Alain Morvan est-il un autre Jean Moulin?

mars 22, 2007 on 5:24 | In Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Le recteur de l’Université de Lyon, Alain Morvan, a été remplacé par le Conseil des Ministres. Ce recteur s’est fait remarquer par la vigueur de son combat pour extirper des révisionnistes du sein de l’académie dont il était recteur. Mais aussi, cette fois-ci, pour son opposition acharnée à l’ouverture d’un lycée musulman à Décines. Opposition face aux ordres de sa hiérarchie, et aussi aux décisions de justice. Une affaire simple en apparence: une personne s’oppose à sa hiérarchie, manque au devoir de réserve, la hiérarchie sanctionne. En fait, pour JusMurmurandi, une affaire exemplaire.

D’abord, parce que la sanction contre le recteur Morvan est douce. Tout autre que lui eût été licencié pour insubordination, une faute lourde. Ni préavis, ni indemnités. Mais là, nous sommes dans la fonction publique, plus même, dans l’Education Nationale. Le recteur Morvan va redevenir professeur. Il bénéficie d’un parachute qu’utilisent aussi nombre de politiques pour retrouver leur poste quand leur carrière connaît une éclipse. Un parachute bien aussi choquant que les parachutes dorés des patrons d’entreprise contre lesquels les politiques s’élèvent avec des accents de vertu outragée.

Ensuite parce que, bien sûr, rien de ceci ne serait arrivé si le lycée auquel s’opposait le recteur Morvan n’avait pas été musulman. Et que manifestement, dans cette affaire, on voit qu’un établissement d’enseignement laïc est un établissement d’enseignement. Alors qu’un établissement d’enseignement musulman est un établissement musulman…

Et qu’en la circonstance, le recteur Morvan, en se faisant le défenseur de la République laïque, est en fait le premier à pointer le doigt sur la « différence » d’un lycée musulman. Donc le premier à, au nom de la République qui affiche « Liberté, Egalité, Fraternité » au fronton de ses bâtiments publics, pousser en fait au communautarisme.

Enfin, et c’est peut-être ce qui choque le plus JusMurmurandi dans cette affaire, le choeur des vierges effarouchées s’élève contre une administration qui applique la loi. Nul ne peut s’opposer à sa hiérarchie, qui, en l’occurrence, se voit confortée par une décision de justice.

Oui, mais voilà, dans notre société sévit un courant qui privilégie une sorte de légitimité autoproclamée à la légalité. Qui, au nom de la Résistance, autorise toutes les résistances.

Qui fait d’un recteur qui bafoue sa hiérarchie, son obligation de réserve et une décision de justice, non un fonctionnaire défaillant, mais une victime idéologique.

Qui fait que chaque individu a le droit, presque le devoir de s’ériger en juge de toute légitimité, et que, si celle-ci va à l’encontre de la légalité, chaque personne est un héros en devenir.

Que détruire un restaurant Mc Donald’s ou une récolte agricole sont des actes de Résistance, et non des délits.
JusMurmurandi voudrait poser une question simple.

Si, en faisant l’hypothèse d’une Ségolène Royal élue Présidente avec les voix de la fonction publique en général et de l’Education Nationale en particulier, qui forment le coeur de l’électorat PS, que ferait cette Administration si un contribuable s’avisait de ne pas payer ses impôts au motif que ceux-ci allaient financer des dépenses illégitimes?

Si cette attitude se répandait, et que le Gouvernement doive faire front à une révolte des contribuables? Reconnaitrait-elle à ces contribuables la moindre légitimité, le statut de Résistant?

On peut penser au contraire qu’elle n’aurait de cesse de rouvrir tout spécialement à leur intention le Bagne de l’Ile du Diable…

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