Plus qu’une erreur, une faute?

septembre 29, 2008 on 2:33 | In France | Commentaires fermés

Ce lundi, malgré la signature ce week-end du plan de financement par l’Etat américain des mauvaises créances qui plombent le système financier américain, et, partant, mondial, les bourses mondiales baissent.

Les media en tirent comme conclusion que le plan Paulson-Bush ne fonctionne pas et ne ramène pas la confiance. C’est une erreur d’analyse.

Fondamentalement, le niveau de la bourse n’a qu’un impact très indirect sur l’état de l’économie, et en aucun cas immédiat. Certes, un niveau bas empêche de lever des capitaux, mais ce n’est pas un problème immédiatement critique, d’autant que les bourses retombent à des niveaux d’il y a 18 à 36 mois, donc pas catastrophiques.

Le vrai baromètre de la confiance qui compte en ce moment critique, c’est celui du crédit interbancaire. L’asphyxie du système financier international vient de ce que les banques ne se prêtent pas les unes aux autres au quotidien, faute d’être tout à fait sûres d’être remboursées. De ce fait, leur action est gravement handicapée, donc réduite, et l’activité économique ne trouve plus de financement.

Comme, dans le même temps, les banques n’arrivent plus à revendre les crédits qu’elles ont consenti, comme elles avaient si bien su le faire pendant 10 ans, avec pour conséquence de nous amener à la crise actuelle, ce sont deux facteurs majeurs qui compriment fortement l’activité bancaire. C’est ce qu’on appelle en anglais le « credit crunch », la « crampe du crédit ».

C’est le seul facteur sur lequel mesurer si nous nous dirigeons vers une sortie ou au contraire un approfondissement de la crise. Car sauver les banques, ne veut pas dire sauver les investisseurs et les directeurs. Ainsi, quand AIG, la plus grande compagnie d’assurance américaine a été nationalisée (l’Etat américain a pris 80% du capital en contrepartie d’un prêt de 85 milliards de dollars), le dirigeant a été prié de partir séance tenante (c’était en pleine nuit), et la nationalisation a évidemment dilué de 80% les actionnaires. C’est pourquoi la baisse des valeurs financières à la bourse ne mesure pas le succès du plan de sauvetage, elle peut tout aussi bien mesurer dans quelle mesure les actionnaires seront « lessivés » par le processus, ce qui reflète un cours d’actions en forte baisse.

Accessoirement, garder l’oeil rivé sur le cours de bourse donne l’impression au public qu’on utilise leur argent, celui des contribuables, pour sauver la peau des spéculateurs et autres seigneurs de la finance, ce qui ne les met pas forcément de bonne humeur. A cinq semaines des élections américaines, si trop d’électeurs se sont manifestés auprès de leurs parlementaires pour leur signifier de voter « non » au plan de sauvetage non de l’économie, mais des boursiers, le vote crucial du Congrès pourrait nous plonger tous dans un inconnu plus glacé que celui du nouveau LHC de Genève.

Le but de ce LHC est de nous faire découvrir les circonstances exactes du Big-Bang à l’origine de l’Univers. Espérons que la crise actuelle ne nous en dispense pas en faisant tout disparaître dans un trou noir, dont, comme chacun sait, la caractéristique est que rien ne ressortira plus jamais.

Faiblis et Defexia

septembre 29, 2008 on 8:38 | In France | Commentaires fermés

Oui, je sais, le mot est facile, quand les banques Fortis et Dexia sont en difficulté.

Il y en a eut-être parmi vous, fidèles lecteurs de JusMurmurandi, qui pensez que nous en faisons trop sur le sujet de la crise financière, et ce depuis des mois. Sachez que rien ne nous ferait plus plaisir que d’enterrer ce sujet au lieu d’enterrer une grande institution financière après l’autre.

Une fois de plus, la banque Fortis explique qu’il n’y a aucun risque, qu’elle est solide, qu’elle va vendre des actifs pour consolider sa position. Qu’elle change de patron. Et une fois de plus, ça ne sert à rien. Il a fallu ce week-end que 3 Etats s’y mettent pour sauver le bancassureur belgo-néerlandais, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Dans le même temps, les Britanniques ont nationalisé leur banque Bradford and Bingley, juste après que les Américains aient nationalisé leur plus grande Caisse d’Epargne, Washington Mutual.

Repensons-y un instant. 3 nationalisations de grands établissements financiers. Pas pour des raisons idéologiques comme le voulut François Mitterrand, mais pour éviter une faillite de tout le système financier. A quand remonte le dernier sinistre comparable?

Vous me direz, et vous aurez raison, que les Etats-Unis (déjà eux!) avaient nationalisé leurs Savings & Loans, une forme de caisse d’épargne, qui s’étaient gavées de junk bonds, ces obligations pourries inventées par Michaël Milken et Drexel Burham Lambert dans les années 80. Mais la situation était très différente. Le sauvetage des S& L avait pour but non d’éviter des défaillances en chaîne, mais de sauver les épargnants qui leur avaient confié leur argent.

Donc, si cette opération n’est pas comparable, à quand remontre le dernier sinistre référence (ou la dernière sinistre référence, comme on voudra)? 1929. La grande crise. La grande dépression. Eh oui, il faut bien le dire. Nous vivons en direct un épisode dont il est possible (pas certain, mais possible) que l’histoire dise dans quelques décennies que personne n’imaginait au départ que ce n’était que le début de la plus grande crise économique que le monde ait connu.

Et quand on sait que la grande crise de 29 ne s’est véritablement achevée que lors de la seconde guerre mondiale, que beaucoup considèrent comme sa conséquence, il y a de quoi se faire du mouron.

Vous objecterez que le Congrès américain a finalement trouvé un compromis sur le paquet de 700 milliards de dollars destiné à absorber les créances pourries du système américain. Oui, certes, mais le problème n’est pas là. Ce n’est pas par manque de liquidité que les banques ne se prêtent pas, les banques centrales en mettant des quantités gigantesques à disposition. C’est parce qu’elles ne se prêtent pas qu’elles manquent de liquidité et se tournent vers les banques centrales.

Comme l’écrivait JusMurmurandi il y a des semaines, quand la confiance est aux abonnés absents, la liquidité ne sert à rien. Car la confiance, c’est comme un programme. On sait à qui on peut prêter, avec qui faire des affaires, quels business développer. Quand on ne sait pas cela, on ne fait rien, et donc la liquidité reste inemployée. Des exemples? Vendredi dernier, le titre Fortis perd 20% de sa valeur en bourse. Ce week-end, 3 Etats s’engagent et prennent la moitié du capital. Ce lundi, le titre ne prend « que » 14,5%, soit moins que les pertes de vendredi, puis replonge de plus de 15% dans les échanges de la matinée.. Belle preuve de confiance!

