Perrette et le pot de pétrole

septembre 12, 2008 on 5:59 | In France | Commentaires fermés

Le prix du pétrole a passé la barre des 100$ le baril. Un chiffre impensable il y a seulement un an, quand il cotait 70$ par baril, et donc quand 100$ représente une hausse de 40% en un an. Sauf que, cette fois-ci, c’est à la baisse qu’il franchit la barre, après avoir été se promener au-dessus de 145$.

En d’autres termes, même si une telle baisse fait du bien là où ça fait mal, cela reste un niveau de prix très élevé. Sauf qu’entre temps, certains ont fait des prévisions fondées sur les niveaux stratosphériques atteints l’été dernier.

Car la baisse du pétrole n’est pas favorable aux compagnies pétrolières, dont les profits se sont envolés avec les prix.

Ni aux producteurs bien sûr, qui s’habituaient à ces incommensurables richesses qui se déversaient dans leurs coffres. Les Etats du Golfe, l’Arabie Saoudite, la Russie, l’Algérie, le Vénézuela, le Nigéria, l’Iran, la Grande Bretagne, parmi d’autres.

Ni à leurs fournisseurs, qu’ils soient des entreprises para-pétrolières, ou des vendeurs de produits de luxe à cette clientèle en état de ne plus regarder les étiquettes grâce à la manne d’un baril au prix du grand cru bordelais.

Il serait d’ailleurs intéressant de savoir si baisse du baril est favorable à Ferrari et autres Rolls-Royce, grâce à l’impact favorable sur les économies des pays consommateurs d’or noir, ou défavorable par la réduction des ventes dans les pays producteurs…

Cette baisse ne fait pas non plus les affaires des énergies alternatives, éolienne, biomasse, solaire ou des carburants de remplacement, comme l’éthanol. Désolé pour ceux qui y ont investi massivement en pensant y trouver un nouvel eldorado.

Une mauvaise affaire pour tous ceux qui se sont couverts en fonction d’un prix très élevé, en achetant dès aujourd’hui leur pétrole, gaz ou kérosène pour tout ou partie des 12 prochains mois, comme la compagnie aérienne Ryanair, qui ne bénéficieront pas de la baisse, alors que certains de leurs concurrents, plus clairvoyants ou plus chanceux, si.

Une mauvaise nouvelle pour les moyens de transport économes en énergie, comme le train, ou les producteurs de voitures particulièrement sobres.

Une mauvaise nouvelle pour l’OPEP, dont les membres, toujours indisciplinés quand les prix baissent, refusent de se sacrifier en baissant leur production pour stabiliser les prix. Même 100$ le baril reste un prix irrésistiblement élevé, alors tous produisent au maximum de leurs capacités, quitte à accélérer le mouvement de baisse.

Une mauvaise nouvelle pour tous les investisseurs et financiers pour qui le secteur de l’énergie et des matières premières était le dernier havre de profit après la chute de l’immobilier, la chute des bourses actions, la chute des obligations minées par la hausse des taux d’intérêts.

Une mauvaise nouvelle pour ces mêmes financiers, s’ils comptaient sur les fonds souverains des pays producteurs pour regonflé le capital de telle ou telle institution financière frappée par la baisse de ses investissements à risque dans l’immobilier américain.

Bref, comme on le voit avec cette longue liste, de même que toute mauvaise nouvelle comporte certains aspects positifs, toute bonne nouvelle porte aussi certains effets secondaires négatifs. Néanmoins, il paraît prématuré à JusMurmurandi de pleurer sur le sort des toutes ces « pauvres petites filles riches » au motif qu’elles se sont crues encore plus riches, et qu’elles pleurent aujourd’hui, telle Perrette, sur leurs rêves envolés.

Quelques Perrette particulièrement à plaindre: John Arnold, propriétaire du fonds spéculatif Centaurus Energy, qui a gagné 2 milliards de dollars à titre personnel en 2006 sur la hausse du prix de l’énergie, ou Alexei Miller, patron du géant gazier russe Gazprom, qui pronostiquait un baril à 250$, ou Hugo Chavez, président du Vénézuela, qui utilise le produit des ressources pétrolières de son pays comme moyen d’acheter sa popularité et d’aider les « pays amis », c’est-à-dire adeptes de sa « révolution bolivarienne » et ennemis des Etats-Unis. Pleurons sur leur sort si pénible à 100$…

Mais qu’on se rassure pour eux, la situation de baisse qui prévaut peut à tout moment se retourner.

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