Y a-t-il un pilote dans l’avion???
mars 4, 2007 on 7:45 | In Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France | Commentaires fermésAirbus: JusMurmurandi souhaite se pencher plus en détail sur le dossier lui-même pour essayer de comprendre comment un fleuron de l’industrie européenne en est arrivé là.
Au début de sa réflexion, JusMurmurandi pensait à une série d’articles afin d’analyser les différents niveaux de responsabilités (politique, industrielle etc.) de cet échec retentissant.
Au lieu de cela, le bilan est hélas plus simple, et s’illustre par une série de questions :
- Qui a maintenu en place une équipe dirigeante plus préoccupée par son pouvoir, son égo, voire même son enrichissement personnel [ce qui reste à prouver par la justice, dont on est en droit d’espérer qu’elle ira au bout de son enquête], que par le bien fondé de la stratégie qu’elle déployait pour l’entreprise (en lançant un projet d’implantation industrielle en Chine…. alors qu’il y avait le feu à la maison mère)?
- Qui a donné le blanc seing à un projet d’avion pharaonique, avec des choix technologiques très osés, pour ne pas dire déraisonnables, en ne mettant pas en face les moyens adéquats pour un développement ordonné ?
- Qui a fait, simultanément à cet immense projet, haro sur le baudet en redéfinissant la mission même à accomplir par Airbus, jusque là avionneur civil ?
- Qui a crée un bric à brac industriel pour satisfaire en priorité des objectifs politiques et non industriels, labyrinthe compétitif lorsque la concurrence était faible, mais ô combien vulnérable lorsque cette dernière s’est remise en ordre de marche ?
- Et qui, pendant toute cette période où « tout allait bien, Madame la Marquise », s’est préoccupé de la concurrence, mot absent du dictionnaire de nos politiques, alors que Boeing n’hésitait pas à déplacer son siège social, abandonner un projet en gestation et démarrer une réorganisation aussi ambitieuse que profonde ?
A toutes ces question une réponse unique: la classe politique.
Le maintien de l’équipe dirigeante revient aux deux états partenaires européens, l’Allemagne et la France.
On espère pour la crédibilité de la justice française que l’enquête sur la vente des stocks option de Noël Forgeard and co ira jusqu’à son terme, et que si faute il y eu, la punition serait à la hauteur de la faute commise.
Accepter le projet A380, alors que les moyens requis vont durablement pénaliser Airbus pour le renouvellement des moyens et court courriers, était un choix hasardeux.
Et le fait le plus grave est que son coût et sa complexité sont déjà tellement élevés, alors même que l’A380 est le dernier survivant d’une génération désormais dépassée et remplacée par celle des avions en carbone comme l’A350 ou le 787 de Boeing.
Que la guerre des chefs était la seule véritable préoccupation de ces derniers chez Airbus, est illustré par le fait que Français et Allemands avaient des systèmes de conception assistée par ordinateur incompatibles….Mais bon qui se préoccupe de systèmes informatiques lorsque l’on consacre son temps à tirer la couverture à soi.
On connait la conséquence sur le câblage de l’A380, trop court, livré à Toulouse par les Allemands, générant des délais…. bien trop longs.
Haro sur le baudet, c’est changer la feuille de route (pendant cette même période!) d’Airbus, avionneur civil, en lui demandant de devenir avionneur civil et militaire (avec l’avion de transport A400M, de surcroit à hélices, alors que les avions civils ont tous été à réaction), rendant l’engorgement de la cellule développement d’Airbus encore plus inexorable.
JusMurmurandi rappelle à ceux qui demandent de « protéger » Airbus contre le grand satan américain qu’ils devraient se rappeler, comme le faisaient les passagers d’Air Inter qui se cognaient la tête en entrant dans les Mercure qu’elle avait été obligée d’acheter en tant que compagnie nationalisée, que la concurrence a du bon.
Le Mercure, produit par Dassault à une dizaine d’exemplaires environ, avait une porte d’accès avant trop basse, et Air Inter fut obligée de mettre des bananes en caoutchouc pour protéger ses clients (à l’époque des « usagers »); imagine t on aujourd’hui une entreprise qui puisse commercialiser des produits qui pourraient blesser ses clients? Résultat, seule Air Inter en acheta, et on sait pourquoi.
Lorsque JusMurmurandi entend le chœur des vierges glapir pour demander encore plus d’Etat, après une telle faillite de gestion, pour une entreprise aussi emblématique que couronnée de succès, JusMurmurandi se demande comment on peut encore mentir aux salariés dans de telles proportions.
L’Etat, coupable d’incompétence, doit se retirer de la gestion d’Airbus après une telle incurie; au lieu de cela, il demande des sacrifices aux salariés et, peut être aussi, aux contribuables, pour cacher son incompétence.
Quand JusMurmurandi entend ces mêmes bonimenteurs dire qu’il faut augmenter le smic à 1.500 Euro par mois, alors que le cas Airbus illustre la fragilité, l’exposition à la concurrence internationale des emplois industriels même dans un secteur de pointe comme l’aéronautique, JusMurmurandi s’insurge.
Le 6 mars prochain, toujours en quête de prises de position courageuses et clairvoyantes, Ségolène Royal annonce qu’elle va demander un moratoire pour le plan Power 8 à Angela Merkel, comme elle l’a fait pour…. Aubade.
Le Poitou Charentes et l’Europe, même combat ?
Plus sérieusement, Mme. Royal travaille-t-elle pour Boeing?
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