Relier la Corse au continent par un pont en bois

septembre 2, 2008 on 7:58 | In Best of, France | Commentaires fermés

Des manifestants corses nationalistes ont cru bon, pour protester contre la « spoliation foncière » dont, à leur avis, les corses sont victimes, d’occuper les jardins de la villa de l’acteur Christian Clavier. Cette occupation a duré quelques heures. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues. L’acteur a donné l’ordre à ses employés de servir à boire aux occupants, qui sont ensuite repartis sans autre forme de procès.

Il se trouve que Christian Clavier est un ami de Nicolas Sarkozy.

Deux jours après, Dominique Rossi, coordonnateur des forces de sécurité en Corse, est démis de ses fonctions. Lequel avait décidé que l’intervention des forces de l’ordre ne ferait qu’envenimer la situation, et était donc inopportune.

Le microcosme politico-médiatique établit un lien de cause à effet entre l’évènement et ce qui devient une sanction. François Bayrou, jamais avare d’une dénonciation du sarkozysme, déplore le « fait du prince ».

Sur le fond, personne ne sait pourquoi Dominique Rossi, qui aurait déjà pu faire valoir ses droits à la retraite en avril dernier, a été remercié. Le reste est pure spéculation. De même que nul ne sait si le Président a quoi que ce soit à voir avec la décision de remplacer le fonctionnaire.

Mais là où JusMurmurandi hoche la tête, perdu entre incompréhension et ahurissement, c’est que personne ne considère qu’on ne peut pas laisser n’importe qui faire n’importe quoi. Dès lors qu’une bande d’un cinquantaine d’individus se réclamant d’une cause quelconque représente une menace telle qu’il ne faut pas faire intervenir les forces de l’ordre « pour ne pas envenimer la situation », à quoi bon avoir des forces de l’ordre? Pour observer paisiblement les désordres?

Il fut un temps où les ponts reliant les îles de la Seine étaient en bois. Ceci permettait à la population parisienne, quand survenait une troupe de brigands, de se réfugier sur ces îles, puis on brulait les ponts et l’eau servait de barrière naturelle. Le premier pont en pierre, dénommé Pont Neuf en raison de sa nature minérale, marqua un tournant en ce qu’il ne pouvait plus être brûlé, et qu’il fallait donc défendre non seulement les îles, mais bien tout Paris contre d’éventuels brigands.

Compte tenu de la lâcheté qui prévaut dans l’analyse que le désordre vaut mieux que d’envenimer les choses, JusMurmurandi recommande que tout projet de pont reliant la Corse au continent soit exclusivement en bois.

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