Iznogoud à la Télé (II)

juin 27, 2008 on 7:47 | In Best of, France, Incongruités | Commentaires fermés

Alors que le concert des protestations du microcosme parisiano-politico-médiatique (lire: les gens qui se croient importants, surtout s’ils sont intellectuels et/ou de gauche. Oui, je sais, c’est du pléonasme à répétition) se concentre sur la nomination en Conseil des Ministres du futur patron de l’audiovisuel public qui risque, sait-on jamais, d’échapper à un membre du microcosme parisiano-politico-médiatique, JusMurmurandi voudrait poser une question tellement simple et basique que nous vous en présentons par avance nos excuses, cher lecteur.

Si les chaînes commerciales continuent, comme par le passé, à mettre un très substantiel écran de publicité entre la fin du journal télévisé de la Une, vers 20h35, et le début des programmes de grande écoute, vers 20h55, et si, dans le même temps, la 2 fonctionne sans publicité, il va y avoir un temps de 20 minutes pendant lequel les téléspectateurs vont avoir le choix (je schématise en réduisant à 2 chaines, mais la problématique est la même avec l’ensemble du PAF) de regarder la pub sur la Une, ou un programme sur la 2.

La 2 aura donc une opportunité de séduire les téléspectateurs compte tenu que la pub est, pour beaucoup, un programme subi parce qu’imposé partout à la même heure, plutôt qu’un choix (notez la litote). Si on calcule le nombre très élevé de téléspecteurs qui voudont « tâter de la 2″ pendant que TF1 fait sa pub, on voit qu’une gigantesque opportunité de capturer de l’audience existera. Car aujourd’hui les programmes démarrent au même moment, ce qui oblige à choisir sur papier, ou par habitude. Demain on va tester. Voilà qui ne fera pas forcément les affaires de la Une.

Plus amusant encore, imaginons, par pur esprit de taquinerie, que de nombreux téléspectateurs choisissent en fait la 2 rien que pour éviter la pub de la Une, quitte à revenir sur la Une après, cela va faire baisser les téléspectateurs pour les annonceurs de la Une. Lesquels annonceurs en tireront implacablement les conséquences, au plus grand dam de la Une, qui n’en a déjà pas besoin.

Evidemment, lesdits annonceurs ne renonceront pas à faire de la publicité pour autant (sinon ils cesseraient d’être des annonceurs, dirait M. de la Palice). Ils transfèreront tout bonnement leur publicité sur d’autres créneaux et supports, comme les journaux, qui en ont fort besoin, pris qu’ils sont dans le triple étau des lecteurs insuffisamment nombreux car ils trouvent ailleurs le contenu qu’ils veulent, la concurrence d’internet où tout est instantané et gratuit, et des charges que tout concourt, notamment les avantages exorbitants du statut de journaliste, et le coût de la CGT du livre et des NMPP, à rendre mortels pour les entreprises de presse.

Et alors que le cirque parisiano-politico-médiatique (vous savez déjà qui en sont les artistes, clowns, dompteurs et autres contorsionnistes) accuse Nicolas Sarkozy d’avoir fait un cadeau à son ami Martin Bouygues, voilà qu’en fait cela pourrait coûter à ce dernier des millions de téléspecteurs au moment le plus critique de la journée en termes de rentrées publicitaires.

Ce que Sarkozy sait, bien entendu, lui qui n’a déjà pas fait de cadeau à son ami Lagardère

Bref, comme on le voit, comme Cyrano, on pouvait dire… bien des choses en somme. Mais pour cela, il eût fallu s’intéresser au monde réel, vous savez, celui où il y a des téléspectateurs, des boutons de télécommande pour changer de chaîne, des choix faits par des annonceurs. Un monde réel où les décisions ont des conséquences.

Ah oui, j’oubliais. Pourquoi Sarkozy veut-il que le patron de l’audiovisuel public soit nommé en Conseil des Ministres? C’est pour succéder lui-même à PPDA, sans aucun doute…:-) Vous voyez, quand je vous disais que la seule chose qui intéresse le microcosme, c’est la nomination du patron…

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