Les socialistes sont dans la MARD
septembre 23, 2008 on 7:30 | In France | Commentaires fermésLa MARD, vous connaissez? Moscovici, Aubry, Royal, Delanoë. Les 4 candidats au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste, qui s’affronteront d’ici le congrès de Reims dans 6 semaines.
En fait, il semble que Mosocovici, largement trahi aux universités d’été, ne soit déjà plus vraiment dans la course, alors que Hollande, lui, tire encore de nombreuses ficelles. Ainsi, ce ne serait plus la MARD, mais la HARD.
En fait, si les socialistes en sont là, à étaler en pleine lumière leur vacuité programmatique, qui n’a d’égale que l’acuité de leurs luttes de personnes, c’est pour plusieurs raisons.
D’abord, l’absence de renouvellement de leur personnel politique. Martine Aubry était déjà un personnalité majeure du premier gouvernement Mauroy, en 1981, au sein duquel elle mit en oeuvre les 35 heures. Pour ceux qui l’auraient oublié, c’était il y a 27 ans. Par comparaison, Nicolas Sarkozy n’est devenu ministre pour la première fois que 12 ans plus tard.
Ensuite, un flou total sur la façon de combattre la droitisation de l’électorat français. L’un des rares consensus socialistes est sur leur incapacité à gagner seuls, ou même avec leurs alliés historiques, les radicaux de gauche, les verts et les communistes, qui ne sont tous trois que l’ombre de ce qu’ils étaient du temps de l’union de la gauche en 1974.
Du coup, certains au sein du PS veulent suivre leur électorat, à la manière d’un Tony Blair et du New Labour britanniques, ou de José-Luis Zapatero qui vient de gagner pour la deuxième fois les élections espagnoles. C’est le projet de Delanoë, qui se dit dans son livre « libéral ».
D’autres, pas si éloignés des premiers, veulent une alliance au centre avec François Bayrou et le MoDem. Mais comme ceux-ci viennent tous de la droite, s’allier sans converger donne l’impression de ce que c’est vraiment, une simple alliance électorale de gens qui ne partiraient certes pas en vacances ensemble. C’est la ligne Royal, même si, en d’autres temps, le fait d’avoir laissé Bayrou à la porte après l’avoir invité à monter illustre son ambivalence.
Ces projets sont directement antinomiques des désirs d’alliance à gauche d’une autre frange du PS. Avec Oliver Besancenot, pas moins. D’où l’annonce de Martine Aubry d’un programme « carrément à gauche ».
Mais ce qui sous-tend cette incertitude sur les alliances, aussi bien que sur le leadership, c’est que les socialistes donnent l’impression de ne pas savoir où ils veulent aller, et, partant, conduire les Français. Voilà qui explique, que, quand on ne connaît pas la destination, il est difficile de choisir le leader que l’on va suivre, ainsi que ses compagnons de route.
Un exemple illustre la grande inconnue dans laquelle ils sont: le vote cette semaine à l’Assemblée Nationale sur la présence militaire française en Afghanistan. Eh bien, les socialistes ont voté contre tout en disant qu’ils étaient pour. Ils peuvent difficilement dire qu’ils sont contre vu leur héritage mitterrandien, qui n’a jamais manqué à la solidarité occidentale, et leur peu d’appétit pour assister à une victoire des talibans, inévitable si nous quittons tous l’Afghanistan.
Mais en même temps, ils ne se sentent pas capables de voter pour un projet et un programme sarkoziens, car, en ces temps de perte d’identité, cela leur enlèverait un morceau de la seule qui leur reste, celle d’opposition.
En fait, ce qui semble émasculer les dirigeants socialistes, c’est qu’il n’ont pas vraiment l’air d’y croire. C’est ce qui a fait que les éléphants, Fabius et Stauss-Kahn, se sont fait balayer par la tornade Royal, dont la suite a montré que c’était plus une soufflette qu’un nouveau souffle.
En fait, JusMurmurandi voudrait donner aux socialistes deux raisons d’espérer. L’une, c’est qu’ils ont soigneusement évité d’avoir à gouverner, et donc à assumer une crise économique dont nous n’avons fait que voir le début, et qui sera brutale. L’autre, c’est que leur situation actuelle n’est pas sans précédent. Elle ressemble au contraire à s’y méprendre à celle qui précéda le congrès d’Epinay, quand la FGDS était un véritable marigot.
Le problème, c’est que si les socialistes s’en sont sortis et ont commencé leur marche vers la victoire, c’est au prix d’un renouveau de tous les dirigeants, laminés par un certain François Mitterrand..
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