandi conseille au Parti Socialiste de procéder avec davantage de réflexion, et donc d’organiser, plutôt des « secondaires ».

3 chefs d’Etat musulmans…

août 23, 2009 on 5:49 | In France | 2 Comments

Le président iranien Ahmadinejad vient d’attribuer dans le gouvernement dont il va proposer au parlement de ratifier la composition le poste de ministre de la défense à un homme qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour avoir joué un rôle majeur dans un attentat anti-juif à Buenos Aires qui fit 85 morts en 1994. Ce qu’il y a de bien avec le président iranien, c’est qu’on ne passe pas son temps à tenter de décrypter ses intentions. Le message est clair…

Le président libyen Moammar Qaddafi a reçu personnellement un ex-agent de son pays, libéré par la justice écossaise pour rasons humanitaires après avoir purgé des années de prison pour l’attentat de Lockerbie, ville sur laquelle tomba un Boeing 747 de la Pan Am, abattu par l’explosion en vol d’un bombe. Ce qu’il ya de bien avec le président libyen, c’est que, même si on ne sait jamais ce qu’il va faire, on sait d’avance que cela sera original et outrancier…

Le président syrien Bachar el-Assad est le fils d’un dictateur sanguinaire, et, à ce titre, considéré comme pas fréquentable. D’où les critiques féroces qui saluèrent sa réception à Paris par Nicolas Sarkozy, qu’on accusa de pactiser avec une ordure. N’empêche que c’est lui qui s’entremit auprès des iraniens pour que Clotilde Reiss sorte de prison et attende à l’Ambassade de France le prononcé de son verdict. Quand on sait que les Iraniens eux-mêmes reconnaissent les mauvais traitements subis par les prisonniers, et que le viol y est monnaie courante, on se dit que, finalement, une Reiss à l’ambassade valait bien un dîner avec El-Assad…

Trois cas très particuliers, trois hommes avec qui un dialogue peut soit se justifier, pour « normaliser » Qaddafi ou El-Assad, ou pour le nucléaire iranien, soit être repoussé, compte tenu que la cuillère n’est jamais assez longue quand on dîne avec le diable…

Une transaction franco-américaine?

août 22, 2009 on 6:56 | In Best of, Economie, France, Insolite, International, Poil à gratter | 1 Comment

Les Etats-unis sont-ils menacés de soviétisme? A priori voilà une question grotesque. Eh bien non, car de nombreux Américains interprètent le plan de donner accès à la santé à tous les Américains, et donc aussi aux 40 millions de personnes qui n’ont aucune couverture santé, comme l’arrivée d’un système hyper-étatique coûteux, inefficace et la géré, spoliant les « bons Américains », c’est-à-dire ceux qui sont solvables, au profit de ceux qui ne le sont pas. Il faut dire que tenter de mettre en place un tel plan, forcément d’un coût colossal, surtout au pays qui connaît déjà le coût de la santé le plus élevé au monde, et de loin, au milieu de la crise économique la plus sévère des 80 dernières années a quelque chose de si provoquant qu’on peut parler de calendrier quasi-suicidaire.
Et lors des réunions de préparation de plan, on découvre que les passions américaines pour les questions sociales et sociétales, et notamment le rôle de l’Etat et les impôts, est plus grande que celle des Brésiliens pour le football. Une passion d’autant plus forte que de nombreux citoyens de bonne foi croient réellement que cette réforme met la patrie en danger. Une passion si forte qu’elle en deviendra presque inévitablement violente dans un pays qui compte plus d’armes à feu que de citoyens, comme on le voit déjà avec les querelles religieuses comme celle sur l’avortement, où tuer un médecin qui en pratique n’est pas si rare.

Alors qu’en France, les réformes de Nicolas Sarkozy n’entraînent « que » des grèves et manifestations somme toute très pacifiques, et la couverture santé universelle fait partie de nos acquis depuis longtemps..

