Le PS est-il le miroir du système financier français?

novembre 2, 2008 on 8:10 | In France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Les banques françaises, comme toutes les autres d’ailleurs, ont un tel problème de crédibilité qu’il aura fallu que l’Etat intervienne massivement pour garantir des crédits interbancaires qui ne se faisaient plus, faut de confiance.

Le PS a-t-il un problème de crédibilité, inspire-t-il confiance aux Français? Les réponses sont assurément « oui » à la première question, et « non » à la seconde. Exactement comme les banques françaises.

Ne pas faire de crédit interbancaire permet à une banque de ne pas risquer de pertes, mais condamne avec certitude l’ensemble des banques et du système économique et financier. C’est pourtant ce « chacun pour soi » que les banques françaises ont adopté avant l’intervention de l’Etat.

Les candidats au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste ont-ils adopté une politique du « chacun pour soi » en préparant leur propre motion pour le congrès de Reims au risque de perdre tout le PS dans une guerre interne totalement déphasée par rapport à la conjoncture et à l’état de l’opinion? Indiscutablement, exactement comme les banques françaises. Banques françaises, dont ils ont tous socialistes pour une fois réunis et d’accord, et c’est une exception en Europe, refusé de voter le plan de sauvetage à un tournant de notre histoire, alors qu’une crise sans précédent frappe le monde occidental.

En revanche, les candidats ne prennent pas la même voie pour tenter de prendre la première place.

Martine Aubry tente de s’allier toutes les fédérations locales, sachant que s’en faire des obligés, c’est se garnir un portefeuille d’obligations.

Bertrand Delanoë de son côté met en avant sa crédibilité non seulement comme premier secrétaire potentiel, mais, plus tard, et plus haut, comme candidat à l’Elysée. Il prend donc des engagements sur la qualité de sa signature.

Ségolène Royal, elle, s’efforce de suivre à la trace l’hyperactif Président Sarkozy pour, à chaque déclaration de celui-ci, en opposer une des siennes, encore plus ambitieuse. Ainsi sur la nécessité d’un ministère du développement économique commun franco-allemand, sur le besoin que l’Etat entre au capital des banques, ou aujourd’hui de refonder tout le système socio-économique, la social-démocratie étant dépassée. C’est dans ces propositions d’actions qu’elle espère faire fructifier les voix de mai 2007 qui, pense-t-elle, la légitiment dans son rôle de première opposante de France.

Si l’on en croit ce qui est arrivé au système financier international, les cours des actions se sont effondrés. Ce qui n’augure rien de bon pour Mme Royal.

Les engagements par signature d’institutions réputées en ont causé la faillite, telles Lehman, ou la perte, telle AIG, Fanny Mae ou Freddy Mac. Ce qui n’augure rien de bon pour Bertrand Delanoë.

En revanche, les obligations ont fructifié en ces temps de fuite vers la qualité et de baisse des taux d’intérêts. Ce pourrait être tout bon pour Martine Aubry.

Encore faudrait-il que, comme un système bancaire dont les acteurs continueraient de « jouer perso », la victoire de l’un ou de l’une ne soit pas la défaite de tous, certains partant pour rejoindre Besancenot, et d’autre Bayrou.

Les socialistes se donnent le droit de s’entre-déchirer maintenant malgré ce risque, certains que, comme à chaque fois par le passé, les mécanismes de compromis interviendront à temps pour permettre la survie du système PS.

Demandez donc aux financiers si faire confiance aux mécanismes qui ont toujours fonctionné par le passé est un bon moyen d’éviter la crise et le risque d’implosion du système. Comme, en outre, ils ont refusé de voter le plan de sauvetage des banques françaises, qui les sauvera, eux, quand leur temps sera venu?

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