La capitale de l’Europe n’est pas Bruxelles, mais Munich
juin 30, 2008 on 7:57 | In Best of, Europe, France, International | Commentaires fermésMunich, 1938. Un souvenir douloureux et tragique pour tous les Européens. Le symbole de la capitulation et de la lâcheté face à un adversaire qui « met la pression ». Malheureusement, de nombreux exemples montrent que l’Europe, trop souvent, et sur des sujets essentiels, n’a rien compris et rien appris.
Encore récemment, JusMurmurandi se faisait l’écho de l’autorisation donnée par l’UE aux Américains d’exporter vers nous leur poulet lavé au chlore, chose interdite en Europe, comme auparavant leur boeuf aux hormones, lui aussi interdit en Europe.
Mais maintenant c’est encore nettement plus grave. L’Union Européenne va donner son accord à un transfert vers les agences de sécurité américaines de données confidentielles sur ses citoyens. Historique de voyages, achats par cartes de crédit, navigation sur Internet, tout ceci sera accessible aux autorités américaines. Tout ceci au nom de la lutte contre le terrorisme, bien sûr.
Il n’est pas question de nier le traumatisme américain devant le drame du 11 septembre. Même si l’inepti, l’incompétence aggravée des agences de sécurité américaines -les mêmes qui vont, demain, disposer de vos données électroniques les plus intimes- ont été clairement mises en lumière dans le déroulement de ces attentats.
Mais cela ne justifie pas tout. Dans des milliers de cas, des citoyens innocents ont été mis sur la liste américaine des personnes interdites de vol. Soit par erreur d’identification, soit par homonymie, soit par erreur de traduction de leur nom écrit dans un autre alphabet, et ainsi de suite. Et s’il est très facile de se retrouver ainsi sur une de ces listes, il est extraordinairement difficile de s’en faire retirer, ce qui cause des dégâts souvent irréparables à l’emploi et à la vie de ceux qu’il faut bien appeler des victimes de l’administration américaine.
Dans la plupart des pays européens, une agence indépendante est là pour, le cas échéant, obliger une administration qui a fait une erreur dans le traitement des données privées à la réparer. Une telle agence n’existe pas aux Etats-Unis.
Les Américains ont cependant un recours dans ce cas, la voie judiciaire, au titre du Privacy Act de 1974, mais celui-ci ne n’étend pas aux étrangers, et les Etats-Unis refusent cette demande auropéenne.
En d’autres termes, les Européens ont aujourd’hui plus de protection face à d’éventuels excès ou ereurs à leur détriment par leur gouvernement qu’ils n’en auront demain face à un gouvernement étranger. Et l’Etat Américain trouve parfaitement normal de ne pas donner aux Européens le recours auxquel ont droit les Américains face à ces situations.
Les Américains mettent visiblement en oeuvre un système de « 2 poids et 2 mesures ». Ce qu’en d’autres temps on appelait colonialisme ou impérialisme. On sait comment cela a fini.
Quant aux Européens, faut-il qu’ils acceptent au nom de la nécessité de trouver à tout prix un accord avec les Etats-Unis qui, sinon, pourraient purement et simplement interdire les voyages aux USA, inscrire d’office sur la liste terroriste, et autres sanctions invraisemblables?
Peut-être, pour avoir écrit cet article, les auteurs de JusMurmurandi pourraient en être frappés. Peut-être, pour l’avoir lu, vous aussi.
Faut-il vraiment que la capitale de l’Europe soit à Munich?
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