Autre phénomène américain: la banque suisse UBS a proposé à des milliers de clients de faire échapper leur argent au fisc américain. Ce faisant la banque a commis un délit sur le sol US, ce pour quoi elle est susceptible de se voir interdire tout acte de banque aux États-Unis, ce qui interdit toute transaction en dollars, en actions ou en obligations américaines. Bref, ce qui ruine la première banque de gestion de fortune au monde. Ou plutôt achève de la ruiner après ses déboires très supérieurs à la moyenne lors de la crise bancaire. L’État suisse et la banque sont donc condamnés à trouver une transaction avec l’État américain pour éviter cette lourde condamnation, ce qui s’est fait cette semaine. Et le prix à payer est que UBS devra dénoncer au fisc américain des milliers de clients qui devront faire face à de lourdes condamnations. Car aux États-Unis la fraude fiscale n’est pas une affaire de seuls gros sous. L’Oncle Sam condamne souvent pour ces motifs à des peines de prison ferme, ce qui est indiscutablement une forme de violence sociale..

Alors qu’en France les fraudeurs du fisc, sauf rarissimes exceptions, non seulement ne risquent pas la prison, mais peuvent négocier et marchander avec Bercy, surtout si la dette est importante et le fraudeur éminent.

Nul doute que la France aimerait pouvoir forcer les banque suisses à dénoncer des milliers de fraudeurs du fisc. Nul doute que les Américains aimeraient avoir une couverture santé universelle à la Française.

Alors, à quand un échange de bons procédés? On leur envoie Sarko en stage, et on prend Obama pour quelques mois?

La Chine, pays de tous les extrêmes ou Empire du Milieu?

août 19, 2009 on 10:46 | In Economie, France, Insolite, International | 2 Comments

La Chine va-t-elle sauver le monde, ou tout au moins le tirer de la crise économique actuelle? Quand on voit, entre autres, les contrats signés avec l’Australie pour 41 milliards de dollars de gaz liquéfié, ou pour 6 milliards de dollars de minerai de fer, il y a de quoi être optimiste. Avec un pays qui a un besoin impératif de maintenir une croissance annuelle de 8%, et ce en étant déjà la deuxième économie mondiale, la mot de locomotive n’est pas trop fort. Même si c’est ahurissant de parler de locomotive quand le reste du monde roule en marche arrière.

De même, au moment où tous les Etats développés émettent des quantités infernales de nouvelle dette pour financer déficits croissants et plans de relance, le seul acheteur massif de cette dette, notamment celle en dollars émise par les États-Unis, est la Chine, dont les excédents de toute nature sont proprement ahurissants dans un contexte de déficits planétaires.

Dans le même temps, il y a de quoi être véritablement inquiet. Les centaines de milliards de dollars injectés par le gouvernement chinois pour maintenir à toute force la croissance malgré la crise mondiale qui a amputé les exportations et les investissements étrangers, deux moteurs traditionnels du boom chinois, génèrent en ce moment une véritable bulle immobilière. Même si c’est ahurissant de parler de bulle immobilière quand le reste du monde voit là un secteur effondré.

Pour autant, tout n’est pas rose au pays de la croissance chinoise. Comme ce pays a une économie où beaucoup se décide au niveau municipal ou régional, on a vu fleurir des entreprises d’intérêt local mais sans aucun espoir d’être jamais compétitives au niveau international. La crise impose de rationaliser ces entreprises soutenues à bout de bras par banques et pouvoirs publics locaux. Le problème, c’est que les ouvriers ne sont pas d’accord. Ainsi des ouvriers d’une entreprise d’acier à capitaux d’État se sont vus promis à une fusion avec un groupe privé valant privatisation. Comme ils redoutaient au passage de nombreux licenciements, ils ont accueilli leur repreneur en tuant purement et simplement le directeur. On est loin des New Fabris de Chatellerault, et deux privatisations ont dues être annulées dans le secteur de l’acier chinois pour cause de résistance trop violente de la base.

