Agapes de fin d’année

décembre 31, 2008 on 7:25 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

La fin de l’année est, de par le vaste monde, l’occasion de festivités et de réjouissances alimentaires. Si nombre d’entre elles sont traditionnelles, gastronomiques ou familiales, certaines sont inhabituelles ou incongrues. En voici 3 qui ont retenu l’attention de JusMurmurandi.

A Milan,les autorités ont saisi 40 kg de caviar beluga de contrebande, d’une valeur de 400.000 euros. Après que des tests aient démontré la comestibilité du produit de la saisie, ce caviar, le plus raffiné qui soit, a été distribué aux abris, foyers, hospices, et autres cantines pour pauvres. Peut-être, pour éviter de perdre la tête, Marie-Antoinette eût-elle dû suggérer que les affamés en manque de pain mangeassent non de la brioche, mais du caviar?

Autre lieux, autres moeurs. Les forces occidentales s’efforcent de garder le contrôle de l’Afghanistan qu’ils ont conquis militairement. Et cela passe par l’adhésion des nombreux chefs de tribus qui sont l’épine dorsale du pays. Pour s’acquérir le soutien de certains d’entre eux, un peu vieillissants, mais n’ayant pas renoncé au plaisir d’épouses beaucoup plus jeunes, la CIA a trouvé un argument choc: leur fournir du viagra. Il semble qu’une deuxième visite, quelques jours après le petit cadeau bleu, ait montré des chefs infiniment bien disposés à l’endroit des donateurs américains. Après tout, l’Afghanistan, premier producteur mondial de pavot à opium et héroïne n’ignore rien des substances qui provoquent la dépendance. Le tout était de trouver la bonne.

Au coeur de notre bonne société parisienne, une dame en rendez-vous d’affaires se fait voler son sac à main avec tout son contenu (clefs, argent, papiers, cartes de crédit, téléphone) dans un salon de thé très huppé des Champs-Elysées dont elle est une habituée. Revenue du choc et de la peu agréable visite au commissariat qui lui dit que, désolé, c’est un évènement banal parce que fréquent, elle tente de trouver dans ledit salon de thé un abri contre la pluie glacée qui tombe en ce jour où tout va mal pour elle, en attendant qu’un membre de sa famille lui apporte un double de ses clefs de voiture. Elle a même la malencontreuse idée de demander un verre d’eau et un thé pour se réchauffer. La direction du salon de thé pèse sa demande à l’aune du fait que c’est quand même chez eux que le vol a eu lieu, et que la cliente y est connue. Elle a eu droit à un chaise et à un verre d’eau. Mais le serveur n’a même pas laissé la carafe sur la table.

Il y a des jours où il vaut mieux être pauvre à Milan ou chef de tribu afghane que femme d’affaires à Paris.

Nous sommes tous des Madoff!

décembre 30, 2008 on 6:37 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | 6 Comments

Bernard Madoff est un escroc, c’est maintenant une affaire entendue, même si la procédure judiciaire est très loin de l’avoir mené à une condamnation. Mais, de son propre aveu, les rendements qu’il promettait et servait à ses investisseurs venaient des dépôts d’autres investisseurs. Et il en fallait encore d’autres pour servir le rendement de ceux-là, et ainsi de suite jusqu’à la culbute finale. Ce schéma, appelé « pyramide », est bien entendu illégal.

En France, la pyramide des âges (tiens, encore une pyramide) fait que le pays passe graduellement d’un stade où il y avait 3 actifs pour un retraité, dans les années 60, à celui, en 2020, où il y aura un retraité pour un actif. Ceci est du à l’allongement de la durée de vie, au rajeunissement de l’âge de départ à la retraite (aujourd’hui vers les 58ans), et à la chute de la natalité après le baby-boom.

Qui peut imaginer sérieusement que l’actif en question pourra non seulement subvenir à ses besoins mais aussi à ceux d’une autre personne? Justement, personne. En attendant, le système par répartition prend les cotisations versées par les « nouveaux cotisants » et les attribue aux « anciens ayant-droits ». Et la culbute du système aura lieu quand il n’y aura plus assez de nouveaux cotisants pour financer les droits existants.

Qu’on m’explique en quoi ce système diffère du système -pénalement condamnable- de Madoff?

Autre question. L’Etat français, qui avait des finances équilibrées par le tandem Giscard-Barre jusqu’en 1980, a creusé des déficits et une dette publique vertigineux depuis lors, droite et gauche confondues. Notamment, il a multiplié les systèmes de « droits » non limités en montants, tels notamment le RMI ou la CMU, dont le nombre d’allocataires n’est pas plafonné, alors qu’il n’y a comme ressource en face que le budget général de l’Etat.

Tant que les ressources croissent, le système donne l’apparence de tenir debout. On prend les impôts versés et on les redistribue vers les bénéficiaires. Mais si les nouvelles rentrées ne suffisent plus à éteindre les droits acquis, il y a une impasse budgétaire (qu’en termes doux ces choses-là sont dites) qui ressemble fort à ce qui est arrivé à Madoff et à ses déposants.

L’origine de ces pyramides d’Etat est simple. Quand on a créé le système de retraites, on en a fait bénéficier des gens qui n’avaient pas cotisé. Aujourd’hui encore, quand la classe politique déplore, avec une belle unanimité, les toutes petites retraites, notamment des artisans commerçants et paysans, ils « oublient » au passage que ceux-ci n’ont pas cotisé beaucoup.

A l’école, les jeunes français apprennent que, sous Henri IV, leur roi préféré, l’un des deux seuls qui ait baissé les impôts, le bon ministre Sully disait que « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Ce sont deux activités productives. Aujourd’hui, si l’on parle de mamelles de la France, tous penseront allocation et pensions. Et voudront consommer du lait même s’il n’a pas été produit. Qu’importe si, à trop la traire, on tarit la vache.

La case faillite, ce n’est que pour les vulgaires Madoff. Quand son système explose, on dénonce la pyramide. Quand l’Etat français fait exactement la même chose, c’est un système par répartition unique au monde…

Les prodiges de Buffett contre les miracles de Madoff

décembre 28, 2008 on 7:43 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Un vieil américain nommé Warren Buffett a la réputation d’être le meilleur investisseur de la planète. Le fait que la croissance de sa société, Berkshire Hathaway, ait fait de lui l’homme le plus riche du monde contribue à sa légende. Pourquoi donc qui que ce soit a-t-il pu avoir envie d’investir chez un Madoff au lieu d’acheter purement et simplement des actions Berkshire Hathaway et d’attendre les résultats de la gestion à la mode Buffett?

