L’Etat, Crédit Lyonnais, affaires et hommes d’affaires

août 26, 2008 on 8:14 | In France | Commentaires fermés

Décidément! Déjà l’arbitrage favorable à Bernard Tapie avait donné à penser que l’Etat français est bien mal inspiré dans sa conduite d’affaires judiciaires issues des affaires de la période scabreuse et scandaleuse du Crédit Lyonnais. En voici un deuxième exemple.

Avec Bernard Tapie, une transaction était possible. Elle a in fine été refusée par l’Etat, dont les serviteurs ne voulaient pas que l’affreux Tapie puisse finir autrement que ruiné. S’ensuivent une série de victoires judiciaires qui semblent leur donner raison. Pour terminer cette affaire, lesdits serviteurs de l’Etat (un procureur en l’occurence) choisissent la voie de l’arbitrage. Et là, patatras! l’arbitrage accorde des centaines de millions à Tapie.

Homme d’affaires: 1, Etat: 0

Nouvel exemple, l’affaire Executive Life. Autre rejeton de la triste période du Crédit Lyonnais, elle aussi issue du fait que les hommes du Lyonnais (sa filiale Altus en l’occurence) ont, comme avec Tapie, dissimulé un fait essentiel, ce pour faire une affaire qui se révélera juteuse. Sauf que là aussi, ce fait sera divulgué, grâce à la trahison rémunérée du Judas de service, François Marland, ancien protégé devenu ingrat du Crédit Lyonnais. S’ensuit un long procès aux Etats-Unis contre le successseur du Crédit Lyonnais, et contre Artémis, la holding de François Pinault, qui avait entre temps racheté, comme Robert Louis-Dreyfus dans l’affaire Adidas-Tapie, le fruit de la bonne opération du Lyonnais, et qui l’a fait considérablement fructifier.

Ce procès long et potentiellement très coûteux aboutit à une condamnation de l’Etat français par CDR interposé (le successeur du Crédit Lyonnais pour ses dossiers pourris) et de François Pinault. L’Etat rage, proteste, et paye (ou plutôt, comme d’habitude, fait payer avec l’argent du contribuable). François Pinault fait appel. Et gagne. Son amende de 241 millions de dollars vient d’être annulée, et la suppression d’une amende de 700 millions accordée par un jury populaire puis cassée est confirmée.

Homme d’affaires: 2, Etat: 0

En fait, le score est encore plus défavorable à l’Etat. Car les 2 fois, c’est le Crédit Lyonnais nationalisé qui a repéré la bonne affaire, l’a faite, et a pris tous les risques, puis un homme d’affaires fûté l’en a délesté pour s’approprier la plus grande part de la plus-value.

La morale de ces histoires est simple. Tant que l’Etat emploiera des fonctionnaires pour jouter avec de redoutables hommes d’affaires au moyen de l’argent du contribuable, il fera la fortune desdits hommes d’affaires. C’est comme cela que ce sont construites, pour partie seulement bien sûr, les fortunes Arnault, Pinault, Lagardère ou Dassault notamment. En Russie, on nomme ces hommes d’affaires enrichis sur le dos de l’Etat des oligarques, et leur existence contribue à la médiocre opinion que l’on a de l’économie de marché en Russie.

Peut-être, à défaut d’être mieux gérée, la France devrait-elle apprendre à être plus modeste et moins critique à l’égard des autres pays?

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