Le « nient-nient »

août 18, 2008 on 6:24 | In Best of, Economie | Commentaires fermés

Les chiffres de la croissance française du deuxième trimestre, ou plutôt de sa décroissance, sont sortis et JusMurmurandi s’en est déjà fait l’écho. Mais les commentaires qu’ils suscitent ne peuvent qu’entraîner, à leur tour, d’autres commentaires. Si bien que, à force de commenter les commentaires des commentaires, c’est toujours un peu de PIB en plus qui viendra au secours de l’économie française aujourd’hui patraque.

Les socialistes ont été, depuis sa conception, des adversaires déclarés de la loi TEPA, le paquet fiscal mis en oeuvre dès son élection par l’équipe Sarkozy-Fillon. Ce paquet comprend un ensemble de mesures de réduction d’impôts, notamment sur les heures suplémentaires, sur les successions, sur les investissements dans les PME, sur les intérêts d’emprunts immobiliers.

Aujourd’hui que la croissance est en berne, les socialistes s’étranglent d’indignation et réclament un plan de relance de la part du gouvernement. Or, c’est exactement ce qu’est la loi TEPA.

Quand on sait qu’elle a été votée à la fin du premier semestre 2008, et qu’il faut quelques mois pour que les dispositions de toute loi de ce type produisent de l’effet, compte tenu des délais de publication des décrets d’application, et du temps qu’il faut aux décideurs économiques (entreprises aussi bien que consommateurs) pour en comprendre les avantages, savoir comment en profiter, et s’y adapter, JusMurmurandi se demande ce que serait l’économie française si un tel paquet fiscal n’avait pas été voté.

Car enfin, les choses sont simples. Soit cette loi produit des effets, ce que les socialistes nient, soit elle n’en produit pas, ce qui suppose que ces dispositions restent inutilisées, et alors elles ne coûtent rien, ce qu’ils nient aussi. C’est sans doute ce qu’on appelle le « nient-nient », version modernisée de l’immobiliste « ni-ni » de François Mitterrand (ni nationalisations ni privatisations).

Il est clair qu’en politique, il vaut mieux ne pas avoir de mémoire, car cela obligerait à se souvenir de ce qu’on a déclaré. Et notamment que ni Ségolène Royal ni François Bayrou n’avaient détecté que le pouvoir d’achat serait au centre des préoccupations des Français. Ni prévu de le stimuler par de quelconques mesures. Tiens, encore un « ni-ni »…

Bien sûr, Nicolas Sarkozy non plus n’avait pas prévu la crise internationale issue de la combinaison de la hausse vertiginieuse des prix des matières premières, des produits alimentaires et de l’énergie, et par la crise financière née des pertes abyssales des banques sur la marché immobilier américain, avec la contraction du marché du crédit qui s’ensuit. Bien sûr TEPA était prévu pour stimuler une croissance positive et non pas pour éviter de plonger en récession.

Mais l’adéquation de TEPA à une conjoncture qui requiert une vigoureuse stimulation a été actée par rien moins que le Fonds Monétaire International, dont l’orthodoxie financière le rend d’habitude allergique à ce genre de mesures, surout de la part d’un pays au déficit budgétaire aussi creusé que celui de la France. LE FMI a même déclaré que cette mesure donnait plusieurs mois d’avance à la France, qui « a avancé un programme de réformes ambitieux pour renouer avec une croissance soutenue et durable »

Bien sûr, les socialistes français pourront toujours dire que l’analyse économique du FMI, c’est du grand n’importe quoi. Le problème, c’est que son chef est Dominique Strauss-Kahn, depuis 20 ans meilleur économiste… du parti socialiste.

En attendant, JusMurmurandi constate la vente de la célèbre villa Leopolda sur la Côte d’Azur à un oligarque russe pour 492 millions d’euros (!!!). Ca fait au moins un record du monde français, ce dont les Jeux Olympiques sont jusqu’ici avares, et ça fera toujours un peu de rentrées fiscales en plus….
la Villa Leopolda, au Cap Ferret

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