Sarko et ses Drôles de Dames

juillet 9, 2008 on 9:08 | In France | Commentaires fermés

La présidence Sarkozy semble jusqu’ici rythmée par des épisodes féminins.

Le final de son élection bruissait de rumeurs concernant son épouse Cécilia, qui n’aurait pas voté pour lui au second tour, puis se serait abstenue également à la soirée de victoire.

Mais déjà sa campagne avait été marquée de manière très inhabituelle par la double promesse de faire libérer les infirmières bulgares et Ingrid Betancourt. Une double promesse d’autant plus risquée qu’elle serait à la fois très difficile à tenir, vu que les unes et l’autre étaient prisonnières depuis des années, et électoralement stérile. Bref, l’inverse de ce qu’il faut faire, semble-t-il, en campagne, à savoir des promesses à la fois électoralement payantes et faciles à tenir.

Mais la libération, contre toute attente, des infirmières bulgares a marqué un réel succès pour le Président, succès que le PS a tenté en vain de masquer en affirmant que toute le travail avait été fait par ailleurs, que la France avait payé trop cher cette libération et en demandant une commission d’enquête parlementaire sur le rôle qu’avait joué Cécilia Sarkozy.

Cette fois-ci les Dames du Président parcourent des chemins contraires. Marina Petrella, terroriste des Brigades Rouges condamnée par la justice italienne, va être extradée vers son pays, tandis qu’Ingrid Betancourt, libérée des griffes des FARC retrouve la France après 6 ans de détention.

Et, dans les 2 cas, le PS râle.

Il râle contre le fait que Nicolas Sarkozy ne se sente pas contraint d’honorer la promesse qu’aurait faite François Mitterrand aux extradables italiens de pouoir rester en paix en France. C’est oublier que la loi s’applique à tous, même aux Présidents. Il faut dire que c’est un principe dont François Mitterrand s’est souvent auto-exempté.

Il râle, par la voix aigre et discordante de Ségolène Royal pour dire que, finalement, Nicolas Sarkozy n’a joué aucun rôle dans la libération d’Ingrid Betancourt, dont le mérite revient une brillante intervention de l’armée colombienne.

C’est oublier au moins 3 aspects de cette libération.

L’un, c’est que les FARC sont une troupe de guerilleros de gauche, soutenue par le cubain Castro et le venézuelien Chavez, amis des amis de Ségolène, à savoir les Présidents brésilien Lula, argentin Kirchner et chilien Bachelet, alors que les amitiés sarkozystes vont beaucoup plus du côté du colombien Uribe, qu’en son temps la gauche a traité d’assassin.

Le deuxième, c’est que l’action véhémente de Nicolas Sarkozy a donné au cas d’Ingrid Betancourt une visibilité et un poids nouveaux sur l’échiquier international. Ses négociations tous azimuts, son offre d’aller lui-même la chercher dans la jungle colombienne, alors même qu’il n’avait rien à y gagner mais beaucoup de coups à prendre, ont fait beaucoup pour relancer la cause de cette libération et la faire avancer.

Le dernier aspect, et le plus étrange, dans la protestation de Ségolène Royal n’est pas qu’elle l’ait fait à partir du Quebec au lieu d’y célébrer comme c’était la mission qu’elle s’était donnée, la présence française, ce qui n’est après tout qu’une impolitesse envers les québécois, mais pas trop grave puisque ceux-ci ne votent pas en France. C’est que Ségolène ne choisisse pas dans cette affaire tout ce qui la rapproche d’Ingrid Betancourt, comme elle femme en politique et candidate à la Présidence de la République, mais tout ce qui la sépare de Nicolas Sarkozy.

Peut-être est-ce pour tenter d’oublier ou de faire oublier ses propres déclarations, « qu’aucune femme politique n’avait été autant attaquée qu’elle »?

Il est vrai que la comparaison entre la stature d’Ingrid Betancourt, héroïne sortie de la jungle pour avoir pris des risques assumés malgré des années de chaînes, et celle de la Madone de la Bravitude pour avoir gravi la Grande Muraille peut donner envie à cette dernière de passer rapidement à autre chose…

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