Dans le même temps, c’est le tour de la banque franco-belge (encore!) Dexia, dont le titre plonge de 20%. Après Fortis qui devient Faiblis, Dexia deviendra-t-il Defexia?

L’Arnaque!

septembre 28, 2008 on 8:07 | In France, Insolite, International | Commentaires fermés

Les marché financiers, qu’on avait cru calmés par l’annonce du plan Paulson de rachat par le Trésor US des mauvaises créances qui plombent les banques américaines, rechutent.

Le problème, c’est qu’ils n’ont pas vu la couleur de l’argent que le Président Bush a promis. Pas d’accord au niveau politique, et les rumeurs reprennent. Cette semaine, la victime expiatoire, c’est le bancassureur belgo-néerlandais Fortis, qui a largué son patron en urgence comme bouc émissaire. Et d’autres sont au bord du précipice, comme le britannique RBS.

Si l’accord politique ne s’est pas fait entre Démocrates et Républicains du Congrès, c’est que les Démocrates disent, et on peut les comprendre, que faire assumer par le contribuable américain les turpitudes de Wall Street sans rien faire pour soulager les millions d’Américains qui ont perdu ou vont perdre, si rien n’est fait, leurs maisons, ce serait une véritable arnaque.

Bien entendu, chacun de rappeler que Henry « Hank » Paulson, le Secrétaire américain aux Finances, est un ancien de la plus aristocratique maison de Wall Street, Godman Sachs, et qu’il est donc logique de trouver que le plan qu’il a conconté fait la part trop belle à ses amis et anciens collègues. Cela ferait de lui, si on suit les Démocrates, l’arnaqueur en chef.

C’est pourquoi les Démocrates insistent pour non seulement aider les plus futurs ex-propriétaires, mais aussi pour que le policeman de Wall Street s’intéresse à tous ceux qui, dans les hautes sphères de la finance, auraient pu commettre des délits qui résultent en une amère potion qu’ils veulent faire boire à tous dans un calice d’argent. Déjà le FBI a ouvert une enquête qui prmet de faire trembler plus d’un « Maître de l’Univers », comme l’écrivait si bien Tom Wolfe dans « le bûcher des vanités ».

D’une certaine façon, il est extrêmement frustrant de voir ces insitutions financières qui se sont livrées à une véritable gabegie qui leur a fait gagner des milliards nous dire aujourd’hui, « ou bien vous nous sauvez, ou nous coulons tous ». Ce qui fait de tous les citoyens du monde économique globalisé les habitants d’une véritable maison des otages.

Bref, si tous ces messieurs en se mettent pas d’accord, les marchés financiers pourraient nous faire vivre à tous une semaine digne d’un film catastrophe comme la tour infernale.

Comme vous l’avez tous compris, JusMurmurandi souhaite par cet article rendre hommage à un acteur américain qui vient de mourir, et saluer l’immense Paul Newman.
Paul Newman

George W. Bush est-il Georges Marchais ?

septembre 27, 2008 on 5:11 | In Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Même si George W. Bush va demander à son épouse Laura de faire les valises, la fin de son mandat approchant, comme Georges Marchais l’avait fait publiquement en interpellant Liliane, la ressemblance n’est pas évidente.

Et pourtant, Bill Perkins, patron d’une entreprise d’investissements aux Etats Unis, SmallventuresUSA, est convaincu que la ressemblance existe.

Pour lui, le plan que George W. Bush est en train de mettre sur pied pour sauver ce qui peut encore l’être de l’univers bancaire américain indique que l’Amérique est en train d’emprunter la voie du communisme.

« Tant que tout va bien, nous sommes des capitalistes » dit il; « et lorsque les choses commencent à aller mal pour l’économie, nous nationalisons comme des communistes, plus que le Vénézuela par exemple » poursuit il.

« C’est une version du socialisme ou du communisme ».

Mais Bill Perkins n’en reste pas là.

Car c’est homme a du flair. Il a ainsi suivi l’évolution récente de l’action Goldman Sachs.

Il est convaincu que cette entreprise ne disparaîtra pas comme ce fut le cas par exemple de Lehman Brothers, vieille dame datant de 1850 qui a disparu en quelques heures.

Et il investit des fonds substantiels dans Goldman au fur et à mesure que l’action baisse et génère un profit de plus de un million de dollars lorsqu’il revend ses titres au moment où il remonte.

Et ce million, il le consacre aujourd’hui a dénigrer le plan de George W. Bush en achetant des pleines pages de publicité dans le New York Times, et en le donnant à des œuvres de charité.

Ce cri de déchirement qui juge donc l’économie américaine comme étant communiste devrait nous appeler à réfléchir.

Car si George W. Bush est communiste, que reste-t-il à Olivier Besancenot et son Nouveau Parti Anticapitaliste ?

Le tour des socialistes

septembre 26, 2008 on 12:58 | In C'est ça, Paris?, Coup de gueule, France | Commentaires fermés

Englués dans leurs problèmes de personnes pour les diriger, les socialistes semblent n’avoir qu’une seule idée en tête: que vienne, après celui de la droite, enfin, leur tour. Ils ont raison. Il y a déjà 13 ans que la droite occupe la présidence de la République. A la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, cela fera 17 ans, une longévité exceptionnelle, atypique, qui donne toutes ses chances à une alternative de gauche.

En attendant, pour ne pas attendre trop longtemps son tour, Bertrand Delanoë, l’ambitieux maire de Paris, a décidé de doter la capitale de sa tour. Une tour de 200 mètres de haut à côté du parc des expositions de la porte de Versailles.

Une telle construction, après 3 décennies sans nouveaux immeubles de grande hauteur à Paris, peut surprendre de la part d’un homme qui a toujours professé préférer pour la ville qu’il administre et ses citoyens la qualité de vie à la croissance.

Ce changement montre que le rusé Delanoë a plus d’un tour dans son sac. Empêché de construire par son alliance avec les Verts lors de son premier mandat, sitôt son indépendance retrouvée lors de son second mandat, vue la calamiteuse prestation électorale verte, il s’empresse de leur jouer un tour de sa façon, et adore ce qu’il brûlait il y a peu.

Car Delanoë n’a pas le choix. Son succès jusqu’ici a été très largement financé par la forte croissance du marché immobilier, dont les transactions faisaient tomber chaque année des centaines de millions d’euros dans les caisses municipales. Sauf que la conjoncture lui joue un sale tour, en donnant un brutal coup d’arrêt à cette recette en même temps qu’au marché immobilier.

Donc, pour avoir les moyens futurs de tenir ses promesses passées, le maire de Paris, qui, faute d’avoir pu médailler Paris de l’or olympique, n’a comme réalisation marquante que d’être, par le projet Vélib, Bertrand le Pédaleur, veut devenir maintenant Bertrand le Batisseur. Et d’affirmer que, si tout se passe bien, ce n’est pas une tour qu’il fera édifier, mais bien 6.

