L’Amérique libérale que nous aimons tous

août 23, 2008 on 9:23 | In Best of, Economie, France, International | Commentaires fermés

Dans ce monde politiquement correct où nous vivons, le nombre d’insultes « autorisées » a dramatiquement chuté. Plus aucune allusion à la race, la religion ou les moeurs. Fort heureusement, il y en a une qui permet aux politiciens de gauche de s’en donner à coeur joie, c’est « libéral ». Quand un politicien traite son adversaire de libéral(e), cela veut dire, grosso modo, « personne vendue corps et âme aux lois impitoyables du marché et des grandes multinationales, sans considération pour les dégâts immenses qu’elles provoquent chez les Français »

Il y a même une version « hard » de cette insulte, c’est « ultra-libéral ». Et l’exemple permanent de cet ultra-libéralisme débridé (encore un épithète aggravant), ce sont les Etats-Unis, territoire de toutes les horreurs économiques (cf. le livre de Viviane Forrester, l’horreur économique).

L’opposé de ce libéralisme présumé « fou », c’est l’intervention de l’Etat, bien sûr. L’Etat présumé salvateur, compassionnel, sage, impartial, et j’en passe.

Alors, pour montrer à quel point ce cliché est réaliste, intelligent, approprié, JusMurmurandi indique que les 3 fabricants américains d’automobiles viennent de demander au gouvernement américain 50 miliards de dollars d’aide pour reconvertir leurs usines de production de gros modèles gloutons en petits modèles économes. 50 miliards! Le candidat républicain aux Présidentielles américaines, John Mc Cain a déjà indiqué qu’il était d’accord avec cette demande, tandis que Barack Obama a, lui alloué, en cas de victoire, une enveloppe triple, soit 150 milliards, pour le « verdissement » de l’industrie américaine. Ce doivent être des milliards « libéraux », bien sûr, ce qui change tout…

Vous me direz, c’est un exemple isolé. Pas du tout, puisque, pour aider les Américains qui sont en danger de perdre leur logement dans le cadre de la crise immobilière, l’administration Bush a mis en place un programme de soutien aux propriétaires de plusieurs dizaines de miliards de dollars. Plus encore, les 2 organismes privés d’assurance des prêts immobiliers, Fannie Mae et Freddie Mac étant menacés de faillite par des dizaines de milliards de dollars de prêts immobiliers non remboursés, le président Bush a tout simplement dit qu’en cas de besoin, il les nationaliserait! Ouf! Quelle débauche de libéralisme! On ne faisait pas mieux du temps de l’Union de la Guache de 1981 en France!

Vous me direz, c’est un moment exceptionnel, atypique, de l’histoire américaine. Pas vraiment. Chrysler, 3e fabricant américain de voitures, a déjà été sauvé par l’Oncle Sam dans les années 70. Et les caisses d’épargne, qui s’étaient gavées de »junk bonds » pourries dans les années 80, ont été, elles aussi, sauvées par le contribuable américain.

Du coup, les accusations américaines contre les subventions européennes à Airbus prennent une saveur particulière. Mais ce sont des subventions anti-libérales, rien à voir avec l’aide US à Boeing…

Ce doit être pourquoi Bertrand Delanoë se décrit comme « libéral » dans son livre, au grand scandale de la moitié du PS emmenée par Ségolène Royal.

Oui mais voilà, si « libéral » à la mode américaine n’est plus ni scandaleux ni une insulte, que restera-t-il à la gauche pour tenter de disqualifier Nicolas Sarkozy?

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