Donc la bouteille est-elle à moitié pleine, avec une Chine locomotive de la croissance mondiale et génératrice d’excédents on ne peut plus nécessaires, ou à moitié vide avec des entreprises déficitaires, des banques qui accumulent les crédits douteux et une bulle immobilière? Et si c’était pour cela que la Chine, traditionnellement, s’appelle l’Empire du Milieu?

Une importance toute relative

août 14, 2009 on 2:16 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Attention, mois d’août! C’est ce que devraient porter en exergue les nouvelles que nous sert la presse, tant certaines sont montées en mayonnaise aujourd’hui qui ne vaudraient pas un article en fond de page 7 en temps moins estival.

- les iPhone sont-ils dangereux? Parce qu’un écran d’un iPhone (oui, un parmi des millions) a éclaté dans des conditions inconnues (est-il tombé avant par exemple?), toute la presse bruit des « explosions d’iPhone ». Et parce qu’Apple a proposé de remplacer l’appareil, ce qui a priori serait plutôt bien, les titres rugissent « Apple essaie d’acheter le silence des victimes! » JusMurmurandi espère que les journalistes qui se lancent dans ce genre d’article n’espèrent pas trop en retirer un prix Pulitzer. On n’est pas exactement en train de voir l’Histoire se faire sous nos yeux.

- le burkini menace-t-il la laïcité? Parce qu’une femme (oui, une parmi des millions) a voulu se baigner avec ses enfants revêtue d’une tenue d’inspiration musulmane qui la couvre intégralement, la presse se fait écho de « la République en Danger ». Peut-être faut-il décréter le couvre-feu et la mobilisation générale, tant qu’à faire?

- un préfet aurait-il fondu les plombs? Un préfet, qui plus est chargé d’une mission impliquant la Réunion, aurait tenu des propos génériquement racistes à l’aéroport d’Orly. Il a été immédiatement suspendu, à la différence de notre respiration, qui n’en a pas été affectée, n’en déplaise à la largeur des manchettes que la presse consacre à cette « affaire ».

Pendant ce temps-là, un typhon fait des centaines de mort à Taïwan. Des affrontements divers font des centaines de morts dans la région explosive du Caucase ex-soviétique. En France, les noyades s’accumulent par centaines (déjà 217 morts depuis le seul début de l’été, soit 3 par jour), donnant à penser que des articles de presse pourraient, en attirant l’attention des lecteurs, en réduire si peu que ce soit le nombre.

Mais ces morts par centaines ne sont pas très importants. C’est le mois d’août, et il ne faut surtout pas perturber les vacanciers avec des sujets trop sérieux.

JusMurmurandi vous présente ses excuses pour l’avoir fait.

Fin de crise ou fin de récession?

août 13, 2009 on 8:49 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Ça y est. A peine deux jours après que JusMurmurandi l’ait annoncé, des chiffres positifs montrent que France et Allemagne sont sorties de la récession, avec un p.i.b. en croissance de 0,3% au deuxième trimestre. Un chiffre si positif qu’il a pris par surprise même des Ministres des Finances habitués de par leur fonction à jouer les « Docteur Tant Mieux ».

Comme la définition d’une récession est une période d’au moins deux trimestres consécutifs de décroissance du p.i.b., nous ne serons pas de récession avant 2010 au plus tôt.

Cela veut-il dire que tout est redevenu comme avant? Il faudrait une sérieuse dose d’optimisme pour y croire. Les millions de chômeurs en plus dans les pays de l’OCDE ne seraient certainement pas d’accord. Le gigantesque déficit des finances publiques françaises (impôt sur les sociétés en baisse de 80%…) non plus.

D’autant qu’il n’est pas du tout garanti que ce bon chiffre soit suivi d’autres bonnes nouvelles aux troisième et quatrième trimestre, notamment s’il est causé par des reconstitutions de stocks tombés trop bas au début 2009, ce qui ne se répétera pas.

