Droitozy contre Sargauchy? Marx serait-il enfin mort?
octobre 2, 2008 on 5:32 | In Economie, France | Commentaires fermésLa France a élu Nicolas Sarkozy en mai 2007, avec un programme clairement à droite (travail, réduction des dépenses de l’Etat et de prélèvements obligatoires, sécurité) et l’appoint de nombreux électeurs précédemment Front National. A tel point qu’il était caricaturé en ultra-libéral ultra-sécuritaire, et que tel ou tel ont poussé l’outrance (n’est-ce pas M. Noah?) jusqu’à dire qu’ils quitteraient la France s’il venait à être élu.
16 mois après, ce schéma simpliste a volé en éclats.
Politiquement, cela a commencé avec l’ouverture, et la captation dans son orbite de nombreux talents socialistes, à commencer par Bernard Kouchner, puis le vote de la réforme des institutions grâce à la voix de Jack Lang.
Économiquement, après le vote rapide de la loi TEPA, dans le droit fil de son programme, ont commencé à fleurir des taxes diverses, qui, elles, n’y figuraient pas. Y compris pour financer des nouvelles prestations sociales qui eussent honoré la gauche. Le comble a été atteint avec l’instauration du RSA financé par un impôt sur le revenu du capital, qui suscita une vraie bronca dans les rangs de l’UMP.
Avec la crise se révèle le côté interventionniste du Président, déjà entrevu avec le sauvetage sur fonds publics d’Alstom. Maintenant c’est le sauvetage des banques, et le protection des dépôts des épargnants. Il vogue en eaux clairement keynesiennes, qui ne sont pas précisément de droite.
La novation atteint un nouveau point haut avec la décision pour l’Etat d’acheter 30.000 logements qui, pour cause de crise de l’immobilier, n’eussent pas été achevés ou pas construits du tout. Il fait coup triple. D’abord, il soutient et l’immobilier et la construction, secteur riche en emplois. Ensuite il alimente la demande de logements sociaux, qui reste forte en France. Enfin, il le fait en mettant à contribution les excédents du Livret A, dont c’est la vocation première, mais qui avait été dévoyée pour servir de fromage à de nombreux autres secteurs économiques.
La conclusion de tout ceci? Le Président Sarkozy est-il de droite comme le candidat Sarkozy? Est-il atteint par la même tentation centre-gauchiste de Giscard puis de Chirac? Est-il l’héritier de De Gaulle et Pompidou, créateurs d’un véritable capitalisme social?
En fait, avec Nicolas Sarkozy en France, comme avec Blair en Angleterre, Merkel en Allemagne ou Zapatero en Espagne, et maintenant avec Bush aux Etats-Unis, on voit bien que les distinctions de droite et de gauche n’ont plus de sens, puisque c’est un Président archi à droite qui nationalise à tour de bras aux uSA tandis qu’un premier ministre de gauche supprime l’impôt sur la fortune en Espagne ou remet les chômeurs en devoir travailler en Grande Bretagne. Quand à l’Allemagne, cette ancienne distinction droite-gauche y existe moins encore que partout ailleurs, puisqu’ils gouvernent ensemble, dans la fameuse Grande Coalition.
Alors, si la droite et la gauche n’ont plus de sens, ne serait-il pas temps d’enterrer leur père spirituel, Karl Marx, qui en donna la version la plus binaire et la plus extrême, avec la lutte des classes ?
D’ailleurs, un homme de gauche l’a compris, qui ne se définit plus comme « de gauche », car il perçoit bien que cela ne veut plus rien dire, mais comme anticapitaliste. C’est Olivier Besancenot. Cela expliquerait tout à la fois pourquoi celui-ci est perçu comme le meilleur opposant à Sarkozy, et pourquoi les socialistes n’ont plus à se mettre sous la dent que leurs combats internes pour se donner un chef.
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