Le problème est justement dans le mot “attendre”. Madoff promettait des rendements, Buffett ne promet rien, si ce n’est de faire du mieux qu’il peut avec des méthodes tout sauf modernes. Voilà un homme qui dit n’avoir pas investi dans les hautes technologies pendant la bulle Internet, au motif qu’il ne se voyait pas investir dans des sociétés qui n’existaient pas encore, ce qui lui a valu, par exemple, de ne pas participer à la phénoménale hausse du titre Google. Le revoilà absent de la bulle financière qui vient d’exploser, disant qu’il ne pouvait quand même pas investir son argent dans des produits qu’il ne comprend pas. Il ne gagne pas d’argent non plus dans les ventes à découvert pour profiter des marchés baissiers, contrairement à un John Paulson, qui y est devenu phénoménalement riche.

Ce qui conduit à ce paradoxe: l’investisseur le plus riche du monde y est parvenu en évitant les hausses les plus spectaculaires, et en ne profitant pas des baisses. Donc, pendant ces mouvements brutaux, beaucoup d’autres peuvent dépasser ses performances. Et donc attirer articles de presse favorables, récompenses et rémunération, et, enfin, investisseurs. Sauf que ces maisons sont construites sur le sable, et non sur le roc, comme celle de Warren Buffett, dont la recette de base consiste à privilégier la qualité avant tout, à l’acheter pas cher si faire se peut, et à attendre les résultats sur le long terme sans s’impatienter.

Mais voilà, imaginons un gestionnaire de fortune. Il doit non seulement attirer des clients, mais encore les convaincre de rester. Ce qui est difficile, c’est le moins qu’on puisse dire si, comme WB, on se tient à l’écart du dernier truc à la mode qui fait gagner des fortunes aux petits copains. Car les clients ne peuvent pas seulement gagner de l’argent, ils veulent en gagner plus et plus vite que le voisin. Et sont sans pitié pour qui ne leur donne pas satisfaction.

Ainsi, pendant la vague des « junk bonds » de la fin des années 80, où les « obligations pourries » à très fort risque ont permis des rachats d’entreprises avec des effets de levier démesurés, les grands établissements financiers qui s’en sont abstenus ont fortement reculé au classement des résultats de la profession, et un certain nombre de leur grands patrons ont été virés pour avoir confondu prudence et conservatisme. Qui se souvient aujourd’hui de Drexel Burnham Lambert, qui s’était brutalement fait une place parmi les très grandes banques d’affaires mondiales, puis se retrouva très rapidement disgraciée et faillie pendant que son principal animateur, Michaël Milken passait par la case prison? Même danse 10 ans plus tard avec ceux qui ne lancent pas leurs établissements à fond dans les TMT (technologie, média, télécom) comme on disait à l’époque: les prudents, jugés peureux, ont valsé.

Ceci montre que la loi du marché est imparfaite. Le marché est impatient, le marché n’a pas le temps. Or il semble bien que le temps soit un critère déterminant dans la réussite de Buffett, qui n’est due à aucune percée fulgurante, mais bien plutôt à la hausse générale des marchés sur 30 ans, optimisée par un choix judicieux parmi les grandes sociétés susceptibles de durer et de performer mieux que leurs pairs.

Qu’en tirer comme conclusion? Que l’argent mondial se trouverait beaucoup mieux d’être géré à la mode Buffett qu’à la mode Lehman, voire Madoff? L’irruption d’une première vague de fonds souverains financés par les giga-recettes de l’envolée éphémère des prix du pétrole, puis d’une deuxième vague de fonds d’Etat destinés à servir d’amortisseur de crise, dont le SLI français, pourrait en théorie permettre cette vision à long terme. Laquelle manque singulièrement dans les conditions mises aux Big Three américains, qui, pour pouvoir conserver les milliards du Trésor américain, devront prouver dès mars 2009 qu’ils sont revenus à des conditions de rentabilité pérenne. 4 mois pour redresser des colosses à la dérive depuis des décennies comme GM ou Chrysler, c’est comme donner une minute pour que Royal et Aubry, qui se détestent depuis longtemps, se mettent à s’aimer sincèrement.

En fait, c’est une simple question de sémantique. Warren Buffet, sur longue période, a fait des prodiges. Les mêmes prodiges réalisés en instantané, tels que le marché les réclame, cela s’appelle des miracles, et là s’arrête le pouvoir de WB, mais commence celui des promesses des Madoff de ce monde (il y en a d’autres, qui vont subir le même sort, après l’avoir fait subir à ceux qui leur ont fait confiance).

Car que font ceux qui ne se satisfont pas de prodiges, mais veulent des miracles? Vous avez raison, ils rêvent. Et comment savoir, quand le rêve démarre, s’il se terminera comme un conte ou en cauchemar?
Bernard Madoff
Warren Buffett

Même plus le droit de donner!

décembre 26, 2008 on 7:18 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | 3 Comments

« Savez-vous ce que c’est que donner? Il faut que JusMurmurandi vous l’explique: donner est la plus jolie chose du monde » aurait pu écrire la Marquise de Sévigné. En ces temps où Noël se déroule sur fond de crise, donner devrait être plus que jamais à l’ordre du jour. Deux exemples montrent que ce n’est pas si simple.

Depuis son arrivée à l’Elysée Nicolas Sarkozy s’est refusé à gracier qui que ce soit ou à amnistier quoi que ce soit, y compris les contraventions. Il dit y voir un pouvoir monarchique qui ne doit pas avoir droit de cité en République, sauf raisons humanitaires ou exceptionnelles, et, même dans ces cas là, plutôt des grâces partielles que totales. On est aux antipodes de l’usage américain qui veut que le Président sortant accorde des grâces par wagons aux derniers jours de son mandat.

Juste avant Noël Sarkozy vient pourtant d’accorder une grâce à 27 détenus « méritants », soit qu’ils l’aient été avant leur incarcération soit depuis, retenus parmi une quarantaine de cas proposés par la Chancellerie.

Il se trouve que, parmi les cas retenus figure Jean-Charles Marchiani, ce proche de Charles Pasqua qui est passé de serviteur de la République parfois au péril de sa vie à préfet condamné pour trafic d’influence. En clair il a perçu des commissions pour des marchés d’Etat, ce pour quoi il a été condamné et incarcéré, et la remise de peine de 6 mois octroyée par le Président pourrait lui permettre de bénéficier de la liberté conditionnelle en attendant de passer en jugement dans le procès dit de l’Angolagate.

