C’était il y a 25 ans…

mai 19, 2008 on 4:50 | In France | Commentaires fermés

Il y a 25 ans, le monde effaré découvrait le SIDA. La liberté sexuelle, une première dans l’histoire de l’humanité, prenait brutalement fin. Une piqure de pénicilline ne pouvait plus remédier à une promiscuité mal inspirée. Il y a 25 ans, c’était 1983. Depuis, pour éviter la terrible maladie, il faut se résoudre à un comportement sexuel plus rigoureux.

1983, c’est donc l’année de la rigueur sexuelle. Mais pas seulement. Car c’est aussi l’année où la gauche française découvre que les illusions lyriques ont un coût, et qu’il faut décréter la rigueur. Et depuis, la société française n’a connu que cela, la rigueur. Rigueur budgétaire, rigueur salariale. Et en dépit des promesses des uns et des autres, les Français ont fini par comprendre qu’il n’existait aucune piqure miracle, aucune pénicilline politique qui remplace cette rigueur-là non plus.

Ce qui fait que la génération née, disons, en 1971 et qui a eu 12 ans en 1983 n’a connu que cela, la rigueur. Car 12 ans, c’est un age où on commence à entendre et à comprendre les conversations des adultes. Donc tout Français de moins de 37 ans ne sait pas qu’il y a eu, avant, un monde d’optimisme, un monde qui ne se contentait pas d’osciller de crise en crise. Un monde où on pouvait envisager des relations intimes sur un autre mode que celui de la préservation.

Étonnez-vous après cela que les Français montrent un pessimisme que les faits seuls ne suffisent pas à justifier. Car, pour sortir d’une crise, quelques années de potions amère, cela peut se comprendre et s’accepter, à la rigueur. Mais 25 ans de promesses politiques non tenues? Cela ne fait pas très rigoureux, pour des politiciens censément chevronnés conseillés par les meilleurs experts.

Contre le SIDA, il y a maintenant les trithérapies. Accueillies comme un véritable miracle par des malades auparavant condamnés, les premières imposaient des contraintes très lourdes et pénibles. Des effets secondaires importants, de très nombreuses pilules à prendre sans faute à toute heure du jour et de la nuit, imposaient un vie de rigueur. Aujourd’hui les traitements sont beaucoup moins contraignants, mais on comprend l’attente d’un vaccin, qui permettrait de se débarrasser de tout risque tout en retrouvant une pleine liberté.

Un vaccin contre les rigueurs du SIDA, c’est une perspective et un espoir magnifiques.

Un vaccin contre la rigueur économique, c’est une illusion vendue par des politiciens comparables aux charlatans qui vendaient des potions dans les pièces de théâtre de Molière.

Depuis 25 ans, on aimerait que de telles potions voient leur date de péremption dépassée.

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