Peu lui importe que celles-ci griffent un ciel parisien, qui, contrairement à tant d’autres capitales modernes, n’était barré que 3 fois, par la tour Montparnasse, par la tour du Concorde la Fayette, et par le groupe de tours du front de Seine. Peu lui importe aussi qu’il ait promis qu’il ne le ferait jamais. Delanoë en est réduit au cri rauque d’Harpagon: ma cassette, ma cassette!

Mais évidemment, il y a une autre porte de sortie pour le maire de Paris, et on comprend qu’il s’active à ce point pour y accéder. C’est celle de premier secrétaire du parti socialiste. Ce qui lui conférerait la qualité de premier opposant à Nicolas Sarkozy. Là, au lieu de devoir tenir ses promesses, il pourrait de délecter de voir le Président à son tour ne pas tenir les siennes.

Seulement, pour arriver à ce poste convoité Bertrand le Batisseur doit encore arriver à fédérer, malgré les haines et les crocs-en-jambe, les différentes personnalités et sensibilités du PS, qui n’arrivent plus à parler le même langage depuis longtemps.

Ce qui fait du PS une vraie tour de Babel, dont on notera sur les photos ci-dessous, la ressemblance avec la tour qu’il veut construire.
Tour de Babel
Tour du Batisseur

Mic-mac européen

septembre 25, 2008 on 7:23 | In Coup de gueule, Europe, France, Incongruités | Commentaires fermés

Les récents référendums européens se sont terminés par des votes négatifs. Ceux de la France et des Pays-Bas ont ruiné les projets d’adoption du traité de constitution européenne, celui d’Irlande, du traité simplifié. Bref, les Européens ont mal à leur Europe. Franchement, il y a de quoi.

Au moment où l’Europe s’enfonce dans une crise économique d’origine financière et américaine, que fait l’Europe? Rien. Pas de plan de stimulation économique. Pas de relâchement des critères budgétaires. Pas de baisse des taux d’intérêts. Rien. Les abonnés absents, et l’électro-encéphalogramme plat.

En fait, pas si plat que cela, et JusMurmurandi serait tenté d’ajouter « malheureusement ». Car le Parlement européen a voté le « paquet Telecom » qui s’oppose notamment à la méthode retenue par la France pour combattre le télé chargement illégal sur Internet. A l’initiative de Daniel Cohn-Bendit, qui montre que le respect qu’il n’avait pas pour la loi en mai 1968 ne lui est toujours pas venu en mai 2008, le texte européen subordonne toute action contre les téléchargeurs illégaux à une décision judiciaire.

Alors que la solution française consistait à envoyer d’abord des lettre recommandées aux contrevenants pour leur indiquer qu’ils risquaient des ennuis, puis à leur faire couper l’accès par leurs fournisseurs d’accès Internet. Pas vraiment grave, comme sanction, mais facile d’application et rapide. Bref, bien adapté au problème.

Compte tenu que les montants en cause sont individuellement dérisoires, cette action judiciaire préconisée par Bruxelles serait (1) financièrement ruineuse pour une maison de disques ou une studio de cinéma, qui devrait faire des centaines de milliers de procès, et (2) jamais la police et justice ne donneraient suite à ces centaines de milliers de plaintes, faute de moyens. Enfin (3) le fait de poursuivre leurs clients potentiels n’aurait que peu de chances de rendre l’industrie du disque sympathique à ces mêmes clients, ce qui n’améliorerait pas leurs affaires, qui en auraient pourtant grand besoin L’Europe a donc décidé de cautionner l’inaction totale dans la plus parfaite illégalité.

L’idée de « passer l’éponge » sur le téléchargement est facile à comprendre. Ce sont des ados après tout, pas des terroristes chargés d’attentats-suicides ou des financiers qui hasardent des milliards d’euros qui ne leur appartiennent pas dans des cheminées et sont tout surpris de les voir partir en fumée.

Pour autant, l’industrie de la musique est bel et bien en train de mourir. Le nombre de titres publiés est en forte baisse, surtout si l’on déduit ceux qui sont des rééditions. Le film de Danny Boon, « bienvenue chez les ch’tis » n’a pas obtenu et n’obtiendra jamais la place de N°1 absolu au nombre d’entrées en cinéma en France compte tenu du nombre hallucinant de téléchargements illégaux (c’est vrai, pourquoi télécharger un navet quand on peut avoir tout aussi gratuitement un très bon film tout juste sorti?).

Mais surtout, pourquoi traiter ce problème au niveau européen? N’est-ce pas la garantie de n’avoir qu’une solution uniforme à des situations largement hétérogènes? Malte n’a pas d’industrie musicale ou cinématographique à défendre, contrairement à la Grande-Bretagne. Laquelle Grande-Bretagne a un système policier et judiciaire à l’opposé de celui de la France. De même que les textes selon lesquels des contrevenants seraient poursuivis dans les différents états européens sont tous différents vu qu’il n’y a pas d’harmonisation des lois. Donc la directive européenne conduira à des traitements différents pour des infractions identiques.

Bref, l’Europe et les Européens doivent affronter une crise financière et économique mondiale, avec des risques macro-économiques énormes, certains scénarios catastrophe dépassant en ampleur 1929 et la Grande Dépression. Pendant ce temps, l’Europe se préoccupe des micro-infractions des téléchargements illégaux….

JusMurmurandi se dit que cette préoccupation du micro plutôt que du macro est peut-être prémonitoire. Si l’inaction économique perdure et que le pire se réalise, il sera temps de faire du micro-crédit en Europe. D’abord que les institutions financières qui auraient, en d’autres temps, consenti des crédits plus importants auront toutes disparu dans la tourmente. Ensuite parce que le micro-crédit est très bien adapté aux pays très pauvres. Ce que nous serons devenus…

Logiques de marché contre principe de prudence, au bout de la route la culbute!

septembre 24, 2008 on 6:13 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International | Commentaires fermés

Cette histoire est un peu technique, mais ô combien révélatrice de nombreuses dérives de notre planète où la finance joue un rôle si important.

Si des banques et autres institutions financières sont en grande difficulté, c’est avant tout parce que les autres banques ne leur font plus de crédit « au quotidien », comme avant.

Si elles ne le font plus, c’est parce qu’une incertitude pèse sur la réalité de leurs actifs, dépendant de la suite de l’évolution du marché immobilier aux Etats-unis. A-t-il fini de baisser, ou pas encore, va-t-il remonter, de combien, quand? Quel est le pourcentage de prêts immobiliers qui ne seront pas remboursés? Des réponses à ces questions dépend la « valeur » des portefeuilles de crédits hypothécaires détenus par les institutions financières.