Pour autant, à cheval donné on ne regarde pas les dents, et faire la fine bouche serait déplacé.

Mais, pour savoir si la fin de la récession entraînera la fin de la crise, JusMurmurandi pense qu’il vaut mieux interroger des psychologues et des sociologues que des économistes, tant la crise est au moins autant dans les têtes que dans les portefeuilles. La peur de perdre son emploi, la crainte d’un avenir dont on ne sait pas de quoi il sera fait sont autant de raisons de gonfler son épargne en réduisant et repoussant ses dépenses.

On se souvient du rôle déterminant de l’optimisme communicatif de Ronald Reagan pour mettre fin à la crise économique, mais aussi éminemment psychologique et morale de la fin des années Carter.

Ainsi, pour mettre un terme à notre crise à nous, peut-être faudrait-il demander au Président de faire la promotion du bling-bling… pour voir la sortie de crise au travers de ses belles lunettes?

Nicolas Sarkozy

Quelques bonnes nouvelles

août 11, 2009 on 8:01 | In Economie, Europe, France, International | Commentaires fermés

Ayant été l’un des premiers à écrire que la crise serait beaucoup plus qu’un simple trou d’air, et ayant régulièrement été depuis un messager de mauvaises nouvelles, il est bien naturel que JusMurmurandi se réjouisse quand il y a lieu de le faire.

Mais ce n’est pas le rebond des bourses ou des matières premières qui cause ce renouveau d’optimisme. Ces cours en hausse sont simplement causés par des liquidités abondantes cherchant avant tout à se rémunérer quand les taux d’intérêts sur les placements sans risques sont nuls ou quasi-nuls, comme sur les Bons du Trésor américains.

Alors, avec des taux d’intérêts extrêmement faibles sur les obligations et placements monétaires, avec un immobilier plus intouchable que la population de la caste éponyme en Inde, avec des marchés secondaires comme l’art en pleine déprime, les capitaux se placent sur les actions et les matières premières, et se justifient en parlant « d’anticiper la reprise ».

D’un point de vue logique, c’est imparable, car la reprise finira bien par arriver. Mais l’anticiper de 10 ans, si les tenants d’une asthénie à la Japonaise ont raison, c’est peut-être s’obliger à une trop longue patience…:-)

Cela étant, même cette hausse en partie artificielle peut avoir un effet positif en contribuant à regonfler l’épargne et les fonds propres des établissements financiers. Et, en conséquence, la confiance.

Non, ce qui encourage JusMurmurandi, c’est d’abord l’absence de mauvaises nouvelles qui soient nouvelles. Or, bien sûr, les indicateurs ne sont pas au vert profond, mais grosso modo, les mauvais chiffres qui sortent maintenant sont déjà « dans les tuyaux » depuis des mois.

Et ces dernières semaines, JusMurmurandi constate avec joie que plus d’un chiffre sur deux qui sort est meilleur -ou moins mauvais- qu’anticipé. Que ce soit la production automobile européenne, soutenue par diverses primes à la casse, les ventes de voitures aux USA, pour la même raison, les chiffres du chômage en juin en France, en baisse surprise, le PNB du deuxième trimestre américain, en baisse moindre qu’attendu, la banque du Japon qui constate l’arrêt de la dégradation de la situation économique de l’archipel, et surtout les résultats des entreprises, qui, pour l’essentiel, et contre toute attente, restent très bénéficiaires. Moins bien sûr qu’il y a deux ans, mais incroyablement résistants si on pense qu’il s’agit de la pire tornade depuis 80 ans.

Lesquels profits des entreprises se traduiront en impôts, en dividendes, en investissements, et même, ô horreur, en bonus pour les dirigeants « victorieux » de la crise. Toutes traductions vertueuses sur le plan économique.

