Délocalisation en vue

mars 27, 2007 on 8:30 | In Economie, Europe, France | Commentaires fermés

Les Français se sentent menacés par les délocalisations, dont ils craignent les effets sur leur emploi. Alors que, trop souvent, on ne voit le phénomène que quand il est « trop tard », JusMumurandi vous propose cette-fois-ci d’en observer une en cours de formation. Comme cela, quand elle arrivera, vous saurez comment et pourquoi c’est arrivé…
Cela se passe à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois, qui produit notamment des Citroën C3. PSA, pour gagner en efficacité, vend une activité de cette usine à un sous-traitant, qui l’exploite sur le site. Tout irait bien si cette activité n’était vitale pour ce sous-traitant, à la santé financière peu assurée.

Sentant la relative faiblesse de l’employeur, les employés se mettent en grève pour de meilleurs salaires. Atteint par l’arrêt de la production, et la pression de PSA, qui menace d’annuler ses commandes si la production ne repart pas, le sous-traitant capitule et accorde une augmentation de salaire de 300 euros par mois.

A partir de là, la machine s’emballe, et quelques centaines d’employés de PSA à Aulnay se mettent en grève pour exiger qu’eux aussi bénéficient de la même forte augmentation de salaire. Bien évidemment, PSA refuse, et la production s’arrête, bloquée par les grévistes en dépit de leur faible nombre. Cela dure depuis un mois. Un mois sans production, pour une grève dont la cause est totalement étrangère à PSA, totalement minoritaire, et contraire à l’accord salarial signé par PSA et ses syndicats. Accords dont on voit bien qu’ils sont en l’espèce à sens unique, obligeant la direction mais pas les employés…
Quand PSA décidera de ses prochains investissements, que croyez-vous que la direction du site d’Aulnay-sous Bois pourra faire valoir pour convaincre le nouveau PDG, Christian Streiff, de les faire là, plutôt que dans un site slovaque ou tchèque, où le personnel, déjà nettement moins coûteux, sera heureux d’un nouveau travail dans une usine neuve, et remerciera PSA par une combinaison de paix sociale et de haute qualité, en sus de couts plus bas qu’en région parisienne ? Eh bien rien, tout simplement. Les nouveaux modèles seront faits ailleurs, et Aulnay rejoindra Vilvoorde et les autres sites d’Europe occidentale qui ne produisent plus d’automobiles pendant que nous achetons les mêmes modèles, mais faits sous des cieux plus compétitifs.
La mort du site d’Aulnay, qui sera, n’en doutons pas, reconverti en quelconque activité de services liés à l’activité économique de Roissy tout proche, sera n’en doutons pas commodément attribuée à une infection de concurrence étrangère globalisée. JusMurmurandi voudrait rétablir par avance ce diagnostic futur.

Ce ne sera pas une infection externe. Ce sera un suicide.

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.