La gauche n’a pas de termes assez vifs et violents pour dénoncer cette mesure, parlant de « reconstitution de privilèges », de « dérive du bon plaisir », de « monarchie » etc…

JusMurmurandi voudrait simplement rappeler à cette gauche qui oublie d’où elle vient et ce qu’elle a fait une grâce accordée par Robert Badinter, alors Garde des Sceaux de François Mitterrand et conscience morale autoproclamée à une catégorie de détenus qui n’en comptait que 7. 7 détenus, voilà qui serait fort peu, si, parmi ces 7 ne figurait pas Christina von Opel, richissime cliente que n’avaient pu empêcher d’aller en prison les efforts de son avocat d’alors, un certain Robert Badinter.

Autre petite leçon d’histoire, la revue des grâces accordées par la gauche inclut MM. Bové, Harlem Désir, Maxime Gremetz. JusMurmurandi n’a pas le souvenir que messieurs Bové, Gremetz ou Désir aient rendu à la République des services aussi risqués que ceux de l’agent secret Marchiani qui est allé, entre autres, sortir les otages Kaufman, Carton, Auque et Normandin des griffes du Hezbollah libanais, mission autrement plus dangereuse que de faucher quelques épis de maïs. Inversement, les mêmes donneurs de leçon (Montebourg, Hamon, etc..) se sont bien gardés d’user des mêmes épithètes quand Nicolas Sarkozy a gracié la terroriste italienne d’extrême gauche Marina Petrella. Terroristes des Brigades Rouges que n’avait pas graciés François Mitterrand, qui n’en avait même pas eu besoin puisqu’il leur avait tout simplement accordé au mépris et des lois et des traités une impunité et immunité pour les crimes commis en Italie du temps des meurtrières « années de plomb ».

Bref, le droit de grâce est juste aux yeux de la gauche quand c’est elle qui est au pouvoir, ou quand la droite ne n’en sert que pour gracier des gens de gauche. Même plus le droit de gracier.

Autre droit de donner contesté, celui de Liliane Bettencourt de disposer de sa fortune, l’un des plus importantes de France, puisqu’elle contrôle l’Oréal, et « pèse » quelques 17 milliards d’euros. Or cette dame dont l’âge est trop élevé pour qu’il soit bien élevé de le mentionner a donné des sommes de l’ordre d’un milliard d’euros à un photographe mondain de ses amis, François-Marie Banier. Et c’est sa propre fille qui conteste ce comportement, trouvant probablement que donner un milliard relève du gâtisme ou de la dépendance.

Les conseils d’administration de l’Oréal, où siègent à la fois Mme Bettencourt, sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, et son gendre Jean-Pierre Meyers ont toutes les chances d’être sportifs…

Bref, le droit de donner ne serait un droit un droit aux yeux de l’héritière Bettencourt qu’aussi longtemps que sa mère n’en use que très modérément, car si la somme d’un milliard peut paraître extravagante à beaucoup, on peut aussi se dire que ce « n’est que » 6% de sa fortune, dont il restera toujours un montant colossal pour sa fille.

Encore heureux que Liliane Bettencourt a fait ces donations au bienheureux photographe. C’est autant de moins qu’elle a donné à gérer à Bernie Madoff…

Bernie Madoff est-il le Père Noël?

décembre 25, 2008 on 9:01 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Ou peut-être faut-il se demander, à l’inverse, si le Père Noël n’est pas Bernard Madoff, ce financier new-yorkais qui s’accuse d’avoir fait s’évaporer 50 milliards de dollars. Vous me direz, quel rapport entre un financier véreux qui a « pris l’argent » et une figure débonnaire et généreuse qui donne des cadeaux, à laquelle ne croient que les jeunes enfants, et encore?

C’est bien là toute la question: qui a cru en Bernie Madoff, et pourquoi? En tout cas, pas la Société Générale, qui, après une mission de renseignement sur place, a décidé de ne pas orienter ses clients ni de ne travailler avec lui. D’autres aussi, ont compris, dit et écrit que Madoff ne pouvait être, n’était qu’un bidon. Un analyste qui le suivait de près en tentant de répliquer ses rendements a écrit avec ténacité depuis 1999 que Madoff ne pouvait en aucun cas tirer de la stratégie qu’il appliquait ou disait appliquer les rendements qu’il tirait ou disait tirer.

Oui, mais voilà, les gens à qui s’adressaient ces avertissements n’y ont pas cru. Ils ont préféré croire le rassurant financier. Comme les enfants, qui mesurent le conduit de cheminée, le trouvent terriblement étroit, mais choisissent de croire quand même qu’un gros bonhomme plus tout jeune et tout de rouge vêtu s’y glisse pour déposer des cadeaux dans des souliers.

Pourquoi les enfants croient-ils au Père Noël? Parce qu’ils ont besoin de merveilleux dans leur vie? Pour un quelconque besoin d’origine freudienne? Ou, plus simplement, parce que la preuve de l’existence du Père Noël, ce sont les cadeaux, bien réels, qu’il livre? Pourquoi les investisseurs ont-ils cru Bernie Madoff malgré les signes qui ont alerté la Société Générale et d’autres? Parce que la preuve de la performance de sa gestion, c’était le rendement qu’elle a offert jusqu’à la culbute finale.

Ne pas croire au Père Noël conduit à conclure que quelqu’un d’autre fait les cadeaux très réels qu’on attribue à ce personnage qui ne l’est pas, et que ce quelqu’un d’autre se satisfait de rester dans l’ombre anonyme d’un Père Noël qui récolte la reconnaissance des heureux enfants. On peut comprendre que les enfants ne croient pas à ce concept du « donateur anonyme » et lui préfèrent le gentil bonhomme rouge.

Ne pas croire à Bernard Madoff conduisait à conclure que les très réels rendements qu’il servait depuis tant d’années provenaient d’ailleurs, et que cet ailleurs se « satisfaisait » de se laisser plumer pour lui permettre de récolter la reconnaissance des heureux investisseurs et épargnants. Ce qui, en termes polis, s’appelle un schéma pyramidal, à moins d’imaginer d’autres montages plus scabreux encore (délits d’initiés,recyclage et blanchiment d’argent illégal, trafics, détournements, etc..).

