Ah, les cons!

octobre 29, 2008 on 9:26 | In France | Commentaires fermés

Mais qu’est-ce qu’ils allaient f….e là-bas! C’est la réflexion qu’on prête au Président de la République parlant des pertes abyssales de Dexia aux Etats-Unis.

Malheureusement, ce n’est pas un cas isolé. Les Caisses d’Epargne, déja frappées par les pertes aux USA de leur filiale Natixis, se sont retrouvées avec près de 800 millions d’euros de pertes de trading en quelques jours, causées par un équipe de 3 personnes qui avaient pris des positions sur le marché des actions.

Et revoilà Dexia qui annonce des pertes de 82 millions en Slovaquie. Celles-ci sont dues à des pertes de change sur des opérations entre le dollar et le rand sud-africain. JusMurmurandi a du mal à comprendre comment cette opération s’inscrit dans la mission de Dexia de prêter aux collectivités locales slovaques…

Plus important en montant, ce qui touche à Volkswagen. Cette entreprise est devenue la première capitalisation boursière au monde, devant Exxon, Microsoft ou General Electric!, depuis que son titre a flambé alors que les bourses mondiales capitulaient.

Pourquoi? Parce que des spéculateurs ont vendu ce titre à découvert, pariant ainsi sur sa baisse. Car en vendant pour livraison à terme quelque chose qu’on ne possède pas, on gagne de l’argent si, le terme venu, on peut le racheter moins cher que prévu. Mais on en perd si le titre a monté. Et là, il y a eu une embrouille. Porsche était réputé contrôler une grosse trentaine de pourcents de VW, mais a annoncé en contrôler en fait plus de 70%. Comme le Land de Bavière en contrôle 20%, cela ne laisse plus que quelques pourcents sur le marché qui soient rachetables par des vendeurs à découvert. Qui ont dû racheter à n’importe quel prix ces trop rares actions, faisant flamber le cours (+350% en deux jours!!!) très au delà de toute rationalité économique, et générant des milliards d’euros de pertes (la rumeur veut que ce soient 4 milliards) pour les vendeurs à découvert à contretemps.

Cette histoire serait germano-allemande si les salles de marché ne bruissaient de rumeurs sur l’identité des perdants. Qui citent Goldman Sachs, qui ne commente pas, Morgan Stanley, qui dément, et surtout la Société Générale, déjà écharpée par l’affaire Kerviel, et qui dément aussi.

C’est comme si on ne prêtait qu’aux riches, si l’on peut dire puisqu’il s’agit de pertes, puisque Caisses d’Epargne, Dexia et Société Générale ont toutes déjà subi des « accidents ».

Ce qui frappe JusMurmurandi comme les pertes frappent les banques et les impôts pour solder la note vont frapper les contribuables, c’est que les banques ont subi ces pertes sur des activités spéculatives n’ayant rien à voir avec leur métier de prêteur ou de gestionnaire de fonds pour compte de tiers.

Et il y a donc une contamination entre les métiers, économiquement indispensables, et jusqu’ici rentables, de banque de réseau, et celles, beaucoup plus risquées et volatiles, de banque d’affaires. Il ne s’agit pas de faire ici un démago-populisme à bon marché en dénonçant la spéculation et l’argent gagné en dormant, après tout Ségolène Royal et François Bayrou le font déjà largement, car les produits dérivés ont un rôle indispensable à jouer dans le bon fonctionnement de l’économie.

Mais, au moment où tous préparent de nouvelles « règles du jeu » pour rebâtir un système financier mondial, il semble à JusMurmurandi qu’il faille se garder de deux écueils. D’une part, jeter le bébé avec l’eau du bain, c’est-à-dire trop encadrer, interdire et règlementer. Si c’est le cas, cela provoquera une contraction importante du secteur financier, et donc de l’offre de crédit disponible pour financer l’activité économique. C’est le schéma de la Grande Crise de 1929.

L’autre consisterait à laisser perdurer le mélange de ces activités finalement très distinctes de financement d’un côté et de risque de l’autre. Ce qui conduit, comme aujourd’hui, à laisser les « cons » des affaires slovaque, américaine ou Volkswagen contaminer l’octroi de crédits immobiliers ou automobile et ruiner l’économie après avoir ruiné leurs banques.

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