Mais pas seulement. Parce qu’il existe aux Etats-Unis une règle comptable prudentielle appelée « mark to market », qui oblige toute entreprise à valoriser un actif, au maximum, au prix que le marché est prêt à payer pour cet actif. Cette règle, en apparence raisonnable, en tient pas compte d’un problème. C’est qu’en ce moment, personne ne veut acheter des portefeuilles d’emprunts immobiliers. Ce qui se comprend quand on pense à le crise aigue de ce marché.

Résultat, si ces portefeuilles de prêts sont invendables, c’est qu’ils ne valent pas cher du tout. Voire zéro. Donc la règle prudentielle oblige les banques à passer des provisions gigantesques, non pas en fonction de la valeur intrinsèque de ces prêts, qui dépend de leur taux de remboursement, mais en fonction de leur liquidité.

Avec pour conséquence que les banques passent des provisions qui déprécient « trop » les portefeuilles de crédits. Un exemple: Fanny Mae et Freddie Mac cumulent 91 milliards de fonds propres pour garantir 5000 milliards de crédits hypothécaires. Ce qui veut dire que, si 2% de ces prêts ne sont pas remboursés, les deux institutions sont lessivées. Raison pour laquelle l’Etat américain les a nationalisées, afin d’éviter les conséquences dramatiques de leur déconfiture, à savoir un effet de dominos catastrophique.

Comme l’Etat américain a l’intention d’injecter 200 milliards de dollars dans ces 2 établissements, cela veut dire que les pertes totales seront inférieures à 300 milliards, en totalisant cette injection de fonds publics et leurs fonds propres. Soit une estimation que la perte totale sera inférieure à 6% de la valeur du patrimoine, c’est-à-dire des portefeuilles de prêts hypothécaires.

Pas plus de 6%. Et ce, alors que Fanny et Freddie sont à 100% dans l’immobilier, ce qui est le pire cas de figure possible aujourd’hui. Mais alors, pourquoi les titres boursiers de Bear Sterns, de Lehman Brothers, de Merril Lynch, d’AIG se sont-ils effondrés non pas de 6% mais de 60% voire de 100%?

C’est là qu’intervient la stupide règle prudentielle: parce qu’il faut provisionner non pas en fonction de la valeur intrinsèque, au moins égale à 94%, mais en fonction de la vendabilité, ou liquidité, à qui il peut arriver en période de crise, comme c’est le cas maintenant, de tomber à zéro. Et quand on provisionne massivement, des pertes colossales apparaissent, les fonds propres fondent et la confiance disparaît. C’est le schéma de la crise actuelle.

Et c’est donc une règle de prudence qui risque d’entraîner une catastrophe. A noter que la règle FASB 157 qui définit précisément comment appliquer le « mark to market » est entrée en vigueur en novembre 2007, et qu’on en voit les effets en 2008. Cette FASB 157 est issue notamment du scandale Enron, où l’entreprise assignait des valeurs hyper-optimistes à la vendabilité des ses produits financiers « exotiques ».

Le législateur a donc voulu être prudent, pour éviter la répétition d’un scandale, et a en fait, joué à l’apprenti sorcier et déclenché une catastrophe bien pire. Bien joué!

En fait, il y a une bonne traduction française pour ce comportement. C’est le principe de précaution.

Les socialistes sont dans la MARD

septembre 23, 2008 on 7:30 | In France | Commentaires fermés

La MARD, vous connaissez? Moscovici, Aubry, Royal, Delanoë. Les 4 candidats au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste, qui s’affronteront d’ici le congrès de Reims dans 6 semaines.

En fait, il semble que Mosocovici, largement trahi aux universités d’été, ne soit déjà plus vraiment dans la course, alors que Hollande, lui, tire encore de nombreuses ficelles. Ainsi, ce ne serait plus la MARD, mais la HARD.

En fait, si les socialistes en sont là, à étaler en pleine lumière leur vacuité programmatique, qui n’a d’égale que l’acuité de leurs luttes de personnes, c’est pour plusieurs raisons.

D’abord, l’absence de renouvellement de leur personnel politique. Martine Aubry était déjà un personnalité majeure du premier gouvernement Mauroy, en 1981, au sein duquel elle mit en oeuvre les 35 heures. Pour ceux qui l’auraient oublié, c’était il y a 27 ans. Par comparaison, Nicolas Sarkozy n’est devenu ministre pour la première fois que 12 ans plus tard.

Ensuite, un flou total sur la façon de combattre la droitisation de l’électorat français. L’un des rares consensus socialistes est sur leur incapacité à gagner seuls, ou même avec leurs alliés historiques, les radicaux de gauche, les verts et les communistes, qui ne sont tous trois que l’ombre de ce qu’ils étaient du temps de l’union de la gauche en 1974.

Du coup, certains au sein du PS veulent suivre leur électorat, à la manière d’un Tony Blair et du New Labour britanniques, ou de José-Luis Zapatero qui vient de gagner pour la deuxième fois les élections espagnoles. C’est le projet de Delanoë, qui se dit dans son livre « libéral ».

D’autres, pas si éloignés des premiers, veulent une alliance au centre avec François Bayrou et le MoDem. Mais comme ceux-ci viennent tous de la droite, s’allier sans converger donne l’impression de ce que c’est vraiment, une simple alliance électorale de gens qui ne partiraient certes pas en vacances ensemble. C’est la ligne Royal, même si, en d’autres temps, le fait d’avoir laissé Bayrou à la porte après l’avoir invité à monter illustre son ambivalence.

Ces projets sont directement antinomiques des désirs d’alliance à gauche d’une autre frange du PS. Avec Oliver Besancenot, pas moins. D’où l’annonce de Martine Aubry d’un programme « carrément à gauche ».

Mais ce qui sous-tend cette incertitude sur les alliances, aussi bien que sur le leadership, c’est que les socialistes donnent l’impression de ne pas savoir où ils veulent aller, et, partant, conduire les Français. Voilà qui explique, que, quand on ne connaît pas la destination, il est difficile de choisir le leader que l’on va suivre, ainsi que ses compagnons de route.

Un exemple illustre la grande inconnue dans laquelle ils sont: le vote cette semaine à l’Assemblée Nationale sur la présence militaire française en Afghanistan. Eh bien, les socialistes ont voté contre tout en disant qu’ils étaient pour. Ils peuvent difficilement dire qu’ils sont contre vu leur héritage mitterrandien, qui n’a jamais manqué à la solidarité occidentale, et leur peu d’appétit pour assister à une victoire des talibans, inévitable si nous quittons tous l’Afghanistan.

Mais en même temps, ils ne se sentent pas capables de voter pour un projet et un programme sarkoziens, car, en ces temps de perte d’identité, cela leur enlèverait un morceau de la seule qui leur reste, celle d’opposition.

