La République de rien du tout et les lieux maudits
août 27, 2008 on 1:32 | In Europe, Incongruités, International | Commentaires fermésLa Russie vient officellement de reconnaître deux nouveaux Etats « indépendants » du Caucase, l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, jusqu’ici deux provinces géorgiennes.
Certes, cela donne à la Russie l’occasion de montrer au monde sa force, son indépendance et son audace à rectifier unitlatéralement des frontières internationales. Ces caractéristiques rendront certainement MM. Poutine et Medvedev encore plus populaires qu’ils ne le sont aujourd’hui en Russie, fier pays longtemps humilié lors des années Gorbatchev et Eltsine.
Mais après? Comment les dirigeants russes peuvent-ils espérer que qui que ce soit croie à la viabilité de ces deux Etats « indépendants »? L’Ossétie compte 70.000 habitants, soit à peine le double de Monaco, qui n’est indépendant en rien (ou si peu) tout en étant incomparablement plus riche.
Comment les Ossètes pourront-ils exister avec des passeports qu’aucun Etat sauf la Russie n’admettra? Avec une monnaie qu’aucune banque, sauf les russes n’acceptera? Et ainsi de suite.
La réponse est évidente. L’Ossétie et l’Abkhazie ne pourront survivre qu’au sein du « grand frère » russe. Sauf que ce n’est pas, mais alors pas du tout, ce que souhaitent les indépendantistes ossètes et abkhazes. Ils savent bien que tous les peuples du Caucase sont méprisés par les Russes, et que ceux d’entre eux qui vivent en Russie y sont humiliés et maltraités.
JusMurmurandi a, en son temps, dénoncé la folie de la reconnaissance par les Occidentaux de l’indépendance du Kossovo, indiquant que cela constituerait un précédent redoutable pour la reconnaissance russe de nombreuses enclaves russophones ou russophiles dans quasiment chaque pays de l’ex-URSS. Et le démantèlement de la Géorgie auquel prétend se livrer la Russie valide cette sinistre prédiction.
C’est manifestement une défaite pour les Occidentaux. Mais cela ne fait pas pour autant une victoire pour les Russes, dont on ne voit pas comment ils pourraient sortir gagnants d’un territoire qui ne peut vivre seul, et ne veut pas appartenir à quelqu’un d’autre, qu’il soit géorgien ou russe. Il suffit de se rappeler que l’Abkhazie est à portée de canon de la province russe de Tchétchénie, de sinistre mémoire.
Il semble bien que le Caucase, comme les Balkans ou l’Afghanistan soit un lieu qui porte une ancienne malédiction: celle de ne faire que des perdants.
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