Un nouveau marché locatif?

janvier 30, 2013 on 11:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Incongruités, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Un nouveau marché vient de s’ouvrir. En période de crise économique, comment ne pas s’en réjouir? Sauf, que, là aussi, il ne s’agit pas de « made in France » si cher à Arnaud Montebourg, mais d’une importation. D’une importation de bébés, en l’occurrence.

Par une circulaire, Mme Taubira, Garde des Sceaux, jamais en retard d’une provocation, enjoint à l’administration de donner la nationalité française à des enfants de parents français, mais issus de gestation pour autrui, aussi appelée GPA, c’est-à-dire de mères porteuses.

Ceci est intéressant et révélateur à plus d’un titre.

D’abord parce que les opposants au mariage dit « pour tous » n’ont cessé de clamer que ce droit au mariage ne serait que la première étape de la satisfaction donnée aux revendications du lobby gay, avec la PMA et la GPA à suivre. Le gouvernement n’a cessé de dire que c’était faux et représentatif de la désinformation répandue par les anti-mariage gay pour faire peur aux Français. Dont acte, on voit maintenant avec la circulaire Taubira qui dit la vérité et qui ment froidement et sans vergogne.

Ensuite, parce que, sur le plan juridique, et Mme Taubira est Garde des Sceaux, donc concernée au premier chef, la GPA est interdite en France. Légaliser les GPA effectuées à l’étranger revient donc à dire « faites, mais pas chez nous ». Une position identique à celle d’un gouvernement français qui laissait faire les avortements à l’étranger tout en les réprimant en France. Cela renvoie Mme Taubira à une époque d’hypocrisie d’Etat qu’on pouvait croire dépassée depuis 50 ans.

Plus curieux encore, cela institutionnalise une pratique qui sera réservée aux riches, car une GPA à l’étranger, c’est cher, et en maintient l’interdiction aux pauvres. Et cela veut dire que les femmes riches pourront faire « travailler » le ventre des femmes pauvres, car pourquoi le feraient-elles si ce n’est pas besoin d’argent. Pas très social ou socialiste, tout ça…

Enfin, et le plus caricatural, Mme Vallaut-Belkacem, Ministre du Droit des Femmes veut interdire la prostitution, au motif qu’elle est une dégradation lamentable de la condition féminine. Vendre son corps (lire, louer pour quelques moments son vagin, pour être précis) ne serait pas acceptable, mais déshonorant. En revanche, pour sa collègue, Mme Taubira, louer son utérus pour quelques mois ne serait pas déshonorant du tout, puisqu’il faut en légaliser le fruit.

JusMurmurandi se dit que décidément, dans l’équipe Hollande, beaucoup de ministres ne sont pas prêts de partir en vacances ensemble. On avait déjà Montebourg et Moscovici ou Ayrault, Taubira et Valls, on a maintenant la même Taubira et Vallaut-Belkacem.

Il faut dire qu’avec Ségolène et Valérie, on ne peut pas dire que Hollande soit un maître dans l’organisation de la cohabitation apaisée…

Anne d’Arc?

janvier 28, 2013 on 9:50 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, Anne Lauvergeon est une exception dan le paysage économique et patronal français. D’abord parce que c’est une femme, catégorie très minoritaire. Ensuite parce que, parmi celles et ceux qui ont navigué à cheval sur les postes politiques et économiques au plus haut niveau, elle n’est pas énarque ayant fait Normale Sciences et l’Ecole des Mines.

Ayant été le dernier « sherpa » de François Mitterrand, elle est nommée en 1999 à la tête de la Cogema, qu’elle contribue à transformer en Areva, et gagne le surnom d’Atomic Anne pour sa fervente défense de l’énergie nucléaire.

Non renouvelée à la tête d’Areva sur décision de Nicolas Sarkozy malgré des réseaux de soutien, notamment les ingénieurs des Mines, qu’on dit les plus puissants de France, elle est depuis en attente d’un poste à la hauteur de ses compétences et capacités manifestement exceptionnelles.

