Trop d’assurance ne rassure pas quand tout le monde bluffe

octobre 10, 2008 on 10:40 | In France | Commentaires fermés

Le vendredi 10 octobre a des chances de rester dans le mémoires. Ce n’est pas tous les jours que l’indice de la bourse de Tokyo perd 10%, ou qu’il boucle une baisse hebdomadaire de 24%. Ou que la bourse de Moscou n’ouvre tout simplement pas. Ou que…. A quoi bon tout énumérer?

Pourquoi ce jour restera-t-il dans les mémoires? Parce que, et on peut toujours l’espérer, le marché finira bien, un jour, par se redresser. Et si c’était aujourd’hui qu’on atteignait un « plus bas », un plancher, à partir duquel la reconstruction se ferait, lentement peut-être, mais plus sûrement, sûrement. Espérons-le.

Plus concrètement, c’est aujourd’hui que l’on va voir apparaître les dégâts de la débâcle de Lehman Brothers. Car c’est aujourd’hui qu’il va falloir déboucler les fameux « CDS » de Lehman, ces polices d’assurances contre les défauts de paiement dont JusMurmurandi vous a déjà parlé.

Les banques et compagnies d’assurance se sont livrées depuis 1990, date de leur invention par J.P. Morgan, à des acrobaties financières diverses parce qu’au même moment elles souscrivaient une police d’assurance contre un éventuel mauvais sort de ces acrobaties. Ainsi, elles se croyaient protégées, et prenaient, de ce fait, des risques bien supérieurs à ceux qu’elles auraient pris sans assurance.

Le problème, c’est que, par le jeu de ces réassurances à l’infini, personne ne sait qui est responsable de quoi, dans quelle mesure, avec quelles limites, et si telle ou telle institution financière est à même de faire face à ses engagements. Ainsi par exemple une banque s’engage à assurer telle autre banque, et se réassure auprès de Lehman. Comme Lehman ne paiera plus, cela devient une perte imprévue pour la banque, qui, à son tour, devient risquée. Donc les autres banques ne lui prêtent plus, ce qui précipite sa chute. Moment auquel les bénéficiaires des polices d’assurance qu’elle a émises sont à leur tour touchés, et ainsi de suite.

C’est donc parce qu’il se croyait très bien assuré que le monde de la finance s’est permis de prendre des risques avec autant d’assurance. Le problème, c’est que, si on s’assure les uns les autres, chacun ne peut se croire assuré que pour autant que tous les autres survivent pour honorer leurs engagements.

Et aujourd’hui, on verra si, finalement, laisser tomber Lehman était une si bonne idée que cela. Parce que beaucoup ont cru que la crise était un simple jeu de chaises musicales. Il suffisait de ne pas être le seul sans chaise quand la musique de la confiance s’arrêtait.

Erreur. Le jeu est un poker menteur, et tout le monde a bluffé à fond en même temps. Et un idiot a laissé tomber Lehman, sans voir que cela arrêtait le jeu et forçait tout le monde à dévoiler son bluff…

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