Le crime était presque parfait…

octobre 5, 2008 on 5:00 | In France | Commentaires fermés

Quel magnifique film que celui d’Alfred Hitchcock avec Cary Grant où celui-ci tente, mais finalement échoue, à faire disparaître son épouse sans se faire arrêter par la police et mettre derrière les barreaux par la justice.

Vous penserez sans doute que cela a fort peu à voir avec nos derniers articles sur la situation économique mondiale, même si JusMurmurandi a des envies furieuses d’en envoyer quelques-uns derrière les barreaux.

Sans oublier toutefois que pour ne pas avoir été parfait, le crime a cependant pris des proportions cataclysmiques.

Non, il s’agit tout autant d’une affaire américaine, avec tout le strass et paillettes qu’ils aiment tant à Hollywood, tout l’argent que l’on voit dans « Dallas », tout le sang que l’on étale dans « Urgences », tout le cynisme de « Desperate Housewives », tout le suspense qui tient en haleine dans « 24″, à titre d’exemples.

A ceci près qu’il s’agit de faits réels, et non d’une énième série télévisée, même si l’on imagine bien un réalisateur en mal d’imagination ou de sensationnel s’inspirer tôt ou tard de cette affaire.

En 1995, Nicole Brown Simpson et son amant Ronald Goldman sont retrouvés morts dans leur maison de Los Angeles, atrocement mutilés.

Les soupçons se tournent rapidement vers l’ex-mari de Nicole Brown, le célèbre footballeur O.J. Simpson. Affaire emblématique par la notoriété du suspect, mais aussi parce qu’il s’agissait d’un noir marié à une blanche.

Les preuves sont accablantes. En particulier une paire de chaussures italiennes dont on a trouvé les empreintes sur la scène du crime, et qui n’ont été vendues qu’à quelques centaines d’exemplaires dans le monde entier, ou la présence de sang dans sa voiture.

Le procès tient toute l’Amérique en haleine, comme dans ces procès à grand spectacle qu’elle sait si bien organiser (par exemple dans les affaires Lindbergh ou Rosenberg).

Le procès est même télévisé. La télé réalité avant l’heure.

Mais la police de Los Angeles a mal monté son dossier, et le jury est clairement partial. La défense de Simpson a joué à fond la « carte raciale », à savoir qu’une police raciste a tout fait pour abattre un noir dont la réussite a fait un modèle pour les autre noirs. Et pour faire peur de la réaction, à n’en pas douter violente, de la communauté noire, si Simpson devait être condamné.

O.J. Simpson est relaxé au pénal, jugement qui suscite la colère, en particulier chez la famille de la disparue qui le poursuit au civil au motif de « wrongful death »; cela ne s’invente pas [homicide délictuel].

Il est mis en faillite car la douloureuse (uniquement financière puisque nous sommes au civil) est de 34 millions de dollars, même s’il reste en liberté. Une douce faillite quand même, car la loi ne permet pas qu’on lui prenne sa luxueuse maison maintenant qu’il a déménagé en Floride. Cet état met en effet hors d’atteinte judiciaire les domiciles principaux contrairement à la Californie.

Il continue ainsi une vie de célébrité auprès de ceux que son sulfureux acquittement ne rebute pas.

Mais les « meilleures choses » ont une fin.

Et aujourd’hui, à l’occasion d’une autre affaire, il vient d’être jugé coupable de vol à main armée et d’enlèvement.

Il risque la prison à perpétuité. Et aux Etats Unis, la perpétuité c’est pour toujours, pas comme en France comme pour l’encombrant ami d’Olivier Besancenot issu d’Action Directe, Jean-Marc Rouillan.

Ses protestations que c’est une conspiration montée contre lui, le noir, qui a eu le front d’échapper à sa condamnation pour meurtre, n’ont pas, cette fois-ci, payé.

Quatre décennies après l’assassinat de Martin Luther King, à la veille d’élections présidentielles opposant un candidat blanc à un candidat noir, la race est toujours un sujet haut en couleur aux Etats Unis.

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