Sauf que, comme la légende du Père Noël dispose d’arguments très concrets pour la conforter, Bernard Madoff lui aussi n’était pas n’importe qui, avec ses entrées dans la très haute société new-yorkaise, juive notamment, et son titre d’ancien président du conseil d’administration du NASDAQ. Que pesait, en face, le fait que la société d’audit chargé de surveiller ses comptes n’ait eu que trois employés, ce qui, pour des observateurs neutres, représentait un signal d’alerte en lui-même majeur?

Il faut dire que Madoff a été malin, en susurrant à ses investisseurs, triés sur le volet et qui devaient faire des pieds et des mains pour être admis dans le club des gens « autorisés » à déposer entre les mains réputées géniales du gestionnaire d’actifs, que la clef de sa performance résidait dans le fait qu’il savait chaque jour quel volume d’actions était traité sur chaque titre à New York. Ce qui lui eût permis de savoir quels titres étaient surachetés ou survendus, et donc, quelles positions allaient devoir être tôt ou tard couvertes et dans quel sens, et comment profiter de cette information pour gagner de l’argent à coup sûr. Ce qui est bien sûr illégal.

Cette illégalité, difficile à découvrir, comme la plupart des délits d’initiés, permettait aux investisseurs de ne rien trouver de « magique » aux rendements que leur servait le financier de New-York, qui n’avait, du coup, pas besoin de s’affubler d’une quelconque postiche blanche. Cela faisait aussi, dans une certaine mesure, de ses investisseurs des complices, donc réduisait d’autant leurs velléités de se fâcher, le cas échéant, avec le bon tonton Bernie.

C’est pourquoi il est difficile de trop pleurer, en ce temps de Noël, sur les milliards évaporés et leurs malheureux ex-propriétaires. Alors, bien sûr, il y en a qui se révéleront avoir été honnêtement grugés et dépouillés de tout. Mais beaucoup sont des pauvres gens riches qui sont plus pauvres pour avoir voulu être plus riches sans être trop regardants sur le choix des moyens.

Car Noël, c’est le temps de la fête, des repas fastueux et des cadeaux. On peut imaginer que beaucoup qui ont appris l’évaporation de leur argent regrettent aujourd’hui
de ne pas l’avoir flambé en purs plaisirs. Comme le disait George Best, le si doué mais fantasque joueur de football britannique des années 60, qui disait: « j’ai dépensé une fortune en filles, en alcool et drogue. Le reste, je l’ai gaspillé ».

Maintenant les perdants vont vouloir savoir où sont passés les milliards disparus. Car, tous les investisseurs n’auront pas tout perdu. Ceux qui auront encaissé les rendements élevés servis par Madoff, puis judicieusement retiré leur agent avant l’effondrement s’en seront très, très bien tirés. Reste à savoir si c’était le fait du hasard, d’une heureuse inspiration, ou si Bernard Madoff n’aurait pas, là, fait bénéficier certains de petits tuyaux.

Bref, l’affaire Madoff n’a pas fini de livrer ses secrets. Comme le Père Noël.
Bernard Madoff

Mars 500

décembre 24, 2008 on 12:34 | In Insolite, International | Commentaires fermés

Non ce n’est pas une nouvelle version de la magnifique réédition de la Fiat 500, mais une mission spatiale bien spéciale.

Trois Français et un Allemand ont été choisis par l’ESA (Agence spatiale européenne) pour simuler une mission vers Mars, dont la durée de voyage aller retour serait d’environ 520 jours.

Cela signifie qu’ils vont rester confinés dans une enceinte close pendant ce même nombre de jours.

A priori cela ressemble un peu à la Star Ac’, à ceci près que cela dure beaucoup plus longtemps et ce pour une mission quelque peu plus importante pour l’humanité.

Mais pour savoir si cela va marcher, deux d’entre eux vont d’abord avoir le « bénéfice » d’une période d’essai de 105 jours, à Moscou avec deux Russes.

Si l’essai est concluant, le test sera fait en grandeur nature, avec une rémunération à la clé de 54.000 Euros, soit environ 100 Euro par jour.

Deux questions se posent pour JusMurmurandi.

En imaginant que l’expérience longue durée ait lieu comme prévu début 2009, on pourra légitimement se demander ce que les spationautes trouveront à son issue.

Car 520 jours plus tard nous mettront vers juin 2010.

Le ralentissement économique sera-t-il terminé, quelle sera la réussite (ou l’échec) de Barack Obama quasiment à mi-mandat, de même pour Martine Aubry à la tête du PS, Jack Lang aura-t-il finalement obtenu un maroquin au sein d’un quelconque gouvernement, bref toutes sortes de questions qui nous tenaillent et nous tiennent en haleine en ce moment.

La deuxième, plus délicate, est de savoir pourquoi il n’y a que des hommes qui ont été retenus sur les 5680 candidats.

L’ESA répond simplement qu’elles n’ont pas été exclues du processus.

Le fait qu’un Russe, sous l’emprise de l’alcool, ait tenté d’embrasser une Canadienne en décembre 1999 en serait il la cause? Car à la suite de cela, un Japonais était parti en claquant la porte.

Pas besoin de vouloir aller sur Mars pour se rendre compte des différences culturelles.

Quant à filer à l’Anglaise en cours de voyage spatial, c’est un luxe que l’on ne peut se permettre….qu’en ayant les pieds sur Terre.

27 ans de malheur?

décembre 23, 2008 on 10:02 | In Coup de gueule, Economie, International | Commentaires fermés

Casser du verre blanc, selon la sagesse populaire, entraîne 7 ans de malheur. Mais sur la scène économique mondiale, c’est beaucoup plus que du verre qui a été brisé, et nous allons en voir de toutes les couleurs.

Déjà, le premier suicide de banquier, en l’occurrence un français qui avait dirigé l’argent de ses clients vers le trou sans fond de Bernard Madoff, rappelle ceux, nombreux des années 30. On peut se demander ce que pense Madoff, qui a si longtemps cultivé son image de parangon de respectabilité, du suicide d’un homme qui avait eu le tort de lui faire confiance et d’induire d’autres à en faire de même.

Pendant ce temps-là, les chiffres de malheur s’accumulent, certes pas tous mauvais, mais certains si mauvais qu’ils révèlent une dégringolade qui ne peut qu’affoler. Le marché automobile qui plonge de 27%. A ce rythme-là, c’est une usine sur quatre qu’il faut fermer, avec tous les fournisseurs au même régime…
Les exportations japonaises qui dévissent du même pourcentage. 27% pour tout le pays! Ce qui veut dire beaucoup plus pour les plus touchés. Comme « tsunami » est un mot que la langue japonaise à légué au monde, au moins les Japonais ont-ils le mot juste pour dire leur malheur. A tel point que, en novembre,le Japon, habituel recordman des exportations, est devenu globalement importateur!

