Responsable et coupable, o tempora, o mores

juillet 1, 2008 on 7:26 | In France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Le tragique incident qui a eu lieu à Carcassonne a profondément troublé l’été qui finissait par arriver.

Comment a-t-on laissé un exercice militaire destiné à mettre en avant la compétence de nos troupes d’élite (le régiment en question faisait partie de ceux qui héroïquement sont allés à Kolwezi pour sauver nos compatriotes il y a exactement trente ans) aboutir à ce que les soldats mettent les spectateurs dans leur ligne de mire?

Comment un sergent a-t-il pu, lors de cet exercice, avoir sur lui des balles réelles, en plus de ses balles à blanc ?

Comment enfin a-t-il pu introduire le chargeur dans son pistolet mitrailleur sans se rendre compte qu’il s’agissait de balles réelles ?

Et certainement encore de nombreuses questions auxquelles JusMurmurandi n’a pas l’ambition de répondre. C’est là la mission de la justice.

Mais il est un fait qui d’une certaine façon montre qu’il y a un changement de mentalité. A dessein, nous n’utiliserons pas le mot rupture.

Quelques heures après les faits, le Général d’armée, Chef d’Etat Major de l’armée de terre a démissionné.

Encore une fois, il ne nous appartient pas de porter un jugement sur les états de service de Bruno Cuche, qui, à soixante ans, était de toute façon à un âge proche de la retraite.

Les états de service publiés par la presse font son éloge.

Mais le fait qu’il ait présenté sa démission au commandant en chef des armées, le Président de la République, est un changement bienvenu de ces mentalités qui aboutissaient à une manipulation de langue française, pour arriver à des aberrations aussi scandaleuses qu’inacceptables.

JusMurmurandi pense par exemple à cette phrase insupportable de Georgina Dufoix, ancienne Ministre de la santé qui se déclara responsable mais pas coupable en pleine désastre du sang contaminé.

La démission de Bruno Cuche montre que c’est un homme d’honneur, mais aussi que lorsque l’on échoue, indirectement ou directement, on n’est pas simplement concerné, telle la poule dans l’omelette au lard.

Tel le cochon, on est impliqué.

On assume.

Cela change de ces mœurs politiques où l’on pouvait tout se permettre.

Alors que les ministres de sa Gracieuse Majesté britannique démissionnaient parce qu’ils avaient une maîtresse, la France célébrait les familles réunies, entre l’officielle et l’officieuse, lors de l’enterrement de François Mitterrand.

Il était temps que cela change.

Que l’ordre juste prévale. Merci à Bruno Cuche de montrer l’exemple.