Benjamin Franklin et la globalisation

septembre 22, 2008 on 6:04 | In Economie, Incongruités, International | Commentaires fermés

Le monde est un endroit compliqué. Déjà les mécanismes à l’oeuvre dans chaque pays deviennent de plus en plus complexes, et, en plus, il est à tout moment possible d’être victime de problèmes importés et dont la responsabilité est ailleurs.

Ainsi, le problème des subprimes est-il exclusivement américain. Si les banques américaines, profitant des taux d’intérêts très bas offerts par la Federal Reserve elle aussi américaine, n’avaient offert des prêts immobiliers à taux variables pour que des Américains à revenus fort modestes achètent leurs logements américains, rien de tout cela ne serait arrivé.

Mais les Européens, qui entrent de ce fait en récession, ont quelque raison de râler contre le fait que le ciel qui leur tombe sur la tête soit celui où flotte la bannière étoilée. De même, les Russes ou les Chinois, dont les bourses ont perdu plus de 50% de leur valeur depuis leur plus haut il y a tout juste quelques mois.

Les contribuables américains, qui vont devoir débourser mille milliards de dollars (700 milliards pour le plan annoncé jeudi par le Président Bush, plus 85 milliards pour l’assureur AIG, plus 200 milliards pour les nationalisations précédentes de Freddie Mac et Fanny Mae) ont quelques raisons de se dire qu’il n’y a pas de raison qu’ils soient les seuls à payer si leur fardeau sort l’économie mondial d’un trou d’air global qui menaçait de devenir un trou noir.

Problème qui n’a rien à voir: le lait chinois frelaté. Des quantités importantes de lait ont été mélangées en Chine avec de la mélamine. Résultat: des dizaines de milliers d’enfants chinois à l’hôpital, dont quelques-uns meurent. Ceci n’est pas sans rapport avec le fait que, en dépit de la légendaire croissance chinoise des 20 dernières années, l’espérance de vie n’y augmente que très peu (3 ans en en 25 ans, contre plus du double en Occident) Et le monde de se demander jusqu’où la mélamine chinoise a pu être exportée sous forme de produit alimentaire.

Plus curieux encore, la politique chinoise d’un enfant par famille en vigueur depuis Mao créé un déséquilibre démographique qui sera catastrophique en Chine, et dont les répercussions seront indiscutablement mondiales tant il affectera les capacités productives d’un pays qui est de plus en plus « l’usine du monde ».

Preuve que ces phénomènes n’ont pas encore été intégrés: ce week-end, les 2 dernières banques d’affaires américaines indépendantes, Morgan Stanley et Goldman Sachs, ont décidé de se transformer en sociétés holdings. Elles trouveront grâce à cette nouvelle structure les avantages des banques classiques, notamment en matière de refinancement et de liquidité auprès de la Federal Reserve, lequel manque de liquidité à fait couler en si peu de temps Bear Sterns, repris par JM Morgan, Merril Lynch, repris par Bank of America, et Lehman Brothers, en liquidation. Mais elles devront, pour ce faire, accepter beaucoup plus de contrôles des régulateurs, et des ratios prudentiels beaucoup plus conservateurs, à l’égal des banques traditionnelles. C’est d’une certaine façon la fin des seigneurs de Wall Stret, et, suivant le livre de Tom Wolfe, le »bûcher des vanités ».

Mais quel impact ceci aura-t-il si le métier de banque d’affaires, rendu plus stable mais aussi moins rentable par ce surcroit de régulation est repris par les hedge funds non surveillés, ou par des établissements situés hors des Etats-Unis. Ainsi le Quantum Fund du célèbre George Soros, connu pour avoir « brisé » la Banque d’Angleterre en 1992, est-il résident à Curaçao (Antilles néerlandaises) et aux îles Cayman. Des paradis fiscaux où aucun régulateur ne vient chercher querelle à un investisseur et employeur.

En fait, la limite de tous ces exercices de délocalisations globales est qu’en cas de crise grave, le bébé revient toujours à ceux qui ont le moyen de régler le problème, les grande puissances, leur capacité budgétaire, leur qualité de signature, et leur armée de contribuables.

Car, comme le dit si bien Benjamin Franklin: « rien dans ce monde, ne peut être tenu pour certain, si ce n’est la mort et les impôts »Benjamin Franklin

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.