Ainsi, son nom a été cité comme devant prendre la tête, successivement de rien moins que  d’EDF, de la Banque Publique d’Investissement, de France Télécom-Orange, et maintenant d’EADS. Soit les postes de dirigeants des plus belles entreprises françaises dans tous les domaines, avec le soutien semble-t-il de François Hollande. Ce qu’on peut comprendre quand on voit les points communs entre Atomic Anne et les deux femmes de « de caractère » qui ont partagé la vie hollandaise, Ségolène Royal et Valérie Trierweiler.

JusMurmurandi se pose une question simple. Le bilan de ses années à la tête d’Areva justifie-t-il cette candidature? Avec, entre autres « menus problèmes »,

- des dérapages de coûts et de délais vertigineux des chantiers des deux premiers réacteurs de nouvelle génération, l’EPR, censés être les joyaux du catalogue Areva, en France et en Finlande

- une acquisition de mines d’uranium, Uramin, qui s’est révélé valoir si peu qu’il a fallu passer après son départ une perte de plus d’un milliard d’euros pour la ramener à une plus juste valeur

- une lutte franco-française avec EDF pour la maîtrise de la filière nucléaire, lutte fratricide qui n’est pas pour rien dans la perte du contrat de 4 réacteurs à Abou Dhabi, contrat pour lequel la France était archi-favorite

Ceci ne signifie pas qu’Anne Lauvergeon soit une nullité parce qu’elle a commencé par la très haute fonction publique à caractère politique. Après tout, cette filière a donné d’aussi brillants dirigeants que Jean Peyrelevade, qui a sauvé le Crédit Lyonnais ou Louis Gallois, qui a fait d’EADS le N°1 mondial de l’aviation civile. JusMurmurandi choisit exprès deux exemples de patrons de gauche pour bien montrer que ceci n’a aucun caractère politique gauche/droite.

Ceci ne signifie pas non plus qu’Anne Lauvergeon soit une nullité parce qu’elle est une femme. Il suffit de se souvenir de Margaret Thatcher ou d’Angela Merkel pour voir que les femmes sont tout aussi légitimes que les hommes à occuper le postes les plus exigeants de la planète. JusMurmurandi choisit exprès deux exemples de dirigeants de droite pour bien montrer que, si la gauche peut compter des personnes de très grand talent, elle n’en a pas le monopole non plus.

Mais ce qui est proprement (ou salement, c’est comme on voudra) révoltant, c’est que voilà une personne dont le bilan à a tête d’Areva est loin d’être à la hauteur des postes auxquels il semble qu’elle soit appelée par des voix aussi mystérieuses que celles qui disaient à Jeanne d’Arc d’aller sauver la France.

Et  ceci n’a pas l’air de revêtir la moindre importance dans la désignation des plus grands dirigeants français. Beaucoup moins en tout cas que la puissance de mystérieux réseaux de soutien d’une oligarchie qui se perpétue sans aucune vergogne pour l’état dans lequel ils contribuent chaque jour un peu plus à mettre la France.

En attendant, si JusMurmurandi n’attend pas d’Anne Lauvergeon qu’elle sauve la France (nous avons déjà Arnaud Montebourg pour cela, donc notre avenir est assuré), nous ne conseillons pas non plus de la brûler sur un bûcher en place publique à Rouen. Il y aurait trop à craindre que les fumées soient radio-actives, et Rouen a déjà eu son nuage toxique…

Non, en fait, JusMurmurandi n’a rien contre Anne Lauvergeon. Mais tout contre un système qui veut à toute force promouvoir l’une des siennes à n’importe quel poste pourvu qu’il soit très important et permette la promotion d’autres de ses membres. Ce qui n’est pas exactement la définition de la méritocratie que JusMurmurandi appelle de ses voeux.

Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’Anne Lauvergeon est une femme de grand mérite au motif qu’elle a fait de brillantes études. Jean-Yves Haberer aussi, qui a ruiné le Crédit Lyonnais. Le mérite, ce ne sont pas les études, c’est ce que les études permettent à certains d’accomplir. Ce qui n’est pas la même chose, même si en France une certaine caste feint de l’ignorer.

