Scènes de crise…

octobre 4, 2008 on 6:52 | In Economie, International | Commentaires fermés

Il n’est pas toujours facile de réaliser quand un mouvement est indicatif d’une crise profonde, ou quand c’est simplement un phénomène isolé. Ainsi qui eût pu dire que la première manifestation étudiante de mars 1968 donnait naissance au spasme de mai?

Hier a vu 2 de ces phénomènes.

L’un est la déclaration de quasi-faillite de l’Etat de Californie. Cet Etat, qui, s’il était indépendant serait la 7e ou 8e puissance économique mondiale, n’arrive tout simplement plus à refinancer sa dette. Celle-ci est considérable, mais connue et sous contrôle. Donc rien à voir avec de quelconques mauvaises créances au centre de la crise actuelle. Le problème, c’est tout simplement que les banques et autres marchés de crédit ne prêtent plus. Même à l’Etat de Californie. Qui se tourne donc vers l’Etat fédéral pour un sauvetage. Un de plus, un de moins…

Et si l’Etat fédéral traitait la Californie comme une vulgaire banque, et la fédéralisait? Ce serait la fin des Etats-Unis et la naissance de la République américaine. Cela ferait aussi disparaître un échelon administratif, celui de l’Etat, ce qui est comparable à la suppression des départements ou des régions en France, dont on nous dit que cela nous ferait faire des économies.

Indiscutablement, la quasi-faillite de la Californie montre un approfondissement de la crise, et illustre que le phénomène destructeur, ce ne sont plus aujourd’hui les mauvaises créances, mais l’absence de crédit (le « credit crunch », ou « crampe du crédit »).

Autre phénomène. Le Trésor américain avait, en urgence, négocié la reprise de la banque Wachovia, 5e banque de dépôt américaine, par Citigroup. Il s’agissait de reprendre toutes ses activités de banque de détail et de dépôt, mais pas ses activités de marché, et la reprise s’accompagnait de 42 milliards de dollars de garanties fédérales contre des mauvaises surprises dans le portefeuille de mauvaise créances de Wachovia. Un coût évidemment gigantesque pour le Trésor, mais indispensable pour éviter la ruine d’un des plus grands établissements bancaires, avec la ruine de ses déposants, leur panique, et l’effet de dominos qui s’en serait suivi. Ouf! C’était moins une, mais, une fois encore, la catastrophe a été évitée. Jusqu’à la prochaine.

Sauf que hier aussi, on apprend que Wachovia s’est vendue à Wells Fargo, 4e banque américaine. Pour beaucoup plus cher que le prix symbolique offert par Citigroup, pour la totalité des activités de Wachovia et non seulement une partie, et sans un centime de garanties fédérales. Cela montre clairement que Wells-Fargo croit que le pire de la crise est passé. Cela montre aussi que les crises sont une période où on risque de tout perdre, mais aussi un moment de fantastiques opportunités si on est suffisamment brave pour agir dès que la conjoncture rebondit après avoir touché le fond.

Sauf que la vision qu’ont les organismes qui refusent de renouveler la dette à court terme de l’Etat de Californie n’est clairement pas la même que celle des dirigeants de Wells-Fargo qui acceptent le risque de racheter Wachovia pour tenter de forger un 4e géant de la banque US.

Et pour celui qui se sera trompé, l’automne qui s’approche sera celui des matins froids et humides…

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