Le coût de la démagogie…

juin 18, 2008 on 9:16 | In France | 2 Comments

Alitalia, vous connaissez? Aujourd’hui, la question n’a pas de sens, car tout le monde connaît la compagnie nationale italienne. Mais demain? Car les pertes, déjà d’un million d’euros par jour il y a 6 mois, sont maintenant de trois millions par jour. S’y ajoute la défiance des clients et des fournisseurs, tous sceptiques sur les chances de survie de la compagnie moribonde. Et qui dit défiance, dit recherche d’alternatives, ce qui précipite la chute.

Cette histoire de déconfiture annoncée serait banale si, il y a quelques mois, il n’y avait eu un projet de reprise d’Alitalia. Et pas n’importe quel repreneur: la première compagnie mondiale par le chiffre d’affaires, Air France-KLM. Sauf que les syndicats de l’entreprise ne voulaient pas des suppressions d’effectifs demandés par le candidat repreneur, suppressions acceptées par l’actionnaire principal, à savoir le gouvernement italien de Romano Prodi.

Oui, mais voilà, les élections approchaient en Italie, avec le candidat favori pour remplacer Prodi, Silvio Berlusconi, qui s’est cru obligé d’en rajouter. Et de dire que, lui vivant (et Premier Ministre, cela va de soi), Alitalia ne passerait pas en mains étrangères. Et que de nombreux industriels italiens seraient prêts à assurer le retour d’Alitalia à sa gloire d’antan. Ce qui, bien sûr a renforcé l’opposition des syndicats au plan Air France-KLM. Tant et si bien que celui-ci prit ses cliques et ses claques, renonça à ce qui n’était plus que l’ombre d’une belle italienne, et déclara que celle-ci avait désormais besoin non d’un repreneur mais d’un exorciste!

Le résultat est le triplement des pertes sous le poids du renchérissement du pétrole, consommé sans modération par les vieux avions italiens. Tout se défait, et Alitalia sera bientôt acculée au dépôt de bilan.

Voilà ce que coute un exercice de démagogie sans vergogne. Mais entre temps, Berlusconi aura été élu, et ce n’est pas lui qui aura été licencié. Lesquels licenciements seront beaucoup plus nombreux qu’avec le plan Air France. C’est là tout ce que produit la démagogie: une élection, ou autre prix à court terme, des promesses d’un avenir meilleur, et derrière, comme après une bonne cuite, une formidable gueule de bois.

Voilà qui devrait servir de leçon à tous les politiciens qui se croient habilités à faire croire aux Français que les problèmes de pouvoir d’achat ne viennent pas du prix mondial du pétrole ou des produits agricoles, mais de la politique de Sarkozy: derrière les promesses cyniques, le crash!

Berlusconi

Alitalia

2 commentaires

  1. Cela fait un petit moment que je vous suis.

    Comme d’habitude cette analyse fait preuve de bon sens.

    Mais quid des réactions des syndicalistes de la gôôôche italienne maintenant? Des syndicats italiens qui ont refusés le plan de rachat?

    Commentaire by Sébastien — 19 juin 2008 #

  2. D’abord merci de votre commentaire.
    Ensuite, figurez-vous, les syndicats italiens, on ne les entend pas sur ce sujet.
    Mais cette affaire transcende le clivage droite-gauche, puisque les syndicats étaient d’accord avec Berlusconi pour refuser la loi du marché, que la gauche de Prodi avait acceptée…
    Elle est également encore incertaine. Car le seul repreneur « industriel » italien possible est la petite low-cost Air One. Laquelle compagnie vient de commander 24 Airbus long-courrier, totalement inadéquats pour se slignes actuelles qui sont toutes en court ou moyen-courrier. Est-ce donc pour remplacer les vieux appareils Alitalia, en pariant sur la reprise de l’entreprise, ou pour remplacer Alitalia purement et simplement? Si tant est que quoi que ce soit puisse être pur ou simple dans la vie italienne…:-)

    Commentaire by JM2 — 19 juin 2008 #

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