JusMurmurandi pense donc qu’après une année entière passée à craindre l’apocalypse dès avant qu’elle ne se soit produite, le monde pourrait recommencer à espérer le retour sinon au paradis, au moins à une certaine ère de confiance, et ce dès cet automne.

Dans cet espoir, profitez bien de très bonnes vacances!

Vous avez dit précaution?

août 10, 2009 on 3:42 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

La grippe porcine est une pandémie comme le monde n’en a jamais connue. Elle se répand à une vitesse sans précédent, et les prévisions affirment qu’il se pourrait bien que la moitié de l’humanité ait été contaminée d’ici à son extinction. Jusqu’ici, elle n’est que peu dangereuse, et pour l’essentiel, que pour des personnes déjà fragilisées. Mais la possibilité que le virus mute vers une forme plus « agressive » fait revenir à la conscience du monde la peur des grandes pestes, qui tuaient des dizaines de pour cent d’une population.

C’est pourquoi les gouvernements occidentaux se sont rués pour acheter des dizaines de millions de doses de médicaments et de vaccins, dès avant leur commercialisation.

Mais cela ne va pas de soi. Des experts, comme le professeur Bernard Debré, ou Marc Gentilini, ancien président de la Croix Rouge, ou Michel Kazatchkine, président du fonds mondial de lutte contre le SIDA, contestent ces mesures de précaution. Notamment parce que les fonds mobilisés (un milliard d’euros pour la seule France pour 94 millions de doses de vaccin, dès qu’il sera prêt) pourraient, d’après eux, sauver beaucoup plus de vies en étant appliqués à d’autres pathologies.

Ceci révèle la singulière nocivité de ce que les politiques français, suivant le Président Jacques Chirac, ont incorporé à la Constitution: le principe de précaution.

Quand menace la pandémie, il faut se préparer, c’est la précaution. C’est aujourd’hui un impératif légal, faute duquel les politiques au pouvoir s’exposent aux mêmes poursuites que ceux qui ont eu à gérer l’affaire du sang contaminé. Dès lors qu’ il y a menace connue, il faut prendre toutes les précautions. Y compris acheter des vaccins dont on ne sait encore rien, y compris quels effets secondaires ils pourraient avoir, ni quelle sera leur efficacité, puisque, par définition, ce n’est qu’en cas de mutation que le virus sera véritablement dangereux, et que, dès lors qu’il mute, il y a des chances qu’il échappe au vaccins préparés pour affronter l’ancienne variante.

Mais, et c’est là que JusMurmurandi hoche la tête, perdu entre incompréhension et ahurissement, rien de tel n’est indispensable pour la lutte contre des maladies connues. Le cancer existe, le SIDA aussi, et toutes les autres. Il y a lieu de les combattre, bien sûr, avec les moyens disponibles. Mais ce combat qui sauve des vies au quotidien et qui pourrait en sauver beaucoup plus avec plus d’argent ne dispense pas d’allouer des ressources de précaution à d’éventuels combats futurs.

Ainsi un « décideur », médical ou politique peut-il être poursuivi s’il ne prend pas de précautions contre la grippe porcine, mais pas s’il n’alloue pas assez d’argent à la lutte contre la tuberculose…

Il est donc plus prioritaire de se prémunir contre les éventuels risques futurs que d’intervenir contre les sinistres en cours. Voilà bien une logique digne de Jacques Chirac et de nos politiques!

Jacques Chirac

Delanoë à qui gagne perd…

août 9, 2009 on 6:46 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Bertrand Delanoë n’en finit pas de se réjouir. Le Conseil Constitutionnel lui a donné raison, Paris n’a pas un statut particulier qui vaille au maire de ne pas pouvoir décider de l’ouverture des magasins le dimanche.

Mais il y a des victoires qui se transforment en défaite. Pour honorer ses promesses, l’équipe municipale a juré que « tout Paris ne serait pas classée en zone touristique », et commence par décider « de ne pas revenir sur les 7 zones déjà autorisées ». Et d’indiquer que leur première action se ra « d’attendre les décrets d’application ». Bref, de ne rien faire.

