Heures supplémentaires supplémentaires

août 22, 2008 on 5:32 | In France | Commentaires fermés

Non le titre n’est pas une faute de frappe. Car, pour la détaxe des heures supplémenaires qui sont la mesure phare de la loi TEPA, ce n’est pas le volume qui compte, mais une éventuelle augmentation du volume. Donc les heures supplémentaires supplémentaires…

Madame Lagarde, ministre des finances, nous annonce avec satisfaction que le volume d’heures supplémentaires a augmenté au deuxième trimestre par rapport au premier, passant de 172,6 millions à 182,4 millions, soit 9,8 millions d’heures supplémentaires en plus (oui, vous avez compris, inutile d’insister, elles sont supplémentaires).

Le PS, par la voix de MM. Sapin et Vidalies trouve au contraire ce résultat médiocre. Le contraire eût été étonnant. Mais écoutons plutôt l’argumentation qui veut que l’augmentation soit due à:

« un recul de la sous-déclaration des heures supplémentaires effectuées, les entreprises ayant désormais intérêt à les déclarer » C’est assez curieux. JusMurmurandi a la naïveté de croire que toute mesure qui réduit les sous-déclarations (lire, qui transforme le travail « au noir » en travail légal) est plutôt une bonne mesure. Cette apparente dilection du PS pour le travail noir est nouvelle et, à notre humble avis, assez curieuse.

« un effet d’aubaine pour les entreprises, qui sont incitées à sous-déclarer le temps de travail de leurs salariés et à payer le complément en heures supplémentaires » Là, le PS montre qu’ils ne savent pas ce qu’est un effet d’aubaine. L’effet d’aubaine porte sur les heures supplémentaires « existantes », et pas sur les heures supplémentaires « supplémentaires », justement. Sur les supplémentaires, cela s’appelle, au choix, un effet d’incitation, ou de réorientation.

« une incitation des entreprises à recourir aux heures supplémentaires plutôt qu’à des embauches, ce que confirme la remontée du chômage ces derniers mois » Voilà un argument spécieux. En apparence, quoi de plus logique, c’est une forme de 35 heures à l’envers. Avec les 35 heures, les socialistes ont voulu que chacun travaille moins, ce qui obligeait à embaucher plus de monde pour faire le même travail qu’avant. Avec les heures supplémentaires « avantageuses », moins de gens travailleront plus longtemps plutôt que plus de gens moins longtemps.
En fait l’argumentation PS ne tient pas, et ce pour 2 raisons. L’une est que le PS ne veut pas reconnaître qu’il s’agit bel et bien de volume de travail en plus, quel que soit sa répartition, vers les employés existants via des heures sup’, ou vers de nouvelles embauches. L’autre problème avec l’argumentation du PS est que, pour obtenir ce volume de travail supplémentaire, l’Etat a bonifié fiscalement l’opération. Pour obtenir de nouvelles embauches équivalentes, il eût fallu aussi bonifier ces nouvelles embauches, avec pour conséquences le même coût qui, selon le PS « a vidé les caisses », et le même effet d’aubaine qu’ils villipendent.

Allez, ne soyons pas trop dur avec le PS. Ils ne sont pas les seuls à faire preuve d’un parti-pris qui peut, comme ici, sombrer dans la mauvaise fois ridicule. Car il était simple d’instruire un vrai procès contre cette mesure. Selon les chiffres de la ministre, il y a 6% d’heures supplémentaires supplémentaires. Donc on bonifie 100 heures qui ne le réclamaient pas pour en créer 6 de plus. Et là, il n’est pas évident que ce soit un bon emploi des deniers publics.

Sauf que tous ces deniers tombent dans les escarcelles des Français qu’on appellera « moyens », car ce ne sont pas les professions libérales ou les cadres supérieurs qui bénéficient du régime des heures supplémentaires. Et de ce point de vue, à savoir distribuer de l’argent, donc du pouvoir d’achat aux Français moyens, JusMurmurandi trouve que le PS est vraiment gonflé à l’hélium de ne pas en reconnaître le bénéfice en ces temps d’inflation des prix alimentaires et énergétiques.

Mais peut-être est-ce pour cela qu’ils ont perdu l’élection présidentielle de 2007. Ils n’ont pas su comment obtenir des votes supplémentaires…supplémentaires

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.