Les Jeux Olympiques du Parti Socialiste

novembre 7, 2008 on 10:27 | In Best of, C'est ça, Paris?, France, Insolite | Commentaires fermés

Citius, Altius, Fortius. Plus vite, plus haut, plus fort, tel est le but des athlètes olympiques. Tous savent qu’ils ne gagneront pas nécessairement. Certains, la majorité des compétiteurs, savent qu’ils ne gagneront certainement pas. Mais participer leur semble important. D’autant qu’ils n’auront la chance de participer que tous les 4 ans.

C’est pourquoi la course actuelle au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste ressemble tant à une finale olympique. Après des années de préparation, arriver plus vite à une coalition gagnante. Monter plus haut dans les sondages. S’opposer plus fort à Nicolas Sarkozy.

Évidemment, il y a aussi un côté cruel aux Jeux Olympiques. Car, à côté du triomphe du vainqueur, sous l’oeil des caméras du monde entier, il y a la détresse des perdants instantanément replongés dans l’anonymat, malgré des années d’efforts, de sacrifices et d’espoir.

C’est ce que doivent ressentir aujourd’hui les perdants des votes des militants du Parti Socialiste. Qui sont-ils?

Certes, Ségolène Royal peut se prévaloir d’avoir eu le plus grand nombre de voix, mais comparé à son score des primaires de la Présidentielle, face à ces ténors que sont Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, son score est en forte baisse. Elle avait réuni 60% des voix, et aujourd’hui un peu moins de la moitié.

Certes Martine Aubry peut se prévaloir d’avoir émergé du purgatoire où l’avait plongé, pour toujours semblait-il, le rôle de Madone des 35 heures. Mais, pour la fille de Jacques Delors, qui a passé son temps à labourer le terroir des fédérations socialistes et qui s’est alliée aux grands féodaux du parti, c’est un score modeste, et, en tout état de choses, inférieur à celui, déjà en baisse, de l’adversaire honni, la Royal.

Certes Bertrand Delanoë peut se prévaloir de partager le deuxième place à égalité avec Martine Aubry et d’être bien placé pour les négociations qui vont s’ouvrir maintenant. Mais faire un quart des voix quand on s’est fait soutenir par le Premier Secrétaire sortant, qu’on est le Maire de Paris et que les sondages vous désignent comme meilleur candidat socialiste au poste de Président de la République, c’est fort peu, et cela fait de vous, d’ores et déjà le grand perdant. BD semble frappé par le même syndrôme que John Mc Cain. Son choix de Sarah Palin comme colistière a montré que son positionnement d’électron libre de centre-droit n’a pas résisté au comptage des voix, et qu’il a traité avec les durs à la droite du parti pour se les inféoder. De même, en se faisant soutenir par François Hollande, qui représente tout ce qui n’a pas marché pendant 10 ans au PS, Bertrand Delanoë a troqué son habit de modernisateur pour celui d’héritier d’un pouvoir qui a échoué en 1995, échoué en 2002, et échoué encore en 2007.

Mais après tout, peut-être est-ce cela qui a réuni Bertrand Delanoë et François Hollande, car le Maire de Paris aussi a l’expérience d’avoir perdu aux Jeux Olympiques. Qui devaient, suivant son plan, se dérouler à Paris l’année de son triomphe prévu, mais qui n’aura pas lieu. En 2012.

Mais ce n’est pas grave pour Bertrand Delanoë. Car, pour avoir mené le dossier perdant de la candidature de Paris aux Jeux Olympiques, battu pour 2008 par Beijing puis pour 2012 par Londres, il connaît bien la maxime du fondateur des Jeux modernes, que le baron de Coubertin semble avoir écrite rien que pour lui.

L’important n’est pas de gagner, mais de participer.

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