Quand il vaut mieux sortir découvert…

septembre 3, 2008 on 6:54 | In Economie, Incongruités, International | Commentaires fermés

Le pétrole a atteint hier, en séance, un cours de quelque 105$ par baril, avant de se stabiliser vers les 109$. Soit quelques 40$ de moins qu’il y a deux mois. Bonne affaire pour tout le monde, pays producteurs mis à part.

Pour tout le monde, voire. Car les consommateurs de pétrole, ou de ses dérivés (essence, kérosène, produits chimiques), l’achètent souvent à terme, pour se garantir à l’avance contre toute hausse des cours.

Cette stratégie, dite de couverture, a très bien fonctionné pour Air France-KLM, qui a couvert ses achats longtemps à l’avance. De ce fait, quand le pétrole montait, Air France continuait de le payer au prix négocié avant la hausse. D’où le choix à leur disposition entre augmenter les prix en appliquant une surcharge carburants, et encaisser un super-profit du à leur couverture opportune, ou maintenir leur prix et prendre des parts de marché face à des concurrents moins bien ou pas couverts du tout, et donc contraints de faire grimper les prix de leurs billets.

Maintenant que le pétrole a fortement baissé, il reste à voir comment les opérateurs comme Air France (si telle est leur situation) gèreront d’avoir à acheter du pétrole au prix convenu à l’avance, à des cours supérieurs à ceux du marché.

Mais le cas le plus frustrant doit être celui de la compagnie aérienne low-cost irlandaise Ryanair. Cette compagnie, dont toute la stratégie repose sur des prix de billets pas chers, a souffert jusqu’ici, affichant même des pertes au 2e trimestre 2008. En effet, son patron, Michaël O’Leary, ne croyait pas que le pétrole monterait si haut, et n’a donc pas acheté de couverture. Ryanair a donc du acheter son pétrole au prix fort, face à des concurrents qui, pour certains d’entre eux, le payaient beaucoup moins cher. Pour ne pas perdre de clients, Ryanair a maintenu ses prix, et a donc perdu de l’argent.

Ayant appris, croyait-il, sa leçon, M. O’Leary, en annonçant à la bourse ses résultats déficitaires, a indiqué qu’une telle situation ne se reproduirait plus car Ryanair avait très substantiellement couvert ses achats de kérosène pour les 12 prochains mois sur la base d’un pétrole entre 123$ et 129$.

Sauf qu’avec un pétrole en dessous de 110$, Ryanair, qui avait été trop en avance en croyant que le pétrole ne « valait » pas 147$, se trouve en retard quand elle le paye « encore » plus de 120$ alors qu’elle pourrait l’acheter au comptant pour beaucoup moins.

Comme quoi, quand on est une compagnie aérienne, arriver à l’heure ne concerne pas uniquement la ponctualité des vols…

Avion Ryanair

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