Mais le chiffre qui frappe le plus JusMurmurandi, c’est le nombre de milliers d’emplois qu’une faillite liquidée va causer en Grande-Bretagne. 27. 27.000 emplois d’un coup quand les 850 magasins Woolworth ne rouvriront plus leurs portes, autour de la fin de l’année. Sans compter, là aussi tout l’amont des fournisseurs, pour une enseigne venue des Etats-Unis et fondée il y a 99 ans.
Soit dit en passant, même si les racines du mal qui a abattu cette chaîne de supermarchés sont anciennes et indépendantes de la crise actuelle, imagine-t-on une seconde en France une entreprise de 27.000 employés liquidée sans autre forme de procès? Et pendant que la gauche est au pouvoir qui plus est? Impensable! Ce qui montre vraiment à quel point ceux qui disent que l’idéologie dominante est le libéralisme racontent n’importe quoi, car si la France était libérale, il n’y aurait ni plan de relance, ni FSI, ni intervention il y a quelques années pour sauver Alstom, ou récemment Dexia, ni cortège d’amortisseurs sociaux pour atténuer la pénibilité de la crise pour les plus vulnérables et les plus démunis….

Il y a pour autant quelques raison d’espérer et de ne pas rejoindre dans le suicide le banquier déshonoré. JusMurmurandi en voit deux. L’une, que l’injection rapide et massive de fonds et la forte baisse de taux d’intérêts fassent leur effet avant que la crise n’ait atteint son plein effet destructeur. L’autre, que la brutalité de cette crise reflète avant tout l’accélération permanente de l’évolution de notre monde, comme l’a si bien montré Alvin Toffler dans son livre « le choc du futur ». Et que, en conséquence, la sortie de crise soit toute aussi accélérée.

Sinon, JusMurmurandi craint qu’avec tout ce qui aura été brisé, nous n’en ayons pour 27 ans de malheur.

Vie publique, vie privée?

décembre 23, 2008 on 6:02 | In Coup de gueule, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Les ennuis de Julien Dray sont sur la place publique. Pas ce qui va lui arriver, car personne n’en sait rien. Ce que la police lui reprocherait à savoir d’éventuels détournements de fonds au détriment de la FIDL (gros syndicat étudiant) et des Parrains de SOS Racisme est « du » à une fuite pour le moins imprécise, mais déjà assassine.

Ce qui intéresse JusMurmurandi dans cette affaire est la réaction du PS. Alors que l’UMP, par la voix de son porte-parole, Frédéric Lefevre, dénonce le déchaînement contre Dray, le PS s’est longuement -et significativement- tu. Quelques personnalités socialistes ont rappelé qu’il bénéficie de la présomption d’innocence, comme Jack Lang, mais celui-ci n’a « pas réussi à le joindre » pour lui témoigner quoi que ce soit de plus tangible et racontable.

Mais hier, ce silence chaque jour plus assourdissant a pris fin par la voix de Benoît Hamon, porte-parole du PS. Contrairement à son homologue UMP qui déplore les « moments difficiles » que traverse l’élu socialiste, là, rien de personnel. « C’est une enquête préliminaire, on ne sait rien, il n’est pas mis en examen », assène Benoît Hamon. Comme soutien, on fait mieux.

Evidemment, on ne peut que se poser la question « à qui profite le crime? ».

A savoir se demander qui a intrumentalisé la « fuite » contre Dray, sachant que la presse ne manquerait pas de le lyncher. Et de ressortir au passage que celui-ci avait déjà été visé par une enquête sur des achats de montres très coûteuses, dont une, la plus chère, réglée largement en liquide, affaire pour laquelle il n’avait pas été poursuivi.

Il est tentant de dire que le « crime » profite aux sarkozyens au moment où s’agite un milieu lycéen dont Dray est l’interlocuteur au PS, et ce depuis de nombreuses années. Il est tout aussi tentant de remarquer que Dray a été l’un des soutiens les plus vigoureux de Ségolène Royal au PS, où elle n’en avait pas tant que cela au sein de l’appareil, et que ses ennuis ne doivent pas attrister tant que cela Martine Aubry, surtout s’ils finissaient par éliminer l’un des piliers du système de son opposante interne.

Mais le plus piquant est la phrase de Hamon suivant laquelle « c’est un dossier privé ». Privé, alors qu’il s’agit -le cas échéant- d’argent d’organisations on ne peut plus liées à l’activité politique de Julien Dray? Alors, les billets d’avion payés en liquide par Jacques Chirac, c’est privé aussi. Privé l’usage de l’appartement pharaonique de l’éphémère ministre des finances, Hervé Gaymard.

Bref, les fonctions et leurs avantages, c’est public, mais les « petits arrangements » et leur cortège d’éventuels ennuis, c’est privé.

Tant qu’à faire, une petite leçon d’histoire pour M. Hamon qui en est licencié. Celle de Joseph Caillaux, emblématique ministre socialiste des finances, crédité -si l’on peut dire- d’avoir inventé pour les Français l’impôt sur le revenu pour financer la guerre de 14.

Une série d’articles du Figaro a attaqué Caillaux très violemment, puis promis de dévoiler une correspondance très privée, tant et si mal (on ne peut écrire tant et si bien) que Mme Caillaux, poussée à bout, finit par pistoléter à mort son rédacteur en chef, Léon Calmettes. Ce pour quoi elle fut, d’ailleurs, acquitée dans un verdict pour le moins surprenant.

Alors, cela aussi, c’était privé, M. Hamon ?
Julien Dray

Vladimir Poutine est il Pierre Mauroy ?

décembre 22, 2008 on 9:12 | In Best of, Economie, Insolite, International | Commentaires fermés

Nos emplettes sont nos emplois.

Il faut se rappeler de ce slogan du milieu des années 90, né afin de soutenir l’économie française, alors que la mondialisation était inexorablement en route.

Ou encore « la reconquête du marché intérieur », prônée par Pierre Mauroy au début des années 80, alors que la France s’enfonce dans le marasme, et sa balance commerciale en particulier.

Eh bien Vladimir Poutine vient de le mettre au goût du jour en Russie.