En fait, ce qui semble émasculer les dirigeants socialistes, c’est qu’il n’ont pas vraiment l’air d’y croire. C’est ce qui a fait que les éléphants, Fabius et Stauss-Kahn, se sont fait balayer par la tornade Royal, dont la suite a montré que c’était plus une soufflette qu’un nouveau souffle.

En fait, JusMurmurandi voudrait donner aux socialistes deux raisons d’espérer. L’une, c’est qu’ils ont soigneusement évité d’avoir à gouverner, et donc à assumer une crise économique dont nous n’avons fait que voir le début, et qui sera brutale. L’autre, c’est que leur situation actuelle n’est pas sans précédent. Elle ressemble au contraire à s’y méprendre à celle qui précéda le congrès d’Epinay, quand la FGDS était un véritable marigot.

Le problème, c’est que si les socialistes s’en sont sortis et ont commencé leur marche vers la victoire, c’est au prix d’un renouveau de tous les dirigeants, laminés par un certain François Mitterrand..

Harry Potter est-il le dernier espoir de Xavier Darcos?

septembre 22, 2008 on 10:04 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Les commentaires de Xavier Darcos, ministre de l’Education Nationale sur les diplomés Bac+5 qui passent leur temps à faire faire la sieste aux enfants et à changer leurs couches ont fait du bruit. Tant de bruit qu’ils ont du justement réveiller les bambins au milieu de leur sieste.

La question que pose le ministre, même si sa formulation est éminemment polémique, est néanmoins fondamentale. Quel est le rôle de l’Education Nationale?

S’agit-il d’armer les jeunes Français le mieux possible pour leur vie active et leur vie de citoyen? Compte tenu du monstrueux taux d’illettrisme à l’entrée (théorique) au collège, JusMurmurandi en doute sérieusement.

S’agit-il d’occuper les enfants coûte que coûte pour permettre aux parents de vaquer à leur vie propre sans en assumer la responsabilité? Quand on voit à quel point la mise en oeuvre d’un service minimum d’accueil des enfants même en cas de grève s’est révélée compliquée et conflictuelle, JusMurmurandi se dit qu’effectivement, l’école a bon dos.

S’agit-il de remplacer les parents en assumant l’intégralité du rôle éducatif d’enfants dont les parents soit en sont incapables, soit ont baissé les bras? Alors, c’est mission impossible. Car, pour commencer, l’école ne peut éduquer que les enfants qui y vont, et c’est aux parents de veiller que leurs enfants ne cèdent pas à la tentation de sécher les cours.

De même, si des parents veulent que l’école assume la totalité de la tâche éducative de leurs enfants, dont ils se déchargent, alors pourquoi les mêmes parents s’insurgent-ils (le mot est faible) quand un professeur recourt à une gifle, qui fait partie, de temps en temps, d’une relation parent-enfant? Pourquoi exigent-ils que l’école laïque respecte l’éducation religieuse qu’ils veulent que leur enfant reçoive?

Bref, ils veulent que l’école ait tous les devoirs, toutes les charges, toutes les obligations, et aucun droit.

Heureusement, cette école existe. Malheureusement pas en France. C’est l’institut Poudlard, connu pour son célèbrissime élève, Harry Potter.

Le problème, c’est que son maître, Dumbledore, est décédé avant son adversaire, le redoutable Voldemort.

Vu l’écart vertigineux entre la réalité de l’Education Nationale et les exigences de la tâche qu’elle est censée remplir, il est à craindre que Xavier Darcos lui aussi cesse d’être ministre bien avant d’avoir vaincu ses adversaires, qui ont pour noms Bêtise, Capitulation, Routine, Paresse, Bureaucratie, Avantages Acquis et j’en passe…

A l’aide, Harry, tu es notre dernier espoir.
Harry Potter

Xavier Darcos

Benjamin Franklin et la globalisation

septembre 22, 2008 on 6:04 | In Economie, Incongruités, International | Commentaires fermés

Le monde est un endroit compliqué. Déjà les mécanismes à l’oeuvre dans chaque pays deviennent de plus en plus complexes, et, en plus, il est à tout moment possible d’être victime de problèmes importés et dont la responsabilité est ailleurs.

Ainsi, le problème des subprimes est-il exclusivement américain. Si les banques américaines, profitant des taux d’intérêts très bas offerts par la Federal Reserve elle aussi américaine, n’avaient offert des prêts immobiliers à taux variables pour que des Américains à revenus fort modestes achètent leurs logements américains, rien de tout cela ne serait arrivé.

Mais les Européens, qui entrent de ce fait en récession, ont quelque raison de râler contre le fait que le ciel qui leur tombe sur la tête soit celui où flotte la bannière étoilée. De même, les Russes ou les Chinois, dont les bourses ont perdu plus de 50% de leur valeur depuis leur plus haut il y a tout juste quelques mois.

Les contribuables américains, qui vont devoir débourser mille milliards de dollars (700 milliards pour le plan annoncé jeudi par le Président Bush, plus 85 milliards pour l’assureur AIG, plus 200 milliards pour les nationalisations précédentes de Freddie Mac et Fanny Mae) ont quelques raisons de se dire qu’il n’y a pas de raison qu’ils soient les seuls à payer si leur fardeau sort l’économie mondial d’un trou d’air global qui menaçait de devenir un trou noir.

Problème qui n’a rien à voir: le lait chinois frelaté. Des quantités importantes de lait ont été mélangées en Chine avec de la mélamine. Résultat: des dizaines de milliers d’enfants chinois à l’hôpital, dont quelques-uns meurent. Ceci n’est pas sans rapport avec le fait que, en dépit de la légendaire croissance chinoise des 20 dernières années, l’espérance de vie n’y augmente que très peu (3 ans en en 25 ans, contre plus du double en Occident) Et le monde de se demander jusqu’où la mélamine chinoise a pu être exportée sous forme de produit alimentaire.

Plus curieux encore, la politique chinoise d’un enfant par famille en vigueur depuis Mao créé un déséquilibre démographique qui sera catastrophique en Chine, et dont les répercussions seront indiscutablement mondiales tant il affectera les capacités productives d’un pays qui est de plus en plus « l’usine du monde ».

Preuve que ces phénomènes n’ont pas encore été intégrés: ce week-end, les 2 dernières banques d’affaires américaines indépendantes, Morgan Stanley et Goldman Sachs, ont décidé de se transformer en sociétés holdings. Elles trouveront grâce à cette nouvelle structure les avantages des banques classiques, notamment en matière de refinancement et de liquidité auprès de la Federal Reserve, lequel manque de liquidité à fait couler en si peu de temps Bear Sterns, repris par JM Morgan, Merril Lynch, repris par Bank of America, et Lehman Brothers, en liquidation. Mais elles devront, pour ce faire, accepter beaucoup plus de contrôles des régulateurs, et des ratios prudentiels beaucoup plus conservateurs, à l’égal des banques traditionnelles. C’est d’une certaine façon la fin des seigneurs de Wall Stret, et, suivant le livre de Tom Wolfe, le »bûcher des vanités ».