 

A la retraite à Vichy ?

janvier 22, 2013 on 7:39 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | 2 Comments

Il y a 50 ans aujourd’hui que les deux féroces ennemis d’hier signaient le traité d’amitié franco-allemande. L’anniversaire de cet évènement sera célébré avec flons-flons  et discours, comme ayant été la base de la création européenne.

En ce jour où, donc, nous voudrions tous nous réjouir, JusMurmurandi choisit de dire que, plus encore que le rapprochement franco-allemand, ce qui compte vraiment, c’est la paix. La paix entre la France et l’Allemagne depuis 67 ans. Une durée record, sans précédent depuis des siècles.

Sauf, que, par un clin d’oeil ironique, 67 ans, c’est aussi, en France comme en Allemagne, l’âge de la retraite. Et, par bien des côtés, le couple franco-allemand semble avoir atteint l’âge de la retraite, ou du divorce. Ce, pour une raison simple: ils n’ont plus envie de vivre la même chose.

Les Allemands sont conquérants, sur le plan économique s’entend, et enregistrent succès sur succès. Le chômage est à 5,5% de la population active, les comptes extérieurs et l’emploi sont à des niveaux record, et les comptes publics sont à l’équilibre.

Les Français sont tétanisés à l’idée du moindre effort, de la moindre réforme, et consacrent toute l’énergie à s’y opposer qu’ils ne consacrent plus au travail. Tous ne rêvent plus que d’être fonctionnaires, payés par les impôts des autres. Le chômage dépasse 10%, et les comptes publics et sociaux sont en grave déficit malgré des hausses d’impôts sans précédent. Sans compter une croissance en panne.

Seuls des aveugles et des idiots peuvent ne pas voir qu’un tel écart est totalement incompatible avec le long terme, et que le couple vit ses dernières années. En 2003, le chancelier Schröder, socialiste allemand, et le Président Chirac, censément de droite, se mirent d’accord pour un programme de réformes pour adapter leurs pays respectifs à la donne du siècle qui commençait. Schröder le mit en oeuvre, ce qui lui coûta de perdre les élections deux ans plus tard, mais fonda le redressement allemand. Chirac, comme le raconte Schröder, ne fit rien.

La France vient d’élire le Chirac de gauche, qui pense qu’augmenter les impôts règle les déficits tout en dispensant des réformes. Ce qui provoque, entre autres, un exode des entrepreneurs comme la France en a déjà connu deux fois, avec les résultats que l’on sait: à la révocation de l’Edit de Nantes, et à la Révolution.

Une chanson emblématique de la réconciliation allemande a été le célèbre « Göttingen », de Barbara, d’autant plus capable de dire que l’Allemagne était redevenue « fréquentable », que la chanteuse était juive. Bientôt, parce que c’est la seule chose qui ne peut nous être enlevée, nous ne serons plus que cela pour nos voisins allemands: un endroit de villégiature « fréquentable », où il viendront en cure thermale dans une ville symbolique de l’asservissement consenti des Français à la toute-puissance allemande.

Vichy!

Eckert contre Depardieu, ou comment les socialistes n’ont décidément rien appris de Karl Marx

janvier 6, 2013 on 11:03 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

La Russie, n’en déplaise à Gérard Depardieu, n’est pas une grande démocratie. Il suffit de consulter, entre mille, l’affaire Magnitsky pour en être convaincu. Le fait qu’il ait des amitiés douteuses dans l’ex U.R.S.S. ne fait pas de Depardieu un moins immense acteur, ni aussi une P.M.E. à lui tout seul. Et n’enlève rien à son droit d’aller en Belgique ou en Russie si bon lui semble d’exercer sa liberté. Droit, qui on le rappelle, est le premier des trois mots inscrits sur chaque bâtiment de l’Etat français, donc mot qui devrait être chéri par ceux qui sont payés pour le servir et prétendent le faire.

En face, Christian Eckert, rapporteur général (PS) de la Commission des Finances. C’est un poste important qui a été confié à ce professeur agrégé de mathématiques. Il s’est déjà signalé à l’attention de JusMurmurandi en voulant taxer les objets d’art et de collection à l’ISF, insensible aux ravages que cela causerait aux collections détenues en France, qui font partie de notre patrimoine artistique. La froideur et le détachement avec lesquels il en a parlé à l’époque de sa tentative infructueuse rappelait un certain « la République n’a pas besoin de savants » qui a précipité l’immense Lavoisier à la guillotine de la Révolution.

