La cuiller de Sarko

juillet 14, 2008 on 4:12 | In France | Commentaires fermés

Le proverbe dit que qui veut dîner avec la Diable doit user d’une longue cuiller. Bachar El-Assad n’est pas le Diable, mais quand même quelqu’un de guère recommandable. Fallait-il donc l’inviter à Paris et le faire assister au défilé du 14 juillet, lui dont le père et prédécesseur fit (entre autres) assassiner l’Ambassadeur de France Louis Delamare? Lui dont le régime soutient le Hizbollah libanais, ce pauvre Liban où ont péri sous les bombes des fanatiques islamistes pro-syriens 58 paras français, doit-il voir les compagnons de ses victimes lui rendre les honneurs?

Il va sans dire que toute l’opposition à Sarkozy s’en est donné à coeur joie sur ce thème, et en a fait des tonnes dans le registre du « il n’est quand même pas fréquentable ». Après Khadafi, El-Assad, décidément, Sarko n’aurait-il aucune fierté? Et il va même aller en Chine pour inaugurer les Jeux Olympiques. Ah non vraiment, Sarko n’est pas digne d’être Président! Il faut dire que c’est tellement facile de jouer les bonnes et belles âmes quand on n’a qu’à critiquer, alors que le Président, lui, doit gérer le pays et les réalités, parfois amères, de la politique internationale.

C’est oublier un peu vite ce qui se passe vraiment. Le défilé du 14 juillet se déroule le lendemain de la clôture du premier sommet de l’Union pour la Méditerranée. Un concept défendu par le seul Nicolas Sarkozy, envers et contre tous. Contre les pays riverains qui n’en veulent pas. Contre Bruxelles, qui y voit une menace contre l’Union Européenne, contre les Allemands qui se sentent exclus. Contre les Américains, qui sont contre tout ce qu’ils ne contrôlent pas.

Eh pourtant, ce sommet a eu lieu, et presque tous les chefs d’Etat étaient là. Et notamment, à la même table, JusMurmurandi a noté la présence, pourtant réputée impossible au milieu de tant de chefs d’Etats arabes, de l’israélien Olmert. A la même table qu’El Assad, justement, alors que, techniquement, l’état de guerre perdure entre Israël et la Syrie. Une présence commune sans précédent. En diplomatie, une manière de miracle.

Alors, cela valait-il la peine de recevoir l’affreux syrien, si cela a permis d’avoir un Président au Liban et de l’asseoir à une table commune avec son homologue israélien?

JusMurmurandi a bien noté que, pour éviter toute provocation, Ehud Olmert était assis entre l’italien Berlusconi et le grec Caramanlis, bien loin des chefs d’Etat algérien, tunisien ou justement syrien.

C’est dire si les cuillers de Nicolas Sarkozy et Ehud Olmert avaient les moyens d’être bien longues.

La gauche devrait méditer sur le fait que cet ustensile si utile sert aussi à l’expression « cuiller de bois », utilisé en sport pour désigner une équipe qui a ramassé une raclée. Comme d’avoir perdu 3 élections présidentielles et 2 législatives consécutives, par exemple.

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.