Visites payantes

juin 22, 2008 on 4:00 | In Best of, France, Insolite, International | Commentaires fermés

Où est Israël ? Non pas « où en est Israël ? », question qui revient sempiternellement dans la presse à la faveur d’un nouvel épisode dans le douloureux feuilleton qu’est la vie de cet Etat si mal accordé à ses voisins. Non, la question est « où est Israël ? »

Si cette question surprenante a un sens, c’est que l’Etat hébreux a été proprement (ou salement, c’est comme on voudra) éjecté en 1974 de tout groupe régional de l’Unesco au motif qu’il n’appartenait à aucune région… Aujourd’hui encore, Israël est le seul Etat membre des Nations Unies à ne pouvoir adhérer à aucun groupe régional, ce qui l’exclut de fait de nombreuses activités, comme aussi de pouvoir être un jour membre du Conseil de Sécurité. Car adhérer à un groupe régional n’est possible qu’avec l’assentiment de tous les autres membres, et Israël a dans chaque groupe au moins un membre qui lui est opposé, ou qui est sensible au pouvoir de ses adversaires. Donc, faute d’être dans une région, Israël n’est nulle part, un Etat SDF…

Ce « problème » revient sur le devant de l’actualité comme un sous-produit du projet de Nicolas Sarkozy d’Union pour la Méditerranée. Car ce projet, qui s’adresse à tous les Etats qui ont un accès à la Méditerranée, incorpore donc Israël. Ce qui ne manque pas de « poser problème » à de nombreux Etats arabes, qui, du coup, ne sont pas sûrs de vouloir participer à ce programme.

En fait, la réponse à la question: « Où est Israël? » est simple, puisque c’est là que va se poser l’avion de Nicolas Sarkozy, pour une visite d’Etat pour laquelle Israël déroule le tapis rouge. Si on peut y poser un avion, c’est qu’on sait très clairement où est Israël.

Ce qui est plus curieux, c’est que le même Sarkozy qu’Israël considère comme le Président français qui en est le plus proche depuis le début de la Ve République est celui qui a fait venir à Paris Muammar Khadafi, le très arabisant leader lybien, et a invité pour le 14 juillet le Président syrien El-Assad, pourtant financier du groupe terroriste Hamas, l’ennemi mortel d’Israël.

Mais Israël est un Etat réaliste. La visite de Khadafi a servi de monnaie d’échange à la libération de 5 infirmières bulgares, et celle d’El-Assad est en échange de l’élection d’un Président à la tête du Liban. Ces 2 visites sont donc des visites que leurs invités ont du payer. Des visites payantes, une forme de tourisme d’Etat en quelque sorte.

Alors que la visite de Nicolas Sarkozy en Israël est gratuite. ce n’est pas du businesss, c’est de l’amitié. Tiens, ce serait la première fois que Sarkozy serait l’ami d’un SDF…

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