Turbulences désormais payantes chez Air France

juin 26, 2008 on 7:29 | In Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

On a depuis de longues années entendu parler des niches fiscales, et encore dernièrement alors que le gouvernement cherche à réduire le déficit. Ces « niches » représenteraient quelque 50 milliards d’Euro.

Mais on n’avait pas encore parlé en tant que telles des niches dites « sociales ». Si elles existent depuis longtemps et ont été pointées du doigt par quelqu’un comme François de Closets avec ses livres « Toujours plus », ou « Plus encore », rien ne semblait bouger quant à leur réduction.

On avait bien vu la remise en ordre des retraites des régimes dits « spéciaux », mais rien en ce qui concerne les avantages qui passaient au travers des mailles du filet de l’Urssaf. Comme s’ils passaient en dessous du faisceau radar.

Les choses là aussi sont en train de changer, et un bel exemple va se voir taxé à partir du mois de juillet prochain (autrement dit mardi).

Les billets à tarif réduit mis à disposition des salariés d’Air France par leur employeur vont ainsi se voir taxés en tant qu’avantage en nature, et imposés comme tels, tant en ce qui concerne l’entreprise que ses salariés qui devront payer des cotisations sociales et mentionner ces avantages sur leur déclaration d’impôt.

Car pour une niche, elle est belle. Les employés (encore en fonction ou en retraite, ascendants et descendants des dits salariés) bénéficiaient non seulement de billets à des prix incroyablement bon marché (jusqu’à dix pour cent de la valeur faciale hors taxes d’aéroport etc.), mais aussi sans que l’Etat ne prélève sa dîme, et donc en franchise de charge ou d’impôt.

Quant on sait que les salariés du privé « normal » doivent déclarer véhicule de fonction bien évidemment mais aussi téléphone portable ou encore ordinateur nomade en tant qu’avantages en nature, JusMurmurandi s’étrangle à l’idée qu’ un Paris New York à environ 150€ puisse passer entre les mailles du filet de Bercy.

Mais bon, on sait que les efforts, l’égalité,  c’est toujours pour les autres et les syndicats ont tôt fait de monter au créneau pour désigner ces GP (acronyme pour billets à gratuité partielle) comme faisant partie des acquis sociaux essentiels.

Car un précédent comme celui d’Air France pourrait ouvrir des chantiers équivalents à la SNCF, EDF par exemple, transformant ce léger trou d’air en turbulences majeures pour les syndicats.

Pour le personnel d’Air France qui se vante dans sa publicité de faire du ciel le plus bel endroit de la terre, le retour à la réalité risque d’être bien plus dur qu’un « kiss landing ».

Les salariés d’Air France ne vont plus croire au Père Noël…

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