Cela étant, il faudra bien, après ces rodomontades, passer aux actes. Car l’ouverture le dimanche est, n’en déplaise aux socialistes, populaire. Notamment pour que ce ux qui travaillent en semaine aient plus d’options pour faire leurs achats.

Et là où ça va faire mal, c’est quand l’équipe municipale va devoir trancher: une rue sera déclarée zone touristique, et sa voisine ne le sera pas. Cela créera des distorsions manifestes de concurrence sur des zones « limitrophes ». JusMurmurandi voit d’ici les commerçants des zones « non touristiques hurler contre un classement qui, vu de leur lorgnette sera aussi injuste qu’imbécile.

Et on connaît l’impact prescripteur de ces commerçants pour une future campagne électorale, où il suffira au candidat UMP de se déclarer prêt à classer tout Paris en zone touristique, ce que Bertrand Delanoë ne pourra pas promettre sans se déjuger gravement.

Dire que le projet de Nicolas Sarkozy évitait à l’édile socialiste de devoir se fourrer dans ce qui ne pouvait être qu’un piège. Sauf que la volonté de pouvoir du Maire de Paris lui a dicté de vouloir maîtriser celui-là aussi.

Sarkozy aurait voulu piéger Bertrand Delanoë qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

Pendant ses vacances, JusMurmurandi conseille à Bertrand Delanoë de relire une certaine histoire où un cheval donné s’est révélé un piège…

Cheval de Troie

Le bal des hypocrites , ou « Sauvons les bonus! »

août 8, 2009 on 6:17 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Le scandale est de retour. Et pour cause, les bonus des banquiers, cause supposée de tous nos maux, sont de retour, eux aussi. Et là encore, s’ils le sont, c’est parce que les profits des banques, en tout cas des meilleures d’entre elles, de Goldman Sachs à BNP Paribas, sont de nouveau fort plantureux. Et ce alors même qu’elles n’ont pas pu ne pas faire appel à des aides d’État il y a quelques mois à peine.

Après le scandale causé par Goldman Sachs aux États-Unis, c’est le milliard d’euros déjà provisionné par la BNP au titre des bonus futurs de ses traders qui soulève la tempête.

Outre la répugnance constante de JusMurmurandi de hurler avec les loups et de chasser le bouc émissaire, y-a-t-il scandale à ce milliard? A noter que la BNP n’est peut-être pas le plus mauvais élève de la classe bancaire sur ce plan. Elle a été l’une des rares banques à adhérer aux recommandations du G20, et elle dévoile ce chiffre (ou plutôt elle le confirme après qu’il ait été « fuité » par Libération).

Tandis que, fidèle aux habitudes de l’ère Bouton, la Société Générale de Frédéric Oudéa se mure dans le silence, espérant sans doute que le problème finira par s’en aller de lui-même.

Au premier semestre, les banques sont connu une conjoncture exceptionnellement favorable à leur activité: elles ont pu emprunter à des taux plus bas que jamais avant, tout en prêtant à des taux « normaux ». Résultat, une marge gonflée qui se traduit en profits immédiats. Comme, dans le même temps, ces mêmes banques se montrent prudentes et frileuses dans la qualité des emprunteurs qu’elles acceptent, on voit bien d’où vient leur profit: non d’une prise de risque ou d’un talent particulier, mais bien du fait qu’elles profitent des taux bas consentis pour les aider par les banques centrales pour se refaire une santé, et ceci sans risque. Et non, au passage, pour soutenir ou relancer l’activité économique.

C’est exactement le comportement des cafetiers qui se mettent la baisse de la T.V.A. dans la poche au lieu de la répercuter aux clients comme promis.