Mais quel impact ceci aura-t-il si le métier de banque d’affaires, rendu plus stable mais aussi moins rentable par ce surcroit de régulation est repris par les hedge funds non surveillés, ou par des établissements situés hors des Etats-Unis. Ainsi le Quantum Fund du célèbre George Soros, connu pour avoir « brisé » la Banque d’Angleterre en 1992, est-il résident à Curaçao (Antilles néerlandaises) et aux îles Cayman. Des paradis fiscaux où aucun régulateur ne vient chercher querelle à un investisseur et employeur.

En fait, la limite de tous ces exercices de délocalisations globales est qu’en cas de crise grave, le bébé revient toujours à ceux qui ont le moyen de régler le problème, les grande puissances, leur capacité budgétaire, leur qualité de signature, et leur armée de contribuables.

Car, comme le dit si bien Benjamin Franklin: « rien dans ce monde, ne peut être tenu pour certain, si ce n’est la mort et les impôts »Benjamin Franklin

La révolution selon Besancenot ?

septembre 21, 2008 on 7:35 | In France, International | Commentaires fermés

Voilà déjà un moment qu’il nous la promet la « Révolution » d’un nouveau genre.

Mais toujours en termes vagues et imprécis.

Il semblerait que ses contours puissent être désormais plus perceptibles au travers d’une manifestation organisée hier par la LCR.

Cette manifestation avait pour objet de dénoncer la présence occidentale et par conséquent française en Afghanistan.

Rappelons d’abord que si ce pays a été récemment occupé par les Soviétiques (au fait, qui est le « promoteur » de la révolution si pas Lénine dont le mausolée est…en Russie), il a été, lors de leur retrait, le théâtre d’une guerre civile que seul un régime islamiste fondamentaliste effroyable pour les libertés individuelles a pu arrêter.

Il suffit de lire un des ouvrages de Khaled Hosseini comme « Les cerf-volants de Kaboul » pour se rendre compte que le régime des Talibans est un exemple de l’horreur absolue. Un exemple de cette terreur est le dynamitage des Bouddhas de Bamiyan, parce qu’ils dataient de la période pré-islamique.

Les Occidentaux se sont alliés aux « anti Talibans » pour renverser le régime et tenter de stabiliser la situation politique du pays. A ceci près que les Talibans sont toujours très présents et prêts à reprendre le pouvoir dès qu’une opportunité se présentera.

Et que propose donc Besancenot ? Que les forces armées occidentales se retirent immédiatement.

« Tant qu’il y aura des troupes d’occupation militaire, les Talibans continueront à avoir le terreau sur lequel ils se développent » déclare t il. Bref, le fait que le pays était en guerre civile avant eux est une fiction de l’imagination, et il n’y a aucune raison que cela se reproduise.

Voir qu’avec les nouveaux exemples de volonté hégémonique de Moscou, les chars de Poutine, euh de Medvedev, ne veuillent rentrer dans Kaboul.

Par conséquent selon lui « il faut une aide politique, diplomatique et économique internationale pour permettre au peuple afghan, à ceux et celles qui veulent résister (aux talibans) de le faire » et « non une troupe d’occupation militaire ».

Voilà qui est beau et bien pensé. En somme, retirons nous, laissons les Talibans revenir tranquillement au pouvoir, augmenter encore et toujours la production de pavot qui sert à fabriquer l’opium, supprimer à nouveau les libertés individuelles, ré instaurer la charia; et le ferment islamiste pourra ainsi prendre racine de manière définitive dans le pays. Tout ira bien, c’est sûr.

Bel exemple de révolution.

Est cela donc cela qui nous attend, si le parti « anticapitaliste » de M. Besancenot arrive au pouvoir ?

Récit de drames politiques ordinaires sous le ciel d’Afrique

septembre 21, 2008 on 6:52 | In Best of, Incongruités, International | Commentaires fermés

La vie politique de l’Afrique australe ne ressemble décidément à aucune autre. Déjà le Zimbabwe en donnait un flagrant exemple, avec le vieux Robert Mugabe qui a réussi à s’accrocher au pouvoir après avoir perdu et une élection législative et le premier tour d’une présidentielle dont le deuxième le vit seul en lice après le désistement de son rival effrayé par une campagne de massacres contre lui et les siens.

C’est Thabo Mbeki, président de la puissante Afrique du Sud voisine qui fut chargé de a médiation entre Mugabe et son adversaire Tsvangirai, lequel Mbeki fut considéré par beaucoup comme beaucoup trop conciliant avec Mugabe. Même si, la semaine dernière, les deux adversaires zimbabwéens signèrent un accord de partage du pouvoir, personne ne sait ce qui va se passer dans le pays vu l’ambiguité du texte, qui prévoit que les ministres fassent partie de deux instances, l’une présidée par Mugabe, qui reste Président, et l’autre par Tsvangirai, qui devient Premier Ministre. Ambiance…

Le plus curieux, c’est qu’alors qu’on attendait une sortie de la scène internationale ignominieuse de Mugabe, c’est Thabo Mbeki qui vient d’annoncer sa démission. Il faut dire qu’il n’avait pas trop le choix, son propre parti l’ayant exigé.

A première vue, rien d’étrange là-dedans pour un pays qui a longtemps été influencé par la culture et l’héritage institutionnel britannique. Après tous, Margaret Thatcher et Tony Blair, chacun la personnalité politique la plus marquante de leur temps, et la plus longtemps au pouvoir aussi, n’ont-ils pas été chassés par leurs partis respectifs?

Non, ce qui est curieux, c’est la façon dont cela se passe. Thatcher et Blair ont été poussés dehors pour faire de la place de peur que les élections à venir ne conduisent leur parti à la catastrophe. Mbeki est poussé dehors alors que l’ANC, son parti et celui de Nelson Mandela est absolument sûr de gagner. C’est Jacob Zuma, son charismatique leader qui sera le prochain président sud-africain.

Sauf que Zuma n’est pas n’importe quel candidat. Combien au monde osent se présenter après avoir échappé à une condamnation pour viol faute de preuves, sous le coup d’un procès pour corruption, et faisant l’objet d’accusations de harcèlement sexuel? Voilà plus qu’il n’en faut pour couler définitivement la carrière de n’importe quel homme politique en occident.

Sauf que, encore, le procès pour corruption a été reporté, pour cause de « motivation politique », c’est-à-dire attribué spécifiquement à Thabo Mbeki après que celui-ci eût perdu au congrès de Polakwane la lutte qu’il menait contre Zuma pour le contrôle de l’ANC. On se demande bien en quoi le fait que l’action judiciaire soit, le cas échéant, à l’instigation du Président, fait que Zuma est ou non innocent d’avoir touché des pots de vin. Du vin français, d’ailleurs, car il s’agirait de Thalès.

