Faiblis et Defexia

septembre 29, 2008 on 8:38 | In France | Commentaires fermés

Oui, je sais, le mot est facile, quand les banques Fortis et Dexia sont en difficulté.

Il y en a eut-être parmi vous, fidèles lecteurs de JusMurmurandi, qui pensez que nous en faisons trop sur le sujet de la crise financière, et ce depuis des mois. Sachez que rien ne nous ferait plus plaisir que d’enterrer ce sujet au lieu d’enterrer une grande institution financière après l’autre.

Une fois de plus, la banque Fortis explique qu’il n’y a aucun risque, qu’elle est solide, qu’elle va vendre des actifs pour consolider sa position. Qu’elle change de patron. Et une fois de plus, ça ne sert à rien. Il a fallu ce week-end que 3 Etats s’y mettent pour sauver le bancassureur belgo-néerlandais, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Dans le même temps, les Britanniques ont nationalisé leur banque Bradford and Bingley, juste après que les Américains aient nationalisé leur plus grande Caisse d’Epargne, Washington Mutual.

Repensons-y un instant. 3 nationalisations de grands établissements financiers. Pas pour des raisons idéologiques comme le voulut François Mitterrand, mais pour éviter une faillite de tout le système financier. A quand remonte le dernier sinistre comparable?

Vous me direz, et vous aurez raison, que les Etats-Unis (déjà eux!) avaient nationalisé leurs Savings & Loans, une forme de caisse d’épargne, qui s’étaient gavées de junk bonds, ces obligations pourries inventées par Michaël Milken et Drexel Burham Lambert dans les années 80. Mais la situation était très différente. Le sauvetage des S& L avait pour but non d’éviter des défaillances en chaîne, mais de sauver les épargnants qui leur avaient confié leur argent.

Donc, si cette opération n’est pas comparable, à quand remontre le dernier sinistre référence (ou la dernière sinistre référence, comme on voudra)? 1929. La grande crise. La grande dépression. Eh oui, il faut bien le dire. Nous vivons en direct un épisode dont il est possible (pas certain, mais possible) que l’histoire dise dans quelques décennies que personne n’imaginait au départ que ce n’était que le début de la plus grande crise économique que le monde ait connu.

Et quand on sait que la grande crise de 29 ne s’est véritablement achevée que lors de la seconde guerre mondiale, que beaucoup considèrent comme sa conséquence, il y a de quoi se faire du mouron.

Vous objecterez que le Congrès américain a finalement trouvé un compromis sur le paquet de 700 milliards de dollars destiné à absorber les créances pourries du système américain. Oui, certes, mais le problème n’est pas là. Ce n’est pas par manque de liquidité que les banques ne se prêtent pas, les banques centrales en mettant des quantités gigantesques à disposition. C’est parce qu’elles ne se prêtent pas qu’elles manquent de liquidité et se tournent vers les banques centrales.

Comme l’écrivait JusMurmurandi il y a des semaines, quand la confiance est aux abonnés absents, la liquidité ne sert à rien. Car la confiance, c’est comme un programme. On sait à qui on peut prêter, avec qui faire des affaires, quels business développer. Quand on ne sait pas cela, on ne fait rien, et donc la liquidité reste inemployée. Des exemples? Vendredi dernier, le titre Fortis perd 20% de sa valeur en bourse. Ce week-end, 3 Etats s’engagent et prennent la moitié du capital. Ce lundi, le titre ne prend « que » 14,5%, soit moins que les pertes de vendredi, puis replonge de plus de 15% dans les échanges de la matinée.. Belle preuve de confiance!

Dans le même temps, c’est le tour de la banque franco-belge (encore!) Dexia, dont le titre plonge de 20%. Après Fortis qui devient Faiblis, Dexia deviendra-t-il Defexia?

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