Airbus: faire voler un plus lourd que l’air?

mars 2, 2007 on 1:23 | In Economie, Elections présidentielles 2007, France, International | Commentaires fermés

Pour faire voler un avion, il faut dépasser le paradoxe apparent qui consiste à faire voler du métal, c’est-à-dire un matériau beaucoup plus lourd que l’air. Et pour qu’il vole plus vite, plus loin, et plus économiquement, le constructeur tente de l’alléger au maximum sans dégrader le coefficient de sécurité.

Il en va de même de toute entreprise, et, aujourd’hui, de l’entreprise Airbus. Le plan d’économie Power 8, dont tout le monde parle sans l’avoir jamais vu, passerait par 10.000 suppressions d’emploi. Et les politiques de tous bords de se tordre les mains de douleur apparente, et de dire qu’ils feront tout pour que cela ne fasse finalement pas mal….

Outre les évidentes questions que JusMurmurandi a déjà posées sur le rôle d’un Etat actionnaire (ici il y en a même 2, plus un Etat client, ce qui fait beaucoup), JusMurmurandi pose une question simple: Power 8 établit-il qu’on peut produire les mêmes avions avec 10.000 personnes de moins? Si oui, il sera impossible de les garder pour la raison évoquée plus haut. Les compagnies aériennes ne voudront pas payer leurs avions plus chers simplement parce que Airbus emploie 10.000 personnes de plus que ce qui est réellement nécessaire pour développer, produire et maintenir ces avions.
Car la restructuration d’Airbus a ceci d’inhabituel qu’il ne s’agit pas d’une entreprise qui doit réduire la voilure pour faire face à une baisse de ses commandes. Au contraire, le carnet est plein pour des années. Il s’agit donc de choisir quel niveau de productivité Airbus atteindra pour réaliser ce carnet de commandes et en prendre de nouvelles. Et syndicats et politiques de gauche voudraient qu’Airbus emploie plus de gens que nécessaire pour éviter le plan social actuel. Quitte à ce que, bien sûr, ce moindre niveau de productivité se traduise par un moindre niveau de compétitivité face à Boeing. Donc à de moindres commandes pour l’avenir. Et donc à de plus gros problèmes à terme.

Et fait, ce qui est posé ici est très exactement la même problématique que celle de la dette publique en France, ou celle des retraites. Notre classe politique choisit systématiquement de privilégier le présent sur l’avenir. On gonfle la dette pour financer une augmentation des dépenses. On ne réforme pas les retraites pendant 5 ans de dynamisme économique (Jospin 1997-2002) pour ne pas faire de peine aux électeurs. Et on promet toujours et toujours plus dans la campagne électorale, alors que les marges de manoeuvre financières ont été dépensées il y a déjà belle lurette.

Il ne faut donc pas s’étonner que les Français n’aient pas confiance en l’avenir. Eux, qui sont beaucoup plus réalistes que le crédit que leur font les politiques, savent très bien que leur avenir a été obéré de façon lamentable. Et que les avions trop lourds ne volent ni loin ni longtemps…

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