A partir du moment où une activité se révèle particulièrement rentable, il est inévitable que ceux qui la mettent en œuvre souhaitent être associés à ce succès, c’est ce qu’on appelle une rémunération variable, ou bonus.

Pour tout ceux qui trouvent ces bonus obscènes, rappelons qu’ils sont nés du dégoût général pour de fortes rémunérations accordées à des cadres et dirigeants même quand leur entreprise se portait mal. La dissonance entre performance d’entreprise et rémunération individuelle est ce qui leur a donné naissance, de façon à ne rémunérer grassement que ceux dont les résultats le méritaient.

Et c’est donc par souci de moralisation, en l’occurrence pour s’assurer que les rémunérations soient en ligne avec les résultats que les bonus sont devenus une règle de bonne gestion. Comme on est loin de la polémique actuelle!

Car, en fait, c’est ce même principe qui a une fois de plus failli. Les banques ont perdu des montants pharaoniques tandis que certains bonus ont continué à être versés (33 milliards de dollars à Wall Street l’année dernière!!!). Et cette culture du bonus a entraîné des prises de risques inconsidérés avec les conséquences que l’on sait.

Au lieu de crier haro sur le baudet des bonus, mieux vaudrait réparer les deux digues qui ont sauté. D’une part revenir à cette nécessité qu’il n’y ait de bonus que quand les performances de l’entreprise sont bonnes, et ensuite que la maîtrise et la limitations des risques soient des contrepoids efficaces aux traders agressifs et carnassiers par tempérament. Ce n’est pas leur faute si leur management a totalement abdiqué…

Car un bonus virtuellement garanti, ce qui est le cas aujourd’hui, où les banques voudraient payer « pour ne pas désespérer leurs meilleurs éléments » et « les laisser partir ailleurs » (où donc y-a-t-il un foyer d’accueil ultra-luxueux pour traders talentueux mais en échec?) cumule les inconvénients d’être déconnecté des résultats de l’entreprise et en même temps de pousser au risque. La suggestion de Christine Lagarde de lier les rémunérations aux résultats sur plusieurs années est l’exemple de ce qui remettrait naturellement les choses dans une meilleure direction.

Et, pour revenir au début de l’article et au milliard d’euros provisionnés par la BNP, il concerne 17.000 personnes soit une moyenne de 60.000 euros par personne. On est loin de Wall Street et de ses traders multi-super-millionnaires à 30 ans. Et les résultats de la division de BNP Paribas ont été atteints pour ce premier semestre, avec un niveau de risque bas. Donc tout le monde est gagnant (État, qui est remboursé, actionnaires sont le cours de l’action monte, banque, dont les profits et les fonds propres se reconstituent, pays, qui touchera sa part sous forme d’impôts sur les bénéfices). Pourquoi les traders seraient-ils les seuls exclus quand, la plupart du temps ce ne sont pas eux qui ont failli?

Ces faits sont si élémentaires que tous ceux qui hurlent au retour des mauvaises pratiques savent parfaitement que ce qu’ils disent est aussi populiste et démagogique qu’irréaliste. Honte aux hypocrites! A soulever ainsi sur des bases fausses la colère du peuple, nous allons tous récolter la tempête! JusMurmurandi ne résiste pas à nommer parmi eux le talentueux Jacques Attali, sans doute trop plongé dans ses activités de micro-crédit et mobilisé par les souhaits de prix Nobel pour avoir bien considéré les conséquences de ses déclarations!

Nicolas Sarkozy élève de François Mitterrand?

août 5, 2009 on 6:59 | In Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 1 Comment

Avec tout Président en début de mandat, il est tentant de jouer à trouver auquel de ses prédécesseurs il ressemble. Ainsi de comparer les styles et stratégies de Nicolas Sarkozy et de Jacques Chirac, dont il est clair que le successeurs a repris les pratiques de générosité et d’attention ciblées (on peut aussi dire de clientélisme) du prédécesseur.

