Concurrence, vous avez dit concurrence?
août 21, 2008 on 6:46 | In Best of, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermésLe système capitaliste est fondé sur le fait que les acteurs économiques recherchent leur avantage économique maximum. Ce qui, pour les entreprises, s’appelle la maximisation du profit. Et ce qui évite que cette course au profit sans limite se fasse par une hausse de prix massive au détriment du client, se nomme concurrence.
Car si une entreprise affiche des prix trop élevés, une autre entreprise, aux prix plus raisonnables, viendra lui prendre ses clients. C’est simple.
Simple, pas si sûr. Car un certain nombre d’exemples troublent JusMurmurandi, et tendent à prouver que la concurrence en France est plus une façade qu’une réalité.
Ainsi le prix du lait a-t-il très fortement augmenté dans les grandes surfaces, mais les producteurs font face à des demandes de baisse de tarifs (des exigences plus que des demandes) de la part des quelques très grandes entreprises qui le collectent.
Ainsi est-il surprenant de constater que les producteurs de fruits et légumes, quand ils organisent des ventes en direct aux consommateurs, offrent leurs produits à des prix inférieurs au tiers, quand ce n’est pas au quart des prix pratiqués en grandes surfaces.
Pour ces 2 exemples, JusMurmurandi peut encore imaginer qu’il y ait une réalité plus complexe que celle décrite ici. Ce sont des catégories de produits vendus à travers des canaux de distribution peu transparents, le cas échéant réglementés, et où la logistique laisse peu de place à une vraie concurrence.
Mais hier, l’association Familles de France a publié un article montrant que le coût de la rentrée des classes a baissé d’une année sur l’autre de plus de 7%. C’est une baisse considérable, surtout en période d’inflation revigorée due à la hausse du prix des matières premières et de l’énergie.
En particulier, le coût de papeteries à baissé de plus de 5%, alors que le papier est fait de matières premières et d’énergie, donc de composants en forte hausse.
Alors d’où viennent ces marges de baisse de prix alors que les matières premières augmentent, si ce n’est que, les années précédentes, les marges étaient « trop hautes »? Et si elles étaient « trop hautes », n’était-ce pas parce que la concurrence était trop faible? Et si la concurrence était trop faible, n’était-ce pas parce que le régulateur de la concurrence (en l’occurence la DGCCRF) était lui aussi trop faible? Et parce que les pouvoirs publics, très soucieux de permettre au commerce de proximité et de centre ville de survivre à la concurrences des grandes surfaces, ont corseté la distribution par une série de lois limitatives (lois Royer, Raffarin, Galland, Jacob entre autres)?
C’est pourquoi Jusmurmurandi « s’amuse » de l’offre faite par Michel-Edouard Leclerc de vendre, si on l’y autorise, des médicaments dans ses grandes surfaces. Il prétend pouvoir y pratiquer des prix 20% à 30% plus bas que les officines spécialisées (on notera que ces officines sont justement des commerces de proximité et de centre-ville, typiques de ce que les gouvernements successifs ont voulu « aider » à perdurer).
M. Leclerc s’indigne du peu d’enthousiasme des pouvoirs publics à accepter son offre, dû d’après lui à un lobbying efficace et conservateur des pharmaciens soucieux de protéger leurs prétendus privilèges.
JusMurmurandi se dit que M. Leclerc serait plus crédible s’il n’y avait pas, à son débit, ces malheureux exemples de fruits et légumes, et, maintenant, de cahiers d’écoliers.
Mais peut-être, puisque ces fournitures scolaires ont baissé de prix, M. Leclerc pourra-t-il s’offrir, pour serrer enfin ses prix de près, un tout nouveau boulier?
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