Jeux de crédits, jeux de bandits

octobre 6, 2008 on 6:43 | In France | Commentaires fermés

Tous les banquiers ne sont pas des voyous, loin de là. Mais, quand ils s’y mettent, compte tenu des montants en jeu, et surtout en période de crise aigue comme maintenant, les résultats peuvent être spectaculaires. Et que, dans certains cas, il soit possible, même si aucune loi n’est violée, de parler d’un « abus de faiblesse ». En voici quelques exemples:

- la faillite de Lehman Brothers, 4e banque d’affaires américaine, vieille de 154 ans, aurait été « aidée » par un concurrent direct, J.P. Morgan Chase, qui aurait « refusé » de lui rendre 17 milliards de dollars d’actifs déposés chez elle, provoquant un manque instantané et massif de liquidités et un dépôts de bilan quelques heures après. Morgan conteste cette version des faits. C’est le version financière de « gangs of New York », le film de Martin Scorsese

- Citigroup n’accepte pas que Wells Fargo s’empare de Wachovia. Compte tenu que Wells Fargo propose de payer 7 fois plus que Citi, et de ne pas demander 42 milliards de garanties gouvernementales, on pourrait penser que Citi aurait un peu honte d’avoir voulu faire un tel hold-up au frais du contribuable. Eh bien pas du tout, ils réclament en justice 60 milliards de dollars à Wells Fargo qui se serait ingérée dans une transaction déjà conclue. Citi aurait du se méfier des méthodes de Far West de Wells Fargo, qui descend directement de la célèbre compagnie de diligences de l’Ouest américain.

- General Electric, le conglomérat américain géant, que beaucoup considèrent comme la société la plus prospère et la plus solide du monde vient d’aviser ses actionnaires qu’elle suspendait tout paiement de dividendes et tout rachat d’actions et qu’elle levait 15 milliards de dollars de capital supplémentaire. Compte tenu que GE a déjà quelques 60 milliards de dollars de cash à son bilan (on se demande, soit dit en passant, en qui GE peut avoir confiance pour entreposer un tel montant de liquidités. Pas sûr que ce soit chez J.P. Morgan Chase si l’on croit l’histoire Lehman, en tout cas), on ne peut pas dire que leur augmentation va vraiment aider ceux qui en ont désespérément besoin (toutes les banques sans exception) à en trouver. Qui aurait envie d’investir dans une banque douteuse plutôt que dans le « roi » GE? A moins que ce ne soit un moyen pour le conglomérat qui dispose déjà d’une activité financière colossale de pousser un établissement désespéré à se faire racheter pour un prix de casse? GE se prendrait-elle pour Citizen Kane?

- cette augmentation de capital sera en partie souscrite par le génial investisseur américain Warren Buffett, à des conditions très favorables pour lui. Conditions qu’il a déjà su obtenir il y a peu pour son investissement dans la plus grande banque d’affaires du monde, Goldman Sachs. Beaucoup comparent le rôle de Buffett aujourd’hui, comme pôle de confiance, mais de confiance « rentable », à celui joué par J.P. Morgan pour aider à sortir de la crise de 1907. Quant on lit le paragraphe sur le rôle supposé de la banque fondée par Morgan dans la faillite de Lehman, JusMurmurandi se dit que la comparaison avec Buffett est peut-être plus profonde qu’il n’y paraît.

- Real Hypo Bank, banque allemande spécialisée dans l’immobilier, qui disait jusqu’il y a peu que la crise américaine lui était totalement étrangère a du être sauvée par l’Etat et les banques allemandes pour 35 miliards d’euros. Sauf que ce sauvetage rate, parce que la banque a « oublié » de tout dévoiler à ses sauveteurs. Ce ne sont pas 35 milliards dont elle a besoin. Mais 50. A moins que ce ne soient 70. Certaines estimations vont même jusqu’à 135 milliards d’euros. Jusqu’où battra le tambour des pertes de Real Hypo Bank, qui évidemment va faire peur quant aux autres banques de crédit hypothécaires, dont notre Dexia à nous?

Bref, tout ceci n’est pas très sympathique. C’est pourquoi, contrairement à ses derniers jours, cet article y compris, où JusMurmurandi brocarde les acteurs de notre ruine à tous, pour ne pas terminer sur une note de lamentation, un coup de chapeau s’impose pour une banque qui a bien tiré son épingle du jeu: BNP-Paribas

Voilà une banque qui, malgré son activité de détail importante aux USA par le biais de sa filiale californienne Bank of the West, ne s’est pas crue revenue au temps du Western. Ils ont fait leur métier de banquier avec un dynamisme prudent, et ont donc évité les icebergs qui coulent leurs confrères notamment islandais, allemands, anglais, et surtout américains. Ils sont aujourd’hui en mesure de racheter pour pas cher (mais pas scandaleusement bon marché non plus) les activité belges et luxembourgeoises de a banque faillie Fortis.

Cela fait de BNB-Paribas la première banque de dépôts d’Europe. Chapeau!

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