Total, EDF, BNP, profits pourris, ou profits Youpi!

février 22, 2007 on 7:18 | In Economie, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Un certain nombre de très grandes entreprises françaises ont annoncé des profits record au titre de l’exercice 2006: Total et EDF dans l’énergie, BNP-Paribas ou la Société Générale dans la banque, entre autres. Beaucoup s’en sont déclarés choqués, et estiment qu’il faudrait les « surtaxer »

Outre qu’il est toujours plus facile de surtaxer les profits des autres que de générer les siens, comme il est plus facile de dépenser l’argent des autres que de gagner le sien, et que les politiciens qui parlent de surtaxe espèrent de cette manière se faire une « cagnotte » pour tenir leurs folle promesses électoralistes, que faut-il en penser?

- d’abord que les profits sont déjà taxés. Et je ne vois personne, hormis les services de MM Breton et Copé pour se réjouir -légitimement- de cette augmentation des rentrées fiscales sans nouveaux impôts. Baisse du déficit, sans impôts nouveaux, rien que du bon.

- ensuite que la part non taxée des profits revient aux actionnaires. Elle-même en deux parts, celle qui est réinvestie, et celle qui est distribuée. Celle qui est réinvestie permet à ces entreprises de poser les bases de profits futurs encore plus élevés, tant pour l’Etat taxeur que pour les actionaires. Ainsi Total pourra reconstituer ses réserves de pétrole, un problème de plus en plus difficile, et EDF pourra remplacer ses centrales nucléaires vieillissantes. Même la gauche socialiste admet l’utilité économique de cet investissement, qui créé à son tour activité économique et emploi

- la part distribuée sous forme de dividendes aux actionnaires est la plus vilipendée: ce seraient des profits qu’on fait « en dormant », par opposition aux profits faits « en travaillant ». Mais ces actionnaires, qui sont-ils? Ce sont en majorité des Français: d’abord les employés de ces entreprises, qui ont pour la plupart acheté des actions au moment de la privatisation de leur entreprise, et puis tous ceux qui préparent leur retraite sous forme d’épargne en actions. Que ce soit sous forme directe, ou indirecte comme de l’assurance-vie. Bref, là encore, même les socialistes concèdent que l’intéressement des employés aux profits d’une entreprise, ainsi que l’épargne-retraite sont de bonnes choses

- enfin, il y a un autre effet dû à ces super-profits: la montée des cours des actions des sociétés concernées en Bourse. Cela augmente le patrimoine des actionnaires, et, grâce à cette augmentation de patrimoine, ils peuvent dépenser plus ou acheter plus. C’est l’effet de richesse, si puissant aux Etats-Unis où l’actionnariat est tellement plus développé qu’en France.

Alors, puisque chaque composant économique de ces super-profits est utile, que reste-t-il comme argument à gauche pour hurler au loup de l’impôt? Serait-ce qu’ils n’aiment tout simplement pas l’argent? Après tout, on pourrait le comprendre de la part de leur électorat souvent fonctionnaire, compte tenu que ceux-ci, qui ne prennent aucun risque, puissent s’irriter que ceux qui en prennent en empochent le fruit. Mais on dit souvent que ce problème avec l’argent est la marque des sociétés catholiques, par opposition aux sociétés protestantes du Nord de l’Europe.

Si c’est le cas, en plus d’avoir la gauche la plus laïque du monde, JusMurmurandi se demande si nous n’aurions pas aussi la plus catholique?

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