La bourse de Moscou n’a t elle pas perdu près de 70% depuis le début de l’année ? L’effondrement du pétrole ne va t il pas appauvrir l’économie russe ?

Qu’à cela ne tienne, il est temps de rappeler aux citoyens qu’il faut acheter des produits nationaux.

Et en particulier des voitures, issues d’une industrie lourde par excellence.

« Alors que nos usines sont obligées de réduire leur production, je crois qu’il est absolument inacceptable de dépenser son argent à acquérir des voitures importées » déclare l’ex Président désormais Premier Ministre (pour l’instant en tout cas).

Car l’industrie automobile russe n’est pas épargnée par le ralentissement économique occidental, la baisse des ventes entre août et novembre étant de 30% !

Il est vrai que les voitures russes sont pleines d’attraits

Voici par exemple la Gaz

ou une Avtovaz (anciennement, très anciennement Lada)

Bref, lorsque l’on connait la force de conviction d’un Poutine, incomparable à celle de Pierre Mauroy, peut être serait il bon, si l’on ne veut pas rouler en voiture nationale, de se rappeler au bon souvenir des transports en commun ?

Le sourire convaincant de Vladimir Poutine

Le sourire convaincant de Vladimir Poutine

Les petits cochons, les canards et le père Noël

décembre 21, 2008 on 10:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermés

Jusmurmurandi a déjà souligné l’étonnante coïncidence entre la soudaine et imprévisible apparition de subventions américaines massives aux banques et la confession par les constructeurs automobiles de difficultés gravissimes. Comme si la possibilité de faire payer l’Oncle Sam avait eu un quelconque rapport avec le minutage de cette révélation. Comme si l’odeur de l’argent avait attisé les convoitises.

La mise en oeuvre du FSI français (Fonds stratégique d’investissements) nous donne un exemple du même tonneau. Le groupe Thomson serait en tête de liste pour bénéficier de son intervention. Sa situation est effectivement difficile, avec une trésorerie très tendue, et des activités déficitaires.

Le problème est que les difficultés de Thomson ne sont pas dues à la crise, elles datent de bien avant. Cette entreprise semble en permanence en train de repenser sa stratégie pour mieux en changer. Elle est sortie de toute une série d’activités, parmi lesquelles la fabrication de postes de télévision, dont elle fut le premier fabricant mondial, et qu’elle a cédée au chinois TCL, qui n’a pas l’air de s’en sortir très bien non plus d’ailleurs.

Aujourd’hui Thomson mélange les activités autour de la télédiffusion professionnelle, les « box » pour particuliers, et les revenus de très nombreux brevets. Un mélange corsé par 19 acquisitions en 3 ans, mais qui ne fait pas une mayonnaise homogène et goûteuse.

Bref, le FSI doit soutenir les entreprises, mais cela s’étend-il à celles qui sont en crise de leur propre fait? Car si les fabricants américains de voitures sont largement responsables, eux aussi, de leur déliquescence, au moins peuvent-ils faire valoir que la baisse de 40% du marché mettrait n’importe quel fabricant à genoux en quelques mois, y compris Toyota, qui annonce qu’il fera les premières pertes de son existence (en 67 ans…).

De ce point de vue là, JusMurmurandi ne voudrait pas être à la place de Gilles Michel, nouveau directeur général du FSI, qui va être le nouveau Père Noël, avec des euros plein sa hotte. Sauf que, de même que celui-ci n’exauce pas les voeux des enfants qui n’ont pas été sages, il ne devra pas non plus soutenir les entreprises qui n’auront d’autre mérite à faire valoir que leurs besoins.

Comme les deux petits cochons qui, ayant construit leurs demeures en paille et en bois pour se les voir souffler par le grand méchant loup, ont du demander asile au troisième cochon, qui avait bâti en « dur » sans autre mérite que celui de risquer de se faire manger. Et se transforment instantanément en cochons pleins d’une ardeur retrouvée qui se ruent sur l’auge pleine.

Car l’auge n’est pleine que du revenu de nos impôts futurs, et il ne faudrait donc pas se tromper d’espèce d’animal à nourrir. Car, si tout est bon dans le cochon, tel n’est pas le cas avec le canard, surtout quand il boîte.

Faut il croire au Père Noël ?

décembre 21, 2008 on 7:34 | In Economie, France, Insolite, International | Commentaires fermés

JusMurmurandi a pour objectif de traiter toute l’information, quelle que soit sa nature.

Qu’elle soit grave ou légère, il n’y pas de sujet que nous souhaitions laisser de côté.

Quelle que soit leur importance, nos articles se veulent, à l’image de Jacqueline Maillan dans « Papy fait de la résistance », « solennels sans être pesants », lorsqu’elle parle du petit vin blanc…

En cette période de fin d’année, il nous semble donc d’actualité de reposer cette sempiternelle question de savoir si le Père Noël existe. Tenter de donner une réponse à ceux qui, comme JusMurmurandi, tentent de garder une fraïcheur d’enfant quand ils regardent le monde extérieur et ses vicissitudes.

Faut il par exemple imaginer, telle Martine Aubry, que Ségolène Royal, au Zénith en été est maintenant au crépuscule?

Que la perquisition chez Julien Dray est infondée et qu’il sera innocenté comme en 1999 lorsque l’on aurait trouvé sa trace chez un bijoutier de la place Vendôme pour l’achat d’une montre à plusieurs dizaines de milliers d’Euro?

Faut il rêver comme Nicolas Sarkozy que l’on peut continuer les réformes alors que l’endettement ne peut monter jusqu’au ciel et que les mauvais esprits parlent (déjà?) de chiraquisation alors que la réforme de l’enseignement est retirée de la circulation comme si de rien n’était ?

A l’inverse, les syndicalistes peuvent ils imaginer l’arrivée du grand soir dont rêve le facteur de Neuilly (sur Seine) alors qu’une fois de plus les élections prud’homales illustrent de façon brutale le désintérêt de la population active pour les syndicats avec une baisse de 7% de la participation ?

Faut il croire qu’en trois mois les dirigeants de General Motors et Chrysler vont arriver à retourner la situation et rendre les entreprises qu’ils dirigent profitables, alors que cela fait des années que les nuages s’amoncellent ?

Bref, faut il croire au Père Noël ?

Eh bien des gens très sérieux y croient, si cela peut vous aider à renforcer vos convictions dans ce sens.

Le commandement de la défense aérospatiale américaine, le NORAD, y croit. Et dur comme fer.