Il est plus amusant de voir le petit Sarkozy mettre ses pas dans les traces, autrement plus espacées, du grand Général. Notamment par un volontarisme pour dominer les circonstances qui n’a pas, c’est peu de le dire, été la marque de Chirac.

Il est plus curieux encore de voir un Sarkozy que la gauche présentait comme limite fascisant et liberticide (Sarkoléon) se couler dans l’habit de François Mitterrand. Mais cela devient carrément croustillant de voir qu’il le fait justement au détriment du PS que François Mitterrand avait bâti.

Car c’est Mitterrand qui avait inauguré, avec son deuxième mandat, la politique d’ouverture qui a été la première mine que Sarkozy a fait exploser sous les pas des socialistes. Avec notamment un Premier Ministre, Michel Rocard, plus au centre que la moyenne du PS, et dont la droite ne pouvait combattre la modération sans se cantonner dans un coûteux extrémisme.

C’est exactement ce qui est en train de se passer aujourd’hui. Le PS a déjà refusé de voter le RSA, mesure pourtant typiquement de gauche, la suppression de la publicité à la télévision publique, le plan de soutien aux banques, la loi Hadopi qui soutient la création contre le piratage, et j’en passe. Les arguments socialistes visant à dire que leur désaccord sur les modalités justifient leur vote négatif ne sont pas acceptés par les Français.

Mais la manœuvre peut-être la plus dangereuse, et ô combien Mitterrandienne est en train de se dérouler maintenant avec la taxe carbone.

Cette taxe est saluée par les écologistes comme un progrès fondamental pour changer le comportement des consommateurs vers une plus grande éco-responsabilité. Ce sera même, si elle est adoptée comme prévu, une première mondiale, saluée comme telle par, notamment, le plus populaire des écologistes français, Daniel Cohn-Bendit, tout frétillant de sa récente victoire aux élections européennes.

Oui, mais voilà. Tout englué dans sa stratégie d’opposition systématique à tout ce qui « sent le Sarko », qu’ils font rimer avec « sent le fagot », le PS s’apprête à voter contre. Ce d’autant plus facilement que la taxe carbone, comme tout nouvel impôt, est certaine d’être impopulaire. Ce qui veut dire que le PS va voter contre une mesure emblématique pour les Verts, et ce alors qu’ils devraient trouver d’urgence une alliance pour les prochaines élections régionales (ou territoriales, car il semble que Sarkozy veuille en profiter pour faire passer une réforme des contours du scrutin).

Comment alors s’allier avec un parti dont on vient de refuser une mesure emblématique? Comment prétendre gagner quelque élection que ce soit si les socialistes ne fédèrent et mobilisent pas l’intégralité de la gauche, hormis peut-être le NPA?

Or le PS se présente aux élections régionales en ayant 20 régions à défendre. Dans leur état de guerre interne ouverte (oui, je sais, une fracture est soit ouverte soit interne, mais là, il faut bien reconnaître qu’elle est les deux. On ne peut même pas dire que le PS soit en état de guerre civile car il n’y a plus grand chose de civil entre eux…), JusMurmurandi voit mal comment il peuvent s’offrir le luxe d’une guerre, en plus, avec les Verts, dont beaucoup sont plus attirés par une consolidation de leur position européenne que par le fait de jouer les supplétifs des socialistes en régions.

Le fait que Michel Rocard, autrefois fer de lance de l’ouverture mietterrandienne, ait été mis par Sarkozy à la tête de la taxe carbone est un clin d’oeil ou une embûche supplémentaires.

Et les socialistes feraient bien de se souvenir que deux textes emblématiques des avancées de la société française ont été votés par l’union de la droite et de la gauche au Parlement: l’autorisation de l’avortement et la suppression de la peine de mort.

Pour les socialistes, s’opposer à la taxe carbone, sans même réussir à la faire avorter, ou pire encore si d’aventure ils y réussissaient, ce serait se condamner à mort…

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