L’insoutenable légèreté du soutien

octobre 22, 2008 on 6:39 | In France, Incongruités | Commentaires fermés

La campagne présidentielle américaine est pleine d’enseignements pour analystes et hommes politiques. Le tout est de choisir lesquels retenir.

Ainsi, les primaires américaines ont vu Hillary Clinton lourdement handicapée par son soutien -à l’époque- à une guerre d’Irak aujourd’hui très impopulaire. Ce qui montre le danger d’une position d’union nationale, une fois ce temps révolu.

C’est sans doute ce qui a poussé les députés socialistes à ne pas voter pour le renforcement de la présence française française en Afghanistan, trahissant ainsi leur propre doctrine sur le sujet, et notamment les positions de François Mitterrand et de Lionel Jospin.

C’est également ce qui a du les inspirer pour ne pas voter le RSA, réforme manifestement « de gauche » non seulement par les bénéficiaires -les « travailleurs pauvres »-, mais aussi par son financement par le biais d’un prélèvement sur le revenus du capital. Ils eussent du se réjouir de cette réforme, et en particulier de la douleur qu’elle provoquait à droite, peu encline à la soutenir compte tenu qu’elle prenait leur inclination politique à rebrousse poil. Ce d’autant plus qu’elle figurait au programme de leur propre candidate aux élections présidentielles.

C’est certainement aussi ce qui les a motivé à ne pas voter pour le plan de sauvetage des banques françaises, plan adoubé par leur collègue Dominique Strauss-Kahn, Directeur Général du Fonds Monétaire International, et voté à l’identique par les socialistes espagnols, allemands ou les travaillistes anglais. Car il ne faudrait pas voir dans leur refus de voter « pour » un désir de voir les banques françaises s’effondrer. D’où un flot d’explications subtiles pour justifier une abstention. Une attitude surprenamment jésuite de la part d’un parti activement laïc.

Mais tout a une fin, même cette politique de non soutien à tous crins. Car le Parti Socialiste a décidé, enfin, de voter la loi issue du Grenelle de l’Environnement.

Évidemment, on peut se réjouir de la fin de leur opposition systématique, même sur des sujets qui dépassent manifestement les clivages gauche-droite et mettent en jeu l’intérêt national.

Mais on peut aussi se demander quelle lisibilité cela donne aux électeurs. Car les raisons de ne pas voter le texte sur l’environnement ne manquaient pas, en tout cas pas plus que les autres. Que ce soit le financement ou le relatif manque d’envergure sur plusieurs sujets, il y avait matière à diverger, si les socialistes l’avaient voulu.

En fait, JusMurmurandi propose une autre lecture de ce vote, qui le mettrait en droite ligne de tous ces refus surprenants. Les socialistes, eux, sont de vrais écologistes, voici pourquoi.

La présence française en Afghanistan contribue à empêcher les retour au pouvoir des Talibans. Or ceux-ci, par leur opposition forcenée au modèle occidental, à l’éducation des femmes, et le blocus économique auquel leur régime serait indiscutablement soumis, représenteraient certainement un retour en arrière pour le pays. Ce qui serait bon pour la planète, n’est-ce pas?

Il en va de même pour le RSA, qui est conçu pour stimuler le retour à l’emploi. Plus d’emplois, cela veut dire plus de production de biens et de services, plus de richesse nationale, plus de pouvoir d’achat. Donc plus de consommation et plus de pollution. Mauvais pour la planète! Donc les socialistes ne pouvaient que voter contre!

De même, si le plan de sauvetage des banques n’avait pas été voté, celles-ci se fussent effondrées, et, avec elles, l’activité économique dans une proportion jamais vue dans l’ère moderne. Moins d’activité économique, c’est meilleur pour la planète! Donc les socialistes, là encore, ont fait le choix douloureux, mais combien estimable, d’apparaître comme une bande d’idiots englués dans des querelles médiocres de personnes rassemblés uniquement par leur désir de pouvoir et ne trouvant comme seul dénominateur commun l’opposition frénétique à la politique de Nicolas Sarkozy, alors qu’en fait ils sont des anges de pureté voués au salut de la planète comme Soeur Emmanuelle l’était à celui des plus pauvres.

Et c’est certainement ce souci forcené de l’environnement qui conduit les socialistes dans leurs débats internes, autrement si difficiles à interpréter. Car ils ont compris le coût écologique des ces grands rendez-vous électoraux que la France propose tous les 5 ans. Innombrables déplacements des politiques vers les électeurs et des électeurs vers les lieux des meetings. Tracts par centaines de millions aux prix de forêts entière d’arbres abattus qui ne demandaient qu’à absorber du CO². Et tout à l’avenant.

C’est pourquoi le Parti Socialiste, par pure politique, au sens le plus noble du terme, c’est-à-dire de l’intérêt général, a-t-il décidé -secrètement bien sûr, pour en garder tout l’effet- de ne plus jamais être en position de gagner une élection majeure, ce qui permettra d’économiser très fortement sur les prochaines élections, tant elles seront sans enjeu réel.

JusMurmurandi ne peu que saluer une aussi haute approche de la vie politique!

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