L’argent du miracle

octobre 21, 2008 on 7:23 | In C'est ça, Paris?, Economie, France | Commentaires fermés

Comme le temps qui passe peut, parfois, changer les choses! Il y a tout juste quelques mois, François Fillon se déclarait « Premier Ministre d’un pays en faillite ». Il ne le savait pas encore, mais ce n’était pas un constat qu’il faisait, mais une prédiction!

Car, depuis, deux problèmes sont venus abîmer encore plus les finances publiques (abîmer, c’est-à-dire plonger dans un abîme).

D’une part le formidable ralentissement économique, avec sa perspective de croissance quasi-nulle pendant un an et demie ( six mois de 2008 et l’année 2009, sans préjuger de la suite) va amputer les recettes fiscales de façon cruelle. Que ce soient la T.V.A. ou l’impôt sur les bénéfices des entreprises, sans parler des droits de mutation sur un immobilier à l’électroencéphalogramme aujourd’hui plat, ce sont des dizaines de milliards d’euros qui manqueront à l’appel.

Sans compter le même effet sur les régimes sociaux. Moins de cotisations sociales, car moins d’emplois, et plus d’ayant-droit aux allocations chômage. Encore des milliards par dizaines.

D’autre part, il va bien falloir recapitaliser les banques et autres compagnies d’assurances.

Parlant d’assurances, JusMurmurandi a bien entendu les assurances du gouvernement selon lequel les 360 milliards promis pour rassurer les marchés et redémarrer le crédit ne coûteraient pas un centime aux contribuables. Et l’assurance des banquiers déclarant que leur banque n’avait pas besoin de fonds propres supplémentaires.

Mais voilà, maintenant le loup est sorti bu bois, car il a sorti l’odeur de l’argent. Du vrai, pas de la fumée. De la fraîche, de l’artiche, du flouze, du blé, du cash, des biftons, de la monnaie. Bref, du fric.

Et là, du fric, il y en a. 10,5 milliards d’euros pour les banques françaises dans un premier temps. Car ces sommes sont très faibles, voire dérisoires, par rapport à ce qu’engagent nos voisins. 45 milliards de livres en Grande-Bretagne, 60 milliards d’euros en Allemagne.

Il est utile d’ajouter que « donner » cet argent (quel que soit le nom dont celui-ci baptisera cette opération et les conditions qu’il y attachera, c’est bien de cela qu’il s’agit. On a bel et bien trouvé de l’argent pou elles, dont la seule vertu est d’avoir un rôle trop important pour qu’on puisse laisser le marché leur donnée la fessée qu’elles ont si richement méritée) aux banques va rendre intenable la position du gouvernement face aux demandes dont, comme tout gouvernement, il est en permanence assailli.

Donner dix milliards aux banques, et pas un petit milliard aux pauvres, aux déshérités, aux exclus, aux expulsés, à la recherche médicale, à l’éducation, aux chômeurs, aux retraités, aux vieux, etc…?

Face à cela, le gouvernement n’a pas 36 solutions pour trouver des recettes.

Première voie: ne rien faire, et laisser les déficits filer. Outre que Bruxelles finira par se réveiller de son coma concernant les critères de Maastricht, cela ferait courir le risque que la France soit la prochaine Islande, voire la prochaine Lehman Brothers.

Deuxième voie: augmenter les impôts. Personne ne l’a encore annoncé, car une ponction sur un pays en pleine marasme contribue à peser sur une activité déjà en berne. Pourtant, il faudra bien en passer par là. Même si ce sera maqué sous les doux noms de « chasse aux fraudeurs », de redéploiement de l’aide de l’Etat, ou de plafonnement des niches fiscales, JusMurmurandi prédit que ce passage-là est tout ce qu’il y a d’obligé.

D’ailleurs, à Paris, Bertrand Delanoë l’a annoncé avec une ampleur (9% d’un coup, plus 3% d’un autre, peste!) et une absence de tout émoi qui sont une vraie leçon de cynisme et de realpolitik. Ce faisant, il rend un sacré service à la droite, qui aura beau jeu de se prévaloir que l’opposition en fait au moins autant. C’est si évident qu’il y a lieu de se demander si l’annonce de cette hausse d’impôts à Paris n’est pas une bonne manière de BD à Nicolas Sarkozy. Comme a pu l’être le choix de la part de Sarko le choix de Françoise de Panafieu, candidate faible, aux municipales parisiennes face à Bertrand le fêtard.

La troisième voie serait de croire au miracle. A un redécollage rapide de l’économie alimenté par les centaines de milliards injectés, par la baisse du prix des matières premières et le redressement du dollar. Un vrai miracle!

Ainsi la France ruinée pourrait demander qu’on prie pour elle comme pour les déshérités, les malades, les exclus. Le malheur, c’est que Soeur Emmanuelle, si éloquente et émouvante pour plaider leur cause, vient de mourir. Et que sa messe de requiem à Notre-Dame, avec un faste si peu à propos, a toute chance de réunir Nicolas Sarkozy et Bertrand Delanoë.

Et si c’était cela, le miracle dont la France ait besoin, celui qu’une soeur Emmanuelle pourrait, même à titre posthume, faire aboutir?

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