Les RATS!

octobre 22, 2008 on 6:21 | In Coup de gueule, Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | 2 Comments

Qu’est-ce qu’un RAT? C’est un rongeur peu sympathique. C’est aussi un raccourci pour un « radin », ou RATdin, c’est à dire un RATpiat, un grigou, un avare.

Qui sont les RATS dénoncés par JusMurmurandi?

M. Pauget, directeur général du Crédit Agricole, et Président de la Fédération Bancaire Française (FBF), a dit que les banques françaises affecteraient les 10,5 milliards d’euros reçus de l’Etat à offrir des facilités d’affacturage. Ou d’affactuRATge.

Car l’affacturage est un système peu répandu en France, par lequel une banque rachète les créances de ses clients. Ce système est peu populaire pour plusieurs raisons.

D’abord parce que l’entreprise perd, en vendant ses factures, tout contrôle sur son compte client.
Notamment, si un de ses clients a besoin d’un délai de paiement, ce qui, par les temps qui courent peut se comprendre, il n’y a plus moyen de le lui accorder, car c’est la banque qui décide.

Ensuite, parce que l’affacturage est toujours vendu avec toute une série d’autres services, dont l’assurance-crédit, ce qui le rend très cher.

Enfin parce que la banque peut toujours refuser de racheter toute facture qui ne répond pas à ses critères, quels qu’ils soient, notamment au motif que l’assurance crédit la refuse.

Sans compter que la vente du compte clients fait peur aux autres créanciers (banquiers qui font du vrai crédit, fournisseurs), qui n’auront que leurs yeux pour pleurer en cas de dépôt de bilan.

En revanche, c’est un très bon système pour la banque, qui vend de multiples services, et qui bénéficie avec la facture d’une excellente garantie aux fonds qu’elle fournit à l’entreprise.

En d’autres termes, si l’on en croit les propos de M. Pauget, les banques françaises, qui ont un besoin vital de se recapitaliser pour survivre et recommencer à inspirer confiance, qui ont réussi à obtenir de l’Etat non pas des actions, qui eussent donné à l’Etat un droit de vote et dilué leurs actionnaires, mais des prêts qui ne donnent aucun droit, ne veulent pas jouer le jeu.

Pas question de réouvrir le robinet du crédit. Car l’affacturage, ce n’est pas du crédit, quoi qu’en disent les banquiers. Il suffit de regarder un bilan de société affacturée: pas de dettes, et pas de compte clients non plus. Donc pas de crédit pour l’entreprise, et pas de risque pour la banque non plus, mais de grasses commissions.

M. Pauget ne s’en cache pas, d’ailleurs, indiquant qu’il trouve légitime que les banques ne prennent pas de risques, de peur qu’on ne le leur reproche plus tard, après ceux qu’ils ont déjà pris, avec les résultats qu’on connaît.

Son arithmétique est d’ailleurs surprenante, puisqu’il parle à la fois de 400 millions d’euros de revenu annuel pour l’Etat en rémunération de ces prêts, qui porteront intérêt au taux de 8%. Alors, est-ce 4% et 400 millions, ou 8% et 800 millions? Ou M. Pauget annonce-t-il 8% alors que c’est 4%, de façon à justifier le taux élevé des crédits que consentirait le Crédit Agricole?

Car M. Pauget dit aussi que les 3 milliards d’argent public que va recevoir sa banque vont lui permettre de faire « grosso modo une dizaine de fois plus de crédits ». Ce qui sous-entend que le Crédit Agricole n’affectait plus que 300 millions à faire du crédit à sa clientèle?  Ce qui voudrait dire qu’il s’agirait d’un banque financée à 90% par de capitaux publics?

Bref, on le voit bien, M. Pauget raconte n’importe quoi pour masquer la réalité. La réalité, c’est que les banques ont, au plan mondial, engendré une crise sans précédent dont seul un effort tout aussi sans précédent des contribuables leur évitera une ignominieuse faillite en série.

Et, en contrepartie de ces milliards, que vont faire les banques françaises pour relancer l’économie? Rien, sauf acheter des factures sans risques tout en prenant de grasses commissions.

Comment appelle-t-on des gens qui ont un comportement aussi cynique et contraire à l’intérêt général?

Dans le dictionnaire, JusMumurandi a trouvé le mot « scéléRATS ». Comme dans « c’est les RATS »?

2 commentaires

  1. Bonjour Jus … ,

    je vous trouve dur pour le coup !

    Bien sur que les banques profitent de l ‘ affacturage , elles ne sont point philantropes . Mais pour avoir pratiqué l ‘ affecturage et la loi  » Dailly  » , je puis dire que ces formules m ‘ ont tirées de graves embarras . Encore faut il les connaitre bien pour les utiliser … Le  » Dailly  » en particulier – sais pas si cela existe encore – était un système secours précieux en des temps difficiles … Mais bon , si l ‘ entreprise a la corde au cou , pas de solution miracle , bien sur …

    Commentaire by jerome — 26 octobre 2008 #

  2. Merci de votre commentaire, Jérôme. Il n’y a pas de désaccord entre nous sur l’utilité tant du système Dailly que de l’affacturage, pour certaines entreprises à certains moments de leur existence.
    Ce qui, en revanche, déclenche l’ire jusmurmurandienne, c’est qu’en l’espèce ce sont des banques qui ont besoin de fonds publics pour restaurer leur crédibilité et à qui la puissance publique fournit un financement exceptionnel. Et que les banques devraient appliquer le principe de « qui paie commande ». L’argent de l’Etat devant être distribué suivant les directives de l’Etat et non suivant la profitabilité maximum de la banque.
    Dit autrement, les banques françaises ont un double langage choquant en disant d’une part que leur réseau est rentable et pas du tout touché par la crise financière, et d’autre part en affectant les ressources exceptionnelles d’argent public à un usage particulièrement frileux. … et en attendant, ce sont les Français qui trinquent et qui payent.

    Commentaire by JM2 — 26 octobre 2008 #

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