La loi de la liquidité

septembre 17, 2008 on 3:44 | In Economie, International | Commentaires fermés

Maurice Greenberg est une légende vivante. En 40 ans de labeur, il a fait d’AIG le premier et le plus rentable assureur mondial. Présent dans 130 pays, gérant 1000 000 000 000 de dollars (mille milliards!).

Que disait Maurice Greenberg, dont le « bébé » a été sauvé moyennant une nationalisation à 80% hier soir par le Trésor américain? Qu’AIG n’a aucun problème, sauf un problème de liquidité. Pas de problème de rentabilité ou de solvabilité. Juste un petit problème de liquidité. A peine quelques dizaines de milliards de dollars de besoins à très court terme. Donnez-nous un peu de temps, plaidait Maurice Greenberg, et tout ira bien.

Dans le même temps, la Bourse de Moscou suspend ses cotations devant l’ampleur de pertes, et la perspective de pertes encore plus grandes à venir. L’indice principal a déjà perdu plus de 60% depuis son plus haut de mai 2008, il y a à peine 4 mois, et 18% dans la seule journée d’hier.

D’après les autorités, il n’y a aucun problème avec les entreprises russes cotées dont les cours s’effondrent. Pas de problème de solvabilité ou de rentabilité. Mais l’économie russe connaît juste un petit problème de liquidité. Depuis la guerre de Géorgie, des milliards de dollars de capitaux étrangers sont sortis de Russie, effrayés par les bruits de bottes et l’agressivité du Kremlin.

Depuis, et notamment aussi à cause des spasmes des marchés financiers internationaux, les banques russes ne se prêtent plus les unes aux autres, ne sachant plus à qui elles peuvent faire confiance. La banque centrale russe a bien tenter d’injecter des liquidités massives dans 3 banques « teneuses de marché », Sberbank, Vneshtorgbank et Gazprombank pour qu’à leur tour elles prêtent à des banques plus petites, mais visiblement cela ne marche pas et il a fallu suspendre les cotations boursières.

Quel point commun y a-t-il entre les vieux lutteur Maurice Greenberg, tenant ardent de l’économie de marché, et les autorités monétaires russes, qui règnent sur une économie dominée par le pouvoir politique? En apparence, rien. En fait, l’un comme les autres donnent l’impression d’avoir oublié ce vieux principe: en temps de crise, « cash is king », la liquidité fait la loi. Ils ont tellement vécu dans une économie où les produits financiers sophistiqués ont permis de s’affranchir de toutes les règles, qu’ils sont fort surpris quand la gravité les rappelle sur terre, et avec rudesse.

JusMurmurandi prend un pari: même si leur problème est le même, et leur déni quasi autiste de ce problème et de leur responsabilité aussi, le Trésor américain, après avoir sauvé AIG, ne sauvera pas les oligarques russes et maîtres du Kremlin.

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