Les nouveaux pauvres…

octobre 23, 2008 on 7:20 | In France | Commentaires fermés

Selon que vous serez puissant ou misérable, écrivait Jean de la Fontaine. Mais quoi de plus douloureux que d’être misérable après avoir puissant, si puissant?

C’est bien le sort de beaucoup de ceux qui se voyaient jusqu’il y a peu, comme les Maîtres de la Planète.

Politiquement, le premier nom qui vient à l’esprit est celui de George W. Bush, passé en peu d’années de Président de la superpuissance américaine et de donneur de leçons au monde entier à celui de Président totalement discrédité dans le monde, à commencer par son propre pays.

Economiquement, que sont devenus ceux qui dominaient le monde à partir de leurs fauteuils de Présidents de grande banque, de traders aux revenus phénoménaux, d’agences de notation financière dont les verdicts faisaient ou défaisaient un cours de bourse en quelques heures? Au mieux, ils sont disgraciés. Au pire, licenciés et inemployables.

Financièrement, comme ils se font plus discrets, ces oligarques de tout poil, producteurs de pétrole, de gaz ou de ressources naturelles avec leurs projets pharaoniques, ces dirigeants vénézuélien, russes ou chinois tout gonflés de leurs succès comme fournisseurs du monde. Tous avaient oublié que leur prospérité dépendait de celle de leurs clients.

Ainsi, l’un des plus spectaculaires d’entre eux, l’indien Lakshmi Mittal, qui contrôle le premier producteur mondial d’acier qui porte son nom, est-il passé en quelques mois de la position de quelqu’un qui force ses clients à accepter des hausses de prix malgré des contrats signés à prix fixes à celle de devoir réduire sa production en raison d’une surproduction qui effondre les prix. On imagine quel accueil ses clients, qu’il « violait » si peu de temps avant, réservent maintenant à ses équipes commerciales.

Ainsi l’Islande est-elle passée du rôle de petit paradis prospère à celui de cas d’école de pays ruiné.

Ainsi les bourses ne sont-elles plus l’endroit à la mode pour tous ceux qui veulent s’enrichir vite, Chinois par exemple, qui ont vu l’indice de Shanghai perdre plus de la moitié de sa valeur. Ce qui n’est guère mieux que celles de Sao Paulo ou Moscou.

Ainsi les banques qui avaient dépensé un prix record pour acheter leur consoeur néerlandaise ABN Amro à l’issue d’une bataille longue, indécise et coûteuse ne sont-ils plus des héros, mais des zéros, dont l’erreur se paye par la nationalisation pour l’anglaise RBS et le sauvetage à 10 milliards de dollars pour la néerlandaise ING.

Vous direz, et vous aurez raison, qu’ils ne sont pas vraiment à plaindre, ayant tous perçu d’immenses richesses avant leur chute, tel le PDG qui mena Lehman Brothers à la faillite, mais non sans en avoir reçu un demi milliards de dollars en quatorze ans.

Mais ce serait oublier que, passé le choc de la découverte, et passée l’urgence de trouver une solution pour éviter le pire, la fureur des perdants, ces contribuables lourdement taxés pour sortir les banques du gouffre qu’elles ont elles-mêmes creusé, ces épargnants dont la retraite est partie enfumée, ces propriétaires immobiliers jetés à la rue, cette fureur va s’exprimer et exiger le châtiment des coupables.

Car la fin de la citation de La Fontaine est « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Oui, vraiment, pour eux, l’enfer ne fait alors que commencer.

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