Le desesperanto du parti socialiste

septembre 20, 2008 on 7:53 | In Best of, France, Insolite | Commentaires fermés

L’esperanto. Une langue universelle, facile à apprendre, qui faciliterait la communication entre tous les hommes. Quand on voit les difficultés de communication du Parti Socialiste, on se dit qu’il faudrait qu’ils inventent un esperanto socialiste.

D’ailleurs, vu que dans le mot esperanto figure clairement la racine du mot « espoir », et quand on voit le désespoir que suscite, tant dans les rangs du PS que plus largement dans le « peuple de gauche », les avatars d’un parti où les luttes de personnes tiennent compte de programme et d’actualité, JusMurmurandi se dit que ce dont les socialistes ont besoin, c’est d’éviter le desesperanto.

Bien sûr, il est facile d’ironiser sur les couacs de la majorité sarkozyenne, dont les membres ne parviennent pas toujours, (et toujours pas non plus d’ailleurs), à éviter de parler à tort et à travers (où sont donc ces villes de Tort et de Travers, où il semble que l’on parle si volontiers? Tout le monde y parle et en parle, et nul ne les connaît. Etrange, non?)

Mais comparée à la cacophonie socialiste, la majorité fait figure de philharmonie jouant une partition réglée comme du ….papier à musique!

Cette semaine, Hollande a apporté son soutien à Delanoë, qui se trouve être l’ennemi mortel de l’ex de Hollande, ex qu’il avait soutenue (Hollande, pas Delanoë, ou alors seulement du bout des lèvres, qu’il a de toute façon assez minces, ce qui en réduit encore la capacité de soutien) quand lui-même ne pouvait se présenter contre elle faute d’avoir été soutenu par les électeurs alors qu’il l’avait été par les militants. Etonnant, non? comme eût dit feu Pierre Desproges.

Dans le même temps, les barons régionaux ont décidé de soutenir Ségolène Royal à partir du moment où celle-ci ne fait plus de sa personne un préalable. En d’autres termes, ils soutiennent une motion suscitée par quelqu’un aussi longtemps que ce quelqu’un n’en est plus le leader. Vous avez dit bizarre?

Mais la lutte au sommet du PS ne se limite pas au duel Royal-Delanoë, puisqu’il faut compter aussi avec la motion de Martine Aubry. Laquelle Martine, Madone des 35 heures, a annoncé qu’elle en serait la première signataire. Comme si elle imaginait qu’une motion puisse exister que son propre auteur ne signerait pas. Etrange, n’est-il pas? Aubry sera soutenue par des éléments des courant Fabius et Strauss-Kahn. Quand on sait à quel point ses deux là n’ont rien de commun, sauf une ambition… peu commune, ce qui, en l’espèce, est exactement l’opposé d’une ambition commune, on se dit que Martine ferait bien de se rappeler l’histoire de la corde qui soutient le pendu.

JusMurmurandi se demande avec tout ça qui pourra bien être le prochain premier secrétaire d’un parti qui si fort se bagarre tout en espérant rassembler les Français. L’un des candidats déclarés, Pierre Moscovici, le seul à n’être sur aucune motion (curieux, alors que le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a du choix), se déclare inquiet et perplexe. JusMurmurandi se demande si ce sentiment ne fait pas de Moscovici le seul candidat du PS à avoir garder un semblant de contact avec la réalité.

Fort heureusement, une solution se profile à l’horizon pour le PS. La solution a deux têtes. Non, rassurez-vous, le PS ne se dirige pas (ou alors il se dirige sans le savoir, mais, en fait, on peut se demander si le PS se dirige tout court, vu l’anarchie qui y règne, à moins de dire que, dans l’état actuel des choses, il ne se dirige tout droit vers une nième défaite électorale) vers une solution à deux têtes. Ce sont les deux têtes des flèches de la cathédrale de Reims.

Car c’est à Reims que se tiendra le congrès socialiste. Bien sûr, il serait facile d’évoquer une nouvelle Saint Barthélémy (sauf que là, vu l’émiettement, les protestants risquent d’être tellement majoritaires que ce sont eux qui massacreront les orthodoxes, car on ne voit guère de catholiques à l’horizon) ou une future nuit des longs couteaux (en l’espèce, plutôt la nuit des seconds couteaux). Mais Reims n’est pas n’importe quelle ville. C’est celle, où, à la cathédrale justement, la France sacrait ses rois. Lesquels rois, oints du Seigneur, recevaient la France en partage, ainsi que le pouvoir de guérir les écrouelles.

Vu le marais, ou plutôt le sable mouvant dans lequel s’enfonce le PS, finalement, qu’ils se donnent un monarque pour être le vrai successeur de François 1er (Mitterrand, pas Hollande, car ce François-là a eu toute l’importance historique de François II, connu -tiens donc- avant tout pour avoir été l’époux éphémère de Marie Stuart, au destin -tiens donc- tragique) ne serait pas une si mauvaise idée.

Comment ça se dit, écrouelles, en esperanto?

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.