Mais pourquoi virer Mbeki dans tout cela? Parce que la justice sud-africaine, nominalement indépendante, a décidé de maintenir les poursuites contre Zuma, et que l’ANC pense que ceci ne cessera pas tant que Mbeki sera président. Ce qui montre ce que l’ANC pense de ladite indépendance.

Mbeki est également peu populaire pour avoir géré l’Afrique du Sud « à l’occidentale » (toutes proportions gardées), ce qui a engendré un spectaculaire redressement économique, l’émergence d’une puissante classe moyenne noire inconnue du temps de l’Apartheid, et déçu les nombreux pauvres du pays, qui auraient voulu toucher plus vite les fruits d’une prospérité qu’ils veulent généreuse pour eux même s’ils ne travaillent pas. Il ne faut pas s’en étonner quand on sait le poids des syndicats et du parti communiste dans la coalition au pouvoir en Afrique du Sud.

Là, la ressemblance avec l’Europe n’est pas avec la Grande-Bretagne, mais avec la France, où la gauche se fait éjecter à chaque fois que, la politique de distribution généreuse mais à crédit perpétuel ayant trouvé ses limites (celles de la faillite du pays), elle se met à gérer avec le sens du réel et du possible, puis se fait virer aux prochaines élections.

Sauf que, comme Zuma, Mbeki n’est pas non plus un homme politique commun. Notamment pour sa dénonciation des précautions et thérapies occidentales contre le SIDA, auxquelles il préfère un remède à base d’ail, de citron, de patates et d’huile d’olives. Sa déclaration, en 2003, qu’il ne connaissait personne qui soit mort du SIDA, ne manqua pas de scandaliser dans un pays où ce fléau fit cette année-là 370.000 morts.

Comme on le voit, cette affaire est typique de l’Afrique australe, et impossible sous nos climats, où les moeurs politiques sont autrement civilisées, et policées. Jamais on n’imaginerait un Premier Ministre UMP lançant une affaire de comptes à l’étranger contre un autre UMP futur candidat à la présidentielle. Jamais on n’imaginerait cet autre candidat ripostant par l’intermédiaire de la Justice pour que la procédure handicape la candidature rivale du Premier Ministre. Jamais on ne trouverait un grand parti de gauche, c’est-à-dire chargé de la tâche noble et exigente de la défense des plus démunis, qui perde le sens de l’intérêt national dans les luttes de marigot pour le contrôle du parti.

Non, vraiment, ces évènements ne peuvent se passer qu’en Afrique australe, dans ce territoire que Kipling chantait, où l’oiseau Kolokolo encourage le naïf éléphanteau à plonger son nez dans la rivière Limpopo où maraude le crocodile qui cherche son dîner.

Une publicité qui décoiffe – un peu de légèreté dans ce monde de crises.

septembre 20, 2008 on 6:56 | In Best of, France, Insolite, International | Commentaires fermés

Allez, détendons nous un petit peu.

La tempête qui souffle sur Wall Street est en train de retomber. Les Russes semblent vouloir se retirer de la Géorgie. Pas de nouvel ouragan annoncé dans le golfe du Mexique. Même la taxe pique-nique marque un temps d’arrêt, c’est dire.

Alors il ne reste à JusMurmurandi qu’à s’amuser un petit peu.

Avec une publicité qui « décoiffe ».

Qui ne craint pas les tempêtes, les ouragans ni même les tsunamis.

Elle est crée par Air New Zealand, et cible une partie bien précise de la population.

On connaissait l’homme sandwich. On aura désormais le crâne messager.

Air New Zealand propose en effet à 70 de ses passagers les plus fréquents de se faire tatouer la boule afin de faire passer des messages publicitaires lorsque ces personnes feront la queue. Et offre 1.000 Dollars néo zélandais aux personnes retenues.

Créatif, non ?

Dommage que Yul Brynner ou Kojak (Telly Savalas) ne soient plus de ce monde, ils auraiet été des candidats parfaits.

Qui reste t il en France qui puisse proposer ses services ?

Le divin chauve qui garda les buts de l’équipe de France de foot ball pendant la fameuse coupe du monde de 1998, Fabien Barthez ?

Trop tard, il est à la retraite.

Pierre Moscovici du PS, depuis qu’il s’est rasé la barbe, pourrait-il faire acte de candidature ?

Petit problème, personne n’en veut au PS ; on imagine donc mal comment Air New Zealand puisse se contenter des restes de la rue de Solférino…

Voyons voir au gouvernement: Brice Hortefeux ? Trop de cheveux.

Eric Woerth? Trop grand, personne n’arriverait à lire.

Quant aux Kouchner, Bertrand ou autres Darcos, leur tête est pour l’heure bien au chaud, couverte qu’elle est d’une pilosité généreusement développée.

Non en fait, JusMurmurandi suggère un candidat idoine.

Bientôt mis en disponibilité, il pourra se consacrer  tout entier à faire de la publicité pour la Nouvelle Zélande où ses états de service (!) passés ne seront pas un handicap.

Grâce à son nom, il pourra faire de son crâne un espace publicitaire multi-marques.

Et personne ne lui en voudra parmi les siens de partir aussi loin, tellement ils sont tous impatients de le voir partir.

A vous de jouer, François Hollande !! La France vous regarde…l’arrière-crâne.

Le desesperanto du parti socialiste

septembre 20, 2008 on 7:53 | In Best of, France, Insolite | Commentaires fermés

L’esperanto. Une langue universelle, facile à apprendre, qui faciliterait la communication entre tous les hommes. Quand on voit les difficultés de communication du Parti Socialiste, on se dit qu’il faudrait qu’ils inventent un esperanto socialiste.

D’ailleurs, vu que dans le mot esperanto figure clairement la racine du mot « espoir », et quand on voit le désespoir que suscite, tant dans les rangs du PS que plus largement dans le « peuple de gauche », les avatars d’un parti où les luttes de personnes tiennent compte de programme et d’actualité, JusMurmurandi se dit que ce dont les socialistes ont besoin, c’est d’éviter le desesperanto.

Bien sûr, il est facile d’ironiser sur les couacs de la majorité sarkozyenne, dont les membres ne parviennent pas toujours, (et toujours pas non plus d’ailleurs), à éviter de parler à tort et à travers (où sont donc ces villes de Tort et de Travers, où il semble que l’on parle si volontiers? Tout le monde y parle et en parle, et nul ne les connaît. Etrange, non?)

Mais comparée à la cacophonie socialiste, la majorité fait figure de philharmonie jouant une partition réglée comme du ….papier à musique!

