Plus qu’une erreur, une faute?

septembre 29, 2008 on 2:33 | In France | Commentaires fermés

Ce lundi, malgré la signature ce week-end du plan de financement par l’Etat américain des mauvaises créances qui plombent le système financier américain, et, partant, mondial, les bourses mondiales baissent.

Les media en tirent comme conclusion que le plan Paulson-Bush ne fonctionne pas et ne ramène pas la confiance. C’est une erreur d’analyse.

Fondamentalement, le niveau de la bourse n’a qu’un impact très indirect sur l’état de l’économie, et en aucun cas immédiat. Certes, un niveau bas empêche de lever des capitaux, mais ce n’est pas un problème immédiatement critique, d’autant que les bourses retombent à des niveaux d’il y a 18 à 36 mois, donc pas catastrophiques.

Le vrai baromètre de la confiance qui compte en ce moment critique, c’est celui du crédit interbancaire. L’asphyxie du système financier international vient de ce que les banques ne se prêtent pas les unes aux autres au quotidien, faute d’être tout à fait sûres d’être remboursées. De ce fait, leur action est gravement handicapée, donc réduite, et l’activité économique ne trouve plus de financement.

Comme, dans le même temps, les banques n’arrivent plus à revendre les crédits qu’elles ont consenti, comme elles avaient si bien su le faire pendant 10 ans, avec pour conséquence de nous amener à la crise actuelle, ce sont deux facteurs majeurs qui compriment fortement l’activité bancaire. C’est ce qu’on appelle en anglais le « credit crunch », la « crampe du crédit ».

C’est le seul facteur sur lequel mesurer si nous nous dirigeons vers une sortie ou au contraire un approfondissement de la crise. Car sauver les banques, ne veut pas dire sauver les investisseurs et les directeurs. Ainsi, quand AIG, la plus grande compagnie d’assurance américaine a été nationalisée (l’Etat américain a pris 80% du capital en contrepartie d’un prêt de 85 milliards de dollars), le dirigeant a été prié de partir séance tenante (c’était en pleine nuit), et la nationalisation a évidemment dilué de 80% les actionnaires. C’est pourquoi la baisse des valeurs financières à la bourse ne mesure pas le succès du plan de sauvetage, elle peut tout aussi bien mesurer dans quelle mesure les actionnaires seront « lessivés » par le processus, ce qui reflète un cours d’actions en forte baisse.

Accessoirement, garder l’oeil rivé sur le cours de bourse donne l’impression au public qu’on utilise leur argent, celui des contribuables, pour sauver la peau des spéculateurs et autres seigneurs de la finance, ce qui ne les met pas forcément de bonne humeur. A cinq semaines des élections américaines, si trop d’électeurs se sont manifestés auprès de leurs parlementaires pour leur signifier de voter « non » au plan de sauvetage non de l’économie, mais des boursiers, le vote crucial du Congrès pourrait nous plonger tous dans un inconnu plus glacé que celui du nouveau LHC de Genève.

Le but de ce LHC est de nous faire découvrir les circonstances exactes du Big-Bang à l’origine de l’Univers. Espérons que la crise actuelle ne nous en dispense pas en faisant tout disparaître dans un trou noir, dont, comme chacun sait, la caractéristique est que rien ne ressortira plus jamais.

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