A telle enseigne qu’ils vont suivre ses déplacements à l’aide de ses radars et satellites, tandis qu’il se dirige du Pôle Nord au Pôle Sud.

Vous n’y croyez toujours pas ?

Alors connectez vous à http://www.noradsanta.org/fr/home.html.

Joyeux Noël !

Robert Mugabe: les salauds lui disent merci!

décembre 20, 2008 on 7:23 | In Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermés

Le Zimbabwe n’en finit plus de s’enfoncer dans le néant. Chaque semaine JusMurmurandi trouve dans cette sombre actualité des raisons d’écrire un nouveau chapitre dans la sinistre chronique d’un pays où Ubu règne.

Ainsi Robert Mugabe vient-il de faire 2 déclarations qui laissent sans voix.. L’une, en parlant de l’épidémie de choléra qui touche des dizaines de milliers de zimbabwéens et en a déjà tué plus de mille, quand il en attribue l’origine à l’emploi délibéré de ce bacille comme d’une arme bactériologique par Gordon Brown, dans le seul but de l’abattre, lui, Robert Mugabe. Il déclare d’ailleurs immédiatement après qu’il n’y a plus de choléra au Zimbabwe, donc que les ennemis du pays ne peuvent plus utiliser ce prétexte pour le renverser. Plus de choléra au Zimbabwe, quand il n’y pas de médicaments pour malades et mourants, pas d’eau potable, pas de médecins ou d’infirmières qui travaillent encore dans un pays où l’inflation a atteint des centaines de millions de pourcents et où les revenus d’un travail sont sans valeur?

Autre déclaration, hier: « le Zimbabwe est à moi, je suis le Zimbabwe », pour expliquer sa volonté de maintien à tout prix (prix payé par les zimabawéens, bien sûr, pas par lui-même)

Ce qui choque, c’est le crédit qui est encore fait à Mugabe d’avoir mené le combat contre l’apartheid dans ce qui était encore la Rhodésie. Intrinsèquement, ce combat était exemplaire, voire héroïque. Ou plus exactement, l’eût été s’il avait conduit, comme tous l’espéraient sans doute, à un avenir meilleur. Des droits égaux pour tous et une meilleure redistribution d’une richesse monopolisée jusque là par les blancs. Le progrès par le mérite et non par la couleur de la peau.

Sauf que là, l’avenir n’a pas été meilleur. Les droits ont été donnés à tous sur papier, mais voter pour tout autre parti que le Zanu-PF de Mugabe pouvait entraîner toutes les punitions possibles, violentes y compris. Les blancs ne monopolisent plus les richesses puisqu’il n’y en a plus, ni de blancs ni de richesses. Pourtant le Zimbabwe était riche d’une agriculture prospère et d’un sous-sol aussi généreux que celui de son voisin sud-africain.

Aujourd’hui, trente pourcent de la population sont partis se réfugier en Afrique du Sud pour tenter de survivre, ce qui, au Zimbabwe, est devenu une lutte au quotidien au moins aussi dure que celle contre le régime blanc.

Mais le souvenir de l’apartheid est tellement fondateur de la mauvaise conscience des blancs et des droits des noirs qu’il semble pétrifier tous les acteurs régionaux, qui n’arrivent même pas à condamner dans leur ensemble le sinistre tyran. Cette incapacité à dépasser le passé pour se préoccuper du présent pendant que les gens meurent par dizaines de milliers est criminelle. Elle fait écho à la mort de centaines de milliers de sud-africains du SIDA avec un président, Thabo Mbeki, qui préférait douter de sa relation de cause à effet avec les relations sexuelles non protégées, et soigner par des remèdes africains à base de plantes, plutôt que d’adopter les conclusions et les méthodes des blancs. Afrique du Sud qui a le triste privilège du triple record du pourcentage de meurtres, de viol et de SIDA.

On ne peut qualifier ces positions idéologiques envers et contre la réalité, en fonction de la seule couleur de peu, que de racistes. Racistes à l’envers peut-être, mais racistes. Un racisme qui ne tue pas, mais qui laisse mourir, ce qui n’est pas si différent. Un racisme qui sert de malencontreuse « preuve » à ceux qui veulent démontrer que des noirs sont incapables de diriger leur pays vers autre chose que toujours plus de misère.

Il est plus que temps que l’Afrique australe se trouve des hommes politiques compétents pour autre chose qu’instrumentaliser le souvenir d’un combat vieux de 4 décennies. Qu’importe que certains d’entre eux soient, par exemple, à moitié blancs.

N’est-ce pas, M. Obama?

C’est Noël!

décembre 18, 2008 on 6:16 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Voici venu le temps de Noël. Un temps où il est de tradition de parler de cadeaux, de voeux, de festin et de joie.

Vous voudrez bien excuser JusMurmurandi de ne pas participer à cette liesse de commande, car les nouvelles ne s’y prêtent vraiment pas. Si la Réserve Fédérale américaine a baissé ses taux à 0, fait sans précédent, pour tenter de stimuler l’activité économique, c’est que celle-ci est tombée à un niveau de grave faiblesse.

Un marché automobile en baisse de 40%. C’est la deuxième industrie manufacturière américaine.

Des mises en chantier de logements neufs en baisse de 80%. C’est la première industrie du pays.

Toutes les usines Chrysler sont à l’arrêt au moins jusqu’au 19 janvier. Ainsi que 20 usines General Motors. Sans compter Ford, les sous-traitants, etc…

Pour inquiétant que cela soit, le plus frappant n’est pas là. C’est que, bien que les taux d’intérêts soient nuls, il n’y a pas d’acheteurs, ceux qui le pourraient n’arrivant pas à obtenir de crédit de la part de banques qui ne peuvent ni ne savent plus prêter. Et ceux qui pourraient acheter sans crédit sont trop occupés à se désendetter ou à se constituer une épargne de précaution pour le faire.

Cela veut dire que la baisse de taux d’intérêts n’aura quasiment aucun effet, et cela s’appelle la trappe à liquidité. Et, si on suit la théorie keynesienne, elle peut devenir sans fond.

Autre exemple de l’atonie: l’Opep, dont les revenus du pétrole auront été divisés par plus de 3 en moins de 6 mois, annonce une réduction drastique de sa production: 2,2 millions de barils par jour, la plus forte jamais mise en oeuvre. Résultat: après quelques heures de hausse, le pétrole clôture sous les 40 dollars le baril, pour la première fois depuis 2004. Comment mieux toucher du doigt que nul ne croit à un rétablissement?

