L’enfer commence ici et maintenant

octobre 15, 2008 on 6:49 | In Best of, Economie, Europe, France, International | Commentaires fermés

D’aucuns pourraient penser, et non sans bonnes raisons, que le succès, s’il s’avérait, du plan de sauvetage du système financier, sonnerait la fin de la crise.

De la crise financière, oui. Mais tout ce que nous y aurions gagné, c’est le droit d’entrer en crise économique. Certes, si le plan ne fonctionnait pas, la crise serait, à l’avis de JusMurmurandi, d’une exceptionnelle gravité, avec des baisses de PNB à deux chiffres. Mais même s’il fonctionne à merveille, tout ne sera pas rose.

Car, si les Français ont le sentiment d’être déjà en crise, ils vont vite s’apercevoir de la différence entre se plaindre d’une sensation et se plaindre d’une réalité. Dans les faits, la consommation n’a pas encore chuté, même pour des biens durables où le crédit est un recours fréquent. Le seul secteur déjà en crise est l’immobilier, où les transactions ont baissé de quelques 30% par rapport à l’année dernière. Et ce n’est qu’aujourd’hui qu’on voit les ventes automobiles baisser nettement en Europe :-8% au mois de septembre.

Beaucoup ont vu dans les 1000 suppression d’emplois de Renault Sandouville l’illustration de la crise, mais ce n’est pas le cas. C’est le prix que payent les collaborateurs quand le nouveau modèle ( la Renault Laguna) ne plaît pas. La crise, ce seront non pas, comme à Sandouville, des suppressions d’emplois « volontaires », c’est-à-dire largement indemnisées, mais des licenciements ordonnés par le Tribunal de Commerce, c’est-à-dire payés le moins cher possible, et ce même quand le produit « marche » commercialement.

Il suffit de penser à la dernière récession sévère, en 1993, pour se souvenir de journaux télévisés qui annonçaient, jour après jour, des pertes d’emplois par milliers, provoquant un très compréhensible traumatisme.

Nous n’y sommes pas. Pas encore. Mais nous y allons tout droit. Un premier exemple vient de nous être donné, avec la mise en sauvegarde du groupe Cauval Industries, premier groupe français de meubles (marques Dunlopillo, Simmons, Steiner, Simmons, Treca, Mondial Kit, Espalux, Dumeste entre autres), qui fournit notamment 30% des matelas du marché français et emploie quelques 5000 personnes.

Cauval plaide que ses difficultés ont dues aux problèmes de financement entraînées par la crise bancaire, et c’est très possible. Quand on sait que Cauval a grandi par acquisitions ces dernières années, et a donc un montant de dettes non négligeable, on voit bien que c’était un excellent candidat au rôle de victime de la « crampe du crédit » à laquelle nous serons tout soumis quoi qu’il arrive.

Quand, en plus, on comprend que le renouvellement d’un matelas est une dépense non vitale qu’il est facile de repousser de quelques mois, et qu’il est souvent financé par un crédit à la consommation, on se dit qu’entre des consommateurs frileux à dépenser pour cause de crise et des organismes de crédit réticents à prêter pour cause de manque de moyens, les perspectives commerciales de Cauval n’étaient pas des plus porteuses. Même chose pour les cuisines, dont les ventes sont pour partie liées à la construction de logements, aujourd’hui en panne.

Bref, pour ce qui est de notre avenir économique proche, JusMurmurandi ne voit que le choix entre 2 possibilités. La churchilienne: « le sang, la sueur et les larmes », et la dantesque « vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance ».

Sauf qu’après l’hiver, forcément, un jour, viendra le printemps. Ne perdons pas espoir.

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