La politique de la France ne se fait pas à la… salle de rédaction

juin 3, 2008 on 5:42 | In France | 2 Comments

En 1966, le Général de Gaulle affirmait que la politique de la France ne se faisait pas à la corbeille (de la Bourse de Paris). Ce qui voulait dire que ses décisions n’étaient pas influencées par les cours de Bourse. Comme il le dit à cette occasion, la Bourse, après avoir été exagérément bonne en 1962, était exagérément mauvaise en 1966.

La cote de popularité de Nicolas Sarkozy, après avoir été exagérément bonne en 2007, est exagérément mauvaise en 2008. En tout cas, si on lit la presse qui, sondage après sondage, éditorial après éditorial, dépeint une situation de catastrophe sur fond de dépression généralisée de tous les Français.

Curieusement, la croissance économique n’est pas en berne, comme ce portrait très noir le laisserait supposer. Tant les chiffres de fin 2007 que ceux de début 2008 sont bien meilleurs que les funestes augures. Qu’à cela ne tienne, répondent les Cassandre de service, cela se verra au deuxième trimestre, car les chiffres ont été, jusqu’ici tirés par les exportations.

Oui, mais voilà, les chiffres du chômage d’avril montrent une poursuite de leur baisse. Pas vraiment de quoi justifier ou annoncer la grande déprime. Peut-être après tout tous ces nouveaux employés travaillent-ils pour les marchés extérieurs? Ce qui serait compatible avec le fait que de plus en plus d’heures supplémentaires sont comptabilisées et défiscalisées, même si cela déplaît à la Presse, à l’Opposition et aux experts.

Alors comment expliquer que les chiffres de ventes de voitures en France en mai montrent une hausse de 7,1%? Qui plus est, ils sont en hausse de plus de 12% à nombre de jours ouvrables égal à 2007. 12% de hausse, ce n’est pas rien pour des français déprimés et traumatisés par un pétrole cher. Surtout pour un achat qui n’est pas un petit montant qu’on dépense par impulsion. Si ce taux est le reflet de la catastrophe économique dans laquelle la Presse affirme que nous baignons, alors vive la catastrophe! Et c’est un chiffre qui en annonce d’autres, car il est difficile d’imaginer que la croissance du deuxième trimestre ne reflète pas, peu ou prou, la bonne tenue du marché automobile. Laquelle croissance va à son tour alimenter le marché de l’emploi.

Les consommateurs français sauraient-ils donc quelque chose que la Presse, les instituts de sondage et les différents experts et oracles ignorent?

Non, tout ceci n’est qu’un rêve, une hallucination, un fantasme déconnecté de toute réalité. Il est évident que tout ce que nous lisons dans les journaux, entendons à la radio et voyons à la télévision est la réalité, et tant pis pour les chiffres. Et il est de plus en plus nécessaire que toute cette information soit la seule source des décisions de l’équipe Sarkozy. Ou alors ladite presse va lui tailler un costume comparé auquel le traitement qui lui est aujourd’hui réservé n’est qu’une aimable plaisanterie.

Sinon, cela prouverait que la politique de la France n’est pas faite à la salle de rédaction. Et cela, c’est insupportable, n’est-ce pas?