Cette semaine, Hollande a apporté son soutien à Delanoë, qui se trouve être l’ennemi mortel de l’ex de Hollande, ex qu’il avait soutenue (Hollande, pas Delanoë, ou alors seulement du bout des lèvres, qu’il a de toute façon assez minces, ce qui en réduit encore la capacité de soutien) quand lui-même ne pouvait se présenter contre elle faute d’avoir été soutenu par les électeurs alors qu’il l’avait été par les militants. Etonnant, non? comme eût dit feu Pierre Desproges.

Dans le même temps, les barons régionaux ont décidé de soutenir Ségolène Royal à partir du moment où celle-ci ne fait plus de sa personne un préalable. En d’autres termes, ils soutiennent une motion suscitée par quelqu’un aussi longtemps que ce quelqu’un n’en est plus le leader. Vous avez dit bizarre?

Mais la lutte au sommet du PS ne se limite pas au duel Royal-Delanoë, puisqu’il faut compter aussi avec la motion de Martine Aubry. Laquelle Martine, Madone des 35 heures, a annoncé qu’elle en serait la première signataire. Comme si elle imaginait qu’une motion puisse exister que son propre auteur ne signerait pas. Etrange, n’est-il pas? Aubry sera soutenue par des éléments des courant Fabius et Strauss-Kahn. Quand on sait à quel point ses deux là n’ont rien de commun, sauf une ambition… peu commune, ce qui, en l’espèce, est exactement l’opposé d’une ambition commune, on se dit que Martine ferait bien de se rappeler l’histoire de la corde qui soutient le pendu.

JusMurmurandi se demande avec tout ça qui pourra bien être le prochain premier secrétaire d’un parti qui si fort se bagarre tout en espérant rassembler les Français. L’un des candidats déclarés, Pierre Moscovici, le seul à n’être sur aucune motion (curieux, alors que le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a du choix), se déclare inquiet et perplexe. JusMurmurandi se demande si ce sentiment ne fait pas de Moscovici le seul candidat du PS à avoir garder un semblant de contact avec la réalité.

Fort heureusement, une solution se profile à l’horizon pour le PS. La solution a deux têtes. Non, rassurez-vous, le PS ne se dirige pas (ou alors il se dirige sans le savoir, mais, en fait, on peut se demander si le PS se dirige tout court, vu l’anarchie qui y règne, à moins de dire que, dans l’état actuel des choses, il ne se dirige tout droit vers une nième défaite électorale) vers une solution à deux têtes. Ce sont les deux têtes des flèches de la cathédrale de Reims.

Car c’est à Reims que se tiendra le congrès socialiste. Bien sûr, il serait facile d’évoquer une nouvelle Saint Barthélémy (sauf que là, vu l’émiettement, les protestants risquent d’être tellement majoritaires que ce sont eux qui massacreront les orthodoxes, car on ne voit guère de catholiques à l’horizon) ou une future nuit des longs couteaux (en l’espèce, plutôt la nuit des seconds couteaux). Mais Reims n’est pas n’importe quelle ville. C’est celle, où, à la cathédrale justement, la France sacrait ses rois. Lesquels rois, oints du Seigneur, recevaient la France en partage, ainsi que le pouvoir de guérir les écrouelles.

Vu le marais, ou plutôt le sable mouvant dans lequel s’enfonce le PS, finalement, qu’ils se donnent un monarque pour être le vrai successeur de François 1er (Mitterrand, pas Hollande, car ce François-là a eu toute l’importance historique de François II, connu -tiens donc- avant tout pour avoir été l’époux éphémère de Marie Stuart, au destin -tiens donc- tragique) ne serait pas une si mauvaise idée.

Comment ça se dit, écrouelles, en esperanto?

Allo, mon oncle, Bobo!

septembre 19, 2008 on 6:21 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

On peut pardonner aux financiers qui, cette semaine, ont régressé au stade d’enfants qui ont un bobo et appellent leur mère au secours, tant les marchés financiers ont vu souffler la super tornade Confiance avec une intensité qui a fait craindre l’imminence de l’implosion du système financier mondial.

Implosion qui aurait, par comparaison, sans nul doute réduit la crise de 1929 au stade simple tir de sommation.

Sauf que, dans les films américains sur la Conquête de l’Ouest, ce n’est pas la maman qui arrive pour souffler sur les plaies de son enfant, c’est la cavalerie qui arrive toujours très tard, mais jamais trop tard.

Là encore, jeudi, la cavalerie est arrivée. Et au lieu de maman, c’est l’Oncle Sam, le richissime Oncle d’Amérique, qui va nettoyer les ruines laissées par les folies de banquiers qui ont, une fois de plus, oublié que les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel.

Bien sûr, il reste à l’Oncle Sam à mettre ses intentions en actes, rapidement et efficacement, ce dont on ne peut préjuger.

Mais JusMurmurandi ne va pas nier le soulagement qu’apportent les quelques 1 000 000 000 0000 dollars que va apporter sous une forme ou une autre le contribuable américain.

Les boursiers sont du même avis, avec des hausses sans précédent en Europe. A titre d’exemple, le titre du Crédit Agricole a gagné 25% en une journée! Si les boursiers sont acheté, c’est qu’ils ont confiance. Et la confiance, c’est ce qui a si cruellement manqué dans la crise de ces derniers jours. Plus que l’argent, c’est le vrai carburant de notre société, que ce soit pour la politique d’un gouvernement ou la solvabilité d’une banque.

Néanmoins, JusMurmurandi ne peut que clouer à son pilori tous ces seigneurs de la finance qui ont, avec un sens très aigu de leurs intérêts faits de méga-profits et de giga-bonus, créé ce qu’on ne peut appeler qu’un vrai merdier, et qui, ayant tant et si fort joué que leur jouet se soit cassé, ont sans la moindre vergogne appelé la puissance publique à leur secours.

L’ironie cruelle de l’historie est réservée aux actifs de Lehman Brothers, en liquidation, à leurs actionnaires lessivés, à leurs employés licenciés, aux actionnaires évincés de AIG, à tout Merril Lynch qui s’est bradé en urgence. S’ils avaient tenu simplement 4 jours de plus, ils auraient, eux aussi, été sauvés par l’Oncle Sam.

Il est à craindre que, loin de se repentir de leurs fautes, ils ne se considèrent comme des victimes d’une injustice, puisque d’autres, aussi coupables qu’eux, s’en sortiront avec leur argent et leur emploi intacts, à défaut de leur réputation.

Heureusement, nous sommes aux États-unis, où il y a des avocats pour plaider toutes les causes, même les plus oiseuses, ils pourront se lancer dans d’interminables procédures pour faire valoir leurs droits à être sauvés comme tous les autres.

Car si, en France, nous avons inventés, sous la Révolution Française, les Droits de l’Homme, sous Simone Veil le droit à l’avortement et sous Chirac et Villepin (chacun fait ce qu’il peut) le droit opposable au logement, sous Bush les Etats-Unis ont inventé le droit d’être sauvé quelles que soient les folies qu’on a commises…

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