Cette fois-ci, non content de brocarder l’acteur émigré avec une violence jacobine, il livre sa pensée sur la fameuse taxe à 75%, dont il dit, pour expliquer qu’elle était importante alors même qu’elle n’allait presque rien rapporter, que « ce n’était pas une taxe tant qu’une amende ». C’est impressionnant de candeur de voir un homme parvenu  à ce niveau de responsabilités et de pouvoir raconter n’importe quoi sans en être conscient ni que son entourage ne le protège de ses propres inepties.

Pour M. Eckert, donc, élu de la République, et donc membre d’une Assemblée qui vote les lois, un petit cours de droit. Qu’est-ce qu’une amende, en droit français? « Une amende est une condamnation à payer une somme d’argent fixée par la loi ou le règlement à l’administration. Le paiement d’une amende s’effectue auprès du comptable du Trésor public. »

Le mot qui frappe, c’est le cas de le dire, c’est qu’une amende est une condamnation. Cette condamnation provient d’une contravention, d’une infraction ou d’un délit, voire d’un crime. Or, que dit Christian Eckert? Que gagner plus d’un million par an entraîne automatiquement amende, donc que c’est une infraction. Infraction à quoi? A quel article de quel code de droit? A aucun bien sûr, sauf aux désirs du député jacobin, qui les prend pour des articles de droit français.

M. Eckert s’arroge donc le droit, avec ses confrères socialistes de créer des condamnations et amendes pour des faits parfaitement légaux. C’est si monstrueux que la Russie chère à Gérard Depardieu en deviendrait, si on le prenait un tant soit peu au sérieux, par comparaison, exemplaire. Constatons simplement que M. Eckert, professeur de mathématiques, n’est très doué ni pour le français ni pour le droit, et laissons-le à ses vaticinations pleines d’aigreur et de rancoeur.

Car le blog de M. Eckert est éclairant. Sa pensée politique est aussi profonde que sa compréhension du droit. Que dit-il en somme? Que comme les pauvres sont pour lui les plus nombreux, se préoccuper des pauvres c’est se préoccuper du plus grand nombre, et donc intrinsèquement juste et noble.

Sauf que M. Eckert aurait du lire Marx. Et notamment Das Kapital. Evidemment c’est un auteur qui gène plus qu’un peu les socialistes  vu qu’ils ont soutenu pendant des décennies les idées politique qui s’en réclamaient, alors qu’elles n’ont produit que 50 millions de morts au lieu du bonheur promis à l’humanité. Mais ce n’est pas parce que le Parti Socialiste a hâte de faire oublier son passé politique marxiste qu’il faut oublier ce que disait Marx en termes économiques. Et notamment cette définition que personne ne conteste, à savoir que la valeur ajoutée, et donc la richesse, en économie, est la combinaison du capital et du travail.

Sauf que, si M. Eckert est un défenseur passionné des droits des pauvres, il se rend bien compte que la fuite du capital met à mal la création de valeur ajoutée. Et pour un Depardieu, un Bernard Arnault, un Yannick Noah, un Alain Afflelou, un Christian Clavier qui s’en vont, c’est autant de capital en moins, autant d’emplois en moins, autant de revenu fiscal en moins. Bref, autant de moins à redistribuer pour les chers pauvres de M. Eckert, qui en est tout simplement aussi contrarié que furieux. Depardieu emploie, à aujourd’hui, à lui seul, 80 personnes en France. Il a, dit-il payé 145 millions d’euros d’impôts cumulés. Comment faire croire que perdre cette vache à lait économique est une bonne nouvelle pour la France et son « redressement productif »? Et comment faire croire que frapper les gens d’amendes alors qu’ils n’ont rien fait d’autre que de déplaire par leur trop grande réussite ne les fait pas partir?

Même Christian Eckert devrait pouvoir comprendre ces faits simples. Et comprendre que, pour redistribuer aux pauvres et acheter ainsi son élection, il faut avoir encore quelques riches sous la main.