Bref, de nombreux signes pointent, en ce temps de Noël, vers une récession longue, dure, profonde.

Souvenons-nous que Jésus est né dans une étable, entre un boeuf et un âne, comme un SDF. Et qu’il a fallu attendre des années pour que, baptisé par Jean, il devienne le Christ et diffuse vers ceux qui croyaient en lui le message que le monde était sauvé.

Si la crise qui nous frappe adopte le même profil, avec des SDF et des années à attendre pour être sauvés, alors, oui, cela aura vraiment été Noël!

Tous ensemble, tous ensemble !

décembre 17, 2008 on 8:29 | In Best of, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Pour JusMurmurandi il était vraiment temps de ressortir ce magnifique slogan de la campagne victorieuse de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007.

Mais tous ensemble pour quoi ?

Pour sortir de la crise ? Volontiers, mais on y est encore et a priori pour un bout de temps.

Pour manifester contre Darcos et son projet d’ajout d’une heure de scolarité en seconde ? Non, nous ne ferons pas comme les syndicats qui continuent de vouloir manifester alors que Darcos a renvoyé son projet aux Calendes grecques.

Pour se réjouir de l’élection de Barack Obama ? Les Américains s’en chargent.

En fait, c’est pour vous proposer une rendez vous, tous ensemble.

Il faut que absolument que nous unissions nos forces afin de changer le champ énergétique de la Terre dans un même instant où nous créerons un sursaut d’énergie humaine, biologique, mentale et spirituelle ».

Le rendez vous est fixé au 21 décembre prochain à 12:04 GMT pendant deux heures pour accomplir cette mission destinée à sauver la planète

C’est ce que propose l’association de l’Orgasme Global Annuel pour la Paix (troisième du nom).

Vous êtes libre ?

http://www.globalorgasm.org/

De Marx en Astérix

décembre 17, 2008 on 8:22 | In Best of, France, Incongruités, Insolite | 6 Comments

Longtemps la gauche française a été marxiste. Le passé trotskyste de Lionel Jospin, la déclaration de François Hollande qui « n’aime pas les riches », le refus, seul en Europe, du PS de voter le sauvetage des banques françaises montrent assez les sources d’inspiration du Parti Socialiste. Et son affaiblissement idéologique coïncide avec l’effondrement de la crédibilité du modèle étatique que le PS a élevé au rang de parangon.

On aurait pu penser que la crise brutale d’un système financier international qui a poussé trop loin la création et l’usage d’instruments de transfert du risque, et qui en a profité pour transgresser trop de règles de prudence avait de quoi requinquer la base idéologique du PS. Il n’en est rien, car, après Marx, c’est chez Astérix que celui-ci va chercher son inspiration.

Ainsi Bertrand Delanoë est-il seul contre tous à augmenter les impôts -et le Maire de Paris n’y va pas avec le dos de la cuiller quand il applique une hausse de 9% plus une nouvelle taxe de 3%- quand tous les autres, Etats et régions, misent tout sur la nécessaire relance.

Alors, bien sûr, il peut être tentant d’adopter la position du village d’Astérix le Gaulois, entouré de camps romains, et qui leur résiste vaillamment. Oublierait-il au passage que, face à une crise de la demande, maintenir l’orthodoxie financière est la recette des plus libéraux, donc de la droite « dure », et non de la gauche, acquise depuis 70 ans à la relance keynesienne. Amusant, quand même, de voir le Maire de Paris plus à droite que la si orthodoxe Angela Merkel. Et qu’Astérix, pour résister aux Romains, bénéficiait avant tout, outre son courage, de la célèbre potion magique. Qui, si Bertrand Delanoë en disposait, lui eût permis d’éviter la double défaite de la candidature de Paris aux Jeux Olympiques et de la sienne propre au premier secrétariat du PS.

Autre exemple: la loi sur la suppression de la publicité dans l’audiovisuel public. Voilà a priori un texte que la gauche eût du elle-même promouvoir. La sortie des chaînes publiques du carcan de l’audimat, du corset de la publicité, de la tyrannie du marché eût du être chantée par Jack Lang, encensée par Ségolène Royal, démontrée par Martine Aubry, haranguée par Arnaud Montebourg, théorisée par Michel Rocard, et votée par Jean-Marc Ayrault. Notamment pour trois raisons. Le retour de l’Etat face aux intérêts privés de l’actionnariat et des annonceurs. Le retour de la qualité face à la télé-poubelle de l’audimat. L’indépendance des chaînes publiques, gage de pluralité. Sans compter l’exemple remarquable de la BBC britannique, à la fois populaire et de qualité.

Et que voit-on? La gauche dépose 4000 amendements contre ce texte. Le coeur de sa préoccupation? Que la suppression de la publicité sur les chaînes publiques représente une absence de celles-ci sur le marché publicitaire, qui sera de fait exclusivement au bénéfice des chaînes privées, à commencer par TF1. C’est le célèbre « cadeau à son ami Bouygues ». Une incroyable contorsion idéologique pour refuser de reconnaître que, pour une fois, la droite porte un texte en accord avec les idées de la gauche. Et, du coup, une posture en accord avec les pratiques de Berlusconi, qui veut diluer le service public italien dans les intérêts de marché pour mieux les privatiser.

Comment ne pas voir le service public s’affranchir de contraintes qui ne lui correspondent pas au travers de cette décision , et porter enfin une politique éditoriale alternative à celle que dicte la maximisation de l’audience l’équivalent de nos Gaulois qui ligotent et bâillonnent leur barde Assurancetourix en lui disant « non, tu ne chanteras pas! »?

Oui, mais voilà, Astérix, c’est une bande dessinée et pas une politique. Les Romains ont gagné contre les Gaulois, notamment, comme le note César, en raison des divisions de ceux-ci (encore une leçon que n’a pas retenue le PS, alors même que Benoît Hamon, licencié en histoire eût pu les en aviser). Et l’Europe ne s’est pas si mal portée de leur apport de civilisation dans tous les coins de l’Empire.

Tiens, c’est curieux. Le moment où le PS, normalement très européen, prend modèle sur les tribus gauloises est justement celui où Sarkozy, précédemment frileux sur ce terrain comme il est de règle pour le parti gaulliste, peut se targuer d’avoir véritablement remis l’Europe en marche au pas de charge.

Alors qu’attendent les socialistes pour traiter Sarkozy de nouveau César?

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